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Partage social et motivation sociale

3.1. Les tensions symboliques du partage social de son expérience

Le recours aux droits sociaux et aux aides sociales se construit dans le rapport aux autres à travers la crainte d’être stigmatisé. Une large majorité de sujets interviewés dans les deux lieux d’accès aux droits où nous avons enquêtés exprime leurs difficultés à parler de leur situation et de leur expérience à leur entourage, ne souhaitant pas se montrer dans une situation sociale potentiellement stigmatisante. Cela est notamment le cas quand les sujets éprouvent des problèmes d’importance, et particulièrement quand ils n’ont plus de logement ; mais s’observe également pour d’autres problématiques de la vie quotidienne ne préférant être rendues publique.

En effet, souvent, les sujets expriment l’idée qu’ils ne veulent pas rendre publique leur vie, leur vécu et les problèmes qu’ils rencontrent. C’est ce que dit par exemple Sarah (60 ans, BDV) qui explique venir seule à la BDV parce qu’elle ne « veu(t) pas raconter (s)a vie », ne veut pas se « confier » « à tout le monde ». À l’image de Sarah, Mme Denis (BDV) considère que ce qu’elle vie « c’est plutôt privé », que « c’est pour moi. C’est pas pour les autres », se référant à sa pratique en tant que professionnelle de santé et au « secret médical » auquel elle est tenue et « habituée ». Ainsi, elle « préfère aller voir des professionnels ».

Les sujets peuvent exprimer une peur de se sentir stigmatisés en partageant avec les autres « proches » ce qu’ils vivent dans leur situation. Cela semble d’autant plus marqué que les sujets ont des manques et des problèmes que l’on peut qualifier d’important, notamment relatifs au logement. Ils optent ainsi pour le silence, le secret comme l’expriment J.-C. (ALIS) qui préfère laisser ses proches « un petit peu en dehors de ça » afin de ne pas leur « prendre la tête avec » ; ou Nasser (ALIS) souhaitant ne « pas leur dire (qu’il) étai(t) à la rue »,

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pour ne « pas qu’ils sachent (s)a situation », « pour ne pas qu’ils (lui) tendent la main » ; ou encore Hamed (BCDR) qui s’estime « tout seul », partageant avec ses « quelques potes » un « bonjour, bonjour », « mais c’est tout ». Il est donc question de ne pas inquiéter son entourage (J.-C ne leur dira pas « que pendant quatre jours j’ai pas dormi et que, que les seules cinq heures que j’ai arrivé à dormir c’est aujourd’hui. Ça ils sauront pas ») qui pourtant semble pouvoir représenter une aide ou un soutien : « Sinon, forcément, on en parlerait, ils me donneraient des conseils ou ils m'aideraient. Oui ça changerait les choses, sûrement » (J.-C). Nasser (ALIS) reconnaît ainsi être allé voir sa famille que lorsqu’il a obtenu un logement : « Et mon frère, je l’ai vu quand ? Je l’ai vu avant hier, quand j’ai eu ma chambre ».

Le partage social de ses problèmes, de ses difficultés semble donc pénible pour les sujets que nous avons interviewés, cependant, cette gêne apparaît comme relative et variable en fonction des problèmes rencontrés, vécus comme plus ou moins stigmatisants. Par exemple, Tom (MJDV), victime d’un licenciement économique n’aborde pas l’enjeu de la stigmatisation quand nous lui demandons comment les gens réagissent en général quand ils sont confrontés à un problème similaire au sien. Il pense que « généralement les gens ils sont réactifs » notamment parce qu’« ils parlent de leurs problème au bar ou (aux) copains », qui pourront leur apporter de l’aide pour effectuer leurs démarches de droit. La possibilité de partager socialement son expérience vécue et le ou les problèmes rencontrés aura des incidences sur la manière de faire face à sa situation, de se faire aider matériellement, moralement et concrètement dans ses démarches (ce qui renvoie au partage des connaissances évoqué dans le chapitre précédent).

3.2. Confirmation sociale d’être un sujet de droit

Si le partage social de sa situation peut être difficile, émerge cependant le fait que les autres que l’on côtoie dans son entourage et à qui on communique ses problèmes peuvent participer à la confirmation que les sujets sont des sujets de droit, qu’ils sont en droit de réclamer des droits. En cela, ils incitent les sujets à agir pour recourir. Nous avons particulièrement pu observer cela quand les sujets se voient refuser un droit ou une aide, mais aussi plus globalement.

Aussi, cela passe nécessairement par la communication et le partage social de son expérience. Le partage social d’une expérience vécue comme un problème permet de l’inscrire dans une représentation commune des situations qui nécessitent des aides, de recevoir un droit, de revendiquer la justice. Les autres participent donc à reconnaitre l’anormalité de leur situation individuelle et à les conforter dans leur action de recours et dans les démarches à poursuivre. Les cas les plus exemplaires sont ceux où des sujets font les démarches à la place des autres comme Farid (MJDV) pour sa belle-mère ; ceux où les sujets sont accompagnés dans leurs démarches, montrent également qu’elles ne sont pas qu’individuelles mais qu’elles sont portées aussi par les autres, devenant des recours collectifs. C’est ce que nous observons parfois à ALIS. Mais cela est très souvent le cas dans les BD/MJD. Le cas de Fatiha (BDV) montre bien comment une autre personne peut être porteuse du

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recours aux droits sociaux d’un sujet, en confirmant par exemple l’injustice d’une situation du fait de la non-réception de droits sociaux. Souria, qu’elle considère comme sa « sœur », l’accompagne à la BDV mais aussi durant l’entretien de recherche. Elle intervient régulièrement durant l’entretien pour participer à la description de l’histoire de Fatiha, mais également pour confirmer le caractère injuste de sa situation et sa légitimité à réclamer des droits. Elle alimente son point de vue sur le caractère intolérable de la situation socio-économique de cette dernière concernant ses conditions d’hébergement dans un foyer, alors qu’elle a un enfant :

« S : Franchement. Je trouve ça. C'est intolérable. Parce qu'il a six ans. C'est pas une chambre pour un enfant. » « S : Alors que elle a le droit. Ier : Elle a droit à des... S : Elle a droit à des aides » (Souria « sœur » de Fatiha, BDV)

Leïla (BDV) est également accompagnée par Majnoun durant l’entretien avec la juriste ainsi que pendant l’entretien de recherche. Il l’incite à ne pas se laisser faire et lui rappelle qu’elle a des droits qu’elle peut/doit faire respecter. « Lui il arrête pas de me dire : "Laisse toi pas faire (…)" ». Si Leïla semble encouragée par Majnoun à agir pour revendiquer ses droits auprès du Pôle emploi, cela lui renvoie aussi une image négative ayant l’impression que sans lui, elle se laisserait faire, ce qu’elle ne semble pas penser, lui répondant, sur un ton amical et ironique : « laisse-moi tranquille ».

3.3. Validation sociale et la force des autres

Les autres apparaissent surtout comme permettant de reconnaître socialement un problème, un besoin, une injustice comme vraie, ancrant le vécu individuel dans une réalité sociale. Ils permettent d’avoir un soutien social, supportant collectivement la réalité du vécu individuel. Une illustration de ce phénomène, que l’on retrouve dans environ un tiers des discours dans les deux types d’accès aux droits où nous avons enquêté, est issue du discours de Josiane (BDV) à qui son AAH n’a pas été renouvelée. Elle s’oppose à cette décision de l’administration en effectuant un premier appel avec les juristes de la BDV. Elle nous explique que ce sont ses « amis » qui la « poussent » à « (s)e plaindre », à continuer à revendiquer ses droits, alors qu’elle perd parfois le courage de le faire, notamment avec ce qu’elle entend à la télévision sur la réduction des budgets sociaux qui lui font dire qu’elle va en être victime :

« (…) C’est avec l’aide de mes proches qui me soutiennent, qu’on ouvre les yeux quoi. » « J’ai des amis ils m’ont dit : « Josiane, il faut te plaindre, t’es en droit. » » « Donc on m’a poussée, on m’a poussée et c’est pour ça que je me plains. » (Josiane, BDV)

Johnny (40 ans, ALIS) explique aussi, en dépit du fait qu’il dit « faire tout, tout seul » (« Tout, tout seul. Je, je marche tout seul moi »), que ses « amis » (« Pas des potes. Des amis ») l’« aident beaucoup », le « soutiennent vachement », pour « le remonter pour trouver un appart, pour les papiers ».

« Une ancienne copine là. Qui a mon âge quoi. Ça fait vingt-cinq ans que je la connais. Je lui ai expliqué. Je lui ai dit : "Je suis dans la merde, nana." Elle m'a dit : "Bah viens. On va faire les démarches." Heureusement quoi. » (Johnny, ALIS)

Ainsi les sujets peuvent se dire « boosté(s) » par les autres. J.-C. (ALIS), qui à 30 ans se retrouve sans logement depuis quelques jours, nous parle de l’importance d’autres personnes usagères des lieux d’accès aux

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droits dans lesquels il se rend qui jouent un rôle dans la construction de ses connaissances, mais également et surtout dans sa motivation à faire des démarches : « (…) t’arrives là-bas le matin et puis tu les vois (…). T’oublies un peu ta nuit de merde. Et puis ça peut te booster (…) pour faire une démarche supplémentaire (…) ».

Le mouvement de motivation peut aussi être inversé, quand les sujets disent participer eux-mêmes à donner de l’énergie aux autres personnes dans l’activation de leurs droits. Ils se décrivent alors comme participants au recours aux droits d’autres personnes, afin de ne pas les voir « décrocher » comme l’explique Nasser (40 ans, ALIS), en apportant du « bon sens » et en les « boostant » :

« (…) j’essaie de donner un peu de bon sens. » « Il avait des papiers à faire, pour lui. Il était pas à la rue. Je lui ai dit : « si tu fais pas les papiers, tu vas pas t’en sortir. Tu veux retourner au bled en plus. » Le mec je l’ai un peu boosté quoi. » (Nasser, ALIS)

Ainsi, cette confirmation sociale d’être un sujet de droit est liée à la transmission d’une énergie sociale qui « booste ». Et elle peut également être effectuée par les sujets eux-mêmes, qui se décrivent comme forts et disent participer à inscrire des individus qu’ils côtoient dans leurs droits, en leur rappelant qu’ils ont des droits et qu’ils doivent les demander. C’est ce qu’explique encore, entre autres, Bermude (40 ans, ALIS) : « Mais t’es là « tiens voilà va chercher ça, t’as le droit à ça, là t’as le droit à ça », tu vois tu donnes, t’es vecteur d’info », « Donc t’as des démarches à faire, tu les connais, t’invites les gens, voilà ». Il intervient dans les démarches d’autres personnes, en les orientant, en faisant avec eux… ce qui leur permettrait de moins être « perdus », participant aussi à éclaircir des cerveaux « embrumés » en raison du fait de vivre « dans la merde » ou « une période sombre ». Les autres peuvent donc être un soutien « moral » pour les sujets, comme ces derniers peuvent l’être pour les autres. C’est ce qu’évoque Akio (BDV) quant au rôle que joue son fils dans sa situation, en plus de son soutien matériel (hébergement) alors que lui et sa femme n’ont plus de logement.

A contrario, les relations que l’on entretient avec d’autres personnes dans son quotidien peuvent aussi être

perçues comme des freins, détournant les sujets de l’idée qu’ils sont sujets de droit ; ne confirmant pas l’idée qu’ils aient le droit. Cela dépend de l’importance que ces autres apportent au problème vécu et exprimé par les sujets. C’est ce qu’exprime de manière atypique Sophie (BBD) expliquant le rôle négatif que pourrait jouer son entourage dans ses démarches pour récupérer des droits relatifs à un ancien contrat de travail qu’elle n’aurait pas reçu, si elle leur en parlait (chose qu’elle n’a pas faite) : « mon entourage si je leur disais, ils me diraient : « te casse pas la tête. Laisse tomber. » »

3.4. Les enfants comme moteur dans les démarches

Le fait d’avoir des enfants « à charge » ou d’attendre un enfant peut aussi être source de motivation pour entreprendre des demandes de droits et d’aides de manière proactive. Nous avons pu le constater dans les discours tenus par des sujets interviewés formellement ou avec qui nous avons pu discuter de manière plus informelle lors de nos temps d’observation dans les associations d’accès aux droits. Le fait d’avoir et/ou « d’attendre » des enfants peut motiver parfois très intensément les sujets dans leurs démarches de droits et

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d’aides. Du moins, cela viendrait les justifier. Ce discours émerge donc dans seulement quelques cas, mais montre de manière saillante que d’avoir des enfants « à charge » est une justification et un argument pour s’activer dans ses démarches de droits et d’aides.

C’est particulièrement le cas de cette femme que nous rencontrons à ALIS, qui refuse d’être interviewée, mais qui accepte de nous parler un peu de sa situation. A quarante ans, elle est enceinte. Avec son ami ils ont décidé de garder l’enfant, malgré la situation financière et matérielle difficile dans laquelle ils se trouvent, étant au chômage tous les deux et sans logement fixe. Ancienne ouvrière, elle est au chômage depuis plusieurs années. Elle nous explique qu’elle doit maintenant faire attention à sa santé et qu’elle entend faire ses démarches de droits sociaux sérieusement et intensément. Aussi, elle nous dit qu’elle demandera tout ce qu’il est possible de demander dans sa situation, mettant en exergue l’intention d’un recours proactif. Elle nous avoue même qu’elle demandera des droits pour les « parents isolés » afin d’obtenir davantage d’aides, en tentant de dissimuler à l’administration sa vie de couple.

Abdelatif (BDV) nous explique aussi lors de l’interview, qu’il fait des démarches de droits pour obtenir le statut de « maladie professionnelle » surtout pour ses enfants (« c’est pour eux »), alors qu’il est atteint d’une maladie grave145. Il compare l’enfant à un animal, un chien, que les adultes doivent protéger, nourrir. Il dit construire un dossier qui leur permettra, quand il sera mort, de réclamer des droits : « quand je crève, à vous ! (tape du poing sur la table). C’est de l’or ». Johnny (40 ans, ALIS), qui s’est séparé de sa femme et se retrouve sans logement, parle beaucoup de ses quatre filles durant l’entretien qui le motivent pour obtenir un logement rapidement, pour récupérer des droits à l’invalidité non-réceptionnés suite à un transfert de dossier entre deux CAF… « Ah ouais, ouais ! Faut que j'avance moi, pour mes gosses. J'ai pas que ça à faire (silence) ». La responsabilité que les sujets ont envers d’autres personnes qui sont dépendantes d’eux semble activer les sujets dans leurs démarches. Aussi, les besoins se font d’autant plus ressentir dans ces situations. C’est ce que dit Madame Denis (BDV) qui est d’autant plus soucieuse de sa situation socio-économique qu’elle vit seule avec sa jeune fille. Ou encore ce qu’exprime Hamed (55 ans, BDCR) face à sa difficile situation financière : « Moi, je pense à ma famille, je pense à mes enfants. Laisse tomber (silence) ».

3.5. La force symbolique des professionnels du droit

Dans quelques discours recueillis, surtout auprès des usagers d’ALIS, mais également dans deux interviews dans les BD/MJD, il a été évoqué par les sujets l’idée de se faire soutenir dans ses démarches par des professionnels du droit. C’est notamment le cas des assistantes sociales ou des éducateurs qui peuvent venir attester de la vérité d’une situation vécue par les sujets et le caractère urgent de leur demande de droits ou d’aides. Cela est particulièrement le cas dans notre corpus pour ce qui concerne les recours au droit au logement ou à l’hébergement, mais également pour les cas de non-réception des droits et des aides qui nécessite de sur-revendiquer ses droits. Effectuer ses démarches via ces professionnels de l’accès aux droits       

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permettrait d’accéder et/ou d’« accélérer » certaines démarches qui peuvent être perçues comme complexes, longues, difficilement accessibles ; de débloquer des droits plus rapidement que si on le faisait seul.

L’idée est d’être soutenu par des sujets ayant un statut plus « grand », ayant un poids symbolique plus « lourd » pour revendiquer ses droits aux administrations. Cela permettant en quelque sorte de construire un recours plus fort et efficace. C’est ce qu’exprime J.-C. (ALIS) concernant son problème de non-réception de l’allocation chômage, pensant se faire « appuyer » par l’assistante sociale représentée comme un « poids pour accélérer les démarches ». Kamel (ALIS) a aussi le sentiment qu’il est plus facile d’obtenir des droits en passant par une assistante sociale, notamment quand il y a des problèmes de réception146 : « Peut-être je peux pas avoir les droits comme l'assistante sociale peut les demander à, pour moi quoi ». Aussi les professionnels du droit permettraient de moins se sentir « écrasé » devant les administrations face auxquelles on peut ressentir du mépris (Fadila, BDD), et ainsi de se sentir plus fort ; cela permettrait d’être « appuyé » pour l’obtention de sa demande (Fatiha, BDV)

L’expérience de Fathia concernant sa demande de place en crèche pour son enfant met en évidence la difficulté de recourir à certains services sociaux et la nécessité dans certaines situations de sur-revendiquer un problème en mobilisant des acteurs sociaux qui mettront en exergue le problème individuel de la personne qui doit être reconnu. La plainte prendra alors de la valeur à travers ces acteurs institutionnels renommés, arguant leur statut. Le système d’accès aux droits peut alors être perçu comme arbitraire et soumis à une certaine forme d’aléa et à la force des « passes droit ». Il peut ainsi être comparé à des systèmes de droit moins formels dans lesquels l’accès aux droits est soumis à la corruption, au « piston », et donc à l’injustice procédurale. Fatiha ayant finalement bénéficié de ce droit à la crèche en sur-revendiquant son besoin et son droit via l’éducateur de son enfant, va comparer le droit français à celui du « bled »147 où « ça marche par piston » en pointant le risque que cela devienne de plus en plus comme ça en France. Cependant, elle maintient la justification de sa démarche par le fait que ce sont ses droits qu’elle réclame, rien d’autre (« Mais moi, c'est mes droits. Je réclame mes droits »), se défendant ainsi du sentiment qu’elle a d’avoir été « pistonnée » et donc de ne pas mériter son droit.

« Il fallait que je sois appuyée, parce que j'avais un appui. Parce que y avait un éducateur derrière, ils ont pris mon enfant ! Mais si c'est moi-même qui me suis présentée, j'avais pas dit que j'étais venue par, de la part de monsieur, par l'éducateur de mon enfant. […] Il a fallu qu'il appelle derrière et que de là, le surlendemain on m'appelle, on me dit : "oui oui, pour votre enfant, c'est bon. Vous pouvez venir tel jour, telle heure, pour faire l'inscription." » (Fatiha, BDV)

Pour Thierry (ALIS), faire étayer son recours au droit à l’hébergement par une assistante sociale est associé au fait de « pleurnicher », de se plaindre, alors qu’il préfère recourir à ses droits de manière autonome. Par ailleurs, l’appui que peuvent fournir les travailleurs sociaux n’est pas suffisant pour Ben (ALIS) qui réclame un accompagnement « jusqu’au bout » des démarches notamment en ce qui concerne les démarches de logement car pour lui « du papier ça restera du papier » (sous-entendu quand les travailleurs sociaux « appuient » les       

146 C’est ce qu’évoque l’assistante sociale d’ALIS lors d’un entretien à notre enquête auprès des publics de cette association.

171 demandes des sujets par une attestation écrite).

« Je leur ai dit : "Franchement c'est juste pour faire des courriers en disant une assistante sociale." On signe que les