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2. Cadre théorique

2.4 Participation sociale

Par participation sociale, on comprend plusieurs définitions. De manière globale, selon Ebersold (2002), on dit qu’un modèle sociétal est participatif lorsqu’il permet à la personne présentant une déficience d’être considérée comme un citoyen à qui on a donné les ressources nécessaires pour qu’elle puisse faire ses choix librement, vivre de la façon la plus indépendante possible et de pouvoir participer activement à la vie en société. En bref, d’être traité de la même manière qu’une personne sans déficience le serait. Selon le modèle du Développement Humain et du Processus de Production du Handicap (MDH-PPH), le niveau de participation sociale d’une personne est reflété par la mesure dans laquelle cette personne

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réalise ses habitudes de vie et résulte de l’interaction entre ses caractéristiques personnelles et l’environnement physique et social dans lequel elle vit (Fougeyrollas, 2002). Ce modèle implique donc que pour assurer aux personnes les conditions d’une participation plénière il est nécessaire d'aménager l’environnement de sorte qu’il soit accessible à tous et cela comprend aussi l'environnement virtuel. Dans notre vie moderne, les technologies de l’information et de la communication sont très importantes et représentent un moyen et une grande opportunité de participation sociale (Giannettini, 2012). Le nombre de personnes qui vivent et travaillent dans un environnement connecté est en augmentation continue. Plusieurs recherches récentes montrent qu'à présent ces technologies sont aussi devenues très importantes dans les interactions entre individus. On assiste à une utilisation accentuée des réseaux sociaux, une augmentation du nombre des achats et transactions bancaires en ligne et une augmentation importante de l’utilisation de la vidéophonie (Skype, Facetime et autres).

Les réseaux sociaux virtuels favorisent l’accès aux informations et contacts utiles, notamment pour accéder à un emploi et peuvent devenir des vecteurs d’inclusion sociale (Normand, Rodier, Lussier-Desrochers & Giguère, 2016). De plus en plus, les services gouvernementaux aux citoyens sont numérisés. Pour les citoyens, ce passage à une société numérique comporte plusieurs avantages comme l'accès à une immense quantité d’information et au divertissement, la multiplication des moyens de socialisation par l'intermédiaire des réseaux sociaux numériques. Les technologies numériques (ex. tablettes numériques, téléphones intelligents, ordinateurs portables, tableaux blancs interactifs, assistants à la communication, domotique, robot social, réalité virtuelle) offrent des nouvelles possibilités de participation sociale aux personnes présentant une DI et contribuent à accroître le niveau d’autonomie dans la réalisation d’activités quotidiennes (Lussier-Desrochers & al., 2016). Internet est une immense source de connaissances qui permet l’instruction, la lecture d’ouvrages, l’étude et le passage de diplômes à distance et même voter, le tout sans avoir à se déplacer. L’accessibilité à Internet représente donc un enjeu essentiel pour l’intégration sociale des personnes en situation de handicap. De plus les personnes présentant une DI peuvent trouver sur internet un certain nombre de ressources qui facilite le partage de connaissances et d’outils par exemple le moteur de recherche sur la “déficience intellectuelle”, la liste d’établissements accueillant des personnes ayant une déficience intellectuelle, la présentation de “Classes d’Intégration scolaire” ou de forums pour éducateurs (Michel, Masson & Sperandio 2006).

L’accessibilité du Web bénéficie également à l’ensemble des utilisateurs, notamment les personnes âgées, de plus en plus nombreuses, ayant des capacités diminuées dues au vieillissement.

Dans ce contexte d'accroissement de l’importance d’internet, dans la plupart des pays industrialisés l’accessibilité numérique est devenue une préoccupation majeure premièrement parce que l'accès restreint à la société de l’information constitue une forme de discrimination à l’égard des personnes concernées et parce qu’ainsi la société perd du personnel qualifié, des clients et en général, des personnes qui pourraient s’investir et enrichir la société de l’information (Rieder & Riesch, 2016).

Nous assistons par ailleurs à une évolution législative de l’accessibilité fortement liée aux évolutions de la vision sur le handicap, reposant à notre époque moderne sur l’égalité des droits et des chances, sur la participation et sur la citoyenneté des personnes présentant des déficiences (Folcher & Lompré, 2012 ; Lespinet-Najib & al., 2015).

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Dans une étude de type “scoping study” (une synthèse et analyse d’un bassin de connaissances provenant à la fois de la littérature scientifique et non scientifique), réalisée au Québec par Normand et al. (2016), en vue de relever le rôle de médias sociaux dans le processus d’inclusion et de socialisation des jeunes présentant une DI, il est montré que les contacts entre amis sont réalisés plus fréquemment par message texte, par courriel ou par le biais des médias sociaux (74%), que par appel téléphonique (56%) ou en personne (63%).

Ce fait montre que l'accès aux TIC et notamment au téléphone intelligent deviendrait une condition nécessaire à l’entretien de réseaux personnels et sociaux. Par l'intermédiaire des médias sociaux des individus ou groupes d’individus utilisateurs, créent, organisent, partagent et commentent des contenus sur le Web. Il est aussi avancé que les médias sociaux permettent à leurs utilisateurs d’élargir leur réseau d’amis, de recevoir du soutien et favorisent la pleine participation à leurs communautés réelles et virtuelles. Cet aspect est très important notamment si on se réfère aux jeunes avec DI qui ont des réseaux significativement plus restreints que les jeunes lambda. On estime que l’utilisation des réseaux numériques permet aux jeunes de développer leur identité, d’explorer leur orientation sexuelle, d’entretenir des liens et d’en créer de nouveaux.

Pour les personnes présentant une DI, l’Internet est une ouverture sur le monde qui élimine la barrière du transport et des déplacements pour se rencontrer et se lier à un nombre toujours grandissant de personnes ou d’organisations. Certaines personnes présentant une DI estiment qu’en s’inscrivant sur des réseaux sociaux, elles se sentent “comme tout le monde”

et accèdent à un sentiment d'appartenance accru. De plus l’anonymat procuré par la communication par texte réduit la possibilité de discrimination sur la base du diagnostic de DI.

Il est donc souhaitable d'augmenter l’activité de personnes présentant une DI dans l’espace numérique.

La communication en ligne implique aussi des risques comme le cyber harcèlement et la cyberviolence. Ce qui est paradoxal, c’est que les personnes avec une DI passent moins de temps en ligne mais sont surreprésentées parmi les victimes. La désirabilité sociale et le désir de se faire des amis les rendent plus vulnérables à l’exploitation et à la violence.

Il est donc nécessaire de faciliter la participation en ligne des personnes présentant une DI mais en même temps de prendre des mesures pour réduire les risques. Ces mesures s’articulent autour de trois axes:

3. la prévention/sensibilisation;

4. le développement de mesures de soutien;

5. l’application des sanctions.

Ces mesures sont réclamées dans une perspective d’assurer la navigation sécuritaire à toute population vulnérable, sans brimer leur liberté d’expression ou les exclure de la communauté virtuelle (Normand & al., 2016).

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