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86 I. Cadrage théorique et méthodologique de la recherche L’usagère manifeste

2.3.3. Les participants

Les terrains de recueils de données ont été sélectionnés en fonction des types d’interactants dont nous souhaitions étudier les comportements : des locuteurs non natifs en interaction avec des locuteurs natifs du français. Nous espérions réunir des personnes non natives qui représenteraient au moins partiellement la variété des profils d’adultes prenant des cours de français131.

Informations biographiques

Des informations biographiques ont été obtenues de la plupart des informateurs132. Dans l’ensemble des corpus, les interlocuteurs principaux sont des adultes. Nous avons distingué les groupes agents/usagers et les groupes étudiants/personnels universitaires puisque, pour des raisons évidentes, les étudiants auraient biaisé la représentativité globale133 :

130 Nous avons obtenu très peu d’informations sur les participants aux interactions dont les enregistrements ont été empruntés à FLEURON. Il a été difficile d’identifier avec certitude les participants : il se peut que des pseudonymes différents aient été utilisés pour désigner une seule personne dans des interactions différentes. Il y aurait au minimum 4 agents différents sur ces terrains. Ceux qui n’ont pas été reconnus comme la même personne ont été traitées comme des personnes différentes.

131 Puisque la visée de ce travail est didactique, les résultats des recherches doivent aboutir à des apports didactiques et pédagogiques.

132 La fiche d’information type est en annexe (p. 32-33).

Certains participants ont manqué de temps pour remplir la fiche et certaines informations biographiques manquent sur les informateurs des corpus empruntés au groupe FLEURON.

94 I. Cadrage théorique et méthodologique de la recherche

Si l’on suppose que les personnes n’ayant pas fourni de renseignements ne biaisent pas fortement les données, les tranches d’âge les plus représentées sont les tranches les plus jeunes : les populations entre 19 et 39 ans sont majoritaires. Les étudiants entrent très largement dans les deux premières tranches d’âge (19 à 29 ans)134. Les usagers et les étudiants sont globalement plus jeunes que les agents et le personnel.

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes, qui sont relativement bien représentés parmi les usagers, mais globalement beaucoup moins parmi les autres catégories.

134 Les étudiants dont nous avons les informations qui sont plus âgés ont été enregistrés avec une responsable de formation de l’Institut de Traducteurs et d’Interprètes, ce qui peut s’expliquer par le fait que les carrières de la traduction et de l’interprétation attirent des personnes en réorientation professionnelle.

6 12 8 7 2 3 2 1 14 2 1 1 3 1 3 1 2 19-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 ? Usagers Agents 13 3 1 2 9 1 1 8 19-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 ? Etudiants Personnel 32 23 12 2 24 5 8 2 F H

2. Du recueil des données à la constitution des corpus 95 1 1 1 1 1 1 2 13 2 2 2 1 3 1 4 1 1 3 4 1 1 1 1 1 2 4 ? Arabie Saoudite Arménie Bolivie Brésil Canada Chili Chine Colombie Corée du Sud Côte d'Ivoire Egypte Etats-Unis Guinée Inde Kazakstan Kirghistan Mali Maroc Mexique Pérou Philippine Royaume-Uni Russie Sénégal Sri Lanka Ces chiffres ne sont probablement pas très

représentatifs de la réalité : l’INSEE déclare que les immigrés comptabilisés en 2010 étaient des femmes à 51% et des hommes à 49% tandis que la répartition dans nos corpus est 58% et 32% pour les usagers administratifs, et 84% et 16% pour les étudiants. Et à titre d’information, l’université de Strasbourg a accueilli en 2009-2010 54,3% de femmes et 45,7% d’hommes parmi les étudiants de nationalité étrangère. Les participants non natifs des interactions sont originaires135 d’au moins136 35 pays différents, au moins 28 pays différents pour les interactions non universitaires et au moins 10 pour les interactions universitaires137.

Les interactions non universitaires sont marquées par la forte proportion de participants d’origine chinoise (13/56) et par la faible représentation des ressortissants de l’union européenne (1/56), qui bénéficient de la liberté

de circulation et n’ont donc pas besoin de passer par la préfecture de police ni par l’office de l’immigration (cf. graphique ci-contre).

À l’inverse, les natifs de pays européens sont bien représentés dans les interactions à l’université (5 pays sur les 10, cf. graphique ci-contre). À titre d’exemple, en 2009-2010, l’université de Strasbourg a reçu 40% d’étudiants européens parmi les étudiants étrangers inscrits. Si l’on exclut les étudiants d’origine africaine des statistiques138, les étudiants européens représentent

135 Nous avons été informée du pays de naissance et non de la nationalité des participants non natifs. Nous avons préféré savoir si les personnes avaient vécu dans différents pays, ce qui pouvait avoir un impact sur leur plurilinguisme potentiel ou sur leur ouverture à l’interculturalité, plutôt que de savoir quelle était leur nationalité, qui peut être un choix stratégique politique ou économique.

136 Nous n’avons pas ces informations pour sept participants.

137 Cf. tableaux en annexe p.17-28 pour les données précises.

138 Les étudiants originaires de pays d’Afrique ont souvent le français comme langue seconde. Nous avons exclu ces profils de nos échantillons. Les étudiants originaires d’Afrique représentent presque 30% des étudiants étrangers de cette université, l’exclusion de ces étudiants donnent des résultats inexacts puisqu’ils n’ont probablement pas tous le français comme langue seconde, mais cela donne une meilleure idée de la représentativité des étudiants européens par rapport aux étudiants francophones non natifs.

2 7 1 1 1 1 3 2 2 1 1 ? Allemagne Brésil Chine Costa Rica Espagne Italie Japon Pologne Royaume-Uni Vénézuela

96 I. Cadrage théorique et méthodologique de la recherche 3 7 5 1 3 13 3 7 1 3 1 1 2 1 1 3 2 5 2 6 1 1 2 3 2 2 1 ? Allemand Anglais Arabe et dialectes Arménien Bambara Chinois et dialectes Coréen Espagnol Gujarâtî Hindie Italien Japonais Kazak Néerlandais Peul Philippin Polonais Portugais Russe Soninke Tamoul

Non universitaires Universitaires alors 40% de 71% des étudiants étrangers,

soit 56%, ce qui se rapproche des 60% de nos corpus universitaires.

Les données suivantes concernent la langue maternelle139 des locuteurs non natifs du français, soit 75 participants. Dans les corpus non universitaires, les locuteurs sont natifs d’au moins 17 langues ou dialectes140, et d’au moins 9 langues ou dialectes dans les corpus universitaires.

Ils ont parfois déclaré avoir plusieurs langues maternelles : 5 au moins se sont déclarés bilingues natifs, 1 au moins trilingue natif141.

12 personnes ont déclaré avoir un niveau avancé en français, 35 un niveau intermédiaire, 6 un niveau débutant. Parmi les mêmes informateurs, 16 ont un niveau avancé dans une ou plusieurs langues, 45 ont un niveau intermédiaire et 16 ont un niveau débutant dans une langue au moins. Il y a un fort plurilinguisme, comme le représente le graphique ci-contre.

139 Il s’agit des langues que les participants ont déclarées comme maternelles.

140 Ce sont les participants qui ont désigné leur langue maternelle comme un dialecte (en particulier pour les dialectes du chinois et de l’arabe).

141 22 personnes ne nous ont pas informée sur l’ensemble de leurs langues maternelles. 22

18 20

8 6

2. Du recueil des données à la constitution des corpus 97

En termes de voyages, sur les 75 locuteurs francophones non natifs142, 17 ont passé moins de six mois en France, 39 ont passé plus de six mois en France, 42 ont passé plus de six mois dans un pays autre que leur pays natal (France incluse). Enfin, 5 personnes au moins ont séjourné plus de six mois dans plus d’un pays (hormis leur pays natal).

Nous avons enfin demandé aux locuteurs non natifs comment ils avaient appris le français143. 44 ont répondu. Les graphiques ci-dessous qui résument les circonstances d’apprentissage144

(en nombre de personnes qui ont coché chaque réponse) :

Les médias sont une réponse particulièrement récurrente dans les fiches des participants qui ont rempli cette partie (44145 fois cochée sur 183 cases cochées au total, soit 24% des réponses à eux seuls). Les circonstances sociales non scolaires (famille, amis, conjoint/concubin, enfants ou collègues) comptabilisent également une grande proportion (30%) des réponses. Les circonstances scolaires sont cependant les plus importantes, puisqu’elles représentent 42,5% des réponses.

Chaque participant a pu cocher plusieurs réponses. Ils ont choisi 2,57 réponses en moyenne. Seuls 7 participants sur les 75 ont déclaré avoir appris le français dans une circonstance

142 19 personnes n’ont pas rempli cette partie de la fiche.

143 La question arrivant en dernier sur la fiche et la réponse à cette question étant un peu plus longue que les autres, davantage de participants n’y ont pas répondu (31).

144 Les « autres » circonstances évoquées par les participants concernés sont l’autoformation, les cours à distance, l’administration et les séjours répétés annuellement à l’occasion de vacances.

145 Il y a une case « Médias » dans le pays d’origine et une dans un pays francophone : 44 cases cochées n’impliquent pas que 100% des répondants aient coché « Médias ».

12

9 9 10

5

Lycée Université Cours privés Médias Famille / Amis

Dans le pays d'origine

20 16 34 26 10 6 9 5 Université Cours privés

Médias Amis Conjoint / Concubin

Enfants Collègues Autre Dans un pays francophone

98 I. Cadrage théorique et méthodologique de la recherche

unique. Enfin, deux participants ont déclaré n’avoir pas du tout appris le français (tous deux ont déclaré avoir un niveau débutant).

Les participants non natifs sont en grande majorité des usagers ou des étudiants : ils sont en position hiérarchique basse par rapport aux agents (il y a une forte distance verticale, Kerbrat-Orecchioni 1992), ce qui peut influencer leur disposition (cf. supra p. 48). Cela est représentatif des interactions administratives puisque les usagers ont une situation-problème qu’ils souhaitent améliorer et qu’ils ont besoin des agents pour la modifier.

Le niveau de scolarisation et la maitrise du français varient fortement d’un participant à l’autre, ce qui a un impact sur leur aisance et sur leur engagement dans la gestion de l’intercompréhension. Mais ils sont tous en France depuis plusieurs semaines, mois ou années, et à quelques exceptions près, ils sont tous autonomes dans les interactions.

Pour conclure, les individus originaires d’un pays où le français est langue seconde sont sous-représentés. Nous avons exclu les personnes qui avaient déclaré une langue maternelle utilisée dans les pays décolonisés et un niveau avancé en français par choix : les résultats ne sont pas généralisables aux locuteurs de français langue seconde.

Statuts des participants

Les participants aux enregistrements peuvent être caractérisés de différentes manières, outre la distinction producteur/interprétant : ils sont agents/personnel administratif ou usagers/étudiants, et ils sont francophones natifs ou non natifs.

Le fait qu’une personne travaille pour une institution la caractérise étiquement (Pike 1954, 1955, 1960 [1967]) : elle est un agent146. L’autre participant se déplace jusqu’à l’institution dans le but de rencontrer un agent pour un service : il est étiquement caractérisé comme usager147. Ces statuts sont ressentis par les participants grâce à plusieurs indices et cela transparait dans le déroulement des interactions : dans l’extrait suivant, les statuts des participants apparaissent comme des présupposés.

% ! #

Tiré du corpus Écrivain public Rahifa pdf p. 247 Actes 01-07.

Transaction de service : écriture d’une lettre de motivation pour s’inscrire à un stage linguistique professionnalisant.

01. Jacqueline voilà

02. c’est bon

146 Le Trésor de la Langue Française définit l’agent comme « une personne qui, dans un domaine limité, exerce une action d’exécution, définie par une autorité ou une personne publique ou privée dont elle relève » (Trésor de la langue française informatisé : http://www.cnrtl.fr/definition/agent, II.).

147 Le Trésor de la Langue Française définit l’usager comme « une personne qui utilise un service (fréquemment un service public), qui emprunte habituellement un domaine, un lieu public » (T.L.F.i. :

2. Du recueil des données à la constitution des corpus 99

03. Rahifa je- je-

04. Jacqueline oui

05. Rahifa je je une lettre de motivationje je une lettre de motivationje je une lettre de motivationje je une lettre de motivation 06. Jacqueline oui

07. eu:::h euh c’est pour euh avoir un

travail euh

formulation de la requête acceptation de la requête prise en charge de la requête

Rahifa expose une requête à Jacqueline : elle considère que Jacqueline est l’interlocuteur qu’il lui faut (un agent) et qu’elle pourra y répondre (un agent compétent) ; elle se considère comme une usagère, légitime pour formuler une requête. Jacqueline réagit en posant une question qui sert à adapter la réalisation de la requête à la situation-problème de Rahifa : elle considère que Rahifa est en droit de formuler la requête (elle la considère comme une usagère), et qu’elle-même est compétente pour répondre à la demande (elle se considère comme un agent).

De plus, la position physique des agents, le plus souvent derrière un bureau ou un comptoir, constitue un indice de leur statut, ce à quoi s’ajoutent la façon dont ils vont et viennent sur le site et les rapports qu’ils entretiennent avec les autres agents, qui laissent transparaitre leur sentiment d’appropriation du lieu dans lequel ils travaillent et leur sentiment d’appartenance à la communauté des agents de leur institution. L’inverse constitue autant d’indices du statut d’usager des autres personnes présentes.

Les participants entrent donc dans l’interaction avec un statut administratif particulier. Chacun s’attend à ce que l’autre incarne un statut complémentaire au sien : agent et usager.

D’autre part, les usagers sont étiquement des locuteurs francophones non natifs148. Le fait que toutes les interactions enregistrées sur les sites soient menées par des locuteurs non natifs et des locuteurs natifs149 est relativement représentatif des interactions de ces sites parce que les agents sont le plus souvent des locuteurs natifs du français, et les services s’adressent majoritairement à des usagers locuteurs non natifs.

Nous tenons ici à prendre quelques précautions. En effet, la littérature sur les interactions exolingues150 a pu participer à la construction d’idées reçues et de stéréotypes que nous souhaitons écarter. Les locuteurs natifs ne sont pas des locuteurs idéaux. Cuq et Gruca (2003)

148 À l’exception des usagers du corpus de l’Institut de traducteurs et d’interprètes, où les étudiantes sont toutes francophones natives et où l’agent est francophone non native.

149 Malgré les polémiques autour des termes « natif » et « non natif » (voir par exemple Mondada 1999, Renaud 1998 et Adami, André, Bailly et al. 2003 à ce sujet), ce sont ceux utilisés pour différencier les participants en fonction de leur langue maternelle et de leur relation à la langue française, les distinctions « français »/« étranger » et « francophone »/« non-francophone » n’étant pas pertinentes.

150 « Exolingue » est parfois utilisé pour désigner des situations d’interaction caractérisées par une inégale maitrise de la langue par les participants.

Nous utiliserons ce terme au sens que lui accorde Py, pour désigner une situation où « l’asymétrie objective des moyens linguistiques [est] traitée comme telle par les interlocuteurs. […] L’exolinguisme commence seulement là où l’asymétrie s’impose comme un problème incontournable » (1997, p. 206). En l’occurrence, il s’agit d’une asymétrie d’aisance dans l’usage de la langue de communication.

100 I. Cadrage théorique et méthodologique de la recherche

rappellent que l’idée d’une inégalité entre les compétences linguistiques des participants dans les interactions dites « exolingues » a parfois engendré le postulat selon lequel le locuteur natif serait « garant de la norme » tandis que le locuteur non natif se trouverait « dans une position basse » (p. 97). Il n’est pas question dans ce travail de poser le locuteur natif en détenteur de la règle et le locuteur non natif en éternel fautif. De notre point de vue d’ailleurs, il importe peu de savoir qui a raison. Ce qui importe ici est au contraire de voir comment les individus parviennent à construire l’intercompréhension et à négocier leur point de vue. Il arrive d’ailleurs que ce soit le locuteur natif qui interprète de manière particulièrement originale les propos du locuteur non natif. Ce dernier fait alors valoir plus ou moins vigoureusement son hypothèse interprétative151. S’il y a désaccord ou difficulté à parvenir à l’intercompréhension, nous ne supposerons pas à priori que c’est à cause de l’inégalité des compétences linguistiques. Cette inégalité doit être perçue et ressentie comme un obstacle par les interactants pour que nous puissions la juger responsable du problème de communication152.

De plus, les nombreuses études qui ont porté sur l’apprentissage incident de la langue dans les interactions et sur les séquences potentielles d’acquisition (de Pietro, Matthey et Py 1989, Dausendschön-Gay 1997) ont pu engendrer une confusion entre les statuts de locuteur non natif et d’apprenant de langue. Si le locuteur non natif (comme le locuteur natif) acquiert de nouvelles connaissances sur la langue dans l’interaction, le statut d’apprenant n’est pas pour autant son statut principal à tous les moments de l’interaction. Ainsi, de la même façon qu’une interaction ne devient exolingue que lorsque les interlocuteurs en ont le sentiment, un locuteur non natif ne prend le statut d’apprenant que lorsqu’il est dans une séquence d’apprentissage et qu’il la ressent comme telle.

Dans la deuxième partie de la thèse, les chapitres 4 et 5 ne discriminent pas le statut des participants, ni du point de vue de leur maitrise du français ni de celui de leur position hiérarchique. Seul le chapitre 6, qui traite de la façon dont la gestion de l’intercompréhension s’adapte en fonction des phases de l’interaction et des rôles des participants, prend ces statuts en compte. Dans la troisième partie, consacrée à l’enseignement des langues et à la formation, ce sont les statuts d’apprenant, d’enseignant et d’agent qui deviennent pertinents. Nous prendrons le parti d’associer les apprenants au rôle d’usager (rôle qu’ils ont le plus de chances d’endosser) mis à part dans l’enseignement du français langue professionnelle ou sur objectifs spécifiques.

Relation entre les participants

Les participants peuvent gérer l’intercompréhension plus ou moins efficacement en fonction de leur disposition (cf. p. 48), qui est influencée par les relations qu’ils développent avec leur partenaire. Les interactions entre locuteurs natifs et non natifs ont le plus souvent été étudiées

151 Les négociations dans lesquelles l’interprétant défend sa position sont analysées infra p. 314.

2. Du recueil des données à la constitution des corpus 101

du point de vue de l’asymétrie linguistique et culturelle (entre cultures nationales). Pourtant, dans les interactions administratives, cette asymétrie n’est pas prioritaire. D’autres ont beaucoup plus de poids dans le déroulement des interactions.

L’asymétrie de pouvoir

Dans les interactions administratives, le fait que les agents aient un pouvoir officiel et une légitimité exclusive pour produire certains actes, le nombre d’agents présents, le fait qu’ils constituent ensemble une communauté de pratique (Wenger 1998) unie et puissante et leur relation d’appropriation avec le lieu où se déroulent les interactions153 construisent une première inégalité de pouvoir entre les agents et les usagers. Dans la relation entre l’agent et l’usager, une autre asymétrie se construit : les usagers sont dépendants des agents pour modifier leur situation-problème, l’enjeu de l’interaction touche d’abord leur propre situation. Les agents effectuent d’ailleurs cette constatation :

& " ' ( "

Tiré du corpus Préfecture de police Carlos pdf p. 721 Actes 282-302. Transaction de service : achat des timbres OMI.

01. Kader mais bon après les gens ils s’en foutentles gens ils s’en foutentles gens ils s’en foutent les gens ils s’en foutent 02. ils viennent chercher leur carte ils viennent chercher leur carte ils viennent chercher leur carte ils viennent chercher leur carte

03. Yveline ah ben oui

04. Kader quoiqu’quoiqu’quoiqu’quoiqu’il arriveil arriveil arriveil arrive

05. \\\\qu’ils soient malqu’ils soient mal qu’ils soient malqu’ils soient mal reçus ou bien rreçus ou bien rreçus ou bien rreçus ou bien reçus eçus eçus eçus 06. Yveline ils sils sils sils s-- -- ils sils sils sils sont contents de veniront contents de veniront contents de venir ont contents de venir

07. Kader je veux dire

08. ils ont leur carte quand même hein ils ont leur carte quand même hein ils ont leur carte quand même hein ils ont leur carte quand même hein

09. bah oui

10. parce que

11. ils sont tellement euh

12. Yveline pis tu sais

13. quand on leur dit

14. Kader ils ont tellementils ont tellementils ont tellementils ont tellement galéré les gens galéré les gens galéré les gens galéré les gens 15. quand ils viennequand ils viennequand ils viennequand ils viennent prendre leur carte Xnt prendre leur carte Xnt prendre leur carte X nt prendre leur carte X