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Bilan des aptitudes culturales des sols de craie

1.2.2.2 A l’échelle du site

proximité des occupations humaines (Loicq in Boulen et al. 2012). Elles ne recensent pas de milieu fermé typiquement forestier, mais plutôt un environnement composé de « zones ouvertes » de prairies, pâtures, champs et friches, créées et entretenues par l’homme, et de zones « semi-fermées » ou « en mosaïque » signalant un faciès environnemental mixte ou des paysages en cours d’évolution. Ces zones en évolution correspondent à une colonisation anthropique, avec des effets d’avancée et de reculs partiels, sans retour à la situation de boisement initiale. Pour les âges des métaux, on ne constate pas de tendance à une surexploitation du milieu qui conduirait à la pelouse calcaire.

1.2.2.2 A l’échelle du site

Le site de Villiers-sur-Seine « Le Gros Buisson », en Bassée, a bénéficié d’une étude paléo-environnementale approfondie. Celle-ci comprend notamment des analyses palynologiques, à partir de prélèvements réalisés dans un paléochenal bordant le site, et des analyses anthracologiques sur des charbons issus de contextes détritiques.

Les résultats de l’étude palynologique esquissent l’image d’un paysage assez boisé, au moment de l’occupation principale de la transition Bronze/Fer. Une ripisylve de type aulnaie-saulaie est installée dans la plaine d’inondation tandis qu’une chênaie-hêtraie est implantée dans les zones plus sèches et sur les versants. Les hêtres et les charmes participent au boisement des versants. Les ormes, les tilleuls et les frênes accompagnent le chêne dans la plaine alluviale. Les noisetiers et les bouleaux s’intègrent aux différentes formations. La strate herbacée s’organise également en fonction de l’humidité des sols. Les zones de prairies, bien développées, sont de nature humide voire marécageuses aux abords du chenal. L’importance du cortège rudéral souligne l’utilisation de ces prairies en pâture, tandis que les enregistrements polliniques des céréales indiquent l’existence de parcelles cultivées à proximité. La pression anthropique se marque de façon plus ou moins forte sur le couvert forestier, avec un défrichement régulier de la chênaie et de l’aulnaie. La hêtraie par contre n’est pas touchée (Leroyer soumis).

L’étude anthracologique montre l’exploitation d’espèces de la plaine d’inondation avec un accent sur le chêne, le frêne et l’aulne. Ce dernier, généralement peu représenté en anthracologie, a pu servir à la construction des palissades, car il est trouvé en abondance dans les deux premiers fossés internes du site. Le hêtre est absent des espèces exploitées pour le combustible ou le bois d’œuvre (étude de Sylvie Coubray, Peake et al. à paraître1).

1.2.3 Caractéristiques et évolution des sols anciens

Les études paléopédologiques mettent en évidence les différences entre sols actuels et sols anciens. Elles précisent l’influence du climat et des activités humaines sur l’évolution des sols, ainsi que la nature et les aptitudes culturales des sols exploités au cours du temps.

En Champagne-Ardenne, durant la dernière décennie, plus de trente sites ont fait l’objet d’études pédologiques, notamment dans le cadre de grands travaux affectant la plaine crayeuse (Europort Vatry, LGV Est). Ces études ont donné lieu à plusieurs synthèses (études de Kai Fechner, Fechner 2005, Fechner et Slachmuylder 2009, Boulen et al. 2012).

Ces travaux ont permis de préciser la carte actuelle des sols de Champagne-Ardenne, en introduisant des nuances au sein des unités pédologiques, qui ont des conséquences sur les aptitudes culturales

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des sols concernés. Par exemple, au sein de l’unité pédologique de la plaine crayeuse, caractérisée par la présence de sols superficiels sur craie, on différencie des sites où la dissolution de la craie est très peu marquée, de sites où les poches d’altération sont observables partout. Ces poches ont une meilleure fertilité chimique que les sols installés directement sur la craie et dominés par le calcium. La carte des sols ne mentionne pas non plus la présence récurrente de limons peu décarbonatés (loess et reprises colluviales de loess) dans les zones entourant les grandes rivières (Marne et Seine). Ces sols, à la très bonne fertilité physique et chimique, peuvent recouvrir l’intégralité de grandes vallées, versants et plateaux, jusqu’à une distance de 3 km des zones alluviales. Ils ont notamment été observés sur deux sites de notre corpus, ceux de Buchères et de Pont-sur-Seine (Riquier et al. en cours 1, Dupéré et al. en cours).

L’étude des horizons noirs enterrés dans les fonds de vallée sèche, sur des sites de la plaine crayeuse, a mis en évidence les changements survenus dans les horizons de surface. Il a été démontré que les horizons anciens, plus riches en humus, en argile et en minéraux, se sont formés naturellement, souvent sous couverts boisés, et ont évolué sous l’action de l’homme. Ils ont subi des érosions, jusqu’à la mise à nu de la roche, entrainant des pertes de fertilité chimique (manque de minéraux, excès de calcaire actif) et physique (excès de graviers). Les premières atteintes à ces horizons pourraient avoir eu lieu durant les âges des métaux et se seraient aggravées à partir de La Tène finale ou de l’époque romaine, sous l’effet de nouvelles techniques de labour. Ces érosions ont pu, aussi, affecter des dépôts limoneux, présents jusqu’au cœur de la plaine crayeuse durant l’âge du Fer, comme le montrent les analyses effectuées lors de la construction de l’Europort de Vatry (Fechner 2005).

Les analyses pédologiques ont distingué des horizons de labour, dans la plaine crayeuse, dont certains sont contemporains ou antérieurs au Bronze final et au premier âge du Fer (Fechner et Slachmuylder 2009). Ces horizons sont caractérisés par un mélange de fragments caractéristiques du sol encaissant, avec l’horizon enrichi en humus. Il semble que, pour ces mises en culture précoces, les dépressions formées d’argiles de dissolution de la craie aient été choisies préférentiellement aux sols installés directement sur l’encaissant calcaire. Deux sites, dont celui de Bazancourt, attestent néanmoins de probables mises en culture de sols sur craie, pour des périodes pré-hallstattiennes.

1.2.4 Synthèse sur les données paléoenvironnementales

Durant les périodes étudiées, deux péjorations climatiques importantes sont enregistrées par différents marqueurs de la zone alpine, sans que l’on connaisse, au niveau régional, l’impact exact de ces oscillations. Elles affectent le début du Bronze final et le premier âge du Fer.

Les analyses palynologiques, anthracologiques et malacologiques indiquent un accroissement global de l’ouverture du paysage durant ces périodes, avec cependant des phases possibles de déprise ou de reprise forestière. Elles montrent aussi le développement de l’agriculture, les courbes de céréales, encore sub-continues à l’âge du Bronze, devenant continues au cours de l’âge du Fer.

Les analyses pédologiques soulignent les variétés des sols disponibles à l’exploitation agricole dans l’aire d’étude, y compris à l’intérieur de grandes entités comme la plaine crayeuse, globalement moins favorable à l’agriculture, mais dont la fertilité était probablement meilleure lors des premières occupations.

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2 CADRE CHRONOCULTUREL

2.1 CULTURES ET FRONTIERES CULTURELLES

2.1.1 A l’échelle européenne

Au-delà de l’innovation technique que constitue l’invention du bronze, les sociétés de l’âge du Bronze sont caractérisées par le développement de la complexité sociale, élaborée aux périodes antérieures, par l’accroissement des relations entre communautés et l’allongement des distances de l’échange réciproque (Gasco 2010). C’est une période où les contacts entre les différentes parties du continent européen deviennent communs, où les innovations en un lieu sont adoptées presque simultanément partout ailleurs. C’est aussi la période où l’expression du statut et du pouvoir va être beaucoup plus visible (Harding 2004). Durant cette période, naissent des entités culturelles à l’échelle de l’Europe, caractérisées par l’adoption de mêmes traits culturels sur de grands espaces. A partir de 1600 BC, trois ensembles se partagent le territoire de la France actuelle : un ensemble nord-alpin au nord-est, un ensemble atlantique à l’ouest et un ensemble méridional au sud. Le premier s’étend de la République tchèque à la France ; il englobe l’Allemagne du sud, le plateau suisse et la Basse-Autriche. Le second occupe toute la façade atlantique, depuis l’Écosse jusqu’à l’Andalousie, tandis que le troisième se situe à la croisée des deux autres et d’entités italiques et ibériques (Brun et Ruby 2008).

Les sociétés du Bronze final se prolongent sans rupture dans celles du premier âge du Fer. Une régionalisation des groupes culturels se fait jour, au sein des ensembles européens. D’autres relations se développent, notamment avec le monde méditerranéen. La complexité sociale, perçue essentiellement au travers du mobilier funéraire, s’accentue jusqu’à l’émergence, à la fin de la période, du phénomène princier dans la partie centrale de l’aire culturelle nord-alpine (Brun 1987, Brun et Ruby 2008).

2.1.2 A l’échelle régionale

A la fin du Bronze moyen, la France orientale, de la Lorraine aux portes de l’Île-de-France, est sous influence nord-alpine. La culture des Tumulus orientaux a, en effet, étendu son influence jusqu’aux marches franciliennes, marquant la mise en place d’une frontière culturelle du complexe nord-alpin à cet endroit (Mordant et al. 2007).

Au passage du Bronze final, une radicalisation de la bipartition culturelle, entre un complexe nord-alpin à l’est et un complexe atlantique à l’ouest s’affirme (Mordant 2010). La première étape du Bronze final oriental (Bronze D-Hallstatt A1) est marquée par la production d’une céramique cannelée (Figure 3-a). La pratique de l’incinération s’installe progressivement dans les rites funéraires, mais celle de l’inhumation reste encore dominante.

Durant l’étape moyenne du Bronze final (Hallstatt A2-B1), la culture Rhin-Suisse-France orientale (RSFO) s’installe (Brun 1988). Elle est caractérisée par la pratique généralisée de l’incinération et la

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standardisation de la production céramique, une céramique typée, avec des profils carénés et un décor au peigne (Figure 3-b).

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Durant ces périodes, la région de la confluence Seine-Yonne constitue une zone frontière entre les complexes atlantiques et nord-alpins, même si on observe des mouvances dans le front souple de contact entre les cultures, signalées par la présence de céramique de type RSFO jusqu’à Paris, voire au delà (Blanchet et Talon 2005, Brun et al. 2005, Mordant et al. 2007, Marcigny et Talon 2009) (Figure 4).

Dans cette zone, un phénomène de lisière est perceptible. Il est caractérisé par la présence marquée d’artefacts typiques de la culture nord-alpine (céramique, mobilier funéraire) (Brun et Mordant 1988, Mordant et al. 2007). La parure funéraire provenant de nécropoles du début du Bronze final, situées dans les zones de confluence Seine-Yonne et Seine-Aube, a fait l’objet de recherches dans le cadre d’une thèse de doctorat (Rottier 2003 dans Mordant et al. 2007). Ces travaux ont mené à l’hypothèse que, si les migrations de populations entières n’étaient plus à l’ordre du jour, l’arrivée de quelques individus par génération, a priori des hommes, était probable, éventuellement dans le cadre d’alliances matrilocales (Mordant et al. 2007, Rottier et al. 2012). Cette mobilité se ferait au sein d’une vaste zone où s’organisent des réseaux d’échanges, vers le sud-est de l’Allemagne et la Suisse occidentale, la Rhénanie-Palatinat et les Alpes, voire l’Italie du Nord.

Figure 4 : Aire d’influence de la culture Rhin-Suisse-France orientale au Hallstatt A2-B1 en France septentrionale (d’après Mordant 2010).

A la fin du Bronze final (Hallstatt B2/3), on assiste à une individualisation des groupes culturels, perceptible dans la régionalisation des productions céramiques. La Champagne et la Bassée vont rester, jusqu’à la fin du second âge du Fer, dans l’aire d’influence nord-alpine mais celle-ci ne présentera plus le même degré d’homogénéité.

Pour le Hallstatt B2/3 et tout le premier âge du Fer, les pratiques funéraires sont mal connues en Bassée et dans la Champagne voisine, du fait de la rareté des données dans ce domaine (Peake et al.

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à paraître 2, Riquier et al. à paraître 2). Pour ces périodes, les informations proviennent surtout des sites d’habitat, nombreux dans ces secteurs. En ce qui concerne la céramique, le corpus du nord-est de la France conserve une certaine homogénéité, cependant des tendances régionales s’expriment à travers des détails de forme et de décor (Peake et al. à paraître 2). L’usage de la peinture polychrome et de la peinture rouge en aplat se développe (Figure 3-c et d). Dans le domaine de l’habitat, de nouveaux types apparaissent, se démarquant du modèle de la ferme isolée qui avait prévalu jusqu’alors (voir 2.3).

A la fin du premier âge du Fer (Hallstatt D2-D3), on assiste à l’émergence de résidences princières, du centre-est de la France au sud-ouest de l’Allemagne. La Champagne et l’Île-de-France restent en marge de ce phénomène, dont l’influence est cependant sensible dans la culture matérielle. La céramique fine des contextes d’habitat présente des décors de type vixéen, caractérisés par des motifs géométriques à la barbotine du type chevrons, échelles, damiers, accompagnés ou non de peinture rouge en aplat (Figure 3-e) (Bardel 2012, Issenmann et al. à paraître, Dupéré et al. en cours, Moreau et al. en cours).

2.2 CHRONOLOGIE

La Champagne et l’Île-de-France faisant partie de la même aire culturelle durant l’âge du Bronze final et le premier âge du Fer, les chercheurs de ces deux régions utilisent les mêmes chronologies de référence. Deux chronologies sont plus particulièrement employées, celle du système allemand mise en place par Paul Reinecke à la fin du 19ème siècle, et celle du système français développée par Joseph Déchelette au début du 20ième siècle.

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Ces systèmes divisent l’âge du Bronze et l’âge du Fer en plusieurs phases, en se basant sur des études typo-chronologiques de la céramique et du métal. Ils ont été plusieurs fois modifiés et précisés (notamment par H. Müller-Karpe pour le premier et par J.J. Hatt pour le second) avant d’aboutir à ceux présentés au Tableau 1Tableau 1 : Systèmes chronologiques de référence. La chronologie du système allemand a été adoptée dans ce travail, calés chronologiquement par des datations absolues. Les dernières propositions importantes ont été faites par Patrice Brun à partir de travaux sur la culture Rhin-Suisse-France orientale. Il a notamment regroupé les phases du Bronze final en trois étapes principales : le Bronze final I/IIa, le Bronze final IIb/IIIa et le Bronze IIIb, l’étape moyenne étant véritablement celle de la culture Rhin-Suisse-France orientale (Brun 1988).

Dans la zone d’étude, le système allemand est assez uniformément employé comme chronologie de référence pour l’âge du Fer. Pour l’âge du Bronze, on trouve indifféremment les deux systèmes, même si l’allemand a tendance à être de plus en plus utilisé. Dans un souci de clarté, nous avons converti toutes les attributions chronologiques des structures étudiées dans le système allemand, ce qui facilite en outre les comparaisons avec les pays d’Europe centrale.

Les moyens utilisés pour l’attribution chronologique des sites sont des systèmes de datation relative, basés essentiellement sur la typochronologie de la céramique pour les contextes d’habitat, le métal étant rare dans les occupations domestiques.

La chronologie absolue est relativement peu employée, pour différentes raisons :

 Bien que la Champagne bénéficie d’une première série de jalons dendrochronologiques pour le Bronze final et le Hallstatt, l’intérêt de ces datations, pour les sites concernés, s’étend peu aux autres, via la chronotypologie, car les associations avec le mobilier sont rarement directes (Desbrosses et al. 2009). Par ailleurs, les datations dendrochronologiques butent sur des référentiels peu étoffés pour les débuts du premier âge du Fer (Bernard 1998).

 Les datations radiocarbone sont également rares pour ces périodes, et le plus souvent réservées à des contextes ne bénéficiant pas de mobilier céramique permettant de les dater. Le manque de précision de cette méthode pour le premier âge du Fer, en raison d’un plateau dans la courbe de calibration du radiocarbone, entre 800 et 400 BC, entraîne le recours systématique à la datation par typochronologie de la céramique (Desbrosses et al. 2009). Pour les étapes initiales et moyennes du Bronze final, la typologie de la céramique est bien connue d’autant plus qu’il s’agit d’une céramique typée et relativement homogène sur toute l’aire du complexe nord-alpin. Plusieurs études synthétiques ou outils typochronologiques sont disponibles pour la vallée de la Seine ou le Bassin parisien, notamment pour le RSFO (Brun et Mordant (dir) 1988, Klag 1999, Muller et Nicolas 2008).

A partir de la dernière étape du Bronze final (Hallstatt B2/3), l’individualisation des productions impose de disposer de typochronologies régionales. Une typochronologie en cinq étapes a été réalisée pour la Bassée francilienne, pour les phases allant de la transition Bronze/Fer au Hallstatt D1 (Bulard et Peake 2005). Le Hallstatt D1 a fait plus récemment l’objet de travaux complémentaires, dans le même secteur (Peake et al. 2010). En Champagne, différents travaux de caractérisation de la céramique domestique ont été réalisés pour ces périodes, notamment dans la plaine de Troyes (Zipper 2011, Nicolas et Peake à paraître), mais l’élaboration de typologies fines pour la transition Bronze/Fer reste à faire (Zipper 2012). Il en va de même pour le Pays rémois, où la documentation

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importante concernant le premier âge du Fer permet des analyses comparatives fines, mais n’a pas encore débouché sur une étude synthétique (Saurel dans Moreau et al. en cours).

Pour le Hallstatt D2-D3 et la Tène A, un travail universitaire de synthèse vient d’être réalisé pour le Centre-Est de la France (Bardel 2012). Le corpus étudié englobe deux des sites présentés dans ce travail (Pont-sur-Seine et Ville-Saint-Jacques).

2.3 OCCUPATION DU SOL ET FORMES DE LHABITAT

L’occupation du sol et l’habitat, durant l’âge du Bronze et le premier âge du Fer, ont fait récemment l’objet de plusieurs publications de synthèse en Champagne (Desbrosses et al. 2009, Desbrosses et Riquier 2012, Riquier et al. à paraître 1). Celles-ci s’appuient sur les connaissances accumulées lors de divers travaux régionaux (Lagatie et Vanmoerkerke 2005, Vanmoerkerke 2009), pour mettre en lumière de nouvelles découvertes. L’enquête nationale menée par l’INRAP sur ces périodes, et dont les résultats ont été présentés à la table ronde de Bayeux en novembre 2011 (Carozza et al. à paraître), a été l’occasion d’une importante mise à jour de la documentation sur ces sujets, notamment en Champagne et en Île-de-France (Peake et al. à paraître 2, Riquier et al. à paraître2). Ces travaux ont été motivés par le nombre élevé des nouveaux sites d’habitat mis au jour dans les deux dernières décennies, du fait de l’essor de l’archéologie préventive dans ces secteurs. Le revers de cet essor est qu’il concerne essentiellement certains secteurs où l’aménagement est très actif, au détriment d’autres, très peu fouillés, et par conséquent toujours mal connus. Dans la zone d’étude, les établissements mis au jour se concentrent dans trois fenêtres d’observations : les auréoles urbaines de Reims et de Troyes, et les zones d’exploitation de gravière des grandes vallées alluviales (le Perthois, dans la vallée de la Marne, et du Nogentais à la confluence Seine/Yonne, dans la vallée de la Seine) (Desbrosses et al. 2009).

Les conclusions de ces différents travaux opposent un Bronze ancien et moyen, où les traces d’occupation humaine sont peu nombreuses et mal repérées, à un Bronze final où l’occupation du territoire connait un vrai dynamisme. Celui-ci s’exprime par une forte densification de l’habitat dans les vallées et une colonisation progressive de la plaine crayeuse, qui se poursuivent au premier âge du Fer.

Ces mouvements présentent une certaine variabilité dans l’espace et le temps, aussi bien dans les modes d’occupation du sol que dans les formes de l’habitat :

 A la transition Bronze moyen/Bronze final et au Bronze D-Hallstatt A1 :

o Les établissements restent surtout confinés au sud, dans les grandes vallées de la Marne et de la Seine. On observe un vrai dynamisme dans certaines parties de ces vallées, notamment en Bassée au Hallstatt A1. Dans la Plaine de Troyes, la densité d’occupation, quoiqu’encore faible, montre une rapide expansion colonisatrice au Hallstatt A1. Les habitats s’installent de façon préférentielle sur les sols limoneux mais les premiers points apparaissent dans la plaine crayeuse.

o Les vestiges d’habitat comprennent essentiellement des fosses en Y, des fosses isolées ou des regroupements de fosses sans bâtiment.

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 Au Hallstatt A2-B1 :

o La dynamique d’occupation s’amplifie dans les vallées, en Bassée comme dans le