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3. Scores individuels

3.2 Père 02

Le deuxième père se trouve dans la quarantaine également et travaille à temps plein. Il est le père de D., petite fille de 4 ans et demi présentant un syndrome de Down20. Les parents de D.

ont également un garçon qui est l’aîné de la fratrie. D. souffre d’un problème à la thyroïde découlant du syndrome de Down, mais n’a pas eu d’autres soucis de santé, excepté un souffle au cœur qui s’est résorbé naturellement quelques mois après sa naissance. Elle est suivie, en plus du SEI, par une logopédiste et une ostéopathe. Elle bénéficiait également d’un suivi en physiothérapie qui s’est terminé, et un suivi en ergothérapie va commencer prochainement, lors de son entrée à l’école. Les parents ont découvert que D. souffrait du syndrome de Down à sa naissance.

Le père décrit D. comme une fille « maligne », « ouverte » et « sensible ». Il avoue volontiers que sa fille use de diverses astuces pour le faire craquer lorsqu’elle n’a pas envie de faire ce qu’il lui demande : « Elle est maligne, en tout cas avec moi. Je suis peut-être un petit peu trop…

Comment dire… Naïf sur ce côté, je me fait un peu balader par ma fille ouais je pense ». Il explique cependant qu’après l’avoir prise dans les bras, elle acceptera de faire ce qu’il lui demande. Il détaille également que D. a un rapport fort aux émotions : « Elle est vulnérable, et c’est une éponge, et je pense que les émotions elles sont décuplées chez elle. Et elle vivra de manière beaucoup plus intense. Elle a moins de facilité je pense à se faire une carapace ».

Pour lui, l’arrivée de D. dans sa vie l’a aidé à « relativiser beaucoup plus ». Il l’exprime ainsi :

« Voilà, on n’arrive jamais à partir à l’heure (rires). Qu’au final, c’est pas grave. Souvent d’ailleurs on se dit, euh genre : « Il faut vraiment qu’on parte à 10h, car on veut arriver à 14h à cet endroit si on a des bouchons » et blablabla. Et ben… Il y a un événement qui… Voilà, elle a fait ses besoins, il faut la changer encore à ce moment, il faut la re-doucher. Ou elle tombe malade trois heures avant donc il faut aller à la pharmacie. Et puis on s’aperçoit que plus tard dans la journée ah ben il y a une raison, et on a évité les bouchons du début ou quelque chose comme ça. Et on se dit ah ouais voilà. Merci D. en fait ». Ce rapport lié aux imprévus de la vie l’a amené à appréhender les choses différemment, même s’il reconnaît qu’il doit encore s’habituer à ne pas se projeter comme il avait l’habitude de le faire : « En fait je me sens assez bien avec tout ça. Je reconnais qu’il y a des fois où je me dis « Mais pourquoi ? » ou euh…

Ouais, que je suis triste pour elle. Mais en même temps, j’ai pas à être triste, je la vois pas triste donc… (…) En tout cas maintenant elle est bien, il faut vivre ce moment qui est bien, il faut pas

20Appelé aussi « Trisomie 21 ».

se projeter trop loin je dirais. On n’en sait rien. Elle aura peut-être un amoureux. On n’en sait rien. » Finalement, il résume que la joie de sa fille et de son intégration avec les autres enfants, ainsi que sa « joie de vivre » constitue son bonheur : « De la voir jouer avec les autres, de la voir courir et demander et que les enfants jouent avec elle. Elle a été invitée à un anniversaire.

(…) Ben nous c’est le genre de trucs qui nous fait plaisir. »

Résultat – Père 02

Sécure Désactivé Hyperactivé Désorganisé Mentalisation

59,15 47,15 38,38 41,99 54,77

Le père 02 obtient un attachement sécure. La mentalisation est légérement plus basse que son taux de sécurité, mais est tout de même proche du score de sécurité.

Pour illustrer le codage de l’entretien, quelques items du CaMP relevant d’un attachement sécure et insécure ont été mis en commun avec des extraits de l’entretien. Comme expliqué précédemment, c’est en effet la récurrence des indices qui déterminera la catégorie d’attachement, et non la présence ou non d’un indice insécure.

Indices de sécurité – Père 02 Les émotions

négatives peuvent être exprimées.

« Non elle s’oppose pas vraiment, elle dit non par principe ou je sais pas. Et des fois ça énerve (rires). Elle ne bouge pas, elle ne se fâche pas, elle dit pas

« Ahhhh je peux pas aller jouer ». Y’a pas de négociation, elle dit non, non. »

« Mais parce qu’elle écoute pas, et elle est têtue, et c’est surtout invariable. Et pour elle, on n’arrive pas à la toucher, dans le sens que… I. (ndlr : le frère de D.), on va voir, il va s’énerver, il va criser, et on va pouvoir un petit peu maîtriser ça. Alors que D., c’est la même longueur d’onde, pendant une minute, dix minutes, quart d’heure. Et c’est nous que ça nous énerve parce qu’elle arrive à nous… On pète les plombs et elle pas du tout quoi (rires). Et c’est ça qui est un peu difficile avec elle (rires). »

« Ben peut-être plus tard, des choses douloureuses c’est quand on s’apercevra que peut-être elle arrivera pas à être indépendante. Ça je pense que ça va être douloureux. A l’inverse si elle l’est, ben c’est une monstre satisfaction. Parce qu’effectivement, ben on sera pas toujours là. C’est ça mon plus grand souci, c’est de ne plus être là. »

Des moments

« Ouais quand elle vient, qu’elle pose sa tête. On se couche sur le lit, puis elle vient, elle pose sa tête et puis elle met sa main comme ça et on voit qu’elle est toute bien. Voilà, ça c’est des moments de pur bonheur. »

« Donc le matin je la vois pas, et je rentre que vers 19h. Et là elle arrive, elle me saute dessus. Donc c’est vraiment un moment assez intense, beaucoup de câlins. On soupe, c’est moi en général qui les baigne et qui les couche. Et là aussi c’est des moments assez câlins dans le lit, les petites histoires, on lave les dents ».

« Nos amis qui la voient être un peu moins souvent, enfin des amis peut-être un peu plus éloignés, chaque fois qu’ils la voient, peut-peut-être trois ou quatre mois après, disent « Wahou, elle a progressé ». Mais il y a aussi des retours en arrière. Y’a des retours en arrière par exemple pour les toilettes. Un temps elle demandait « J’ai besoin de faire pipi », on la mettait elle faisait. Et puis, il y a un peu des régressions, maintenant ça devient difficile. Mais voilà, ça ira… Ça peut être le cas pour un autre enfant ordinaire aussi hein. »

Le parent cherche à imaginer ce que l’enfant peut ressentir.

« On pense qu’elle vit des choses dans la journée qui peut-être la

traumatisent parfois. Mais ça ressort pas tout de suite. Et que le soir, enfin je sais pas, le lendemain, elle… Voilà, ça ressort. Et puis ça peut être des trucs anodins, ça peut être qu’on a mis la musique beaucoup trop fort et puis elle ressort ça quelques heures après. Mais elle va essayer de nous le dire, on va essayer de communiquer. Des fois on comprend pas, mais des fois on la comprend donc elle dit voilà... On essaie nous, on lui dit « Mais qu’est-ce qu’il y a ? T’es fâchée ? Pourquoi t’es fâchée ? Parce que I. il ne veut pas jouer avec toi ? ». Enfin voilà. Et on arrive au bout d’un moment à : « On a mis la musique trop fort ?» et là elle va dire oui par exemple. »

« Et je sais pas si elle comprend ou pas, mais elle fait oui. Mais j’ai pas l’impression qu’elle comprend honnêtement. Elle va faire oui, elle va comprendre que ça s’est calmé et puis qu’on fait un câlin et que papa n’est plus fâché. Mais trois jours après si je me re-fâche pour la même chose, ça va être le même scénario. »

« Je sens qu’elle a besoin de moi pour des choses importantes de sa vie. Et ça, ça me rend fier. Enfin ça me touche beaucoup. Vous dites « des choses importantes », par exemple… ?Euh… Voilà elle se blesse, elle va vouloir venir vers moi pour que je la console, bien que c’est toujours S. (ndlr : la maman de D.) qui a le petit pansement. Moi j’ai aucune idée où ça se trouve, enfin je suis nul pour ça. Enfin je sais où ça se trouve, mais j’y penserais même pas. Moi je vais la prendre dans les bras ».

Indices d’insécurité – Père 02 situation ? C’est de nouveau très difficile à dire. On essaie en tout cas de jamais lui mettre la faute dessus « oh, mais D., t’es pas capable de montrer, mais montre-nous ! ». Ça on évite, mais vraiment. Comme la peste. Je pense que c’est plutôt juste. Ensuite euh… Comment elle vit ça… C’est vrai que c’est arrivé qu’on savait pas. Mais je sais pas comment elle l’a vécu ».

« Et D. se sent aussi comme ça dans ces moments-là ? Je sais pas. En tout cas on la voit rire et sereine. »

En résumé, il s’agit d’un père avec un attachement sécure qui peut exprimer ses difficultés, ses émotions et parler des changements de vie amenés par l’arrivée de sa fille. Il peut parler du chemin parcouru depuis l’annonce du diagnostic lors de la naissance de D., et de comment cela a pu être difficile pour lui. Les émotions négatives et les doutes peuvent être abordés, que ce soit par rapport à l’avenir de D. tout comme lorsqu’il parle de sa phase d’opposition. Le père a parfois un peu plus de mal à expliquer ce que D. pourrait ressentir, mais son discours permet de mettre en évidence ses observations pour la comprendre au quotidien.