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35 35 J OUER DE SA VOIX

Dans le document Manager en toutes lettres (Page 101-104)

inflexion naturelle de la voix soit pour expliquer ou rassurer une salle en allongeant la deuxième partie de la phrase... mais on risque d’endormir l’auditoire, soit pour le tenir en haleine ou le réveiller, en allongeant la première partie de la phrase, mais on risque alors de créer une trop grande tension. Pourquoi ne pas appliquer, là aussi, la règle des deux tiers, une phrase de remise en tension pour deux phrases didactiques ?

Il n’y a pas moins d’éloquence dans le ton de la voix, que dans le choix des paroles.

LAROCHEFOUCAULD

Variez également la hauteur de votre voix. A la fin de chaque ensemble de mots, repre-nez votre souffle en redescendant votre voix vers le grave (imagirepre-nez à chaque nouvelle phrase, de descendre une marche d’escalier) car la redescente de la tonalité en fin de phrase est toujours moindre que sa montée initiale : surtout quand on s’émeut. D’où la voix de fausset de ceux qui s’énervent vite. « Ne le prenez pas de si haut » et ne haus-sez pas les épaules en parlant (ayez-les légèrement en arrière et basses). Et ne parlez pas en regardant vers le bas : cela vous donnera une voix sourde, qui ne portera pas. Placez au contraire votre voix en avant et en restant naturel.

Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul VERLAINE

Enfin, jouez du volume de votre voix : inspirez brièvement par le nez : vous aurez de l’inspiration. Expirez lentement par la bouche : vous aurez de la création. Reprenez votre

©Éditions d’Organisation CONVAINCREETINFLUENCER

Montée naturelle de la voix non contrôlée

Temps

inspiration après avoir émis la finale et non au moment même où vous allez l’émettre car l’accent tonique en français est à la fin. Mais n’appuyez pas les voyelles en final pour masquer le manque de liaison dans la phrase. Cultivez votre timbre fort mais parlez plus fort ne veut pas dire parler plus haut. Jetez de temps en temps votre cri pour revenir à la naissance et à l’enfance, c’est le besoin de mesurer sa force régulièrement. Parlez tour à tour en regardant le fond de la salle (ce qui vous fera automatiquement monter le volu-me de votre voix) puis lors de movolu-ments plus intimistes, regardez les premiers rangs pour baisser votre volume. Ne parlez pas à la tête de quelqu’un mais à tout son corps. Pincez-vous le nez mentalement quand Pincez-vous devez parler fort, autrement votre visage devient rouge. De même quand vous parlez fort, respirez tous les mots ou deux mots.

B.– : Vous voudriez donc beaucoup d’inégalité dans la voix et dans le geste ?

A.– : C’est là ce qui rend l’action si puissante, et qui la faisait mettre par Démosthène au-des-sus de tout. Plus l’action et la voix paraissent simples et familières dans les endroits où l’on ne fait qu’instruire, que raconter, que s’insinuer, plus préparent-elles de surprises et d’émotion pour les endroits où elles s’élèveront à un enthousiasme soudain. C’est une espèce de musique : toute la beauté consiste dans la variété des tons qui haussent ou qui baissent selon les choses qu’ils doivent exprimer.

FÉNELON

On contredit souvent une opinion alors que ce qui nous est désagréable est, en réalité, le ton sur lequel on l’a exprimé.

NIETZSCHE

Ayez une articulation précise pour donner l’impression d’être précis. Pour cela ouvrez grande la bouche quand vous parlez. Commencez vos discours en disant quelques mots totalement simples, pour écouter votre voix (il faut s’écouter si on veut que les autres nous écoutent) et ne vous mettez pas en colère, car la colère enroue. Pour bien articuler ayez présentes à l’esprit les images évoquées par les mots, et exprimez-les avec convic-tion. Pour les mots qui vous semblent difficiles, imaginez que vous ne prononcez que les consonnes qui les composent, un peu comme si vous parliez une langue sémitique écri-te sans voyelle. Rappelez-vous que les consonnes sont le squeletécri-te du langage et les voyelles, sa chair. Exercez-vous à parler sans faire bouger un crayon serré entre vos inci-sives supérieures et inférieures bien à l’aplomb les unes des autres.

Anguilles et fruits crus, rhume, huile et vieilles noix, rendent rauque une belle voix.

Ecole de Salerne (de l’enrouement)

Exercice pour développer votre rythme vocal : essayez de dire le plus de vers sur une seule respiration. Il est ainsi possible de dire en un seul souffle jusqu’à dix vers d’Océano Nox de Victor Hugo.

Le management et la peinture

Piste: Edvard Munch, « La voix », 1893. ©Éditions d’Organisation

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On convainc à la tête mais on persuade au cœur... Nous retrouvons là la grande opposi-tion que faisaient les grecs entre le logos (la raison) et le pathos (l’émoopposi-tion). En fait une véritable éloquence devra viser les deux objectifs. Raisonner comme Robespierre, enthousiasmer comme Danton (il s’agit de parler à « deux cerveaux » antagonistes, le Cortex gauche, c’est-à-dire l’intelligence cartésienne et le Limbique droit, c’est-à-dire l’intelligence du cœur, (voir chapitre XV, 5).

L’art de persuader consiste autant en celui d’agréer qu’en celui de convaincre, tant les hommes se gouvernent plus par caprice que par raison.

PASCAL

La principale règle est de plaire et de toucher. Toutes les autres ne sont faites que pour parve-nir à cette première.

RACINE

A. : Je dis que le philosophe ne fait que convaincre, et que l’orateur, outre qu’il convainc, per-suade.

B. : Je n’entends pas bien encore. Que reste-t-il à faire quand l’auditeur est convaincu?

A. : Il reste à faire ce que ferait un orateur plus qu’un métaphysicien, en vous montrant l’exis-tence de Dieu. Le métaphysicien vous fera une démonstration simple qui ne va qu’à la spécu-lation. L’orateur y ajoutera tout ce qui peut exciter en vous des sentiments, et vous faire aimer la vérité prouvée; c’est ce qu’on appelle persuasion.

B. : J’entends à cette heure votre pensée.

A. : Cicéron a eu raison de dire qu’il ne fallait jamais séparer la philosophie de l’éloquence.

Car le talent de persuader sans science et sans sagesse est pernicieux; et la sagesse, sans art de persuader, n’est point capable de gagner les hommes, et de faire entrer la vertu dans les cœurs.

FÉNELON

Le bon conférencier doit donc tour à tour prouver par des faits parce que son auditoire veut apprendre, toucher par des sentiments parce que son auditoire veut s’émouvoir, sur-prendre par des idées et des images parce que son auditoire veut se distraire et plaire par des solutions parce que son auditoire veut être valorisé.

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