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Parcours évolutif du débat télévisé en Algérie

Débat 2 : La loi de finance 2009

3.2 Parcours du débat télévisé en Algérie

Depuis son apparition sur l’écran algérien, le débat est programmé pendant une durée limitée, d’ailleurs aucune émission-débat n’a survécu plus d’une année. Au départ, et suite aux premières diffusions, l’instance médiatique teste son écho, elle prête très souvent attention au feed-back provenant du téléspectateur et surtout aux critiques formulées par des spécialistes de production médiatique. Elle vise à travers ces efforts de remédier les lacunes de production et d’y apporter les modifications nécessaires. Parfois, la chaîne procède au changement du format ou même à l’annulation définitive de l’émission en cas de forte dépréciation sans même prévenir le téléspectateur.

Cependant, les débats qui ne sont pas interrompus entre temps se caractérisent tous par une forme récurrente de fonctionnement stéréotypée dans sa globalité. Pour cette raison, nous préférons employer le terme de « format » et non pas celui de la « forme », car nous pensons que la première notion désigne un spécimen de production que la chaîne crée et dans lequel elle place l’émission-débat, d’ailleurs, Antona (1995) l’a employé en ces termes dans la définition des macrostructures des différents programmes trilogiques proposés en France

« Entre l’extrême fragmentation et l’extrême homogénéité, signalons des formats intermédiaires « mixtes ». Dans le domaine de l’information (J.T, débat politique, culturel ou social, magazine…), il n’est pas rare d’alterner « sujet » (reportages, documentaires…) et « plateau » » (Antona, 1995, p. 188), puis elle classe les émissions trilogiques en quatre formats à savoir le face-à-face, l’interview, la discussion-conversation et enfin le débat.

Ce format ne rejoint toujours pas l’hypothèse du téléspectateur quant à la promesse du genre car en comparant ce que les chaînes algériennes diffusent sous l’étiquette de débat et les débats proposés par d’autres chaînes voisines, ce dernier découvre que le genre a pris une nouvelle dimension gouvernementale spécifique

adaptée à la politique interne de la chaîne69, ce qui influe négativement sur la perception de l’émission. Un nouveau rituel est mis en œuvre sur la base d’un ton pacifique et d’une gestion rigoureuse de l’interaction. Citons à titre d’exemple ; Questions d’actu, qui depuis sa diffusion, au même titre que les autres émissions-débats, se produit dans le même décor et surtout selon le même rituel conversationnel pendant toute la saison.

En ce qui concerne la forme interactionnelle, à laquelle nous consacrerons un chapitre, elle est toujours identique à celle adoptée dans d’autres émissions-débats en Algérie. Un rituel qui n’a jamais été renouvelé. Cette fixation de rituel s’applique autant sur la microstructure que sur la macrostructure des débats proposés.

3.2.1 Le débat télévisé ; un spectacle ou un jeu de rôle ?

Depuis presque vingt ans, le débat télévisé en Algérie s’achève par un match nul, à la fin de l’émission, les débatteurs se réconcilient et se consentent en direct. Une fin heureuse qui déçoit le téléspectateur dont les attentes dépassent cette forme dédramatisée70. En regardant une émission de débat télévisé, le téléspectateur observe qu’il existe un grand écart entre ce que dit le débatteur et ce qui devrait être dit71. D’ailleurs un des débatteurs occupe toujours la position dominant par rapport à l’autre qui est littéralement dominé. Le dominant est celui qui, habituellement, représente l’autorité supérieure au pouvoir, joue avec les mots et atténue la situation de confrontation à travers un discours bien édulcoré.

Malgré le désaccord qui met en avant la nécessité pour le dominé de réagir avec toutes ses forces argumentatives, chacun d’eux intervient en toute sérénité face à son adversaire idiomatique. Il arrive même que les débatteurs s’abstiennent de temps en temps de dévoiler certaines vérités sensibles en direct72.

69Une dimension politique propre au régime gouvernemental algérien en état d’urgence depuis vingt ans, qui a défini sa propre politique informationnelle et médiatique où on essaye de manipuler le flux d’informations diffusées à l’image du pays.

70La représentation qu’il s’est fait de ce genre d’émission doit déboucher sur un conflit d’opinions où on est soit vainqueur soit vaincu.

71Le téléspectateur peut facilement s’emparer de l’information d’une autre source médiatique en l’occurrence la presse écrite..

A l’opposé de la représentation qu’on se fait du débat télévisé dont la caractéristique indispensable est la violence verbale, la confrontation spectaculaire n’est pas une caractéristique essentielle de ce genre télévisuelle.

D’après P. Bourdieu (1992), la première caractéristique du débat consiste à « rendre le débat conforme à une solution médiane, à confirmer des idées partagées, à euphémiser des divergences »73. D’ailleurs S. Rouquette confirme cette hypothèse en énonçant que la polémique dans un débat est différemment fabriquée. Il en résulte que la mise en scène spectaculaire du débat est a priori la dernière solution que l’on essaye, après l’échec de toutes les tentatives de discussions. Alors, on assiste à un échange bien structuré entre intervenants de conceptions idéologiques divergentes.

Toutefois, aux yeux du téléspectateur, Les interventions des débatteurs, face à la caméra, manquent de spontanéité. Il s’aperçoit que ceux-ci incarnent des rôles qui leur ont été assignés par l’instance médiatique. D’ailleurs G.Villeneuve qualifie le débat télévisé de jeu politico-médiatique (Villeneuve, 2008), parce que le média audiovisuel ne peut jamais prétendre à la transparence, vu l’écart qui a souvent existé entre l’événement réel brut et l’événement médiatique comme le souligne P. Charaudeau (2003)

« L’information résulte donc de la conjonction entre l’"événement brut" qui se produit dans l’espace public et l’"événement construit" par les médias selon une activité qui consiste à le mettre en scène tout en prétendant rendre compte de la "réalité". De ce fait, tantôt l’"événement brut" et l’"événement médiatique" se confondent, tantôt l’un prend le pas sur l’autre » (Charaudeau, 2003)74.

73Cité dans (Rouquette S. , 2002, p. 47)

74

En nous référant aux considérations précédentes, nous inférons que toute émission-débat est soumise à des impératifs politiques et idéologiques de divulgation des informations, lesquels requièrent une préparation préalable en vue d’assigner des rôles aux débatteurs.

En effet, le débat télévisé est par essence politique, puisqu’il est porteur d’une action politique transposée en opération discursive et médiatique à visée persuasive. Il est dans ce cas, depuis très longtemps, lié à la politique d’où provient le genre médiatique populaire le débat politique, mais cet aspect sans doute réducteur pour le genre médiatique en l’assignant à un seul domaine. Or contrairement à cette situation, il devrait désigner un genre discursif médiatique largement extensif et multithématique.

En Algérie, le débat n’échappe pas à cet écueil car l’émission Questions d’actualité change de forme interactionnelle suivant les thèmes débattus, que leurs contenus soient politiques ou sociopolitiques. A travers le débat, la chaîne télévisée revendique son objectif d’éclairer l’opinion publique (Charaudeau, 2003) avant la confrontation des opinions adversaires.

Malgré son manque de spontanéité dans le contexte médiatique algérien, cette émission demeure l’un des programmes préférés par la plupart les téléspectateurs, qui sont souvent accrochés au suspens médiatique ainsi qu’aux moments de vérité. Ce qui fait de ce genre une forme médiatique très populaire, ayant toujours sa raison d’être, car avec une diffusion en direct et l’importance des sujets polémiques abordés, le téléspectateur accorde une certaine caution de véracité à ce qui se dit par rapport à toutes les autres émissions télévisées.

Par ailleurs, toute instance médiatique met en jeu cette propriété et essaye de transmettre via le débat toute réalité ou information qui risque de déclencher une certaine polémique au sein de la société. Cependant, la participation exclusive de quelques personnalités politiques vedettes à un échange démocratique, généralement des représentants de pouvoirs politiques, et l’exclusion du citoyen ordinaire restreint la visée informative de la machine médiatique et stigmatise en

même temps les autres sources d’information, comme si cette catégorie socioprofessionnelle était la seule habilitée à discuter publiquement des questions concernant la vie du pays.

Comme le souligne P. Charaudeau (2003) « L’instance médiatique est victime de son système de représentation dans lequel au lieu que l’échange se fasse entre elle est le citoyen, il se fait entre elle et les acteurs de la machine économique » (Charaudeau, 2003). Victime de ses représentations politiques, la télévision algérienne avait mis en quarantaine, pendant presque 30ans, son téléspectateur et l’avait remplacé par des personnes jugées seules capables de représenter le système gouvernemental en Algérie. L’effet pervers de cette monopolisation de la liberté de parole a amené le destinataire effectif à déserter sa chaîne de télévision, laquelle- selon beaucoup –fait preuve d’un manque de crédibilité et de captation.

3.2.2 Généalogie et évolution du débat télévisé en Algérie

Dans un deuxième temps nous nous intéresserons à l’apparition et à l’évolution de ce genre télévisuel. Entre apparition et disparition, le débat télévisé en Algérie a connu des débuts instables dus en grande partie à l’instabilité politique du pays. Au fil des années, et avec la remise en place d’un média digne de ce nom face à la concurrence internationale, ce programme s’impose au gré des époques et des événements politiques.

Néanmoins, le débat politique a été toujours considéré comme une émission susceptible de faire peur aux autorités algériennes constamment confrontées à des crises politique et sociale. On craint susciter chez les téléspectateurs des réactions inattendues vis-à-vis des pouvoirs publics.

C’est la raison pour laquelle l’Etat a toujours muselé la télévision, de peur de ne perdre le contrôle ou de provoquer des remous. Pour décrire le parcours de l’évolution du débat télévisé, nous nous sommes référée à une date marquante dans l’histoire politique des Algériens, octobre 1988 nous l’avons abordée ci-dessus en tant que moment déclencheur d’une nouvelle politique médiatique démocratique. Ce parcours est marqué par quatre moments importants :

3.2.2.1 Avant la réforme politique de 1988

Avant 1988, l’absence du multipartisme en Algérie n’a pas favorisé l’émergence du débat télévisé, le pays était régi par un parti unique le « FLN », donc le pouvoir était exercé par une seule autorité politique et l’apparition de tout autre organisme politique sur l’écran n’était pas à l’ordre du jour.

3.2.2.2 Après les événements d’octobre 1988

Il a fallu attendre octobre 1988 pour voir apparaître la première émission-débat sur l’écran algérien. C’est à la suite des émeutes d’octobre 88 que le Gouvernement algérien présidé par Chadli Bendjdid75 a sollicité les candidats représentants des partis politiques à participer pour la première fois aux élections législatives de 199176dans le cadre de la nouvelle constitution de 1989. C’est à ce moment-là que l’entreprise nationale de télévision, avec l’accord du Gouvernement, a organisé le premier débat télévisé Face à la presse77 animé par Mourad Chebine78. L’émission visait principalement lancer via le petit écran une nouvelle ère de démocratisation nouvellement engagée par l’Etat algérien. Dans cette émission, on invitait le téléspectateur algérien à découvrir une nouvelle culture politique. Chaque chef de Parti politique qu’il s’agisse de Saïd Saadi (RCD), d’Abassi Madani (FIS) ou de Louisa Hanoune (PT)79 exposait son programme et faisait face aux journalistes de la presse80.Ce qui a constitué une véritable révolution qui a permis de révéler des faits jusque-là tus et créer un véritable duel entre les journalistes algériens et les hommes politiques. Les représentants politiques faisaient face à un certain nombre de journalistes émancipés, qui, en profitant de leur nouvelle liberté d’expression, les étrillaient à travers des questions polémiques très sensibles.

75Le troisième président de la République Algérienne.

76Les partis qui ont participé à ces élections sont : le FLN, le FIS, le FFS, le RCD, le PRA,

77La première émission politique dans le Monde arabe

78 Sous le pilotage du directeur général ABDOU BOUZIANE et le directeur de l’information AMAR BEKHOUCHE

79Représentants de ces partis politiques : le RCD, le FIS et le PT

Contre toute attente la liberté d’expression investit les plateaux de la télévision algérienne. Les journalistes, de leur côté retrouvent enfin un regain de liberté contrairement au contrôle abusif de la part de l’Etat et la censure qu’on exerçait sur eux.

Quant aux citoyens, personne n’oublie désormais l’émission en passe de devenir un culte pour les citoyens où les chefs de partis politiques de l’opposition critiquent ouvertement et en toute liberté le pouvoir.

Un deuxième débat Face à face animée par Madani Amer a marqué également cette période, puisque l’Algérie a d’ailleurs été le premier pays arabe81 à initier un débat politique pluraliste au cours duquel les téléspectateurs assistent à une confrontation entre islamistes et démocrates. La rencontre historique qui est restée mémorable entre le chef du RCD et celui du FIS a battu les records d’audience en Algérie et même chez nos voisins Marocains et Tunisiens82. L’ENTV a diffusé parallèlement d’autres émissions-débats telle que Dossier ouvert et bien d’autres.

Cette initiation télévisuelle a connu une existence éphémère puisque l’ouverture médiatique a pris fin très tôt. Suite à la dernière émission de Face à face qui a eu beaucoup d’écho en Algérie, une grève générale a été déclenchée par le FIS. De ce fait, la télévision a été mise en cause, accusée d’avoir provoqué le déclenchement de la révolution dans le pays. Ces faits ont contraint les autorités supérieures à mettre fin à cette nouvelle forme de liberté, jugée abusive, et donc à fermer définitivement le champ audiovisuel.

Pendant cette période la montée de la violence a secoué le milieu médiatique algérien, car de nombreux assassinats ont visé directement des journalistes vedettes. Cette situation a contraint la majorité des journalistes à prendre la route de l’exil pour rejoindre les grandes chaînes satellitaires, donnant du même coup un frein à la démocratie en Algérie. Le débat a vu alors le jour suite à l’introduction du multipartisme, lorsque les partis politiques ont été reconnus

81 Dans une période où n’existaient pas encore des chaînes satellitaires donc avant même les chaînes arabes internationales d’information.

officiellement83, et que chacun d’eux réclamait le droit à la liberté d’expression lors des campagnes électorales de 1991. On peut donc établir une relation directe et explicite entre la réforme politique des années 90 et l’apparition du débat sur l’écran algérien. L’ouverture médiatique est la résultante d’un début timide de démocratisation puis le débat était réinitialisé à chaque échéance électorale.

3.2.2.3 Le débat avant 1999

Pendant cette période et en dépit de l’ouverture politique, la télévision algérienne demeure hermétique. D’ailleurs, l’ouverture médiatique n’a duré que deux ans. Entre temps, l’Algérie a vécu un vide constitutionnel délicat et une instabilité sociale et politique sans précédent à cause de la situation sécuritaire, des assassinats quotidiens, des attentats et des explosions permanents. Cette situation a exigé la déclaration de l’état d’urgence et d’une re-fermeture des médias audiovisuels.

Toute information évoquant l’état d’insécurité vécue pendant la décennie noire84était supprimée du journal télévisé. En outre, en l’absence de médias privés qui optimisent la liberté d’expression, on n’a pas eu l’occasion d’assister à une confrontation politique depuis le début des années 90, car le Gouvernement algérien, face aux multiples bouleversements sociopolitiques, a fermé le champ audiovisuel à l’opposition politique, donc le débat a tout simplement été totalement supprimé de la grille des programmes.

3.2.2.4 La réapparition du débat en 1999

Après dix ans de silence absolu, période au cours de laquelle la médiocrité des programmes ainsi que le traitement superficiel des événements ont lassé le téléspectateur algérien sur sa soif à d’information, le débat télévisé réapparait avec les élections législatives présidentielles d’avril 1999. En effet, sept candidats représentants de partis politiques parmi lesquels figure l’un des anciens leaders de la guerre de novembre 1954, Abdelaziz Bouteflika, ancien membre du FLN

83 Décret présidentiel n°90.76 du 7 mars 1990 portant sur la convocation du corps électoral pour le renouvellement des assemblées populaires communales et de wilayas.

84 Guerre civile algérienne entre armée algérienne et les islamistes terroristes débutant en 1991 coûtant la vie de milliers de personnes finie en 2000 et suivie de la

prennent publiquement la parole via la télévision. Le débat politique est à nouveau relancé à travers Ousboue EL DJAzair « Semaine d’Algérie », cette émission était animée par Ghania Oukazi85. Seuls les partis représentés à l’Assemblée et dans les APC étaient invités, nous citons à titre d’exemple le RND, le FLN, le RCD.

Lors de ce débat l’animatrice et les journalistes de la presse harcèlent le candidat à travers leurs questions et leurs critiques. Ils n’avaient pas hésité à démentir quelques réalités en direct et à mettre le représentant politique en colère. Ce dernier s’efforçait de répondre en essayant de satisfaire le citoyen, d’abord pour garder sa face positive et ensuite pour faire adhérer le maximum d’électeurs à son programme. Cependant le débat prend fin juste après les élections.

A l’occasion des élections présidentielles de 2004, et le programme de réconciliation nationale, un nouveau débat le Forum de l’ENTV est lancé. Animé par l’une des anciennes journalistes Soraya Bouamama86, cette émission a eu beaucoup d’écho pendant plus de deux ans. Au début, l’animatrice débattait avec les responsables du gouvernement le bilan des réalisations de l’Etat, il s’agissait donc d’un débat sociopolitique. Or, quelques semaines après, l’intervention en direct de quelques journalistes de la presse privée présents sur le plateau déclenche un véritable débat politique.

En 2008, et sans avis préalable, le débat est supprimé de la grille hebdomadaire de l’ENTV. En réalité, la télévision algérienne a contribué largement à l’apparition sur l’espace public de la classe politique. Depuis la réforme démocratique, on a connu quatre grands débats politiques ; Face à la presse, Face à face, Ousboue El Djazaïr et le Forum de L’ENTV. Les quatre débats sont diffusés uniquement sur la chaîne terrestre algérienne car à cette époque les autres chaînes satellitaires n’ont pas encore pris l’initiative, sauf dans le cadre de quelques émissions sociopolitiques et culturelles pouvant être qualifiées de débats télévisés. Après la victoire du candidat Abdelaziz Bouteflika aux élections présidentielles de 2004, la fermeture officielle de l’audiovisuel est

85Une journaliste de la presse écrite, Une intrusion qui a été mal acceptée au départ par les dizaines de journalistes de l’Entv

déclarée par le Chef du gouvernement lors de sa première sortie médiatique en disant explicitement que l’audiovisuel ne sera pas ouvert.

Après cette déclaration le bureau de la chaîne internationale d’informations Aldjazeera à Alger87a été fermé. La question de l’ouverture de l’audiovisuel est à nouveau relancée le 3 février 2007 devant le parlementaire par le ministre de la communication88. Depuis, le débat télévisé Face à face qui a vu deux chefs de partis politiques89, se confronter est devenu l’émission principale qui accompagne toute campagne électorale d’où vient l‘appellation de débat électoral (Gauthier, 1990)

3.2.2.5 Le débat télévisé avant la révolution arabe

Pendant cette période l’ENTV a proposé quelques émissions sociopolitiques appelées aussi débats de société, une version différente du débat politique des années 90. Cette version consiste à organiser une confrontation périodique entre des personnalités vedettes qui défendent une opinion sur un sujet polémique, une décision gouvernementale, un problème troublant.

Ces émissions étaient animées par des journalistes dont le rôle se réduisait à de simples faire-valoir, puisqu’ils n’étaient pas autorisés à poser des questions sensibles ou à critiquer les actions de l’instance gouvernementale. Par ailleurs, G.Villeneuve (2008), qualifie le débat entre les journalistes et les responsables politiques débat de spécialistes dont la fonction principale est d’expliciter d’un côté les détails de la vie politique, et d’adresser d’un autre côté, un message à la communauté des professionnels du jeu politique (Villeneuve, 2008).Même en cas de conflit, la censure politique n’autorise pas les débatteurs à prendre position