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Les TIC ne sont plus considérées de nos jours comme un luxe mais comme un outil de survie (Chadwick & al., 2013). Vivant la pandémie actuelle nous pouvons nous rendre compte encore plus fort de l’importance de l’Internet dans notre vie. Ainsi dans ce contexte pour la plupart du monde, Internet représente le seul moyen, pour travailler, pour faire ou continuer ses études ou une formation et pour les personnes frappées par cette maladie, Internet représente un bon moyen et parfois le seul, de se procurer des produits de première nécessité. Ce contexte nous montre de nouveau que l’accessibilité n’est pas une option, mais une obligation qui dérive de l’obligation de notre société d’assurer des chances égales pour tout le monde.

C’est en reprenant les difficultés et les facilitateurs trouvés tout le long de ce travail que nous pouvons proposer une conclusion à ce travail. L’intérêt de ce mémoire était non pas uniquement de relever les obstacles à l’accessibilité du web qui ont déjà été mentionnés plusieurs fois dans la littérature, mais plutôt d’intervenir auprès des acteurs concernés pour savoir quelles sont les difficultés qu’ils rencontrent, en quoi la documentation existante, supposée soutenir à la conception de site adaptée, ne suffit pas et quels sont les éléments qui pourraient surmonter ces obstacles. On retrouve cette même volonté chez Lespinet-Najib et al. (2015) qui ont aussi porté leur recherche auprès des professionnels pour comprendre ce qui pouvait faire frein à la création de site web adaptés aux personnes présentant des déficiences. Ces derniers ont constaté, à travers des questionnaires adressés à des consultants en informatique, des chargés de projets web ou encore des webmasters, sur leurs représentations de l’accessibilité web, leur position par rapport à cela et leurs connaissances sur les règles d’accessibilité. Ce qu’ils ont constaté est que les raisons qui menaient les professionnels à ne pas s’impliquer dans l’accessibilité n'étaient pas uniquement des représentations négatives, mais aussi un manque de formation, de connaissances des documentations et des textes de loi. Ensuite, pour ceux qui étaient formés, l’obstacle se situait aussi dans le fait qu’ils ont appris majoritairement par eux-mêmes en cherchant les directives, en lisant des livres ou en participant à des forums.

Les éléments relevés ici, à savoir le manque de connaissance et le fait que connaître les directives dépend principalement de la volonté des professionnels sont ceux qui nous ont menés à collaborer avec une fondation intéressée à adapter son site à son public et de faire des recherches en autodidacte et de rendre le plus accessible possible la documentation existante. Nous n’avions aucune connaissance quant à l’accessibilité du web avant de faire ce travail et avons été amenées, avec l’aide de nos directeurs de mémoire et de professeurs, à faire des recherches sur les textes de loi dans plusieurs pays, prendre connaissance des divers groupes de travail internationaux, puis nous rapprocher du contexte francophone, prendre connaissance du projet de la fondation, déceler où sont leurs besoins, à quel public ils souhaitent s’adresser et organiser plusieurs séances d’échanges avec les acteurs de la fondation. Avant de procéder à une analyse manuelle du site, nous nous sommes d’abord appuyées sur des outils d’analyse en ligne qui nous ont permis de faire un premier pas dans

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le travail de conceptualisation de sites adaptés aux personnes en situation de handicap pour ensuite affiner nos analyses et les faire nous-mêmes. Al-Khalifa (2012) mentionne qu’il y a plusieurs types d’outils d’évaluation, dont les automatiques que nous avons utilisés, les semi-automatiques qui impliquent une analyse automatique et éventuellement une intervention d’un utilisateur ou encore des développeurs qui vont analyser le site manuellement et proposer des modifications quant à l’apparence des pages du site. En regardant nos guides orientés FALC où nous avons fait diverses propositions de présentation, notre travail s’est apparenté à celui de ses développeurs, bien sûr, dans la limite de nos connaissances et de notre domaine d’étude.

Cette observation pourrait nous mener à la conclusion que, si les guidelines ne sont à ce stade, pas encore accessibles, difficilement trouvables, que les connaissances sur la Web Accessibility dépendent de la volonté des acteurs et qu’à ce jour, ce sujet est très peu abordé dans la formation du métier d’informaticien, il serait possible d’approfondir le sujet des développeurs qui proposent des analyses manuelles des sites car ces professionnels ont une maîtrise des directives d’accessibilité et qu’une intervention humaine peut s'avérer plus efficace qu’une analyse automatique qui pourrait difficilement déceler la complexité du site, des besoins des concepteurs, des réalités du terrain et de la population à qui le site est destiné.

En regardant le site du World Wide Web Consortium concernant l’accessibilité du web, une section est réservée aux tests et évaluations. Dans cette section, nous trouvons diverses lignes directrices qui indiquent comment faire une meilleure évaluation d’un site. Bien que le W3C met à disposition un grand nombre d’outils d’évaluation, il souligne le fait que ceci ne suffit pas et qu’une évaluation complète d’un site comprend plusieurs éléments.

Tout d’abord, il est nécessaire d’avoir des évaluateurs qui comprennent les technologies du web, les outils d’évaluation, les difficultés rencontrées sur le web par les personnes présentant une déficience, les technologies d’assistance, les directives et qui savent comment impliquer le public cible dans les évaluations des sites web.

Ensuite, ces évaluateurs doivent opter pour une évaluation collaborative. Ceci peut se faire entre des collègues travaillant dans la même organisation, en appelant des experts d’une organisation externe qui évalueront le site et qui leur apprendront à ensuite évaluer eux-mêmes leur site sur le long-terme ou encore des particuliers proposant ces services.

L’organisation souhaitant adapter son site peut ensuite soit opter pour une évaluation qui se fait par des évaluateurs internes à la structure. Cependant, elle peut toujours faire la demande d’une évaluation externe. Dans ce cas-là, il est préférable d’en engager plusieurs.

Concernant l’implication des personnes ayant une déficience intellectuelle dans l’évaluation du site, les membres du groupe d’évaluateurs doivent avoir des connaissances quant aux facteurs à prendre en compte face à la population ayant une déficience intellectuelle (collaborer avec une population hétérogène en termes de déficience intellectuelle, choisir le type d’assistance technologique et prendre en compte les diverses expériences du web qu’ont les personnes.

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Enfin, pour présenter les évaluations faites, l’usage de « template » doit être privilégié pour pouvoir montrer au mieux les résultats et assurer une meilleure coordination entre les divers acteurs impliqués.

À la fin de notre récolte de données, la chargée de projet avait expliqué que l’étape suivante pour la fondation était de créer, parmi les collaborateurs, un groupe de travail et de commencer un travail de réflexion sur la prochaine version du site et sur l’évaluation de ce dernier auprès des bénéficiaires ayant une déficience intellectuelle. En voyant que la fondation met en pratique certaines directives du W3C, listées ci-dessus, il pourrait être intéressant de conclure ce travail en ouvrant sur un nouveau sujet, à savoir, les modes de fonctionnement des groupes de travail impliqués dans l’évaluation de site web en termes d’accessibilité.

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