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LES MENACES ET LES RUMEURS

Dans le document Manager en toutes lettres (Page 187-190)

alors tu peux bénéficier de plus de facilités pour le choix de tes dates de vacances » et que votre interlocuteur vous répond : « Mais c’est du chantage ! » Ne tombez pas dans le piège de cet amalgame et répondez tranquillement : « Une menace ? Non c’est un échange gagnant/gagnant ! Pourquoi voudrais-tu être le seul à gagner et pas les autres ? » Dès qu’il y a un perdant en effet, il y a désir de revanche, donc de conflit. En fait par le donnant/donnant, nous communiquons au sens littéral du terme, c’est-à-dire que nous mettons en commun nos objectifs respectifs. C’est menacer à son tour que de considé-rer toute pression exercée sur soi comme une menace personnelle. Ainsi à quelqu’un qui vous fait le reproche de se sentir menacé par vos propos, vous pouvez répondre : « Je ne te menace pas, je te donne ma règle du jeu, et si je ne le faisais pas, tu me reprocherai de t’avoir piégé, d’avoir été imprévisible, de ne pas t’avoir informé. Maintenant tu ne pour-ras pas me dire que tu ne savais pas ».

Le management et le cinéma

Dans cet extrait de « Clara et les chics types » de Jacques Monnet, analysez ce qui aurait pu être répondu à la menace exprimée.

Clara (Isabelle Adjani) :Non mais c’est pas possible d’être aussi nul. Tu ne peux pas faire attention, non ?

Un ami de Clara :Clara, ça suffit, ne me parle pas sur ce ton, je te préviens.

Clara (Isabelle Adjani) :Comment ça tu me préviens ? Tu ne vas pas me menacer maintenant, non ? (en lui pointant le doigt).

Commentaires :Pourquoi ne pas répondre en faux naïf positif : « je te remercie car effectivement un homme averti en vaut deux » Ou bien encore en faisant lever la cen-sure des propos : « Oui je comprends et tu me préviens de quoi exactement ? »

Les rumeurs intentionnellement provoquées pour nuire ont à leur origine la calomnie.

Elle proviennent la plupart du temps de gens qui nous sont proches et par là-même pré-fèrent utiliser une arme de l’ombre pour ne pas être démasqué. La seule réponse sera là aussi de faire clarifier l’information sans (trop) de justification quitte à dire comme Zola dans l’affaire Dreyfus : « J’accuse ».

Plus une calomnie est difficile à croire, Plus pour la retenir les sots ont de la mémoire.

Casimir DELAVIGNE

Calomnie. – Si l’on trouve la trace d’une mise en suspicion vraiment infamante il ne faut jamais en chercher la source chez ses ennemis loyaux et simples ; car, si ceux-ci inventaient sur notre compte une pareille chose, étant nos ennemis, ils ne trouvaient pas créance. Mais ceux à qui nous avons été le plus utiles pendant un certain temps et qui, pour une raison quelconque, peu-vent être secrètement certains de ne plus rien obtenir de nous, – ceux-là sont capables de mettre une infamie en circulation : ils trouvent créance, d’une part parce que l’on admet qu’ils n’inven-teraient rien qui pourrait leur nuire personnellement, d’autre part parce qu’ils ont appris à nous connaître de plus près.

NIETZSCHE

©Éditions d’Organisation METTREENCONFIANCE

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Le management et le cinéma

Dans le film de Georges Lautner « La vie dissolue de Gérard Floque », Michel Galabru (Édouard) est un important annonceur qui utilise les services d’une agence de publicité dirigée par Christian Clavier. Galabru vient de rejeter avec colère le projet que lui a présenté Roland Giraud (Gérard), un des créatifs de l’agence. Analysez ce qui rend le comportement de Christian Clavier menaçant et comment Roland Giraud réagit.

Christian Clavier : Vous avez entièrement raison Édouard. Gérard tu m’attends, je te vois après.

Roland Giraud : Oui, je t’attends Édouard, et j’espère que tu seras plus clair. Puis plus loin...

Ça, il a été clair, je suis viré !

Commentaires :Voyez la différence de gestuelle entre Christian Clavier, qui touche l’épaule de son client en colère, Michel Galabru (il veut en être proche) et son collabo-rateur, Roland Giraud dont il s’éloigne en le menaçant de l’index. Comme la gestuelle est souvent inductrice, remarquez comment à son tour, Roland Giraud réplique avec le doigt pointé comme une épée : il y a là un véritable combat gestuel. L’agression gestuelle de Christian Clavier est accentuée par son discours qui retient des informations essen-tielles : « Je te vois après ! » Après quoi ? Après qu’il ait dénigré son collaborateur auprès de son client ? D’ailleurs, Roland Giraud le sent bien et demande plus de clarification.

La dernière phrase de Christian Clavier est dans la logique de ce conflit : il menace d’abord en censurant ses propos puis tranche rapidement sans explication.

Le management et l’histoire

Ne refaites pas le syndrome du 8 thermidor qui a coûté si cher à Maximilien de Robespierre, (sa vie !) Ce jour-là Robespierre annonça une fois de plus, à la Convention qu’elle contenait encore en son sein des traîtres à la patrie. Mais alors que les conven-tionnels le pressaient de donner des noms, il s’y refusa obstinément, parlant seulement

« d’une poignée de fripons » laissant ainsi planer une menace générale qui lui fut fata-le. En effet chacun se sentant accusé, tout le monde prit peur et voulut prendre les devants en votant la chute de l’Incorruptible. Évitez donc les censures de langage qui peuvent apparaître comme lourdes de menaces.

Quand on se vante d’avoir le courage de la vertu, il faut avoir le courage de la vérité. Nommez ceux que vous accusez.

Louis Joseph CHARLIERà Robespierre le 26 juillet 1794 à la Convention

Paul Quilès semble avoir retenu la leçon mais se fit surnommer Robespaul pour avoir affirmé un peu trop vite au Congrès du Parti Socialiste de Valence les 23/25 octobre 1981 : « Il ne faut pas non plus se contenter de dire de façon massive comme Robespierre à la Convention, le 8 Thermidor 1794 : des têtes vont tomber ; il faut dire lesquelles et le dire rapidement, c’est ce que nous attendons du gouvernement. » ©Éditions d’Organisation

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L’ordre est souvent ressenti comme une violence inquiétante par celui à qui il est desti-né. Aux deux sens du terme car l’ordre-organisation peut être en effet vécu comme opposé à la vie et à toutes ses manifestations de variété et de subjectivité et l’ordre-inter-pellation comme antithétique de la liberté : il n’est pas non plus exempt d’inconvénients pour celui qui le donne. En effet les réactions aux contraintes en général et à l’ordre en particulier sont les mêmes que celles dues à la peur, à la fuite ou à la révolte.

Pourquoi l’homme aimerait-il ses chaînes, fussent-elles en or ? Francis BACON

Princes, régnez sur des hommes. Vous serez plus grands qu’en commandant des esclaves.

RESTIF DE LABRETONNE

Quand les talons claquent, l’esprit se vide Maréchal LYAUTEY

On gagne plus par l’amitié et la modération que par la crainte. La violence peut avoir de l’effet sur les natures serviles, mais non sur les esprits indépendants.

JOHNSON

Plus fait douceur que violence.

LAFONTAINE

Pour vous faire obéir facilement, donnez des ordres légitimes c’est-à-dire qui vont dans l’intérêt bien compris de ceux qui doivent les exécuter. Pour cela commencez par les cla-rifier et ensuite expliquez-les. Pour clacla-rifier et préciser les ordres, utilisez la formule de Quintilien, maître de la rhétorique latine qui énonçait entre autres que pour bien s’expri-mer à l’écrit ou à l’oral, il fallait structurer ses propos selon le plan : sujet, complément, lieu, moment, moyens, but, c’est-à-dire se poser successivement les questions du « qui, que ou quoi, où, quand, comment, combien, pourquoi ». C’est le QQOQCCP. Si l’objec-tif est susceptible de faire peur à l’intéressé, commencez d’abord par lui parler des moyens que vous mettez à sa disposition et ensuite de l’objectif à atteindre. Si vous inver-sez, à peine aurez-vous annoncé l’objectif que votre collaborateur n’écoutera plus la

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