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Cadre théorique de la recherche

4.1 L’Analyse du Discours, une discipline mère

L’Analyse du discours est un champ d’investigation hétérogène qui a émergé dans les années 60 où se regroupent une diversité de notions et de méthodes. Selon Sandré (2010) « l’analyse du discours est largement reconnue comme étant un des domaines linguistiques les plus vastes, mais aussi un des moins définis » (Sandré, 2010, p. 24)95. Elle fait sa première apparition en France, en 1969 avec le numéro spécial de la revue langage « L’analyse du discours » édité par J. Dubois et J. Sumpf et puis avec l’ouvrage de M. Pêcheux « Analyse automatique du discours».

Cette triple ébauche a orienté la recherche contemporaine vers trois premières conceptions diverses et simultanées (Maingueneau, 2012), à savoir celle de J. Dubois qui s’inscrit dans les sciences du langage pour analyser les pratiques discursives d’une société, celle de M. Pêcheux qui s’appuie sur la linguistique visant une critique d’ordre philosophique et politique et enfin celle de M. Foucault, cette dernière s’intéresse aux vastes configurations, où se mêlent textes, institutions, comportements tout en s’éloignant des sciences du langage.

Selon la perspective de D. Maingueneau (2005), l’analyse du discours est en effet l’une des disciplines dont l’intérêt consiste à appréhender le discours comme articulation de textes et de lieux sociaux sans pour qu’elle ait des données réservées. Son objet d’étude « n’est ni l’organisation textuelle ni la situation de communication, mais ce qui les noue à travers un dispositif d’énonciation spécifique » (Maingueneau, 2005, p. 66).

En d’autres termes, elle peut partager les données d’une autre discipline mais selon sa propre perspective. Par ailleurs, il a bien démontré sa richesse et sa diversité «…aujourd’hui, quand on parle d’analyse du discours on ne peut plus ignorer que cette étiquette recouvre dans le monde entier des travaux d’inspirations très différentes. » (Maingueneau, 2005, p. 65).

Cependant, l’organisation de chaque discours constitue sa particularité et contribue à son classement dans un genre bien précis, Selon ce même auteur

« les discours en tant qu’ils sont des unités transphrastiques, sont soumis à des règles d’organisation en vigueur dans un groupe social déterminé : règles qui gouvernent un récit, un dialogue, une argumentation… » (Maingueneau, 2007, p. 30).

Le principe fondamental de l’analyse de discours consiste alors à relier le discours à son contexte afin qu’on puisse expliciter les relations du langage avec l’environnement de production. En fait ce courant théorique est une extension de la linguistique, car l’Analyse du discours résulte du développement de la réflexion issue de la critique du structuralisme qui a favorisé la naissance des sciences du langage.D’après A.O. Barry (2002),

« L’analyse de discours entretient avec la linguistique des rapports complexes qui sont toujours en situation de redéfinition constante, car il s’agit plus d’un mouvement scientifique qui se situe à la croisée des chemins, ayant son objet, ses cadres méthodologiques et ses notions, qu’une discipline circonscrite comme un bloc homogène » (Barry A. O., 2002, p. 01).

Ainsi en se situant au carrefour des champs, la convergence des analyses pluridisciplinaires, y compris linguistique, a contribué à l’enrichissement de l’Analyse du discours dont les contours demeurent non circonscrits.

Et en plus de la convergence, la transversalité résultant des différents courants et théories, est à l’origine de son foisonnement, nous citons dès lors la théorie des actes de langage, la Sociolinguistique, l’interactionnisme symbolique, l’ethnographie de la communication, la pragmatique, l’analyse conversationnelle et la théorie de l’énonciation, la sémiotique, etc. Chacune de ces théories appréhende le discours et l’étudie à travers un point de vue qui lui est propre.

Quelle que soit son origine, française, anglo-saxonne ou allemande, qu’elle émane des travaux d’Harris, d’Althusser, d’Austin ou d’Habermas, l’Analyse du discours, en s’intéressant aux phénomènes langagiers dans leurs contextes

socio-historiques, puise des référents théoriques des sciences humaines pour faire évoluer ses démarches et ses outils d’analyse.

Selon J.Moeshler (1985), l’Analyse du discours, en France, a eu pour objet d’étude l’extra-linguistique à savoir les discours, des faits contextuels notamment des faits de signification (Moeschler, 1985) contrairement à ce dont s’occupait la linguistique saussurienne. Il juge qu’elle relève plus de la sociologie du discours que de la linguistique

« Née à la fin des années soixante dans un contexte historique, philosophique et épistémologique marqué à la fois par le marxisme, le structuralisme et la psychanalyse, l'analyse du discours s'est d'abord vécue comme un espace de renouveau de la linguistique » (Bonnafous Simone, Jost François, 2000)

En voulant remettre en cause la linguistique descriptive, l’évolution de la recherche débouche enfin sur l’Analyse du discours. Considérée comme étant une révolution en sciences du langage, cette dernière prend en charge, à la différence de la linguistique de la phrase, une multitude de discours écrits et oraux.

Elle explore de ce fait chaque discours selon ses spécificités, de différents points de vue d’analyse et elle présuppose un cadre méthodologique inédit qui lui soit propre. Elle suppose ainsi pour son analyse un dispositif de notions (Sarfati, 1997/2007) adéquat à cet objet considéré comme nouvellement construit.

L’analyse du discours comme son nom l’indique a donc pour objet d’analyse « le discours », elle déploie plutôt ce que cachent « les discours » Toutefois, la difficulté se situe plutôt au niveau de la définition instable de cet objet « discours », car selon A.O.Barry (2002)

« L’instabilité de la notion de discours rend dérisoire toute tentative de donner une définition précise du discours et de l’analyse de discours. On peut dans ce cas expliquer pourquoi le terme de discours recouvre plusieurs acceptions selon les chercheurs ; certains en ont une

conception très restreinte, d'autres en font un synonyme de "texte" ou “d'énoncé”. » (Barry A. O., 2002, p. 02)

L’auteur attribue ensuite à la notion du discours la définition suivante

« Le terme de “discours” désigne aussi un ensemble d'énoncés de dimension variable produits à partir d'une position sociale ou idéologique ; comme c'est le cas par exemple de la déclaration d'une personnalité politique ou syndicale. Par discours, on envisage aussi la conversation comme type particulier d'énonciation » (Barry A. O., 2002, p. 02)

Il reprécise après que l’Analyse du discours étudie des conduites communicatives ainsi que les choix faits par l’énonciateur (Barry A. O., 2002, p. 04). Comme dans le cas du débat télévisé, le discours est conçu dans sa dimension interactive, c’est pour cette raison que nous allons nous appuyer sur les principes de cette discipline afin d’étudier les relations existant entre les discours sociaux et les comportements culturels.

Dans cette perspective, nous pouvons sans doute soutenir l’idée que l’accroissement des objets d’étude écrits ou oraux, a multiplié les terrains de recherche, et a ouvert les voies vers de nouvelles pistes d’analyse, ce qui explique la variété des approches et des corpus. Ce qui amène M. Sandré à la définit de la manière suivante « L’AD est la construction d’un savoir autour d’un objet en perpétuelle évolution, que l’on adapte à ses visées théoriques » (Sandré, 2010, p. 27).

En sciences du langage, ce champ vient élargir les perspectives en vue d’aller au-delà des relations transphrastiques pour aboutir à des relations discours/société et langue/culture.

Face à cette ouverture inconsidérée, P. Charaudeau rappelle la condition d’ouverture de l’Analyse du discours sur d’autres théories et disciplines

« Pour qu'une analyse du discours soit une discipline qui contribue réellement à une meilleure compréhension des phénomènes psychologiques et sociaux de la communication, il faut qu'elle dispose d'une théorie de l'action et de la situation de communication, d'une théorie des stratégies de discours en s'appuyant sur les acquis de la rhétorique, d'une théorie des genres du discours et d'une théorie des imaginaires sociaux en s'appuyant sur des données de

la sociologie, de la psychologie sociale et de l'anthropologie sociale» (Charaudeau, 2007, pp. 75-76).

L’auteur fait allusion à une diversité de théories qui viennent alimenter toute recherche inscrite dans ce champ. Les présupposés théoriques qu’il vient de citer sont en effet considérés comme nécessaires à l’interprétation des corpus et donc à une étude du discours contextualisé (Maingueneau, 2007).

Des considérations précédentes, il apparaît que circonscrire une définition de l’Analyse du discours semble être compliqué selon M. Sandré, car «…on a vu supra la complexité de sa délimitation par rapport aux disciplines et aux données théoriques externes, et il n’est pas plus simple de tenter de la définir de l’intérieur, par rapport à son objet » (Sandré, 2010, p. 27).

D. Maingueneau (2005) de son côté situe la difficulté au niveau de l’articulation objet/théorie

« La difficulté qu’il y a à définir l’analyse du discours tient aussi au fait que l’on pense spontanément la relation entre « discours » et « analyse du discours » sur le modèle de la relation entre objet empirique et discipline qui étudie cet objet» (Maingueneau, 2005, p. 66).

Alors cette discipline représente l’ensemble d’outils théoriques et méthodologiques permettant d’analyser un objet en constante évolution et difficile à discerner. De l’avis de Sandré (2010) « Il ne faut donc pas considérer le discours comme un objet déjà construit, susceptible d’être analysé au moyen d’outils prêts à l’emploi » (Sandré, 2010, p. 27).

Depuis Pêcheux jusqu’aux tendances actuelles, l’Analyse du discours a subi plusieurs changements, ce fait est dû à l’introduction de nouveaux corpus, on est passé du texte écrit ou du simple monologue aux dialogues voire aux polylogues. La nature des corpus se complexifie de plus en plus et la prise en compte de nouveaux aspects d’analyse en l’occurrence socioculturels s’impose davantage.

En fin de cette brève présentation, nous observons que notre référence à l’Analyse du discours comme cadre général d’analyse nous aidera à mieux comprendre le discours interactif propre au débat dans ses détails, et inscrire

chaque particularité dans la discipline convenable de manière à mettre en place une définition claire du genre débat télévisé.

Ce cadre théorique nous permettra notamment d’inscrire notre objet d’analyse dans un contexte sociopolitique où se tissent des relations explicites entre les éléments de cette triade discours/contexte médiatique de production /société, car le discours est à la base formé d’actes sociaux constitutifs de rapports sociaux (J-P Meunier et D. Peraya, 2010).

Alors, l’objet de cette discipline appelé discours « désigne l’ensemble des textes considérés en relation avec leurs conditions historiques (sociales, idéologiques) de production » (Sarfati, 1997/2007, p. 16).

A travers cette perspective, on aborde le contexte du discours qui est en effet indissociable du discours lui-même parce que « il n’y a de discours que contextualisé » (Maingueneau, 2007, p. 32) ». Cette Analyse du discours nous permet donc d’étudier l’environnement de production, aussi important que le discours.

Ce même auteur résume cette relation d’interdépendance dans les propos suivants

« L’intérêt qui gouverne l’analyse du discours, ce serait d’appréhender le discours comme intrication d’un texte et d’un lieu social, c’est-à-dire que son objet n’est ni l’organisation textuelle ni la situation de communication, mais ce qui les noue à travers un dispositif d’énonciation spécifique » (Maingueneau, 2005, p. 66).

S’inscrivant dans le domaine de l’Analyse du discours, nous comptons de présenter sommairement ces quatre grands volets :

 L’analyse interactionnelle

 Les approches ethnosociologiques  L’analyse conversationnelle

 La théorie de l’argumentation rhétorique.

Avant de passer à l’étude proprement dite du corpus, il est nécessaire de définir préalablement les repères théoriques indispensables à sa réalisation. Dans cette perspective, nous présenterons dans les pages qui suivent quelques approches de l’analyse du discours, pouvant nous aider à analyser notre corpus voire à apporter des résultats pertinents et significatifs.

4.1.1 Principes théoriques de l’Analyse Interactionnelle

Développée aux Etats Unis dans les années 60, d’abord en sociologie puis dans d’autres domaines, l’interaction est une notion opératoire dans plusieurs approches ethnosociologiques à savoir ; l’ethnographie de la communication fondée par Hymes et Gumperz dont les principes d’analyse convergent avec celle de l’ethnométhodologie. Ce courant a contribué au développement de la notion même d’interaction.

Du point de vue historique, la conversation n’a eu une portée scientifique que tardivement en France. A la différence des Etats-Unis96, il fallait attendre les années 80 pour se débarrasser des observations superficielles, « pour qu’on se décide à appréhender la langue à travers ses réalisations en milieu naturel » (Kerbrar-Orecchioni, 2011, pp. 9-10). C’est à partir de ces années que les chercheurs ont commencé à analyser des enregistrements de données authentiques afin de comprendre le fonctionnement des échanges langagiers.

En outre, l’approche interactionnelle est transdisciplinaire (Sandré, 2010). C’est ce qui amène Kerbrat-Orecchioni à affirmer qu’« on ne peut pas parler à ce sujet d’un “champ” ou d’un “domaine” homogène, mais plutôt d’une “mouvance” qui traverse plusieurs disciplines » (Kerbrat-Orecchioni, 1990, p. 55). Dans un autre ouvrage, l’auteur emploie l’expression de discours en interaction car elle envisage la conversation comme étant une interaction Parler c’est interagir 97d’où la notion du système d’influences mutuelles (Kerbrar-Orecchioni, 2011, p. 15). Elle rajoute dans son postulat que « tout discours est une construction collective » (Kerbrat-Orecchioni, 1990, p. 13).

C’est à Kerbrat-Orecchioni que nous empruntons l’expression analyse du discours en interaction, qui est, selon la même source, étroitement liée à l’Analyse du discours « Par « discours- en- interaction » on désigne le vaste ensemble de pratiques discursives qui se déroulent en contexte interactif, et dont la conversation ne représente qu’une forme particulière » (Kerbrar-Orecchioni, 2011, p. 14). Nous pouvons donc admettre qu’au-delà de la conversation avec ses tours de parole, le débat télévisé possède une forme qui lui est propre.

Toutefois, à la différence de la conversation qui peut avoir un caractère débridé et familier (Kerbrar-Orecchioni, 2011), le débat est un lieu d’interaction spécifique fortement ritualisé par le genre de l’émission. En plus du caractère asymétrique des rôles interactionnels, la gestion impérative des échanges, effectuée par le modérateur, que la nature du débat implique, le spécifie par rapport aux autres formes d’interactions telles que l’interview, la demande d’information, la consultation médicale, la table ronde....

C’est pour cette raison que R. Vion (2000) au même titre que Goffman dénonce l’emploi de cette synonymie, et s’est posé la question suivante « Si, dans tous les cas, nous sommes en présence d’interactions qui justifient pleinement la nécessité de l’analyse, est-il cependant possible d’affirmer qu’il s’agit de conversations ? » (Vion, 2000, p. 121). En réponse, il propose que

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Pétillon-Boucheron Sabine. Catherine Kerbrat-Orecchioni, Les interactions verbales, tome 1. In: Mots, juin 1992, N°31. pp. 128-133.

« En le faisant, on se condamne à ne pouvoir distinguer aucune variabilité dans les interactions. C’est la raison pour laquelle, nous partons de l’idée, maintenant bien répandue, que la conversation n’est pas un terme couvrant destiné à superviser des situations et des comportements différenciés, mais un terme couvert et délimité dans son extension » (Vion, 2000, p. 121)

Et que les interactions à structure d’échange représentent les interactions dans lesquelles les participants peuvent être énonciateurs. A cette réflexion, nous rajoutons celle de Goffman (1987) disant que

« Suivant la pratique sociolinguistique, « conversation » sera utilisé ici de façon non rigoureuse, comme équivalent de parole échangée, de rencontre où l’on parle. On néglige ce faisant le sens particulier dans lequel ce terme tend à s’utiliser dans la vie quotidienne, usage qui justifie peut-être une définition étroite plus limitée. » (Goffman E. , 1987, p. 20)

4.1.1.1 L’analyse du discours en interaction

L’analyse du discours en interaction suppose la définition de deux ordres des relations ; la relation sociale et la relation interlocutive (Vion, 1999). La relation sociale exige qu’un locuteur connaisse le cadre ou le contexte dans lequel se déroule l’interaction afin de pouvoir se positionner vis-à-vis des autres interactants et savoir aussi choisir les outils langagiers convenables. En ce qui concerne la relation interlocutive, l’interactant la construit via l’activité langagière, en laissant des traces de sa présence.

En effet l’analyse de l’une implique l’analyse de l’autre dans la mesure où l’analyse de la relation sociale nous conduira à expliquer voire à interpréter les phénomènes langagiers ainsi que les postures énonciatives. L’étude de la relation interlocutive, quant à elle, nous fournit des informations sur le milieu social ou institutionnel au sein duquel est produite l’interaction car d’après Vion (1999)

dessine des rapports de place entre les sujets et comment ceux-ci « définissent » le cadre social dans lequel ils communiquent » (Vion, 1999, p. 03).

Effectuer cette analyse nécessite le recours à l’ethnométhodologie de la communication et ce dans le but de définir les places occupées dans l’interaction notamment institutionnelles et discursives (Vion, 1999) .

La perspective interactionniste, quant à elle, nous apprend à appréhender les phénomènes et les stratégies discursives produits lors des situations interpersonnelles (Martel, 2008). Leurs acquis théoriques nous offrent la possibilité de décrire la structure interactionnelle des situations d’échange médiatique et d’en analyser les caractéristiques.

La notion de l’agir communicationnel au sens d’Hebermas98 (Habermas, 1987) comme dans toute autre communication signifie que l’enjeu communicationnel visé dans le débat télévisé ne se réduit pas à la transmission de l’information. On exprime à travers le langage toute une dimension psychosociale, donnant lieu encore à une modification des rapports sociaux. Le discours médiatique prononcé par plusieurs débatteurs de multiples identités ne pourrait dans ce cas-là être objectif, il est temps d’évoquer la subjectivité énonciative devant accompagner tout acte de langage. De l’avis de Fortin (2005)

« L’acte de langage est lié à une subjectivité qui est celle de l’énonciateur quand un homme politique parle, il assume un ou des rôles, il se place, se positionne par rapport aux autres, exprimant des rapports intentionnels envers le monde. Aussi l’acte de langage doit-il être compris dans un contexte, qui ne lui préexiste pas nécessairement ; c’est-à-dire que le langage est en mesure de construire et de modifier, de spécifier donc les contextes. » (Fortin, 2005, p. 47).

En somme, Interaction et subjectivité énonciative qui sont deux notions intimement liées, coexistent dans tout échange dit interactionnel. En revanche, P. Charaudeau affirme que le caractère interactionnel de tout échange paraît évident

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dans la mesure où « Tout acte de langage est un acte d’échange interactionnel entre deux partenaires (sujet communicant et sujet interprétant) liés par un principe d’intentionnalité » (Charaudeau, 2006, p. 29).

En parlant continûment des liens sociaux instaurés via le langage, Allen et Guy soutiennent le fait que « les liens sociaux maintenus à travers la conversation servent à organiser l’action, à gérer le consensus et à distribuer l’information au travers d’une communauté » (J-P Meunier et D. Peraya, 2010, p. 147). Il en résulte que le langage agit sur le social, l’interaction aide à combiner des relations d’ordre social au sein d’une communauté et en tisser d’autres.

Selon R. Vion « La relation sociale associée au cadre interactif ne se limite jamais à la simple relation de co-présence » (Vion, 1996, p. 03). Enfin, l’analyse du discours en interaction a vu le jour avec les travaux de Goffman, de Watzlawick et ceux de l’Ecole de Palo Alto, mais ce n’est qu’au milieu des années 80 que les chercheurs anglo-saxons ont appliqué les théories d’analyse ayant pour objet le discours oral spontané. L’étude que nous conduisons s’étalera donc sur deux théories interactionnistes majeures « l’interactionnisme symbolique » et « l’ethnométhodologie ».Cependant ne faut-il pas d’abord définir la notion d’interaction.

4.1.1.2 La notion d’interaction :

D’emblée, il faut retenir l’idée que l’interaction dans son sens général n’est pas toujours verbale, elle est avant tout sociale, dans la mesure où elle implique la présence de plusieurs individus qui communiquent entre eux et qui cogèrent un même espace (Vion, 2000). Selon (Sandré, 2010), la notion d’interaction peut ainsi être prise en compte dans sa globalité, et dans toute sa complexité.

Et puis, il s’agit d’un processus dynamique basé fondamentalement sur le principe de coopération99incluant le rôle de chaque participant dans l’élaboration de l’interaction et ce, dans des conditions de réalisation spécifiques à la nature du contexte, selon Laroche-Bouvy (1991)

«On peut considérer l’interaction comme l’unité de rapports interindividuels(…) L’interaction est un processus, une dynamique, la construction progressive d’un texte commun grâce à la coopération d’au moins deux participants. Elle entre dans la catégorie des systèmes ouverts qui s’auto-organisent, s’auto-régulent à l’aide de la rétroaction, ou feed-back informatif » (André-Larochebouvy, 1991, p. 50).

Selon Kerbrar-Orecchioni (2011) l’interaction est une notion empruntée à la