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Rapidement, le lecteur découvre le portrait des enfants et la représentation qu’il pouvait s’en faire à la lecture de la première page se confirme. Ces portraits sont très peu valorisants. Chaque enfant est caricaturé dans ses excès. Ce qui frappe lors de la présentation sommaire des personnages en première page, c’est de voir que tous ont des traits communs sauf Charlie qui se distingue.

Augustus GLOOP : il est décrit comme un garçon de neuf ans « si gros et si gras qu’il avait

l’air gonflé par une pompe extra puissante. Tout flasque et tout en bourrelets de graisse ». C’est un portrait peu avenant que dépeint l’auteur. Il décrit sa mère sans plus de complaisance, quelqu’un de limité, d’un peu ridicule. Dans le film cette apparence est bien reproduite, l’enfant est très gros ; il a du chocolat tout autour de la bouche. L’alimentation est foisonnante autour de lui, ses parents travaillent dans une boucherie et il y a de la viande partout. L’enfant énumère tout ce qu’il est capable de manger et cela donne des hauts le cœur au spectateur. Et depuis qu’il a trouvé le ticket d’or, il explique aux journalistes qu’il mange

plus encore. Les grands parents de Charlie, qui le regarde à la télévision, sont très critiques « Quel enfant répugnant » (dans le livre de Roald DAHL,il le découvre dans le journal). Veruca SALT : l’accent est mis directement sur les caprices de cette jeune fille et surtout sur la volonté de son père d’assouvir ses désirs ; il a détourné le fonctionnement de son usine à cacahuètes pour la transformer en atelier de décorticage de ticket d’or. Cette fillette extrêmement capricieuse ne cède jamais avant d’obtenir ce qu’elle veut, son père mentionne qu’ « elle restait couchée par terre, en gigotant et en hurlant de façon extrêmement gênante ». Dans le film on découvre d’abord la maison des SALT, située dans un immense domaine qui témoigne de la richesse de la famille, avec des décors somptueux dignes d’une famille extrêmement distinguée. La fillette n’a pas non plus le sens de la reconnaissance ; face à cette attitude, le père qui « ne supportait plus de voir sa petite fille dans cet état », a tout mis en œuvre pour trouver un ticket d’or. Il a exigé de ses ouvrières de rechercher activement un ticket. Lorsqu’il a présenté ce ticket à Veruca, celle-ci ne l’a même pas remercié alors qu’il attendait frénétiquement une marque de gratitude. Elle a pris un air détaché et s’adressant enfin à lui, elle a formulé une nouvelle demande : « Daddy, je veux un poney ! ». Le spectateur comprend que c’est une enfant gâtée qui n’est jamais satisfaite. Grand papa Joe dit d’ailleurs : « Cet homme gâte trop sa fille et ça ne donne jamais rien de bon ».

Violette BEAUREGARD : cette fillette mange du chewing-gum en permanence. Elle se montre

insolente avec sa mère et elle ne tient pas compte de son avis. C’est une enfant sûre d’elle, qui ne se fie qu’à ses propres intuitions « Ma mère dit que ça fait mal élevé et que ce n’est pas beau à voir, les mâchoires d’une petite fille qui remuent tout le temps, mais moi je ne suis pas d’accord. Et de quel droit me critique-t-elle puisque, si vous voulez tout savoir, elle remue les mâchoires presque autant que moi, à force de me gronder toutes les trois minutes ». Roald DAHL décrit une fillette déterminée, à l’image de son record de mâchage de chewing-gum. C’est une enfant volontaire, qui aime relever les challenges dans le but de les remporter. Dans le film, on la voit en train de faire du karaté, personne ne lui résiste et elle élimine tous ses adversaires ; Tim BURTON choisit de la présenter comme une championne qui accumule des trophées ce qui n’apparaît pas dans le livre. Le rapport avec sa mère est différent également ; bien qu’elle exprime un petit malaise quand Violette donne des explications aux journalistes, elle ne cherche pas à la rendre plus modeste. Elle précise au contraire : « 263 trophées que ma Violette à gagner » ; « C’est une jeune fille très ambitieuse, je me demande de qui elle tient ». Elle veut revendiquer auprès des journalistes, une forme d’hérédité ; elle aussi remporte des

trophées. En réalité, elle ne va pas entrer dans la chocolaterie parce qu’elle aime le chocolat, mais seulement parce qu’il y a un prix très spécial à gagner et elle ne doute pas que c’est elle qui va le remporter.

Mike TEAVEE : l’enfant ne semble pas se préoccuper de la présence des journalistes venus l’acclamer pour sa découverte. Il ne pense qu’à jouer et leur présence l’ennuie parce qu’à cause d’eux, il ne peut pas se concentrer. L’enfant est insolent, asocial, méchant « Silence ! hurlait-il ! Ne vous ai-je pas dis de ne pas me déranger ? ». Si dans le film de BURTON, cet enfant n’est pas représenté avec ses dix-huit pistolets, il n’en demeure pas moins que le réalisateur respecte l’esprit de Roald DAHL. L’enfant chez Tim BURTON est un petit génie ; il explique qu’il n’a acheté qu’une seule tablette de chocolat parce qu’il a regardé « la date de fabrication en tenant compte de la météo » ; il précise qu’un « débile aurait pu le faire », ce qui lui vaut la désolation de son père : « La plupart du temps je ne comprends rien de ce qu’il raconte ». Dans le film, le père paraît complètement dépassé, notamment quand Mike se met à hurler « crève, crève, crève » devant sa télé, et ce sans gêne devant les journalistes. Mike est un enfant violent et méprisant ; dans la salle de chocolat, quand Willy WONKA les invite à s’amuser, il piétine une citrouille avec violence, il s’acharne à la détruire. Charlie trouve cette victoire injuste parce que Mike TEAVEE précise qu’il déteste le chocolat.

Ces temps de présentation sont l’occasion pour Roald DAHL d’insister sur la portée de l’événement. C’est vraiment quelque chose d’exceptionnel, qui concerne le monde entier. Avec Augustus GLOOP toute la ville fête le héros. Des femmes entrent dans des boutiques de confiseries pour acheter dix bâtons à la fois, les enfants cassent leurs tirelires à coups de marteaux, le professeur FOULBODY a même essayé de mettre au point une machine pour déceler la présence de tickets d’or sans qu’il soit nécessaire de déballer la tablette. Une multitude de journalistes se pressent chez les gagnants, ce qui prouve que c’est bien l’événement que tout le monde attend. Dans le film de Tim BURTON, on voit même une employée de l’entreprise du père de Veruca SALT qui, après avoir trouvé un ticket d’or, tente de le dissimuler. Cette scène corrobore les prédictions des grands parents de Charlie « Les gosses qui trouveront les tickets d’or seront de ceux qui peuvent s’offrir des bâtons de chocolat tous les jours ». Ceci accentue davantage le fossé entre Charlie et les autres enfants qui ont un rapport très différent avec la nourriture ; Veruca SALT par exemple n’a que faire du chocolat alors que son père en a acheté des millions de tablettes pour espérer trouver un ticket

d’or. Augustus GLOOP lui se goinfre sans apprécier ce qu’il mange, il veut juste en avaler le plus possible et ne trouve plus aucune saveur. Charlie se démarque donc, pour lui une tablette de chocolat équivaut à un trésor inestimable.

Pour chaque description, le constat des grands parents est sans appel. Ils n’en reviennent pas de voir des enfants aussi mal élevés, qui de ce fait ne méritent pas de visiter la chocolaterie.