• Aucun résultat trouvé

Origine sociale des métiers des parents chez les enquêté.e.s au Congo-Brazzaville

170

a.7 Les rôles que s’attribuent les enseignant-e-s enquêté.e.s au Congo-Brazzaville

Rôles que s‟attribuent les enseignants

Nombre Pourcentage

Instruire 8 12.70

Former la jeunesse 23 36.51

Guider les élèves 18 28.58

Encadrement pour la vie future

15 23.81

Aider les élèves 12 19.05

Total des enquêté.e.s 63 100

Tableau 18 : Les rôles que s‟attribuent les enseignant.e.s/objet au Congo-Brazzaville

Les enseignant.e.s sont 12.70% qui pensent que leur rôle consiste à instruire les élèves. 19.05% pensent les aider ; 23.81, les encadrer et 28.58 les guider. Par ailleurs, 36.51 d‟enseignant.e.s estiment qu‟il faut former la jeunesse.

Autres informations : Il est certain, tenant compte de la réalité actuelle au Congo-Brazzaville,

de constater que la jeunesse représente un taux de plus de 70% de chômage, privée d‟éducation et d‟attention et elle compte parmi elle des diplômés. Cette jeunesse congolaise est gangrenée par l‟oisiveté et la passivité. Le traumatisme causé par le cycle des guerres civiles, la militarisation du pays et la démission des élites, ont pour conséquence la réduction à la mendicité et à la débrouillardise. Les jeunes diplômés ou sans diplômes se contentent des rapines. Presque sclérosée et manque d‟ambition, la jeunesse congolaise a confié son avenir aux églises de réveil qui foisonnent les quartiers des villes du Congo-Brazzaville. C‟est un sentiment d‟abandon ou de l‟inexistence de l‟Etat.

C‟est pour faire face à ces enjeux que des initiatives doivent être créées par les jeunes avec comme objectif sortir de l‟emprise des adultes qui ont du mal à passer le relai ; enjamber les méfaits de la prostitution, de l‟alcool et de la drogue. Si tel en est le constat, quelle est la

place de la jeunesse dans une société en mutation ? Le manque d‟entrain et d‟intérêt « des

jeunes à leurs valeurs culturelles participe à leur déracinement. Ceux-ci, au lieu de quêter des modèles susceptibles pour forger leur personnalité, cèdent aux interpellations de

171

n‟importe quelle opinion, délaissant ainsi les repères culturels qui devraient les réconcilier

avec eux-mêmes »197.

Ce constat montre une jeunesse en lambeau qui, pour s‟occuper, s‟emploie aux

divertissements de toutes sortes, parmi lesquels la musique du coupé-décalé198 aux textes

obscènes. C‟est une musique incessante qui empêche l‟esprit de penser. On a l‟impression que l‟euphorie des Sound sons devient le standard du bien-être des Congolais et des jeunes en particulier. Il n‟ya rien de mieux, on parlerait même de cette musique comme tranquillisant social. Ce constat est plus amer si l‟on considère le sentiment de l‟élite congolaise sur sa

propre culture. Ce « sentiment se justifie par le cloisonnement ethnique qui constitue un

véritable frein à l‟épanouissement, à une prise de conscience des cultures des autres, à une tolérance et à une compréhension mutuelles. Cette élite n‟a d‟insertion nulle part, ni dans la culture occidentale dans laquelle elle tire une certaine fierté, ni dans sa propre culture en

laquelle elle ne croit pas ».199 C‟est dire que la jeunesse au Congo-Brazzaville a du mal à

trouver des repères ou des modèles sur lesquels elle peut tenter de forger ses représentations. L‟encadrement pour la vie future ne peut se faire que dans un programme bien précis. C‟est le cas du Programme VNU (Volontaire des nations unies) dont l‟implication dans le soutien de la jeunesse congolaise spécifiquement dans le projet d‟appui à la jeunesse en situation de

précarité. La jeunesse du Congo-Brazzaville a aussi connu un engagement politique avant

et après les indépendances et surtout après la Révolution des 13, 14 et 15 août 1963 quand le pays est devenu marxiste léniniste. Les jeunes se sont engagés sans conviction. Certes, il est difficile de généraliser la jeunesse, que ce soit du point de vue sociologique, culturel ou géographique. Certains jeunes se désintéressent de la politique par dédain pour avoir perdu des parents pendant des affrontements ethniques provoqués par des politiciens avides de pouvoir. D‟autres s‟accrochent aux partis politiques issus de leurs régions natales dans l‟espoir de bénéficier des faveurs de toutes sortes. De plus en plus de jeunes rêvent d‟un monde plus humain, mais ne prennent pas trop de risques du fait des représailles dont ils peuvent être victimes.

197 Boukou J. C. Musée et patrimoine immatériel. Collecte et diffusion au Congo-Brazzaville, mémoire DEPA, 3ème cycle universitaire, université Senghor Alexandrie-Egypte, 2001, p12

198 Le coupé-décalé est une danse apparue en 2002 en Côte d'Ivoire et dans la communauté ivoirienne vivant en France notamment dans les milieux ivoiriens de Paris À l'origine il s'agissait de caricaturer une danse du groupe ethnique Attié (Côte d‟Ivoire), d‟où l‟emprunt de « Akoupé », de la ville Attié du sud-est de la Côte d'Ivoire où se pratique cette danse. (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Coupé-décalé)

172

D‟autres encore manifestent ou occupent des lieux comme le 26 mars 2012 où des jeunes ont investi la mairie de Talangaï200 réclamant au gouvernement le paiement des allocations de 3 millions de FCFA (équivalent de 4.500 euros) versés aux sinistrés enregistrés dans les quartiers détruits par les explosions du dépôt de munitions des Forces Armées Congolaises le dimanche 4 mars 2012 au régiment de Mpila201.

Aujourd‟hui, il semble qu‟il n‟ya pas de constante dans cet engagement politique au niveau des jeunes qui du reste, a viré à une désaffection politique, économique et sociale surtout la volonté de faire converger les revendications. Sur le plan politique, on note, cependant, des leaders qui fondent leurs partis politiques sur des bases essentiellement ethniques et régionales. Aussi parle-t-on de « fief électoraux» où les jeunes votent majoritairement pour le candidat au moment des échéances électorales, faisant fi des programmes du candidat.

Pourtant, à notre égard, cette couche de la société se présente comme « le double vivant, la

réplique des Nations en construction. Elle est à la fois le présent et la promesse d‟un futur de

maturité et de réussite »202. Un espoir donc de considérer la jeunesse congolaise comme

ressource, ce que reconnaissent 36.50% des enseignant-e-s.

D‟autre part, l‟apathie des économies africaines malgré le taux de croissance à deux chiffres que l‟on ne cesse de brandir aux yeux des jeunes qui n‟en voient pas l‟impact sur leur vie quotidienne. Cette croissance provient essentiellement de l‟exploitation des ressources naturelles comme le pétrole, mais, paradoxalement, elle ne crée que peu d‟emplois.

Selon les statistiques de l‟ONEMO (Office national de l‟emploi et de la main d‟œuvre), le taux de chômage se situe en 2011 à 34,2% au Congo-Brazzaville et touche essentiellement les jeunes de 25 à 35 ans. Aussi, une grande partie des jeunes Congolais sont au chômage et constituent la classe des diplômés sans emploi, obligés de se rabattre sur l‟informel.

200 Talangaï est un quartier du 6ème arrondissement situé au nord de Brazzaville 201 Mpila est le quartier présidentiel situé à l‟est de Brazzaville

202 Vulbeau A. Lajeunesse comme ressource. Expérimentation et expérience dans l‟espace public. Saint-Denis 2001, Obvies-université Paris 8

173

Graphique : 4 : Les rôles que s‟attribuent les enseignant-e-s enquêté.e.s au Congo-Brazzaville

Dans le tableau 18 et le graphique 10, les enseignant-e-s/objet pour une grande majorité, ne démissionnent pas face à leur mission de « former » et de « guider » les jeunes.

Paradoxalement, l‟école, loin de sa mission (éducation et instruction des jeunes), et de ce que pensent certains enseignants (12,69% et 19.04%), forme maintenant des semi-analphabètes qui ignorent même leurs propres droits. Ils deviennent alors des clients potentiels du tribalisme et de l‟éthnicisme, souvent développés par l‟homme politique pour ses intérêts électoraux. Cet analphabétisme et ignorance de ses droits et obligations civiques se rajoutent à une culture qui ne valorise pas la participation politique des jeunes car ces derniers sont considérés comme étant « sous tutelle » dans une société pyramidale. Les jeunes se voient ainsi inculquer la culture de ne pas contredire les ainés, les femmes de ne pas contredire les hommes. Cette culture de la soumission est extrapolée au champ social, ce qui ne favorise pas l‟émancipation des jeunes.

8 23 18 15 12 63 12 36 28 23 19 100 Instruire Former la jeunesse Guider les élèves Encadrement pour la vie future

Aider les élèves Total

Rôles que s'attribuent les enseignant.e.s enquêté.e.s au