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La nouvelle perspective sur la déficience intellectuelle met l’accent sur l’inclusion, la participation sociale, l’autodétermination, l’empowerment, l’équité et les soutiens communautaires, dans le but d’accroître la qualité de vie la qualité de vie de cette population.

Cette nouvelle approche va amener des changements dans les politiques (Haelewyck & al., 2003 ; Wehmeyer & Schwartz, 1998). L’accessibilité n’est plus une option mais une obligation.

En même temps plusieurs recherches montrent comme nous l’avons vu que les technologies de communication et d’information et l’Internet peuvent améliorer la qualité de vie de ces personnes par le fait qu’ils facilitent l’autonomie. Ce sont d’excellents outils de participation sociale qui soutiennent l’autodétermination et donc améliorent la qualité de vie de cette population (Dagenais, Poirier & Quidot, 2012 ; Davies & al., 2001). De nos jours, les TIC et l’Internet sont devenu des outils indispensables tant dans notre vie professionnelle que dans

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la vie privé. L’accessibilité numérique est devenu un tel enjeu qu’on le retrouve jusqu’aux articles de lois. Il existe une volonté de rendre Internet accessible à tous les citoyens.

Des autres recherches montrent en plus que les sites accessibles aux personnes présentant des déficiences conviennent mieux à tous (Romero-Torres & al., 2018 ; Michel & al., 2006).

L’accessibilité peut améliorer la qualité globale des sites, optimiser la distribution de l’information et permettre l’efficacité et l’autonomie de l’utilisateur, quel que soit celui-ci, le support considéré ou les capacités de l’utilisateur. En plus les sites accessibles ont des couts de maintenance diminués et une ergonomie générale de services en ligne (Burger, 2005).

Et parce que la DI présente une situation problématique très complexe, plusieurs auteurs considèrent que cette population devrait constituer le groupe de référence pour l’accessibilité numérique.

Pour aider les concepteurs des sites dans leur démarche de rendre des sites accessibles, des directives et plusieurs types d’outils ont été conçus. Mais malgré l’intérêt de plus en plus accru pour rendre Internet accessible pour tout le monde, des articles de lois et l’abondance de directives et d’outils pour soutenir la conception de sites accessibles, il est constaté que toujours très peu des sites sont accessibles (Michel & al., 2006 ; Fagan & Fagan, 2004 ; Lazar

& al., 2004). Pour répondre à cette question, et parce que certains études montrent que dans le processus de rendre les sites accessibles un rôle important est joué par les concepteurs web et les webdesigners, des recherches ont été menées auprès des concepteurs web et webdesigners pour savoir quels sont leurs représentations sur l’accessibilité numérique. Ces études ont relevé que plusieurs de ces personnes participant aux recherches ont mentionné certains obstacles dans le processus de rendre les sites accessibles (Lazar & al., 2004, . Liquète, 2015).

Dans ce contexte, le présent travail avait pour objectif de comprendre quelles sont les difficultés rencontrées par les acteurs du Web lors de la démarche de rendre un site accessible pour les personnes présentant une déficience intellectuelle et quels sont les facilitateurs de cette démarche.

Concernant les difficultés, nous les avons catégorisées selon leur nature. On retrouve alors des difficultés liées aux ressources à disposition de la fondation, aux contenus à mettre en priorité dans le site selon le public-cible, techniques et des difficultés directement liées aux guides créés.

La plupart des difficultés que nous avons retrouvées dans ce travail sont confirmées par la littérature que nous avons prise pour ce travail, notamment celle des informaticien.n.e.s qui ne sont pas forcément informé.e.s de l’accessibilité pour personnes en présentant des déficiences, qu’il est difficile d’adapter un site, car ce processus se fait souvent en fin de conception du site lorsque ce dernier est déjà créé en fonction d’un public lambda (Kelly et al., 2005), que les structures manquent de moyens financiers (Lazar & al., 2004 ; Lespinet-Najib & al., 2015 ; Liquète, 2015), qu’un site adapté ne va pas forcément répondre à toutes les personnes du public-cible selon leur niveau de compréhension (Pinède, 2018), que les directives existantes ne sont pas toujours formulées de façon claire et sont souvent trop chargées (Lazar & al., 2004) ou encore que certaines plateformes ne peuvent pas supporter les modifications techniques qu’impliquent les règles d’accessibilité (Michel et al., 2006).

D’autres difficultés relevées se retrouvent dans les directives d’accessibilité que nous avons utilisées, notamment les règles “Facile à Surfer” qui demandent un design épuré, mais qui

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gardent un contenu “adulte” et non infantilisant. Enfin, une dernière difficulté que nous n’avons pas retrouvée dans la littérature choisie mais qui est ressortie lors de notre travail est que la demande des acteurs était d’avoir des exemples concrets de sites qui ressembleraient à ce que la fondation souhaite faire, mais qu’il a été difficile de trouver de tels exemples.

Chacune de ces difficultés peut être associée à des facilitateurs que nous avons relevés avec la chargée de projet.

Tout d’abord, un premier facilitateur serait de mener une recherche de sites qui auraient déjà fait ce travail d’adaptation, afin d’avoir un aperçu des modifications à faire et qu’est-ce qu’elles impliquent en termes de modification. Lors de notre recherche, nous avons pu envoyer à la chargée de projet les exemples des sites. Par exemple, nous avons trouvé le site belge flamand “WAI-NOT” qui regroupe les nouvelles locales en langage simplifié avec une synthèse vocale et qui propose une structure de site adaptée. Ce site ne comprenait toutefois pas de double version comme l’avait demandé la chargée de projet. Un autre exemple a été donné qui est celui de Pro Infirmis, une organisation suisse qui intervient auprès des personnes en situation de handicap, une déficience intellectuelle ou des troubles psychiques, dont le site comprend à la fois une version “standard” avec une synthèse vocale, et une version en langage simplifié avec une synthèse vocale. Cet exemple a semblé pertinent dans la mesure où ceci était un exemple de format que la fondation pouvait rechercher dans son projet de conceptualisation de site adapté.

C’est aussi dans la recherche de facilitateurs et dans la lecture d’articles scientifiques que nous avons pu trouver un avantage à l’utilisation de plateformes comme WordPress. En effet, une des difficultés relevées par la chargée de projet était que cette plateforme pouvait les limiter dans les modifications à faire sur le site. Pourtant, en lisant la littérature scientifique, certains chercheurs (Ruzé, 2013) expliquent que c’est justement à travers les plateformes massivement utilisées que peuvent se créer des communautés de concepteurs où des échanges de pratiques se font. De plus, si la difficulté était de trouver des exemples concrets de sites qui ont le même projet d’adaptation, le fait qu’une communauté de concepteurs ayant le même projet d’adaptation et utilisant la même plateforme existe, ceci permettrait de faciliter ce travail de conceptualisation et d’avoir davantage de webmasters informés de l’accessibilité web.

Un autre “bloc” de facilitateurs serait d’avoir fait un premier tri, parmi toutes les directives existantes, celles qui concernent la population-cible. Ce qui a été intéressant dans ce travail, c’était de d’abord de prendre connaissance des directives globales, soit la WCAG 2.0, puis de davantage préciser notre recherche en regardant exclusivement celle qui concernait les personnes présentant des déficiences, puis de trouver des guides tels que celui créé par l’association “Facile à Surfer” pour enfin créer des documents simples, courts et clairs sur le français Facile À Lire et à Comprendre, à la demande de la chargée de projet. Bien que ces recherches n’aient pas abouti à un site web adapté, elle a permis d’avoir un aperçu plus clair des documentations existantes et lesquelles seraient les plus pertinentes selon le projet de conceptualisation de site. Dans cette même idée de facilitateur, créer un groupe de travail auprès des personnes intéressées par ce projet peut être un levier, afin de mener une réflexion poussée sur la structure globale du site et quelles sont les informations les plus pertinentes à faire figurer et de quelle manière. Enfin, le dernier facilitateur serait que, pour avoir une idée

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des informations pertinentes à avoir sur le site, serait d’impliquer dans la conceptualisation du site le public cible, soit ici, les personnes présentant une déficience intellectuelle.