• Aucun résultat trouvé

Gestion de l’intercompréhension dans des interactions en langue étrangère étrangère

58 I. Cadrage théorique et méthodologique de la recherche [01] La structure de la construction de l’intercompréhension 77

1.3.5. Gestion de l’intercompréhension dans des interactions en langue étrangère étrangère

Les interactions verbales dans une langue qui est maternelle pour un participant et étrangère pour l’autre ont fait l’objet de nombreuses études (Pekarek Doehler 2000) en cultural studies, en pragmatique interculturelle, en linguistique appliquée et en didactique des langues, du

60 I. Cadrage théorique et méthodologique de la recherche

point de vue de l’impact de l’interculturalité79 ou de l’exolinguisme80 sur l’interaction, ou du point de vue de l’acquisition des langues grâce aux séquences potentielles d’acquisition (notion proposée par Vygotsky 1934 [1997] puis reprise par de Pietro, Matthey et Py 1989). Dans notre démarche, la différence de culture ou d’aisance linguistique n’est pas posée comme un à priori étique : c’est lorsque ces différences deviennent saillantes pour les participants qu’elles deviennent pertinentes pour l’analyse.

De plus, dans les interactions de service du corpus d’étude, les différences culturelles entre l’administration et les usagers sont plus prégnantes que les différences culturelles nationales. Par ailleurs, nous ne souhaitons pas traiter les efforts de gestion de l’intercompréhension, en particulier les négociations, comme des « conséquences » des circonstances (interculturalité ou exolinguisme) de l’interaction, ni comme des prétextes pour apprendre la langue, mais comme des méthodes ou des techniques adaptatives, réactives et situées.

Les négociations sont trop rarement envisagées comme des occasions pour l’interlocuteur de faire valoir son interprétation, encore moins de faire changer d’avis le locuteur, mais bien plus souvent comme des séquences d’ajustement de l’interlocuteur au locuteur. D’ailleurs, en acquisition des langues, Pekarek Doehler (2000) déplore la confusion de certains entre approche interactionniste et récupération de notions interactionnistes appliquées à une approche fonctionnaliste ou chomskyenne :

« se situer dans une perspective interactionniste sur l’acquisition ne se résume pas à considérer comme liées les dimensions cognitive et interactive. Dans de nombreuses discussions qui traitent des phénomènes d’acquisition sur la base des données interactives, l’interaction reste limitée à fournir l’occasion pour l’intériorisation du système linguistique, l’apprentissage consistant en cette intériorisation. Le traitement appliqué à certains concepts courants dans le domaine en est tout à fait symptomatique. Tel est notamment le cas des notions d’input et d’intake (rappelons à ce sujet par exemple les travaux de Long, 1983 et récemment 1996, sur les négociations interactives ; voir aussi les études réunies dans Ellis, 1999). Tel est également le cas, dans certains travaux, de la notion de stratégie (Færch et Kasper, 1983) qui court le danger de focaliser l’activité psychologique intérieure de l’individu et de reléguer l’interaction au statut d’un simple déclencheur de cette activité. »81 (§10 de la version en ligne).

79 Entre autres J. Thomas 1983, 1984, Wierzbicka 1991, R. Scollon et S. Scollon 1995 [2001] et Spencer-Oatey (ed.) 2000.

80 Par exemple Gumperz 1982 [1989], J. Thomas 1983 et 1984, Mittner 1984, Noyau et Porquier (dir.) 1984, de Hérédia Déprez 1986, Dausendschön-Gay 1988, François, Bautier-Castaing, de Hérédia-Deprez et al. (dir.) 1990, Perdue (ed.) 1993, Bremer, Roberts, Vasseur et al. 1996, Ishikawa 2002, Rost 2002, Wagener 2008 ou Coşereanu 2010.

81 LONG Michael H. (1983) « Native Speaker/Non-native Speaker Conversation and the Negotiation of Comprehensible Input » dans Applied Linguistics n°4. p. 126-141.

LONG Michael H. (1996) « The Role of the Linguistic Environment in Second Language Acquisition » dans RITCHIE William C. & BHATIA Tej K. (eds.) Handbook of Second Language Acquisition. San Diego (CA, US), Academic Press, p. 413-467.

ELLIS Rod (1999) Learning a Second Language through Interaction. Amsterdam (NL), Philadelphie (PA, US), John Benjamins : Studies in Bilingualism.

1. L’objet de la recherche 61

Concrètement, la gestion de l’intercompréhension dans une interaction en langue étrangère possède plusieurs aspects : l’anticipation des difficultés et les ajustements dynamiques du locuteur82, la prise de parole de l’interlocuteur83, les réactions engendrées par un besoin ou par un désaccord, les stratégies adoptées du point de vue de l’efficacité pour l’activité et pour l’intercompréhension et du point de vue de la gestion des faces84 des interactants. Les deux premiers aspects sont importants, et nous les retenons dans nos propositions didactiques, mais les analyses porteront principalement sur les réactions qui suivent une insatisfaction vis-à-vis de la qualité d’une hypothèse interprétative ou de l’intercompréhension et sur les effets des différentes stratégies.

Un certain nombre de travaux s’orientent dans la même direction que le nôtre : des travaux de recherches sur les « stratégies » d’anticipation ou de « réparation » des ruptures communicatives, de négociation, d’orientation de l’interaction, et des travaux sur l’impact de ces stratégies sur la face de l’interlocuteur qui y recourt.

La gestion de l’intercompréhension consiste en deux principaux volets d’action : la gestion d’une hypothèse interprétative insatisfaisante et

la négociation de la valeur interactantielle à donner à un acte, lorsque les interactants sont satisfaits de leur hypothèse interprétative mais qu’elles ne sont pas suffisamment compatibles entre elles.

FÆRCH Claus & KASPER Gabriele (1983) « Plans and Strategies in foreign Language Communication » dans FÆRCH Claus & KASPER Gabriele (eds.) Strategies in Interlanguage Communication. Londres (GB), Longman, p. 20-60.

82 Nous en avons parlé plus tôt, lorsque nous avons évoqué les types d’inputs auxquels les interactants non natifs sont exposés et les conséquences du foreigner talk sur l’interprétation (cf. supra p. 38).

83 Pour pouvoir mettre en place une stratégie (en particulier lorsqu’elle passe par la production d’un acte verbal), l’interlocuteur doit parvenir à prendre la parole. Or, dans des circonstances de communication en français (langue étrangère), le silence accordé pour prendre la parole entre deux tours serait en moyenne de trois dixièmes de seconde, temps relativement court par rapport à d’autres langues ; de plus, la prise de parole par l’interlocuteur non natif peut être retardée par le temps de pré-construction de sa production (Bange 1992) ; enfin, les locuteurs natifs du français sont plutôt impatients dans la conversation, privilégiant les prises de parole vives (Kerbrat-Orecchioni 1994 [1998]), et sont plutôt susceptibles de couper la parole par chevauchements (Wieland 1991, Graham 1993), pour compléter celle du locuteur ou pour contre-argumenter par exemple. Ces différentes tendances sont contradictoires avec une liberté de prise de parole : l’interlocuteur peut ne pas avoir développé de méthodes efficaces pour manifester son intention de prendre la parole, il peut ne pas oser garder la parole lorsque le locuteur francophone natif l’interrompt (alors qu’il considère ne pas avoir terminé), il peut croire qu’il ne parviendra pas à s’exprimer comme il le voudrait et simplement ne pas essayer. De plus, l’empressement du participant natif et les interruptions peuvent agresser la face du locuteur non natif (Dausendschön-Gay et Krafft 1991). L’interlocuteur peut ainsi se sentir entravé dans sa participation à la gestion de l’intercompréhension.

84 Goffman reprend ce terme aux cultures chinoises et japonaises, il définit la face comme « the positive social value a person effectively claims for himself by the line others assume he has taken during a particular contact » (1967 [1974, 1991], p. 5).

62 I. Cadrage théorique et méthodologique de la recherche

La gestion d’une hypothèse interprétative insatisfaisante a fait l’objet d’études nombreuses ; les négociations (entre locuteurs natifs et non natifs de la langue de communication) beaucoup moins.

La décision de manifestation d’une insatisfaction de la part de l’interprétant a été étudiée du point de vue de la stratégie de gestion des faces : l’aveu de faiblesse est à double-tranchant. Certains interprétants non natifs préfèrent occulter leurs incertitudes pour ne pas menacer leur propre face tandis que d’autres envisagent au contraire les bénéfices : « avouer son ignorance, c’est-à-dire afficher une position de non-savoir et donc d’infériorité, peut indirectement servir de moyen pour s’attirer la bienveillance d’un interlocuteur » (Lüdi 1982, p. 40).

Dausendschön-Gay et Krafft (1991) signalent d’ailleurs que les participants qui interagissent avec un locuteur non natif font preuve de davantage d’indulgence et fournissent davantage d’efforts dans la construction de l’intercompréhension (efforts d’interprétation d’énoncés incomplets ou imprécis, demandes de réparations, etc.) à cause du manque de compétence « pour ainsi dire officiel » (p. 41) du locuteur non natif. Mais cette bienveillance n’est pas systématique : les efforts que fournit le locuteur natif manifestent sa bonne (ou mauvaise) volonté vis-à-vis de la relation avec l’interlocuteur, lui inspirent (ou pas) confiance et lui indiquent qu’il peut prendre le temps dont il a besoin (Bremer, Roberts, Vasseur et al. 1996). La manifestation de l’insatisfaction de l’interprétant vis-à-vis de son hypothèse interprétative a été étudiée en acquisition des langues entre autres par Varonis et Gass (1985), par les chercheurs du projet E.S.F. (Perdue (ed.) 1993) et par Watson, Chenery et Carter (1999)85. Les marqueurs de « non compréhension »86 dégagés par ces chercheurs se ressemblent ou se complètent, comme le montre le tableau de correspondances suivant :

Varonis et Gass Perdue (ed.) Watson, Chenery et Carter

commentaire

métalinguistique commentaire métalinguistique ┼ commentaire métalinguistique reprise de la source du

problème reprise de la source du problème

question minimale ┼ requête minimale de répétition absence de prise de

parole

absence de reprise de parole (après une question directe) ┼

absence de (re)prise de parole

85 Watson, Chenery et Carter (1999) ont compilé les douze « comportements indiquant un problème » (trouble indicating behaviours) à partir de Bremer, Broeder, Roberts et al. (1993), G. Fergusson (1994), Brinton, Fujiki, Frome-Loeb et al. (1986), Garvey (1977) et T. Gallagher (1981).

86 Dans nos analyses, ces « marqueurs » sont désignés par l’expression « manifestations par l’interprétant d’une insatisfaction vis-à-vis de son hypothèse interprétative » s’ils sont des « indicateurs » dans la taxonomie de Bremer, Broeder, Roberts et al. (1993) (ceux marqués d’un ┼ dans le tableau) et comme des « indices d’insatisfaction » si ce sont des « symptômes » selon cette taxonomie, c’est-à-dire si l’interprétant est peut-être insatisfait mais qu’il a tenté de le cacher (ceux marqués d’un ─). Nous décrivons les types d’interventions qui permettent d’appliquer cette stratégie (cf. infra p. 163 et p. 179).

1. L’objet de la recherche 63

absence de reprise de parole (sauf après une question directe) ─ réponse inappropriée réponse non pertinente ─

formation d’hypothèse ─ formation d’hypothèse retour minimal ─

alternance codique ─ changement de sujet ─

requête globale de répétition requête de confirmation (3 types) requête d’informations (2 types) correction gêne minimale

Ces « marqueurs » correspondent à des types de stratégies différentes : elles sont plus ou moins frontales, elles sont plus ou moins coopératives du point de vue de la résolution, elles sont plus ou moins protectrices pour la face des participants, etc. Afin de dégager des types de manifestations d’insatisfaction dans le corpus, un classement des réactions sera effectué selon le type d’information qu’elles exposent au sujet de l’hypothèse interprétative (cf. chapitre 4) ; c’est en fonction de ces catégories que nous jugerons du type de coopération dont font preuve les interprétants.

En ethnolinguistique, Schegloff étudie les « réparations » 87 qu’il définit comme les « practices dealing with problems or troubles in speaking, hearing, and understanding the talk in conversation (and in other forms of talk-in-interaction, for that matter). » (2000 p. 207). La réparation est caractérisée par la discontinuité séquentielle et par la dimension rétrospective (Fox et Jasperson 1995, p. 80) ; elle ouvre une séquence parenthétique focalisée sur le maintien ou la reconstruction d’une intercompréhension satisfaisante.

Schegloff, Jefferson et Sacks (1977) distinguent les « réparations » initiées par l’interprétant et celles initiées par le producteur. Cette distinction est utilisée ici pour organiser l’exposition des analyses : lorsque l’interprétant manifeste son insatisfaction, cette manifestation est interprétée comme une demande d’aide, généralement fournie par le producteur de l’acte initial ; lorsque le producteur de l’acte initial reconstruit une hypothèse interprétative qu’il juge potentiellement insatisfaisante pour l’interprétant ou pour lui-même, selon le type de

87 La terminologie et le positionnement de Schegloff par rapport à l’interprétant pose problème : d’une part, le terme réparation suggère que quelque chose est cassé, d’autre part dans l’analyse des réparations initiées suite à un problème d’interprétation, c’est toujours l’interprétant (other) qui fait face à une difficulté. Dans notre démarche, l’interprétant n’est pas systématiquement « fautif » : la production et l’hypothèse interprétative du producteur peuvent être remises en question.

64 I. Cadrage théorique et méthodologique de la recherche

problème, il peut aider l’interprétant à construire une hypothèse plus satisfaisante ou l’inviter à réorienter ou rectifier une hypothèse que l’interprétant juge peut-être satisfaisante. Dans la construction de l’intercompréhension, ce qui nous intéresse est moins de savoir qui initie ou qui « répare » l’intercompréhension que de savoir quelles stratégies sont employées par les participants pour manifester ou occulter une insatisfaction, et pour gérer l’insatisfaction ou le repérage d’une incompatibilité.

La notion de « stratégies de communication » a été proposée par Selinker dans son article sur l’interlangue (1972, p. 229) et elle a pris de l’ampleur dans les recherches avec les travaux de Tarone (1977) puis de Canale et Swain (1980) et de Canale (1983). Cette expression recouvre désormais de nombreuses réalités, dont par exemple les stratégies d’évitement d’un mot inconnu en production verbale en langue étrangère, les stratégies métacognitives pour améliorer la production et la compréhension en langue étrangère, etc. (cf. 7.1.2.). Les stratégies qui nous occupent sont celles qu’utilisent les interactants pour choisir la réaction à avoir en fonction de leur satisfaction vis-à-vis de leur hypothèse interprétative, vis-à-vis de celle de l’autre ou vis-à-vis de la qualité de l’intercompréhension. Le jugement de la qualité d’une hypothèse interprétative entre en ligne de compte, mais d’autres critères sont considérés par les interactants : intérêt personnel, confiance, enjeu de la poursuite de l’interaction par rapport à l’enjeu de la qualité de l’intercompréhension, protection de sa propre face, capacité à mener une stratégie, etc.

Concernant le critère de confiance par exemple, le statut de locuteur non natif peut entrainer chez cet interactant un excès comme un déficit de confiance (la L2 self-confidence Macintyre, Clément, Dörnyei et al. 1998), qui peuvent être augmentés ou contrariés par les circonstances de l’interaction (la state self-confidence). Selon son degré de confiance et l’importance de l’enjeu de l’interaction, l’interactant non natif peut être plus ou moins enclin à faire valoir son interprétation auprès du locuteur.

Concernant le critère de l’intérêt de l’interactant, Rubi s’est intéressé aux « stratégies d’excommunication »88 :

« Il s’agit, pour l’interlocuteur excommuniquant, d’amener la relation dont il participe, sur quelque plan que ce soit (interaction, coopération, négociation), à se décaler ; c’est-à-dire à se placer hors de la communication telle qu’elle unissait, aurait pu ou aurait dû unir cet interlocuteur à son partenaire interactionnel. » (1988, p. 64)

Ces stratégies servent à négocier la valeur interactantielle d’un acte en particulier du point de vue de l’orientation générale qu’il peut donner à l’interaction : « le locuteur excommuniquant place la relation hors communication pour, paradoxalement, rendre la communication

88 Rubi reprend le terme « excommunication » à Jacques (1983) qui lui donne deux définitions dont celle qu’utilise Rubi : « exclusion de quelqu’un comme locuteur dans le jeu libre et tenu pour normal de la communication en général » (Jacques 1983, p. 13).

1. L’objet de la recherche 65

possible en vertu du cadre interactionnel tel qu’il aimerait le voir se réaliser. » (ibid., p. 66, nous soulignons)89.

Lorsque l’interprétant réagit après avoir procédé à la sélection d’un sens parmi plusieurs potentiels, il participe à la gestion de l’intercompréhension : il manifeste le contenu de son hypothèse et permet au producteur d’en évaluer la qualité et la compatibilité avec la sienne. En fonction de l’avancée de la négociation, il peut également faire valoir son point de vue, ou laisser transparaitre une modification apportée à une hypothèse antérieure. Le résultat de la négociation est une valeur interactantielle pour l’objet interprété : c’est la valeur sur laquelle les interactants se sont interprétés ; cette valeur est construite dans l’intersubjectivité grâce à une double évaluation (de l’interprétant et du producteur). L’unité minimale de l’intercompréhension est composée de trois étapes : la sélection d’un sens, la réaction et l’évaluation de la sélection. Cette conception de l’intercompréhension qui se réalise par une négociation en trois parties fonde notre démarche d’analyse (cf. 3.3.1. p. 130). Dans la deuxième partie, les observables sont catégorisés en fonction des informations que les réactions laissent transparaitre des hypothèses interprétatives : les indices fournis dans les réactions sont décrits et mis en rapport avec un degré de satisfaction qui permettent au partenaire de réagir de manière adaptée (4.5.1. p. 200 et section 5.3. p. 267). La section 5.4. est consacrée aux différentes dynamiques de la négociation.

89 Dans les analyses (cf. infra p. 303), nous étudions cette stratégie qui peut mener à une sorte de dialogue de sourds entre celui qui réoriente l’interaction vers un thème différent et celui qui la réoriente vers le thème en train d’être discuté.

66 I. Cadrage théorique et méthodologique de la recherche

1.4. Conclusion

Ce travail se focalise sur les actions de l’interprétant dans la gestion de l’intercompréhension. La première section a permis de définir les différents rôles que l’interprétant peut jouer : produire une interprétation et réagir. À ces deux rôles correspondent des processus différents : pour le premier, sont mobilisés les processus de construction d’une hypothèse interprétative, d’évaluation de cette hypothèse et de décision du type de réaction à produire ; pour le second, ce sont les processus de reconstitution de l’hypothèse interprétative de l’autre, d’évaluation de cette hypothèse et de la qualité de l’intercompréhension, et ceux utilisés pour la négociation. Les chapitres 4 et 5 traitent de la façon dont le résultat de ces processus transparait dans les réactions des interactants : le contenu de leur hypothèse interprétative et leur satisfaction ou leur insatisfaction vis-à-vis d’elle, vis-à-vis de celle de l’autre. Ils abordent également la façon dont les interactants gèrent les problèmes : les interprétants choisissent (ou non) de manifester leur insatisfaction pour que le partenaire les aide, et les producteurs/partenaires choisissent de manifester le repérage d’un problème afin d’aider à le résoudre.

Afin que les données analysées présentent une quantité substantielle de moyens utilisés pour gérer l’intercompréhension, nous avons choisi de travailler sur des types d’interactions qui présentent un potentiel de difficultés important : les interactions de service administratives. Dans le même but, et pour respecter une de nos propositions didactiques (exposer les apprenants à des interactions dans lesquelles un des interactants a le même niveau de compétence en langue qu’eux, cf. infra p. 482), nous avons sélectionné des types de services orientés vers les francophones non natifs. Le chapitre suivant présente ces choix plus en détail et décrit les données recueillies et les corpus constitués.