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Dans le livre, le récit de chaque enfant est construit de la même manière ; les enfants découvrent une salle, dans cette salle quelque chose attire leur convoitise, malgré les avertissements de Willy WONKA, ils suivent leurs instincts avec l’envie de défier ce personnage qui à leurs yeux n’est pas si exceptionnel. Ils sont dans une logique de transgression, ils se moquent des avertissements, ils veulent assouvir leurs envies. Ils leurs arrivent alors une aventure malheureuse, les parents sont démunis et ne savent que faire ; les mères sont en panique, elles accusent Willy WONKA, celui-ci se veut rassurant en expliquant que certes les choses ne vont pas se passer aussi bien qu’ils l’avaient imaginé mais que pour autant, et malgré leurs comportements inappropriés, ils vont tous s’en sortir. Il est à noter que dans le livre, à l’exception de Charlie qui est seulement accompagné de son grand-père paternel, les deux parents sont avec leurs enfants, tandis que dans le film, il n’y a qu’un seul parent qui accompagne.

Augustus GLOOP : Dans le livre comme dans le film, AG n’écoute pas les recommandations de Willy WONKA lorsqu’il dit qu’ « aucune main humaine ne doit toucher mon chocolat ». Dès qu’il entre dans la salle au chocolat, on le voit se goinfrer de tout ce qu’il trouve sur son passage alors que Willy WONKA avait parlé d’un brin d’herbe. Il a de la chantilly et du chocolat partout autour de la bouche et sur ses vêtements. Il n’en fait qu’à sa tête et « avait rampé à la sauvette jusqu’à la rivière, et à présent, agenouillé sur le rivage, il se remplissait la bouche, aussi vite qu’il pouvait, de chocolat fondu tout chaud ». N’ayant pas tenu compte des recommandations l’enfant qui n’écoutait que ses envies est tombé dans la rivière en chocolat. Dans le livre, ses parents sont totalement désœuvrés et surtout inactifs : le père refuse de sauter dans la rivière, dans le film, la mère veut le sauver parce qu’il ne sait pas nager, mais elle ne plonge pas pour autant et continue elle aussi à se goinfrer. Dans les deux supports, l’enfant est aspiré par un tuyau, la mère est en panique et elle enrage contre Willy WONKA. Roald DAHL choisit de la ridiculiser en lui faisant dire « Au secours, à l’assassin ! Police » ce qui n’est pas approprié à la scène décrite. Face à l’agitation de la mère, Willy WONKA garde

son calme pour lui expliquer qu’il n’y a aucun risque que son fils soit transformé en guimauve parce que cela serait tout simplement indigeste. Dans le film, Willy WONKA explique également qu’Augustus ne sera pas transformé parce que « ça serait affreusement mauvais ». Comme s’il avait prévu ce qui allait se passer, Willy WONKA se veut rassurant, expliquant à la mère d’Augustus qu’il n’est pas en danger. Il propose naturellement une solution qui est en réalité complètement loufoque : le rechercher dans la bouilloire à nougatine, avant qu’il ne se transforme. Le contraste est fort entre la légèreté du ton de Willy WONKA et l’état de panique des parents. C’est à ce moment-là dans le livre, que les Oompa-Loompas débarquent et conduisent les parents jusqu’à leur enfant, pendant que d’autres se moquent, en chantant des chansons qui dénoncent la gourmandise extravagante d’Augustus GLOOP : « On en a assez de te voir qui te remplis le réservoir ! ».

Violette BEAUREGARD : l’enfant découvre la grande machine à chewing-gum et manifeste un

certain intérêt tout en s’interrogeant sur l’utilité de ce chewing-gum qui sert de repas ; une idée bien saugrenue. Ce passage accentue le côté farfelu de Willy WONKA dont le dessein est de supprimer les plats cuisinés, les marchés, les boucheries et épiceries… Tout ce qui fait le ciment de la société. Dans le livre, Violette tient absolument à tester la gum malgré les avertissements de Willy WONKA qui lui explique calmement : « Il vaudrait mieux que tu ne la prennes pas […] Vois tu, elle n’est pas encore tout à fait au point… ». Dans le film, la petite fille est présentée comme une enfant déterminée qui n’a peur de rien et qui va manger le chewing-gum. Dans le livre, elle se montre même insolente : « Cause toujours !». Les parents de Violette, contrairement à ceux d’Augustus vont l’encourager à désobéir malgré les mises en garde répétées : « Vas-y ma fille ! dit M. BEAUREGARD. Continue, mon lapin ! C’est un grand jour pour les BEAUREGARD ! Notre petite fille est la première au monde à manger un repas chewing-gum ». Dans le film on retrouve également cette volonté de la mère de braver le danger : « Mâche bien ma poulette, ma fille sera la première au monde à manger un repas chewing-gum ». Quelques soient les conséquences, les parents veulent que leur fille teste cette merveille, mais l’euphorie va être de courte durée puisque l’enfant va se transformer en myrtille. Là encore, la réaction des parents est trop tardive et Willy WONKA reste serein et ne se sent pas concerné par ce qui arrive à l’enfant : « C’est très ennuyeux. Je n’y comprends vraiment rien. ». Dans le film, il explique que ça dégénère toujours au moment du dessert, et que « c’est très bizarre ». Il propose encore une idée saugrenue pour presser l’enfant comme un fruit pour la faire dégonfler et il assure qu’il n’y a pas d’inquiétudes à avoir. Comme dans

le scénario qui précède, une partie des Oompa-Loompas guide les parents jusqu’à leur enfant tandis que les autres entonnent leur chanson à portée moralisante : « Cette habitude déplorable [de mâcher du chewing-gum à longueur de temps] appelle une fin bien lamentable ». Dans le film, les Oompas Loompas, arborent une tenue différente, adaptée à la situation et au décor de la pièce. Ils dansent et chantent en faisant rouler l’enfant, la musique est glaciale, Violette est terrorisée.

Veruca SALT : l’histoire se passe dans la salle aux noix et le spectacle est fascinant ; dans le livre comme dans le film, ce sont des écureuils sauvages dressés qui décortiquent des noix entières pour les préparations de Willy WONKA. Dans le livre, les visiteurs n’entrent pas dans la salle pour ne pas troubler le travail des écureuils. A l’inverse dans le film, ils sont autorisés à entrer à condition de ne pas dépasser la barrière de sécurité. La salle est bleue et blanche avec des lignes courbes, une énorme machine et de multiples tuyaux. En voyant ces écureuils, Veruca va faire un nouveau caprice et exige de son père qu’il lui en donne un apprivoisé. Dans le livre, les parents essayent de convaincre Willy WONKa, sur un ton plutôt méprisant, de leur vendre un animal. Devant son refus, l’enfant poursuit son caprice et décide d’aller elle-même chercher un écureuil. Le père essaye timidement de faire preuve d’autorité mais sans succès. Dans le livre, ce sont 100 écureuils qui se jettent sur la fillette. L’un d’entre eux constate qu’elle sonne creux et ils vont l’envoyer dans le bac à ordure. Willy WONKA explique toujours très naturellement : « Elle est une noix pourrie, sa tête a du sonner bien creux ». Dans le film, il tient les mêmes propos « Mince alors ! En effet, elle est pourrie ». Les parents sont immobiles, incapables de réagir de manière appropriée. Leur attitude tourne au ridicule, Mrs Salt : « était agenouillée à même le rebord du trou, la tête baissée, son énorme derrière en l’air comme un champignon géant ». Les parents commencent à dénigrer les pratiques de Willy WONKA, mais il est trop tard, leur enfant est partie vers l’incinérateur. Le père reconnaît que sa fille est une vraie petite peste ce qui ne l’empêche pas de rejeter la faute sur Willy WONKA. Comme à son habitude, ce dernier n’a que faire des menaces et il rassure les parents « Je suppose qu’elle remontera tôt ou tard. Peut-être n’est elle pas descendue du tout […] il vous suffirait d’y entrer pour la tirer de la ». Tim BURTON fait dire la même chose à son personnage. A noter que dans cet épisode, les parents subissent le même sort que les enfants puisque les écureuils les jettent aussi dans le vide-ordure. Les Oompa-Loompas, qui ont encore changé de tenue, entonnent leur chanson incriminant cette fois explicitement les parents de la fillette : « Ne cherchez pas ! Ils sont tous prêts les scélérats ! A c’est bien triste à

dire, vraiment : Ils ont pour nom PAPA et MAMAN ». Le caractère gras renforce l’accusation. Nous verrons en seconde partie que toute cette mise en scène a été soigneusement préparée.

Mike TEAVEE : après avoir assisté à l’expérience de la tablette de chocolat qui se fait téléviser, cet enfant passionné de télévision, ne peut pas résister à la tentation de participer à l’expérience dans le but d’être à son tour télévisé. Tim BURTON fait ressortir son côté méprisant ; il n’hésite pas à provoquer Willy WONKA. Sans aucune retenue il lui dit : « C’est impossible [l’expérience selon laquelle WONKA pourrait téléviser une tablette de chocolat] Vous ne comprenez rien de rien à la science », puis il se lance dans des explications qui fatiguent le chocolatier : « Primo il ne faut pas confondre les ondes et les particules… ». Willy WONKA lui montre qu’il est capable de le faire ; tout le monde est subjugué. Dans le livre, l’enfant lui demande s’il peut téléviser un humain, Willy WONKA s’interroge : « Ça mon garçon, je ne le sais vraiment pas… c’est bien possible après tout… oui, j’en suis à peu près sûr… c’est tout à fait possible… mais je n’aimerais pas courir ce risque… j’ai bien trop peur du résultat ». L’enfant ne l’écoute déjà plus et multiplie les provocations ; il se moque de Willy WONKA : « C’est un télé porteur ! C’est la plus grande invention de l’histoire de l’humanité et vous ne pensez qu’à votre chocolat ! [s’adressant à son père :] Tu penses que c’est un génie mais c’est un idiot ». A nouveau, Willy WONKA le met en garde à demi-mot, mais Mike n’en a que faire et il enclenche la caméra. Immédiatement, dans le film comme dans le livre, les parents sont pris de panique : « Mike ! hurla Mrs. TEAVEE. Arrête ! Reviens ! Tu seras désintégré en un million de petits morceaux ». Willy WONKA conserve la même sérénité : « Ne nous affolons pas, dit il. Il faut prier pour que votre petit sorte indemne par l’autre bout ». Dans le film il ajoute : « Quelque fois, seule la moitié de ces petits morceaux trouve leur chemin ». Passé un long moment, l’enfant réapparait ; Willy WONKA veut dédramatiser la situation « Hourra. Il est tout d’une pièce. Il ne lui manque rien. Il est indemne ». Roald DALH décrit un père qui prend conscience de ses responsabilités, même si une fois encore il est trop tard : Mike TEAVEE et devenu minuscule. Willy WONKA propose de le passer dans l’étireuse à chewing-gum pour le rallonger et de le gaver de chocolat super vitaminé pour le faire grossir. Les Oompa-Loompas délivrent leur morale : « N’installez pas du tout ce machin idiot chez vous. Dans presque toutes les maisons on les a vus en pamoison, vautrés devant leur appareil, on a jamais rien vu de pareil ».

L. Le dénouement : sort réservé aux « méchants » VS