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C. Prise de distance par rapport au dossier

1. Modalités de travail envisagées

Une entrée différente : au départ, j’aurais pu proposer aux élèves d’entrer dans l’univers des auteurs avant même de lire ou de regarder leurs œuvres. En choisissant une organisation en groupes, j’aurais pu proposer à la moitié de la classe de travailler sur Roald DAHL et à l’autre sur Tim BURTON. J’aurais pu également proposer la lecture de différents articles puisés dans les journaux, les magazines, sur Internet, leur présenter des images, des livres ou des films de l’un et de l’autre. Ils auraient alors été amenés à s’interroger sur la jeunesse de l’artiste (enfance, adolescence), sur sa vie personnelle (famille), à se concentrer sur l’aspect professionnel : les motivations pour l’écriture/la réalisation, les centres d’intérêts, les styles/particularités/spécificités… De ces documents, et à partir de ces différents thèmes, les élèves auraient répondu à des questions précises pour dégager les idées principales qui auraient pu leur permettre de connaître les artistes. Comme pour les travaux de groupe proposés dans la séquence, après une lecture globale de l’ensemble des documents, les élèves se seraient concentrés sur un aspect de la personnalité de l’artiste et ils auraient répondu à une question posée à titre individuel. En petit groupe, chacun aurait ensuite présenté les informations recueillies, les élèves auraient mutualisé leurs renseignements en vue de rédiger une synthèse sur l’artiste qui aurait permis en classe entière de cerner davantage les artistes.

L’avantage de ce travail : je pense que proposer une entrée comme celle-ci permet aux élèves de donner de la cohérence à leur travail et de les inscrire dans un contexte avant même qu’ils n’aient lu le livre ou qu’ils n’aient vu le film ; cette approche permet de découvrir l’univers des artistes. Il est probablement plus facile de comprendre les aspirations d’un artiste si l’on se renseigne sur lui en amont et que l’on repère ses motivations et ses centres d’intérêts. Je pense donc que cette approche permet de rentrer plus facilement dans l’histoire et au plan culturel, cela permet d’acquérir des connaissances sur les personnages emblématiques de la littéraire et du cinéma.

L’inconvénient : je pense pour autant que ce travail aurait été plus approprié pour des élèves de CM. En effet, c’est un travail exhaustif, qui demande de l’autonomie et qui suppose de maîtriser un certain nombre de compétences telle que l’analyse des articles de journaux ou d’Internet… Ce travail de lecture fonctionnelle a été réalisé en cours d’année et j’ai vu que les élèves n’auraient pas été, à ce stade, en mesure d’analyser les supports. Par ailleurs, tous les élèves de la classe n’étaient pas suffisamment autonomes pour réaliser ce travail en une séance ; il aurait été nécessaire de consacrer deux, voire trois séances mais ce n’était pas envisageable. Je pense que ce travail doit être réservé aux élèves plus à l’aise avec les différents types de texte, qui ont l’habitude de travailler en groupe (ce qui n’était pas le cas dans la classe) et qui ont atteint le niveau d’analyse requis pour éclairer leur compréhension. Cette entrée peut donc s’avérer très enrichissante mais pour des élèves plus autonomes.

Une analyse du livre exclusivement : si l’on se réfère aux programmes de 2008, ceux-ci préconisent « des séquences de littérature courtes – sur une quinzaine de jours – fondées sur

des lectures intégrales ». J’aurais donc pu choisir de travailler sur le livre uniquement sans

utiliser le film et faire une séquence de littérature plus « classique ». A partir du livre, j’aurais fait travailler les élèves sur l’interprétation ; ces derniers auraient confronté leurs points de vue et en se référant au texte, ils auraient justifié leurs opinions en relevant les passages qui faisaient écho à ce qu’ils affirmaient. Comme c’est le travail en réseau qui m’intéresse, j’aurais proposé aux élèves d’établir des liens entre différents textes de Roald DAHL, ou bien confronter Charlie et la chocolaterie avec d’autres romans qui traitaient de sujets semblables : enfance, gourmandise, valeurs morales… Les élèves, auraient alors reconstitué un univers de référence lié à Roald DAHL pour entrer un peu plus dans son univers. J’aurais pu également proposer un projet d’écriture à partir de ce roman. L’objectif poursuivi aurait alors été double : travailler les aspects techniques, propres à la littérature, implicites, points de vue…

mais aussi un travail plus approfondi sur les valeurs et les affects qui permettent d’engager une réflexion sur les émotions. Un travail exclusif sur le livre aurait permis la réalisation d’un carnet de lecture, lequel créé un rapport plus intime avec le livre et l’auteur. Il favorise le travail de l’élève sur ses propres représentations, au fur et à mesure de la séquence, en plus de l’affichage de référence, les élèves auraient noté quotidiennement ce qu’ils avaient apprécié dans leur lecture.

Avantage du travail : je pense qu’un travail sur une œuvre intégrale, à partir d’une mise en réseau avec d’autres romans du même auteur, est intéressante dans le sens où elle permet aux élèves de se constituer un répertoire de références communes puisées dans le « patrimoine de la littérature de jeunesse d’hier et d’aujourd’hui ». La mise en réseau permet de créer du sens et de mettre en œuvre un système d’autoréférence efficace. Cela permet de faire des liens quelques soient les situations dans lesquelles les élèves sont amenés à réfléchir… Par ailleurs, un travail à partir d’un texte permet de laisser de la place à l’écriture : carnet de lecture/écrits d’invention/écrits de travail/réactifs… En terme de construction des textes, les élèves peuvent approcher les aspects les plus complexes de l’analyse littéraire. Je pense que ce travail renforce le rôle du lecteur.

Inconvénient du travail : cette démarche est celle que les enseignants mobilisent le plus fréquemment. Bien souvent, les élèves sont amenés à procéder de cette manière pour la plupart des œuvres qu’ils étudient. Si je pouvais faire abstraction des nombreuses contraintes imposées aux enseignants, je dirais que la monotonie liée à la répétition de ce cadre d’intervention peut susciter chez certains élèves de l’ennui et être une source de démotivation. Si les élèves éprouvent des difficultés persistantes en lecture, que les séquences se répètent selon le même mode opératoire, il peut être difficile de légitimer le travail. En tout état de cause, cette approche est intéressante et globalement elle permet d’atteindre les objectifs, mais je garderai en tête qu’il sera toujours bénéfique de proposer de nouvelles approches pour relancer la motivation des élèves. J’ai fait le choix de conserver la mise en réseau, d’ailleurs très prisée dans les séquences de littérature parce qu’elle est un angle d’approche intéressant mais j’ai également fait le choix de passer par l’image en imaginant que ce support allait motiver les élèves. J’ai constaté, comme évoqué ci-dessus, que globalement, l’objectif avait été atteint.

Une comparaison avec le film de Mel STUART : puisque j’avais fait le choix d’analyser un

également l’histoire imaginée par Roald DAHL. Cette autre version cinématographique est également innovante à bien des égards mais elle est beaucoup plus fidèle au roman de Roald DAHL. Ainsi, l’intérêt et les enjeux du travail auraient été les mêmes que ceux que j’ai décrits précédemment et ce choix aurait été tout aussi légitime dans la mesure où il présente un certain nombre d’avantages. Cependant il comporte aussi quelques inconvénients qui m’ont poussée à opter pour la version de Tim BURTON.

Les avantages de l’adaptation : Mel STUART a eu le souci de respecter l’univers de Roald DAHL et ce qui est intéressant dans son film, c’est la place et le rôle de Charlie. Ici, le héros va également gagner un ticket d’or mais ce n’est pas la chance qui va le porter. Mel STUART entretient à de nombreuses reprises le suspense et jusqu’au bout, le spectateur est tenu en haleine. Il insiste davantage sur la supercherie du gagnant du faux ticket et ce n’est que lorsque Charlie a acheté la tablette pour son grand père que l’on découvre le mensonge. Le spectateur est alors à nouveau tenu en haleine jusqu’à ce que Charlie ouvre la tablette. Mel STUART choisit également d’introduire le personnage de M. SLUGWORTH qui avec son bonbon sans fin vient grossir le clan des « méchants ». Ce personnage rajoute du mouvement dans l’histoire et rend compte plus encore de la faillite morale de tous. Ici, les valeurs portées par Charlie sont à mettre au compte de son action et pas seulement à son statut social ; il est capable comme tous les enfants de faire des bêtises mais en rendant un bonbon, il devient un héros. Il transgresse les règles avec les boissons Fizzy Lifting, manque avec Grand Papa Joe de perdre la vie mais au final, il accomplit un acte rédempteur. Dans cette histoire, il est dit qu’il est possible de faillir à condition de se racheter ensuite. Cet aspect n’apparaît pas dans le film de Tim BURTON ; Charlie est beaucoup plus passif, il est récompensé parce qu’il est toujours irréprochable, mais dans la vraie vie ce n’est guère possible. Avec Mel STUART, cet aspect de rachat est intéressant à exploiter avec les élèves.

Les inconvénients : en réalité, ce qui m’a poussée à choisir le film de Tim BURTON c’est d’abord l’année de sa réalisation. C’est un film récent (2005) avec des décors et des effets spéciaux plus modernes. Le jeu de Johnny DEEP est attrayant et j’avais beaucoup apprécié le film la première fois que je l’avais vu ; mon choix était donc quasiment fait avant que je visionne celui de Mel STUART. C’était davantage une question d’émotions que je ne saurais moi-même expliquer. Le film de Mel STUART, bien que je lui reconnaisse des qualités, m’a moins captivée. J’ai trouvé certains passages presque effrayants. Le personnage de Willy WONKA interprété par Gene WILDER est, à certains moments, assez déroutant : le passage dans le tunnel où l’on aperçoit la décapitation d’un poulet ou le mille pattes sur le visage d’un

homme m’a laissée perplexe. Le film de Tim BURTON était donc pour moi plus accessible et plus proche de ma sensibilité.

2. Les prolongements éventuels à mettre en œuvre