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Caractérisation des assemblages carbonisés

11.4.3.4 Les restes imbibés

Les quatre prélèvements imbibés, d’un volume de 6 à 12 litres, proviennent pour deux d’entre eux du puits 17 et pour les deux autres du puits 29 et du puits 42. Ces puits, qui étaient en fonction au Hallstatt D1, sont localisés sur la fenêtre de fouille D8, située en zone humide. Les deux prélèvements du puits 17 ont livré des quantités de restes faibles par rapport à ce que l’on trouve généralement en contexte humide. Les NMI s’élèvent à 99 et 190 restes pour des volumes de 6 et 10 litres de sédiment. Le spectre comprend seulement 13 taxons de flore sauvage dont 9 déterminés au rang de l’espèce. Il s’agit d’espèces compagnes des moissons : la bugle petit-pin (Ajuga chamaepitys) et l’épiaire annuelle (Stachys annua), de plantes rudérales : le réséda jaune (Reseda lutea) et le sureau noir (Sambucus nigra), de plantes des prairies : la bugle rampante (Ajuga reptans) et la carotte sauvage (Daucus carota), d’espèces des ourlets forestiers : la ronce mûrier (Rubus fruticosus) et la yèble (Sambucus ebulus) et d’une plante des milieux humides : la laîche hérissée (Carex hirta). Il est possible que le puits ait été temporairement asséché au cours de son existence et que seules certaines semences aient survécu. Les graines de sureau (Sambucus ebulus et nigra) sont très résistantes et souvent les dernières à se dégrader dans un assemblage imbibé (Murphy et Wiltshire 1994).

La préservation est plus importante dans les puits 29 et 42, qui ont livré respectivement 2381 et 1127 individus de taxons sauvages pour 9 et 12 litres de sédiment. Ces deux puits datés du Hallstatt D1 sont situés à environ 25 m l’un de l’autre. La flore piégée dans leurs couches basales est très probablement issue d’accumulations naturelles. En effet les prélèvements étudiés proviennent d’us au comblement non détritique et n’ont livré aucun reste imbibé de plante cultivée, associé aux espèces sauvages. Les taxons identifiés sont au nombre de 72, dont 51 déterminés au niveau de l’espèce ou d’un groupe d’espèces (Tableau 47). La flore se répartit écologiquement dans plusieurs habitats dont on peut regrouper une partie en deux grands ensembles : les adventices de culture et les plantes rudérales d’une part et les plantes de milieux plus ou moins humides d’autre part. Il s’agit quasi exclusivement de semences d’herbacées : le prunellier (Prunus spinosa) est le seul arbuste attesté et aucune espèce arborée n’est présente. L’indicateur de lumière (L), le plus souvent égal ou supérieur à 7, fait état d’un milieu ouvert autour des puits. Les adventices des cultures, qui regroupent 23 espèces, comprennent des annuelles d’hiver, familières des moissons, et un large spectre de plantes se développant dans les jardins et les cultures sarclées ou dans tous types de cultures, voire à leurs marges. Ces dernières se plaisent dans des milieux plutôt fertiles (N est le plus souvent égal ou supérieur à 6), presqu’autant que les rudérales qui représentent aussi une part importante des herbacées, en particulier près du puits 29 où abonde la grande ortie (Urtica dioica).

176 L (1-9) T (1-9) He (1-12) Ph (1-9) N (1-9) Tx (1-9) Puits St 17 - 1,30 m Vol = 6 L Puits St 17/1 Fond Vol = 10 L Puits St 29/3 Vol = 9 L Puits St 42 Fond (-1,40m) Vol = 12 L Moissons, cultures d'hiver

Ajuga chamaepitys 7 6 4 9 5 3 1 Aphanes arvensis 7 6 4 4 5 4 6 1 Chrysanthemum segetum 7 6 5 4 6 3 9 Euphorbia exigua 18 Galeopsis angustifolia 8 6 4 8 4 7 4 2 Galium spurium 8 7 5 8 5 3 3 1 Orlaya grandiflora 7 7 4 9 5 3 11 2 Ranunculus sardous 8 6 8 7 7 4 9 343 Stachys annua 7 7 3 8 6 3 15 6 5 Teucrium botrys 11 Valerianella dentata 7 7 4 7 6 2 14

Cultures sarclées, cultures d'été

Chenopodium album 8 5 5 5 7 2 140 40 Chenopodium hybridum 7 5 5 8 8 2 3 1 Fallopia convolvulus 7 4 5 6 6 3 11 2 Polygonum aviculare 7 5 5 5 8 3 48 81 Polygonum persicaria 7 5 8 7 8 2 9 Solanum nigrum 7 6 5 7 8 2 20 1 Sonchus asper 7 5 5 7 7 2 32 Toutes cultures Anagallis arvensis 7 5 5 6 7 23 7 Capsella bursa-pastoris 7 5 5 5 7 3 24 Fumaria officinale 8 5 5 6 7 3 4 Galium aparine 6 5 5 5 8 3 2 Stellaria media 7 5 5 6 8 3 1 Thlaspi arvense 7 5 4 7 6 3 1 2 Milieux rudéraux Aethusa cynapium 7 4 5 8 7 3 20 2 Atriplex hastata/patula 8 5-6 6-8 7 7 4 93 7 Hyoscyamus niger 8 6 5 7 8 3 2 1 Hypericum perforatum 7 5 5 6 5 4 12 Lapsana communis 4 5 5 7 7 2 10 Physalis alkekengi 6 6 5 8 7 3 1 Potentilla reptans 7 5 6 7 6 2 12 1 Reseda lutea 7 5 4 7 6 4 3 Sambucus nigra 5 5 5 7 8 3 1 Torilis japonica 6 5 5 8 8 3 28 Urtica dioica 5 5 5 6 9 3 252 10 Verbena officinalis 8 6 5 7 7 3 63 16 Prairies, pelouses Ajuga reptans 5 5 5 5 6 2 15 29 Daucus carota 8 5 5 6 6 3 1 13 16 Euphrasia sp./ Odontites sp. 12 Prunella vulgaris 5 5 5 6 6 2 77 2 Ranunculus acris 7 4 5 6 6 3 3

Milieux et ourlets forestiers

Prunus spinosa 1 2

Rubus fruticosus 5 6 5 2 3 3 3 15 2

Sambucus ebulus 7 6 5 8 7 3 9 34 139 83

Taxons par groupes écologiques (1/2)

(d'aprés Jauzein et Naw rot 2011; Lambinon et al. 2004 ; Bournérias et al. 2001 ; Julve 1998)

Indicateurs écologiques

(d'après Julve 1998)

NMI par taxon et par contexte

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Tableau 47 : Buchères « Parc Logistique de l’Aube » - Taxons des prélèvements humides, classés par groupes écologiques, avec indication des exigences écologiques des plantes.

A coté des adventices aux exigences hydriques faibles à moyennes (He = 2 à 6), une diversité assez importante de taxons (11 sur 51), comptant respectivement pour 52 et 70 % du nombre des restes, provient de milieux humides à des degrés divers. Près du puits 42 on rencontre essentiellement des espèces de prairies hygrophiles ou de lieux régulièrement inondés : laîche hérissée (Carex hirta), patience agglomérée (Rumex conglomeratus), renoncule rampante (Ranunculus repens), tandis que la végétation environnant le premier puits est davantage constituée de plantes de roselières, vivant

L (1-9) T (1-9) He (1-12) Ph (1-9) N (1-9) Tx (1-9) Puits St 17 - 1,30 m Vol = 6 L Puits St 17/1 Fond Vol = 10 L Puits St 29/3 Vol = 9 L Puits St 42 Fond (-1,40m) Vol = 12 L Milieux humides Carex hirta 7 5 6 7 7 2 50 89 22 123

Carex vulpina (type) 8 5 8 6 6 1 34 4

Potentilla anserina 6 5 7 7 7 2 9 Ranunculus repens 5 5 7 5 7 1 52 36 Rumex conglomeratus 8 5 7 5 7 2 5 145 Milieux immergés Alisma lanceolatum 7 5 10 7 5 1 24 Alisma plantago-aquatica 7 5 9 7 7 1 6 Alisma sp. 3 Eleocharis palustris 8 5 8 5 5 4 876 6 Iris pseudocarus 7 5 9 7 7 1 1 Juncus sp. 30 Lycopus europeus 7 5 9 6 6 2 12 Polygonum hydropiper 5 5 8 6 7 1 6

Non classifié ou ubiquiste

Apiaceae 1 Arctium sp. 1 3 Asteraceae 12 Brassicaceae Carduus sp. / Cirsium sp. 34 Caryophillaceae 12 Cyperaceae 4 Galium sp. 1 Lamiaceae 42 1 Legousia sp. 30 Nepetasp. 1

Physalis alkekengi/Solanum dulcamara 1 2

Poaceae 1 Polygonaceae 11 Polygonum sp. 1 Potentilla sp. 3 Ranunculus sp. 1 5 2 Rumex sp. 1 Stachys sp. 1 Torilis sp. 1 Bouton floral 1 Bourgeon 15 100 Mousse 44 Indéterminé 1 11 7

Nom bre Minim um d'Individus 80 199 2381 1127

L=Lumière, T=Température, He=Humidité édaphique, P h= Réactio n du so l-, N= Nutriments du so l, Tx= Texture du so l - NM I = No mbre M inimum d'Individus

Taxons par groupes écologiques (2/2)

(d'aprés Jauzein et Naw rot 2011; Lambinon et al. 2004 ; Bournérias et al. 2001 ; Julve 1998)

Indicateurs écologiques

(d'après Julve 1998)

NMI par taxon et par contexte

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en bordure de plans d’eau, dans des sols en permanence humides et parfois submergés : plantains d’eau (Alisma plantago-aquatica et lanceolatum), scirpe des marais (Eleocharis palustris)…

Quelques espèces de prairies moins exigeantes au niveau hydrique mais se plaisant dans les sols frais, comme la brunelle commune (Prunella vulgaris) ou la renoncule âcre (Ranunculus acris), sont également présentes. Enfin le milieu des ourlets forestiers est attesté par les vestiges de prunellier, de ronce mûrier (Rubus fruticosus) et de yèble (Sambucus ebulus).

L’association des différentes communautés végétales représentées dessine, autour des puits du Hallstatt moyen, un milieu fortement anthropisé et plutôt ouvert, constitué principalement d’espaces jardinés, de prairies humides qui ont pu servir de pâtures, et de zones marécageuses.

11.4.4 Synthèse des résultats

L’étude carpologique de Buchères, Moussey, Saint-Léger-Près-Troyes « Parc Logistique de l’Aube » a porté sur des occupations sans hiatus, mais avec de fortes variations de densité, depuis le Hallstatt A1 jusqu’au Hallstatt D3/La Tène A. Ce sont au total 143 assemblages de milieu sec et 4 assemblages de milieu humide qui ont été analysés, toutes périodes confondues. Les premiers, issus de comblements secondaires détritiques de 119 structures, fosses et silos principalement, ont fourni des macro-restes carbonisés et minéralisés représentant respectivement 10 020 et 649 individus. Les prélèvements humides, provenant des couches basales de trois puits, ont fourni quant à eux 3786 semences imbibées de flore sauvage. Les données sont inégalement réparties dans le temps mais, à l’exception du Hallstatt A1 qui a livré seulement 34 individus pour trois échantillons, les différentes périodes d’occupation bénéficient d’une documentation représentative. Celle-ci est basée sur 14 échantillons et 1511 individus carbonisés pour la période du Hallstatt A2-B1, 66 échantillons, 4914 individus carbonisés et 643 minéralisés pour la période du Hallstatt B2/3-C, 35 échantillons et 2771 individus carbonisés pour la période du Hallstatt C/D1 et D1, et 25 échantillons, 790 individus carbonisés et 6 minéralisés pour la période du Hallstatt D2-D3 à D3/La Tène A. Les échantillons humides sont tous attribués au Hallstatt D1.

L’agriculture pratiquée au Bronze final et au Hallstatt fait état d’une forte diversité des plantes adoptées. Jusqu’à 15 espèces, sous-espèces ou variétés différentes ont été identifiées sur le site, dont neuf céréales, quatre légumineuses et deux oléagineux. Les premières comprennent l’orge nue et l’orge vêtue (Hordeum vulgare var. nudum et Hordeum vulgare), le millet commun (Panicum miliaceum) et le millet des oiseaux (Setaria italica), les blés vêtus épeautre (Triticum spelta), amidonnier (Triticum dicoccum), engrain (Triticum monococcum) et « nouveau » blé, un blé nu de type tétraploïde (Triticum durum/turgidum) et des blés nus de type indéterminé (Triticum aestivum/durum/turgidum). Les légumineuses sont l’ers (Vicia ervilia), la lentille (Lens culinaris), le pois (Pisum sativum) et la féverole (Vicia faba var. minor). Les oléagineux comptent la caméline (Camelina sativa) et le pavot somnifère (Papaver somniferum).

Si les occupations du Hallstatt A1, faiblement documentées, ne livrent qu’un spectre étroit de cultures (orge vêtue, millet commun, épeautre, « nouveau blé » et lentille), à partir du Hallstatt A2-B1, la plupart des espèces citées sont attestées. La gamme des cultures va rester pratiquement la même jusqu’à la fin de la séquence. On note tout au plus de timides changements tels que l’abandon de plantes mineures, et l’arrivée et l’installation de nouvelles espèces, qui vont rester également assez discrètes. Le millet des oiseaux et les blés nus s’installent à partir du Hallstatt B2/3-C, tandis

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que le « nouveau » blé vêtu disparaît définitivement à la fin de cette période et que la faible attestation de l’orge nue au Hallstatt B2/3 n’est pas reconduite aux périodes suivantes. On note également l’absence de mention du pavot somnifère et de la féverole lors de la dernière période. La diversité des cultures recouvre d’importantes disparités quant à l’importance économique de chaque plante. La production agricole est avant tout céréalière et elle est structurée par quelques espèces dont le rôle évolue peu au cours du temps. L’orge vêtue domine sans partage durant toute la séquence. La culture des millets et celle des blés sont importantes, avec un optimum pour le millet commun au Hallstatt B2/3-C. Les blés vêtus épeautre, engrain et amidonnier sont des cultures à part entière et aux rôles comparables, alors que le « nouveau » blé apparaît comme une espèce résiduelle. Le blé nu est une culture régulière mais de moindre importance. L’ers et la lentille constituent les espèces centrales chez les légumineuses, dont la place globale dans l’économie végétale est assez marquée. On note cependant un déficit pour cette famille de plantes durant la période du Hallstatt C/D1 et D1. Elle enregistre par ailleurs, entre le début du Bronze final et la fin du Hallstatt, un déclin progressif de l’ers au profit de la lentille. Les oléagineux sont de faible importance économique mais d’attestation régulière, en particulier la caméline.

Les fruitiers sauvages exploités comprennent le noisetier, le prunellier, l’églantier, le chêne, la ronce-mûrier et le pommier. La part des vestiges recueillis est faible tout au long de la séquence.

Si la gamme des cultures et l’importance économique de chaque plante évoluent peu, un changement est perceptible dans la flore sauvage associée aux vestiges d’espèces domestiques. Celle-ci connait une augmentation globale, quoique non linéaire, du nombre de ses semences rapporté à celui des semences de plantes cultivées. Les périodes du Hallstatt moyen et du Hallstatt final affichent un taux plus élevé que les périodes précédentes du Bronze final et du Hallstatt ancien. On constate également, du Hallstatt A2-B1 au Hallstatt D1, une forte diversification des taxons de flore sauvage, en particulier de ceux assurément liés aux cultures, notamment aux moissons. La tendance semble s’inverser par la suite mais les données sont moins nombreuses pour le Hallstatt final, limitant les interprétations pour cette période.

Les échantillons humides analysés ont livré des dépôts naturels de semences de flore sauvage, qui se sont accumulés au fond de deux puits attribués au Hallstatt D1 et situés en zone humide, à peu de distance du ruisseau qui traverse le Parc. Les plantes identifiées appartiennent à différentes communautés végétales dominées par les groupements des adventices de cultures, des plantes rudérales et des milieux humides ou immergés. L’association de ces communautés dessine, autour des puits du Hallstatt moyen, un paysage ouvert constitué d’espaces anthropisés et pour certains cultivés, de prairies humides et de marécages.

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12 LES SITES DU PAYS REMOIS

12.1 BEZANNES « LA BERGERIE »

12.1.1 Présentation du site

12.1.1.1 Localisation et données physiques

La commune de Bezannes est située à environ 4 km au sud-ouest de la ville de Reims. Le lieu-dit « La Bergerie » se trouve au nord-est de la commune. Le gisement archéologique est situé à une altitude moyenne de 83 m. Il est intégré au bassin versant d’un affluent de la Vesle, le ruisseau de la Muire, qui coule à 350 m à l’est. Il repose sur une vaste aire de dépôts de graveluche alluvio-colluviale (Riquier et al. 2010a).

12.1.1.2 Les occupations protohistoriques

Les opérations de diagnostic archéologique et de fouille préventive, motivées par un projet de construction de logements, se sont déroulées en 2004 et en 2005 et ont été menées respectivement par Pascal Stocker (Inrap) et par Vincent Riquier (Inrap). La fouille a eu lieu sur deux fenêtres de 1,2 et 0,2 ha, distantes d’une centaine de mètres. Elle a mis au jour les vestiges d’occupations néolithiques, protohistoriques, antiques ou médiévales, et modernes.

L’occupation principale est centrée sur le début du premier âge du Fer. Les structures qui lui sont rattachées se trouvent très majoritairement en zone 1 (Figure 51). Elles comprennent plusieurs tronçons de fossés formant deux enclos accolés, dont l’un s’ouvre par une entrée complexe avec porche. A l’intérieur de ces enclos, de nombreux trous de poteau dessinent les plans de différents bâtiments, parmi lesquels une dizaine de greniers surélevés, à quatre ou six poteaux. Un puits, un fond de cabane, deux fosses de stockage et deux fosses en Y complètent cet ensemble. En zone 2 se trouve un second puits rattaché à la période hallstattienne. D’autres fosses protohistoriques, qui n’ont pu être rattachées à une période précise d’occupation, ont été dégagées. Un grand bâtiment circulaire sur poteaux date peut-être également de la Protohistoire, cependant l’absence totale d’élément de datation interdit son attribution chronologique.

12.1.2 Matériel et méthodes

12.1.2.1 Les prélèvements

Ce sont au total 68 prélèvements qui ont été réalisé, dont 67 dans la zone 1. Les volumes prélevés varient de 7 à 25 litres. Les structures échantillonnées sont regroupées dans trois secteurs.

Au centre de l’habitat ce sont des trous de poteau des bâtiments 11, 12 et 15, les fosses-silos 13 et 100, les fosses en Y 32 et 79 et le puits 12 qui sont concernés. Le puits a fait l’objet de cinq prélèvements pris à différents niveaux du comblement - environ tous les 50 cm, de moins 1,50 m à partir de la surface à moins 4,70 m - les deux plus profonds se trouvant sous le toît de la nappe phréatique. Dans la partie sud, les bâtiments 8, 9, et 10 ont été prélevés ainsi que plusieurs tronçons

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du fossé 5. A l’est, plusieurs trous de poteau du grand bâtiment circulaire ont fait l’objet de prises d’échantillons. Une structure plus isolée, le fond de cabane 18, complète la liste des prélèvements de la zone 1.

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Le puits 12, la fosse- silo 100, quatre trous de poteau appartenant aux bâtiments 8, 9 et 11, et quatre tronçons du fossé 5 ont livré des restes. Les comblements de ces structures diffèrent fortement. Le puits 12 est une structure en entonnoir dont le fond se situe à 4,50 m de profondeur. Il a livré une quantité très importante de matériel archéologique (céramique, faune, charbon, terre crue, silex) qui en fait la structure la plus riche du site. Ce matériel est particulièrement abondant dans les niveaux supérieurs du remplissage, mais il est également présent dans les parties hautes et basses du conduit. Le comblement de la fosse-silo 100, de nature détritique, comprend plusieurs niveaux organiques et cendreux avec des inclusions de charbons et de terre crue. Les derniers niveaux de comblement comprennent un mobilier très abondant qui fait du silo la zone détritique la plus riche après le puits 12. Le remplissage des autres structures positives (trous de poteau et fossé) n’est ni organique ni riche en mobilier.

En zone 2, le puits 201 a été échantillonné. Il n’a pas livré de restes.

12.1.2.2 Attributions chronologiques des ensembles étudiés

Les attributions chronologiques de l’occupation ont été faites à partir de l’étude du mobilier céramique réalisée par Marion Saurel (Riquier et al. 2010a) et de datations au radiocarbone, dont aucune ne concerne cependant directement les structures étudiées. Les éléments céramiques de datation de l’occupation protohistorique sont rattachés au Hallstatt C pour plus de 99% des NMI. Quelques très rares éléments se rattachent à la phase plus ancienne du Hallstatt B1/2 ou à celle plus récente du Hallstatt D1. La fosse-silo 100 et le puits 12 sont datés du Hallstatt C, grâce à l’abondant matériel retrouvé dans leur comblement. Les trous de poteau étudiés ont également bénéficié de matériel caractéristique de cette période. Le fossé 5 est attribué à une fourchette de datation plus large, couvrant la période du Hallstatt B2 au Hallstatt D1.

12.1.2.3 Représentativité de l’échantillon

Malgré un échantillonnage important, les structures positives sont peu nombreuses et, à l’exception de la fosse 100, ont livré très peu de restes. La reconstitution de l’économie végétale repose de ce fait sur un ensemble restreint de dépôts, qui offre une faible représentativité à l’échelle du site.

12.1.2.4 Méthodes de tri et de comptage pour les échantillons imbibés

Un sous-échantillonnage des refus des échantillons imbibés a été pratiqué. Une fraction égale à 20% des refus de tamis à 2 mm et à 10% des refus à 0,5 mm a été triée. Des estimations des nombres de restes ont ensuite été faites pour obtenir des résultats sur la totalité du volume des prélèvements.

12.1.2.5 Mode de fossilisation et état de préservation

Deux modes de fossilisation sont observés : la carbonisation et l’imbibition. Cette dernière concerne les restes prélevés dans les niveaux inférieurs du puits 12, situés à 4,10 m de profondeur et juste avant 4,70 m de profondeur, c'est-à-dire à la base du comblement.

L’état de conservation de graines carbonisées est mauvais : l’enveloppe externe des céréales est systématiquement abrasée et les caryopses sont le plus souvent alvéolés, ce qui est un handicap pour la reconnaissance précise des espèces. Le nombre élevé de spécimens par taxon a cependant permis d’assurer la détermination de trois blés vêtus (épeautre, amidonnier et engrain) et d’un blé nu. Afin de faciliter l’identification des caryopses de l’important assemblage de l’unité

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stratigraphique 9 de la fosse 100, des mesures des spécimens entiers les mieux conservés ont été prises, à l’aide d’un micromètre monté sur loupe binoculaire. Ces mesures ont permis de calculer différents ratios (Annexe 3) qui ont été comparés à ceux référencés dans l’atlas publié par Stefanie Jacomet (Jacomet et al. 2006). Cela a permis de différencier une partie des grains de blé mais, du fait de l’abrasion, plus de la moitié des caryopses hors millets reste non identifiée au-delà d’un groupe d’espèces (Triticum dicoccum/spelta, Triticumaestivum/durum/turgidum/spelta), du genre (Triticum sp.) ou du type (Cerealia). Les semences imbibées bénéficient d’un bon état de préservation.

12.1.3 Résultats

12.1.3.1 Bilan quantitatif

Au total 7 structures et 15 prélèvements ont livré des restes végétaux. Il s’agit de 13 assemblages carbonisés et de 2 assemblages imbibés. Le puits 12 a livré à la fois des ensembles imbibés et carbonisés, issus de niveaux différents.

Les densités en restes des assemblages carbonisés sont généralement inférieures à un reste par litre. Seul le trou de poteau 88 du bâtiment 11-2, et les deux contextes du silo 100 font exception, avec des densités respectivement égales à 5, 51 et 49 restes par litre. Ces trois assemblages fournissent l’essentiel des données sur les plantes cultivées. Le Nombre Total de Restes est de 884, pour 13 contextes et un volume de 175 litres de sédiment traité.

Les densités des deux prélèvements de milieu humide sont légèrement supérieures à 100 restes par litre. Le Nombre Total de Restes est estimé à 4720 pour 2 contextes et 45 litres de sédiment traité.

Tableau 48: Bezannes « La Bergerie » - Bilan quantitatif des analyses carpologiques.

12.1.3.2 Les restes carbonisés

Les assemblages carbonisés rassemblent 32 taxons, dont 13 taxons domestiques et 19 taxons sauvages.

Les plantes cultivées

Les espèces cultivées comprennent six céréales : l’orge vêtue (Hordeum vulgare), le millet commun (Panicum miliaceum), les blés vêtus engrain (Triticum monococcum), épeautre (Triticum spelta) et amidonnier (Triticum dicoccum) et un blé nu (Triticum aestivum/durum/turgidum). L’épeautre et les blés indéterminés comptent à la fois des caryopses et des bases d’épillet. Les taxons valises déjà cités (Triticum sp, Triticum dicoccum/spelta, Triticum aestivum/durum/turgidum/spelta) rassemblent les caryopses moins caractéristiques. Deux légumineuses, le pois (Pisum sativum) et la lentille (Lens culinaris), et une plante à huile, la caméline (Camelina sativa) sont observées.

Période d'occupation

D<1 1<D<10 10<D<100 100<D Carbonisation 7 / 13 175 / 13 884 / 781 10 (77%) 1 (8%) 2 (15%)

Imbibition 1 / 2 45 / 22 4720 / 4705 2 (100%)

Vol = Volume de sédiment tamisé ; L= Litre ; NTR= Nombre Total de Restes ; NM I= Nombre M inimum d’Individus ; D= Densité = NTR par Litre de sédiment tamisé Bezannes "la Bergerie"

Type de fossilisation Nombre de structures/ Nombre de contextes Vol. total / Vol. moyen par contexte (L) NTR / NMI

Nombre et % de contextes par classe de densité

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Tableau 49: Bezannes « La Bergerie »- Synthèse des identifications carpologiques des restes carbonisés.

NMI % Occurrences

Plantes cultivées 662 84,8%

Céréales (grains) 637 81,6%

Hordeum vulgare (tous taxons) 66 8,5% 5

Panicum miliaceum 266 34,1% 2 Triticum aestivum/durum/turgidum 19 2,4% 1 Triticum aestivum/durum/turgidum/spelta 4 0,5% 1