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Graphique 9 : Sources de difficultés rencontrées par les enseignantes enquêtées au Congo-Brazzaville

Les tableaux issus du questionnaire au Congo-Brazzaville ont montré la multiplicité des tendances dans lesquelles les enseignants se sont impliqués : des difficultés quotidiennes aux identités idéalisées. Notre but a été d‟analyser les identités professionnelles au Congo-Brazzaville du point de vue sociologique et macroéconomique. Il ressort que certains paramètres comme l‟incapacité de l‟Etat à encadrer les loyers, à uniformiser les prix des denrées alimentaires, rendent insipide le quotidien des enseignant-e-s et par ricochet, affectent leur l‟identité. Les mêmes tendances seront analysées au Congo-Kinshasa à quelques différences près.

b. Le Congo-Kinshasa :

POPULATION DES ENSEIGNANT.E.S ENQUÊTE.E.S

Etablissements Hommes Femmes Total H & F Pourcentage

Gérard Kwili 3 3 6 15 Lycée Molende 3 2 5 12.5 Bon samaritain 2 2 4 10 Petite Flamme 4 4 8 20 Saint Esprit 5 5 10 25 Frère Emmanuel Stablum 4 3 8 20 Total des enquêtées 21 19 40 100 Tableau 27

La population des enquêté.e.s au Congo-Kinshasa est composée de 21 hommes soit 55% et de 19 pour les femmes soit 45%. Le choix de cette population a été basé sur la disponibilité des enseignant.e.s qui ont constitué notre source principale. C‟est ainsi qu‟à Kinshasa, au regard du tableau, le pourcentage des hommes (55%) dépasse celui des femmes (45%). Le Congo-Kinshasa a les mêmes problématiques de développement et d‟éducation que celui de son voisin le Congo-Brazzaville même si à quelques nuances près, le taux scolarité est plus élevé au Congo-Brazzaville.

Dans de nombreuses régions du monde les préjugés à l'égard des filles ont été fortement établis. Leurs droits fondamentaux à l'éducation, à l'égalité et parfois même à la survie sont sans cesse bafoués.

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Et pourtant, en Afrique aujourd'hui, particulièrement au Congo-Kinshasa l'impact des pratiques culturelles et traditionnelles sur les filles est très fort. Ce phénomène résulte dans certains cas de la résistance de la société aux changements acquis par la société d‟une part, et par la fille elle-même d‟autre part. Dans cette société, l‟un des droits fondamentaux de la fille, celui d‟aller l‟école, a longtemps été foulé au pied par des parents. Le plus souvent soit on ne permettait pas à une jeune fille d‟aller à l‟école comme le garçon, soit elle était précocement retirée pour la donner en mariage. En réalité nombre de parents pensent que sa scolarisation n‟a pas assez d‟importance. Toutefois, une évolution positive est notée. La femme participe au progrès de la société congolaise. Sa participation à l‟économie nationale et aux revenus des ménages, significative qu‟elle soit, plusieurs obstacles se dressent encore à elle dans le domaine économique, lesquels ne lui permettent pas d‟offrir des produits de qualité sur le marché ni d‟opérer dans la structure formelle.

Même si l‟idéal social « attribue à la femme le rôle de l'épouse et de la mère au foyer, il n'y a

que très peu de familles qui se confrontent à cette réalité vu que ce sont les femmes qui contribuent pour le maintien de leur foyer. C'est ainsi que les familles pauvres ne peuvent pas

se permettre de renoncer à la contribution des femmes aux revenus familiaux »216. Cette

situation a été constatée aussi dans la société qui fait l'objet de notre étude, précisément les familles des enseignant-e-s.

En effet, il ressort de ces analyses que la société congolaise a connu des écueils vis-à-vis de 1a promotion de la femme, la méconnaissance de ses droits, la pauvreté des parents. A cela s‟ajoutent les facteurs traditionnels les plus divers qui démontrent qu‟il faut donner une éducation et une instruction aux garçons car ils s‟occuperont de leur famille et à soutiendront

leurs vieux parents, devoir de sang oblige si bien traduite par René Dumont217: « Si ta sœur

va à l'école, tu mangeras la plume. ».

216 Schneider, W., & M. Regina, M., La promotion féminine dans le cadre du développement rural, 1996, p87 217 Dumont, R., L‟Afrique noire est mal partie. Paris : Seuil, 2012 (Nouvelle édition)

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b.2 Composition de la population des enquêté.e.s par diplômes :

DIPLÔMES Hommes Femmes Total H & F Pourcentage

BAEP 4 1 5 12.5 BAP 5 2 7 17.5 BCCP 4 5 9 22.5 DLPA 5 5 10 25 Graduat 3 6 9 22.5 Total enquêté.e.s 21 19 40 100 Tableau 28

BAEP : Brevet d‟aptitude à l‟enseignement professionnel BCCP : Brevet du cycle court pédagogique

BAP : Brevet d‟aptitude professionnelle

DLPA : Diplôme de licencié en pédagogie appliquée

Autres informations : Les auteurs Paulo Freire et John Dewey218, croient que le but de

l‟éducation est double : premièrement, l‟éducation doit libérer l‟esprit de l‟individu de l‟ignorance, des forces hostiles provenant de la nature ou des sociétés humaines qui cherchent toujours à le dominer, l‟écraser et l‟apprivoiser.

Le deuxième but est d‟équiper l‟individu des connaissances pratiques qui le rendent capable de s‟impliquer efficacement dans la société pour remplir ses besoins vitaux et ceux de sa

société. La société congolaise actuelle est confrontée à une crise aigue de marché de l‟emploi

et de surabondance de diplômés. Le diplôme obtenu n‟ouvre plus automatiquement son détenteur à accéder à un travail fixe rémunérateur. Le manque de planification des autorités locales à la loi de l‟offre et de la demande légitime la fuite de certains diplômés vers d‟autres pays dans la quête d‟un espoir de survie. En conséquence, des langues se sont déliées pour envisager de fermer les écoles de formation le temps de proposer des emplois durables à ceux

qui attendent. D‟autres pensent que même si les écoles et les universités ferment, le nombre

de jeunes désœuvrés ne fera qu‟aggraver la situation déjà fortement détérioré au départ. Selon une étude du Pnud réalisée en 2012, sur 9.000 diplômés sortant chaque année des universités congolaises, moins de 100 trouvent un emploi stable.

218 Walter, F. & Carlos Alberto, T., Democracy and Education : John Dewey and Paulo Freire, Educational Practice & Theory, Volume 23, Number 1, 2001, pp25-37 (13)

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La situation est telle que la majorité des Congolais ayant atteint l‟âge de la retraite ne bénéficient d‟aucun droit, puisque n‟ayant jamais cotisée. Cette situation s‟explique par deux phénomènes cumulatifs : le chômage de masse et le travail informel.

Graphique 10 : Population des enquêté.e.s par diplômes

Le tableau et le graphique indiquent que les diplômes de nos participants aux enquêtes ont été regroupés en quatre niveaux : secondaire cycle court, secondaire cycle long, graduat et licence. Le graphique 4 ci-dessus présente le pourcentage de ces diplômés suivant leurs qualifications. Il en ressort que la majorité (22,5 %) du corps enseignant du secondaire, toutes filières confondues, possède un diplôme d‟université ou d‟enseignement supérieur et pédagogique, à raison de 17,5 % pour les brevets d‟aptitude professionnelle et 12,5 % pour les brevets à l‟enseignement professionnel. Si on fait référence à une progression « normale » au sein du système éducatif congolais, on observe que la majorité des trajectoires scolaires des répondants sont discontinues. En effet, sur 26,6 % qui ont suivi la section pédagogique au secondaire pouvant donner accès à un enseignement supérieur de type pédagogique, 21 % sont restés constants dans leur trajectoire scolaire. Cette affluence d‟enseignants non-qualifiés ou à vocation tardive pour la profession indique aussi que par faute de débouchés

correspondants sur le marché de l‟emploi, « nombre d‟entre eux postulent dans

l‟enseignement. D‟aucuns, parmi les usagers du système éducatif, estiment que le manque de

4 5 4 5 3 1 2 5 5 6 5 7 9 10 9

BAEP BAP BCCP DLPA Graduat