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Résultats carpologiques des 21 sites analysés

8.2.2.2 Les autres outils

Les occupations livrent régulièrement des fusaïoles et des pesons en terre cuite, signalant des activités de filage et de tissage. Le site de Pont-sur-Seine « La Gravière » a notamment livré une vingtaine de fusaïoles, de différentes morphologies, et quatre pesons fragmentaires (étude de David Bardel, Dupéré et al. en cours).

Les outils en métal sont beaucoup plus rares, et ceux que l’on peut relier à une activité agricole sont pratiquement absents. Une herminette en fer, à emmanchement à douille, a été recueillie dans le comblement secondaire d’un silo attribué au Hallstatt final, à Ville-Saint-Jacques (Issenmann et al. à paraître). L’occupation de Villiers-sur-Seine, attribuée à la transition Bronze/Fer est la seule à avoir fourni un nombre important de vestiges métalliques. Parmi les 260 objets en alliage cuivreux recensés (petits outils du type alènes, aiguilles ou hameçon, parure, lames et couteaux à soie), figure un fragment de faucille, probablement à languette (Peake et al. à paraître 1)

Figure 12 : Fragment de faucille en alliage cuivreux du site de Villiers-sur-Seine « Le Gros Buisson » (Cl. Inrap).

8.2.3 Les restes de faune

Tous les sites ayant livré des restes de faune ont fait l’objet d’une étude archéozoologique. Pour la plupart des occupations, les ossements ne sont pas présents en quantité suffisante pour permettre

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une étude statistiquement représentative, quant à la place des différentes espèces. On y observe la domination de la triade domestique bœuf-porc-caprinés (chèvres et moutons) et la présence d’un peu de chien et de cheval. La part du sauvage est faible, largement inférieure à 10% du corpus. Le cerf en est le représentant le plus fréquent.

Quelques sites ont livré un corpus plus important que les autres. A Noyen-sur-Seine, au Hallstatt A2-B1, la faune est représentée par 703 restes osseux, provenant de 32 structures. Les assemblages témoignent de l’importance des troupeaux de caprinés et de porcs, plus importants semble-t’il que ceux de bœufs. L’amplitude des âges révèle un élevage sur place. La part du sauvage, dominé par le cerf, oscille entre 1,9% et 14% selon les structures. Ces résultats sont conformes aux connaissances déjà acquises sur le Bronze final, avec une part importante des caprinés et du porc dans la consommation carnée et une omniprésence de la faune sauvage, dont la fréquence varie fortement d’un site à l’autre (étude de Ginette Auxiette, Nallier et al. 2012).

Pour l’occupation de la transition Bronze/Fer, sur le site de Villiers-sur-Seine, le très important corpus faunique (environ 24 000 restes étudiés provenant de 100 structures) montre la consommation conjointe d’espèces domestiques et sauvages. La faune sauvage, qui représente 17% du corpus, est dominée par le gros gibier : cerf puis sanglier. Les espèces domestiques comprennent la classique triade bœuf-porc-caprinés mais on observe une forte prédominance du porc, consommé jeune tout au long de l’année, avec des pics de consommation probables en hiver et au printemps (étude de Ginette Auxiette, Peake et al. à paraître 1).

A Buchères, sur le Parc Logistique de l’Aube, on compte 13 162 restes osseux, issus de 232 contextes, pour les âges du Bronze et du Fer, dont plus de 90% pour le seul Bronze final. Les animaux domestiques comprennent la triade bœuf/porc/caprinés, le chien et le cheval. Au cours du Bronze final, on note une évolution lente du spectre consommé, où la part des caprinés décroît au profit de celle des suidés. Au Hallstatt B2/3-C, la consommation de jeunes porcs est significative, avec une moitié de l’effectif abattue avant l’âge d’un an et demi. La part des animaux sauvages (cerf, chevreuil, sanglier, castor et lièvre) assez stable, oscille entre 5 et 8,5% du total (étude de Ginette Auxiette, Riquier et al. 2012, Riquier et al. à paraître1).

L’occupation de la Tène ancienne de Pont-sur-Seine a livré plus de 3000 restes osseux identifiables, très majoritairement attribués à la triade bœuf-porc-caprinés. Le taux de caprinés est particulièrement élevé, tandis que le bœuf est peu fréquent. Une partie des caprinés est maintenu en vie au-delà de l’âge maximal de rentabilité bouchère, ce qui indique probablement une production de lait et/ou de laine (étude d’Alessio Bandelli, Dupéré et al. en cours).

A Ville-Saint-Jacques, l’étude archéozoologique s’appuie sur 1105 restes osseux issus de 48 structures. La faune sauvage (cerf, sanglier, chevreuil, ..) est anecdotique ; les espèces domestiques comprennent bœuf, porc, caprinés, chien et cheval. Les petits mammifères (porcs et caprinés) sont majoritaires à la transition Bronze/Fer et au Hallstatt final, avec une domination du porc durant la première période, remplacée par celle des caprinés à la dernière. Cette évolution a déjà été notée dans la vallée de l’Aisne et certains sites de Seine-et-Marne (étude de Ginette Auxiette, Issenmann et al. 2009, Issenmann et al. à paraître).

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9 MODE DE PRESENTATION DES RESULTATS

Dans les chapitres qui suivent, les sites et les données carpologiques sont présentés par secteurs géographiques (Bassée, Plaine de Troyes, et Pays rémois) (Figure 13). Les sites isolés géographiquement sont regroupés dans la dernière partie, intitulée « Autres sites champenois». Après une présentation succincte du site archéologique (localisation, données physiques, historique de la fouille et description des occupations étudiées), le matériel analysé est décrit. Le nombre et la nature des contextes1 prélevés et des contextes positifs, leurs attributions chronologiques et leur représentativité au niveau du site, les modes de fossilisation des restes carpologiques et leur état de préservation sont exposés. Les méthodes générales de traitement et d’étude du matériel ayant déjà été décrites dans la partie précédente, seul ce qui s’en écarte est présenté ici.

La présentation des résultats carpologiques débute par un bilan quantitatif qui donne, pour chaque période d’occupation du site, les données brutes concernant le matériel étudié : nombre de structures et de contextes ayant livré des restes, volume de sédiment représenté, Nombre Total de Restes et Nombre Minimum d’Individus, densités en restes.

Puis les résultats détaillés des plantes identifiées sont exposés, occupation par occupation, avec une exception pour le site de Buchères. Pour ce dernier, aucun hiatus d’occupation n’étant observé, les données sont présentées de façon globale pour toute la séquence, accompagnées d’une étude de la dynamique sur la longue durée. Un tableau donne une synthèse des taxons identifiés par occupation, en précisant pour chacun d’eux, le nombre d’individus comptabilisés et le nombre d’occurrences observées. Les résultats complets, contexte par contexte, sont renvoyés en Annexe 1.

Pour chaque occupation, le classement écologique des herbacées sauvages est présenté sous forme d’un tableau synthétique. Celui-ci indique le nombre d’espèces identifiées pour un même habitat écologique, et le nombre d’occurrences de ces espèces. Les habitats ont été définis d’après les données actuelles, issues de recherches effectuées sur les territoires de la France (Julve 1998), de la France du Nord et de l’Est et des pays voisins (Lambinon et al. 2004), de la région parisienne (Bournérias et al. 2001) et de l’Île-de-France (Jauzein et Nawrot 2011). L’Annexe 4 donne pour chaque espèce le détail des habitats d’aprés les différents chercheurs, ainsi que l’habitat adopté dans cette thèse.

Les assemblages carpologiques sont caractérisés et la composition de ceux à moyenne et forte densité est décrite, à l’aide de graphiques. Un premier niveau d’interprétation est proposé pour certains. Une synthèse des résultats est donnée au niveau du site, sauf lorsque les données sont peu importantes.

1

La notion de contexte peut recouvrir une structure entière, une unité stratigraphique, ou une partie d’une unité stratigraphique, selon la précision indiquée lors du prélèvement. Un contexte peut avoir fait l’objet de plusieurs prélèvements indifférencies, que nous avons regroupés.

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Note : les études pluridisciplinaires sont encore en cours sur une partie des sites et les rapports de fouille ne sont pas tous achevés. Certains des plans de site présentés, notamment ceux de Bazancourt, de Bréviandes, de Balloy, de Périgny et de Reims, sont susceptibles d’évoluer.

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10 LES SITES DE LA BASSEE

10.1 VILLE-SAINT-JACQUES « LE FOND DES VALLEES / LE BOIS

D’ÉCHALAS »

10.1.1 Présentation du site

10.1.1.1 Localisation et données physiques

La commune de Ville-St-Jacques se trouve en Seine-et-Marne

,

à 75 km au sud-est de Paris

. Elle est

implantée sur la rive gauche de la Seine, 5 km en aval de la ville de Montereau-Fault-Yonne et de la confluence de la Seine et de l’Yonne. Les lieux-dits « Le Fond des Vallées et « Le Bois d’Échalas » sont situés en fond de vallée, à 1 km au sud du cours actuel de la Seine, dans un secteur de la plaine alluviale dévolu à l’exploitation des gravières. Les gisements archéologiques sont installés sur des dômesgravelo-sableux surmontés de limons. Un paléochenal traverse une partie des zones fouillées (zones 2 et 8) (Issenmann et al. 2009).

10.1.1.2 Les occupations protohistoriques

L’extension d’une carrière de granulats a entrainé des opérations de diagnostic et de fouille archéologique menées respectivement par Olivier Maury (Inrap) en 2004 et par Régis Issenmann (Inrap) en 2007 et en 2008. La fouille s’est déroulée sur six zones discontinues représentant une surface d’environ 3,1 ha au total (Figure 14). Elle a révélé les vestiges d’occupations domestiques datant du Néolithique ancien, du début du Bronze final, de trois phases distinctes du premier âge du Fer, du début du second âge du Fer et de l’époque gallo-romaine. Un ensemble funéraire attribué au Bronze final a également été mis au jour. Les occupations, qui se sont succédé sur les mêmes dômes exondés, sont souvent enchevêtrées. Les vestiges attribués au Bronze final et au premier âge du Fer se répartissent de la façon suivante par phase d’occupation et par zone :

Hallstatt final : 2 fosses en zone 1 ; 6 silos et 10 fosses en zone 2 ; 14 silos et 9 fosses en zone

3.

 Hallstatt moyen : 2 fosses et 1 silo en zone 6.

 Transition Bronze final/Hallstatt ancien : 6 fosses en zone 6.

 Étape initiale du Bronze final : un ensemble funéraire de 3 structures (1 fossé d’enclos, 1 fosse et 1 tombe à incinération) en zone 2 ; 3 silos et un trou de poteau en zone 3 ; 2 fosses en zone 8.

Outre ces structures dont le comblement est bien cadré chronologiquement, des fosses et des silos non datés, ou attribués à des périodes protohistoriques indéterminées, sont présents sur le site, notamment dans les zones 3 et 5.

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Figure 14 : Ville-St-Jacques « le Fond des Vallées / Le Bois d’Échalas » - Plan général de la fouille, plans par zone et localisation des restes carpologiques.

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10.1.2 Matériel et méthodes

10.1.2.1 Les prélèvements

Lors de l’opération menée en 2007, qui s’est déroulée sur les zones 6 et 8, les prélèvements ont été faits uniquement dans les comblements de fosses et de silos qui semblaient riches à l’œil nu. Les échantillons sont peu nombreux et de volume généralement inférieur à 10 litres. Pour l’opération de 2008, une stratégie d’échantillonnage plus systématique a été mise en place dans les zones 2 et 3. Les structures bien conservées ont fait l’objet de prélèvements à différents niveaux de leur remplissage. Les volumes ont été standardisés à des modules de 20 litres.

Ce sont au total 69 prélèvements qui ont été effectués dans le comblement de 40 structures. Ils se répartissent de la façon suivante par phases d’occupation :

Hallstatt final : 7 prélèvements concernant 6 silos et 1 fosse proviennent de la zone 2. Seuls 3

silos ont livré des graines. Dans la zone 3, 31 prélèvements ont été faits dans le comblement de 14 silos et 2 fosses. Les silos sont tous positifs, une des deux fosses a livré des restes.

 Hallstatt moyen : 2 fosses et 1 silo de la zone 6 ont été prélevés à différents niveaux. Toutes les structures ont livré des graines.

 Transition Bronze/Fer : 5 fosses de la zone 6 ont fait l’objet de 8 prélèvements qui ont tous livré des macro-restes.

 Étape initiale du Bronze final : un prélèvement effectué dans le comblement d’une fosse funéraire en zone 2 s’est révélé stérile. Un total de 7 échantillons concerne 3 silos de la zone 3. Les 3 silos ont livré des graines.

 Protohistoire indéterminée : 9 prélèvements concernant 5 silos de la zone 3 ont été effectués ; 4 silos sont positifs.

Les comblements des structures échantillonnées sont tous de nature détritique, témoignant du remploi en dépotoirs des fosses et des silos, dont la fonction primaire a été abandonnée. Ils sont le plus souvent charbonneux et comprennent des inclusions quasi-systématiques de céramique et de terre cuite, et des vestiges moins fréquents de faune ou de silex.

10.1.2.2 Attributions chronologiques des ensembles étudiés

Les attributions chronologiques reposent sur les études du mobilier céramique, réalisées par Rebecca Peake pour le Bronze final et la première moitié du Hallstatt, et par David Bardel pour la fin du Hallstatt (Issenmann et al. 2009, Issenmann et al. à paraître).

Ces études ont permis l’attribution de la première occupation au Bronze D-Hallstatt A1. La seconde occupation prend place lors de la phase de transition du Hallstatt B3 et du Hallstatt C1, et la troisième durant le Hallstatt D1. Au cours du Hallstatt final, une ou plusieurs occupations, successives ou en partie contemporaines, s’installent sur une période d’une ou deux générations, de la fin du VIe siècle au début du Ve siècle av. J.-C. (530-480 av. J.-C. environ).

Certaines structures ne bénéficiant pas d’éléments céramiques caractéristiques d’une phase précise ont pu être attribuées à la Protohistoire grâce à la reconnaissance de pâtes et de formes typiques de cette période.

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10.1.2.3 Représentativité de l’échantillon

Pour chaque occupation, une proportion de structures représentant de 50 à 100% du corpus disponible a été prélevée, à différents niveaux des comblements. Cette stratégie est à même d’assurer une bonne représentativité des macro-restes fossilisés et conservés sur le site. Pour les trois premières périodes, la faiblesse du nombre de vestiges archéologiques mis au jour et, par conséquent, des prélèvements effectués limite toutefois les interprétations sur l’économie végétale de ces occupations. Seule la période du Hallstatt final bénéficie d’un nombre suffisamment élevé de contextes et de macro-restes pour autoriser certains traitements de données.

10.1.2.4 Méthodes de tri

Les refus de tamis ont été triés entièrement, sauf ceux des contextes 3060 us5 et 3081 us7 qui ont livré des concentrations de graines. Pour ceux-ci, un sous-échantillon de 1/6 à 1/2 du volume du refus a été trié intégralement pour chacune des deux fractions (0,5 et 2 mm). La partie restante a été examinée pour récupérer uniquement les espèces non récurrentes, c'est-à-dire autres que les blés, les orges et les millets. Pour ces trois céréales, les résultats obtenus pour l’ensemble du refus sont des estimations calculées à partir des résultats obtenus pour les sous-échantillons (voir 5.1).

10.1.2.5 Mode de fossilisation et état de préservation

Tous les restes recueillis sont carbonisés. L’état de conservation du matériel est généralement moyen, parfois médiocre. De nombreux spécimens de graines d’oléagineux et un large spectre d’espèces sauvages ont toutefois été préservés. Les difficultés de détermination concernent essentiellement les orges et les blés. Bien que la variété vêtue n’ait pu être systématiquement reconnue pour l’orge, elle l’est toujours lorsque le grain est bien conservé. La présence d’orge nue, bien que non exclue, ne peut donc être que relictuelle. De multiples caryopses de blé ayant une morphologie proche de l’amidonnier et de l’épeautre sont trop érodés pour que l’on puisse identifier l’espèce. Ces grains ont été classés en Triticum dicoccum/spelta. Il faut cependant noter que si de nombreuses semences et bases d’épillet ont été identifiées de manière certaine pour l’amidonnier, les seules mentions possibles de l’épeautre sont basées sur ces caryopses mal conservés. Sa présence sur le site n’est donc pas assurée, et dans tous les cas de faible importance.

Les caryopses de céréales et de blés indéterminés (Cerealia et Triticum sp.) représentent, pour les trois premières occupations, de 36 à 57 % de l’ensemble des caryopses hors millet commun, et seulement 22% pour la dernière occupation.

10.1.3 Résultats