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C. Analyse préalable de l’œuvre pour entrevoir l’univers de Tim B URTON

1. Quelques éléments biographiques

Timothy BURTON, de son vrai nom, est né le 25 août 1958 à BURBANK. Dans son enfance, il confie « avoir eu les mêmes activités que les autres enfants : aller au cinéma, jouer, dessiner » mais il ajoute « Ce qui est plus inhabituel, c’est de vouloir persévérer dans ces activités en grandissant »79. Ainsi, Tim BURTON le dit lui-même, il a toujours gardé son âme d’enfant, ce qui n’est pas sans rappeler Roald DAHL. Dans sa famille, il est l’aîné, il explique qu’il était assez solitaire et que les gens ressentaient le besoin de le laisser à l’écart, de l’isoler. Auprès de sa famille et de ce qu’il appelle ce concentré de normalité middle class, Tim BURTON a eu du mal à trouver sa place. Dans son quartier, il se souvient que toutes les maisons se ressemblaient, toutes de couleurs pastels, que les voitures fonctionnaient, que les jardins étaient toujours bien dégagés. Il confesse que « Pour lui, c’était le cauchemar. Il s’est alors construit un monde qui prend sa source dans l’inverse : le gothique, le monstrueux, tout ce que le monde aseptisé considère comme le cauchemar »80. Il continue à s’isoler et il entretient peu de liens familiaux ; très tôt il quitte le domaine familial pour s’installer chez sa grand- mère. Il se découvre une véritable passion pour le cinéma et il livre quelques explications « J’ai toujours aimé les monstres et les films de monstres. J’avais le sentiment que la plupart de ces monstres étaient incompris et qu’ils avaient généralement plus de cœur et d’âme que les humains autour d’eux »81

. Tim BURTON trouve dans les films d’horreur une forme

79 Tim Burton. Transmettre le cinéma. Disponible à l’adresse :

http://www.transmettrelecinema.com/acteur/burton-tim/#biographie

80

GRONDIN Anaëlle. « Tim Burton montre qu’on peut rester fidèle à ses inspirations d’enfant ». Publié le 07.03.2012. 20 min. Disponible à l’adresse : http://www.20minutes.fr/cinema/893277-20120307-tim-burton- montre-peut-rester-fidele-inspirations-enfant

d’échappatoire, un exutoire à son enfance et à son adolescence tourmentées. Parallèlement, il se découvre une passion pour le dessin, faisant preuve d’une très grande imagination. Pour lui, le dessin et l’image sont des moyens d’expression plus accessibles que le dialogue. En 1976, il intègre le CALIFORNIA INSTITUTE OF ARTS, une école fondée par les studios DISNEY, chargée de repérer les dessinateurs talentueux. Il entre donc chez DISNEY mais très vite il ne s’y sent pas bien. Il explique que chez DISNEY « on veut que vous soyez un artiste et en même temps un travailleur zombi sans personnalité »82. Son talent est reconnu mais aucun des projets qu’il propose n’aboutit. Il est tout de même repéré par deux jeunes cadres qui vont lui permettre de réaliser son premier film en noir en blanc : Vincent. Avec le second Frankenweenie, le talent de Tim BURTON va se confirmer et ses méthodes de travail seront payantes. Très vite il se distingue et impose son style « ces deux films contiennent déjà, en miniature ce que sera à l’avenir le style de BURTON : d’un côté une plongé dans un imaginaire dont les figures sont récurrentes : de la chauve-souris au chien zombi ! – mais jugées souvent moins effrayantes que le monde réel, de l’autre une satire iconoclaste de la « normalité », assortie d’une tendresse communicative pour le marginal, celui qu’on juge différent »83

. Lui aussi plonge dans ses souvenirs d’enfance pour trouver son inspiration ; Mark SALISBURY écrit « le point de départ du film est un dessin de jeunesse qui exprimait sa douleur muette de ne pouvoir communiquer avec son entourage, et notamment sa famille. Nombre d’entre eux [ses films] évoquent clairement son enfance banlieusarde »84.

Tim BURTON est influencé par le gothique né au milieu du 18ème siècle en Angleterre, en contraste avec le style classique dominant de son époque. Le style gothique se caractérise par une esthétique très singulière, des vêtements macabres, noirs très souvent, un maquillage sombre, des piercings, des colliers à pointes et aussi des bijoux en forme de crânes. Très souvent la culture Gothique est associée au monde de la magie, au surnaturel mais aussi à des comportements déviants, souvent ponctués de tentatives de suicides. Il est adepte d’humour noir, son œuvre fait référence au romantisme, à l’expressionisme et à l’omniprésence de la mort. Pourtant, les couleurs chatoyantes, le thème de l’enfance et du merveilleux viennent souvent contrebalancer ses visions angoissantes. Il est par ailleurs fortement influencé par Edgar ALLAN POEIL dont l’écriture s’inscrit dans un univers fantastique et macabre. Tim BURTON revendique également une grande influence du cinéma fantastique et des vieux films de série B. Il est un grand amateur de films d’horreur et de science-fiction. On retrouve ces

82 FERENCZI Aurélien. Tim Burton. Paris : Cahiers du cinéma SARL, 2007. p.13.

83 SALISBURY Mark. Tim Burton : entretiens avec Mark Salisbury. Sonatine, 2009. 300p. 84 SALISBURY Mark. Tim Burton : entretiens avec Mark Salisbury. Sonatine, 2009. 300p.

influences dans ses films qui sont tout à la fois sombres et mélancoliques, mais également éclairés, avec le souci du détail et de l’esthétique. Les héros sont généralement des personnages marginaux, dépressifs et solitaires qui vivent à l’écart de la société. Un critique Internet propose une description des personnages de Tim BURTON « Pâle, maigre, les cheveux noirs le plus souvent en bataille, introverti mais passionné, le héros de ses films a le cœur pur et une âme d'enfant qui joue pleinement sans penser à capitaliser. Pas plus que le héros, le méchant ne peut non plus occuper le centre »85. Le logement du héros est à son image, en marge de la société, dans Charlie et la chocolaterie par exemple personne n’est autorisé à entrer ou a sortir du bâtiment, Willy WONKA est très seul. On pourrait voir là un rappel de sa propre expérience d’enfant. Il est intéressant de noter cependant, que cette résonnance n’est pas toujours visible. Dans ses différents films, les personnages n’ont à première vue rien en commun, souvent des personnages que tout oppose, les liens familiaux sont assez spécifiques à l’image des relations malsaines entre les enfants et les parents dans la chocolaterie. Pourtant, Willy WONKA est bien en rupture avec sa famille et là encore, un parallèle pourrait être établit avec sa propre expérience.

Enfin pour terminer cet examen de l’univers de Tim BURTON, il me semble important d’insister un instant sur certains éléments de décors qui apparaissent de manière récurrente dans ses films. Tim BURTON est passionné par la fête d’Halloween et cette fête est très présente dans ses créations, notamment dans L’étrange Noël de Mr Jack mais également dans

Charlie et la chocolaterie : Halloween c’est finalement son monde ; l’enfance et les monstres.

Par ailleurs, un autre point à signaler, c’est la place du chant, très importante dans ses productions. C’est particulièrement vrai dans Charlie et la chocolaterie, qui prend l’espace d’un moment – soit quand les Oompas Loompas chantent – des airs de comédies musicales ». Rien d’étonnant quand on sait que ce réalisateur à commencer chez DISNEY où les musiques sont tellement emblématiques.

Ses décors sont généralement soit très colorés, soit à l’inverse très sombres : ils comportent souvent des escaliers, des grandes pièces avec du carrelage (souvent noir et blanc), mais aussi des perspectives bien particulières avec des lignes brisées et déformées ou au contraire des rayures ou des spirales, des cubes, des obliques… Le réalisateur à souvent recours au travail sur les ombres ce qui a pour effet de renforcer le sentiment d’inquiétude. Dans des moments de joie, il a recours à la neige; à l’image de la fin du film Charlie et la chocolaterie, quand la

85 CHEVALLIER Mathilde. Le monde de Tim Burton : des forêts partout. L’internaute, publié le : 9 mai 2012.

Disponible sur : http://www.linternaute.com/cinema/star-cinema/le-monde-de-tim-burton/tim-burton-et-la- foret.shtml.

famille intègre la chocolaterie et partage un moment joyeux lors d’un repas. D’autres éléments spécifiques sont encore omniprésents ; la forêt et particulièrement l’arbre, à l’image de ceux que l’on retrouve dans la prairie de la plus grande des salles de la chocolaterie. Elle « symbolise le renouveau dans Les noces funèbres et se montre sous un jour complètement barré, gourmand et coloré dans Charlie et la chocolaterie »86. Elle apporte une image poétique et romantique au film tout comme les mains, les têtes, les fenêtres, les chiens, les demeures des héros, les ponts qui témoignent de la « marque de fabrique » du réalisateur.