• Aucun résultat trouvé

Organisation du tourisme en France

d’une mise en tourisme territorialisée

2.2. Organisation du tourisme en France

Le tourisme en France représente une part importante dans l’économie nationale. Son poids est le résultat du bon fonctionnement de la coopération entre les secteurs publics et privés pour son encadrement et son développement. Différents organismes, du niveau national vers les territoires locaux, organisent et régulent le domaine. Récemment, la politique de décentralisation débutée depuis 1982 transforme le paysage administratif organisationnel du secteur.

2.2.1. Evolution de l’organisation du tourisme en France

Le tourisme est une activité qui a été très récemment développée, et qui a réellement pu exploser à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son encadrement administratif est donc très récent. Celui-ci s’est organisé en plusieurs étapes, dont la dernière, nous venons de l’évoquer, est celle de la décentralisation.

Le tourisme est une jeune pratique et l’Etat français l’a très récemment intégrée dans ses politiques (première structure d’encadrement en 1936) et sa législation. Il est une activité pluridisciplinaire, a fois changé plusieurs de ministère de rattachement : équipement, transport, commerce ou affaires étrangères.

A partir des années 60, époque d’explosion de la société de consommation et où les loisirs prennent une place croissante, l’Etat, dans un effort d’organisation du territoire, a ainsi débuté par la mise en place de grandes politiques d’aménagement du territoire dans le but de répondre à la nouvelle demande. Ses missions interministérielles pour le développement économique sont celles du littoral du Languedoc Roussillon, de la Côte Aquitaine (MIACA), de la Corse ou du Plan neige (ayant pour but la création ex-nihilo de stations de montagne). Il visait ainsi le développement de cette nouvelle activité, y voyant le moyen de créer de nouveaux espaces d’emplois et de concurrencer l’Espagne, en plein essor de développement touristique. Le tourisme est ainsi considéré comme une activité de plus en plus importante mais à la planification nécessaire. Le développement non coordonné et puissant de la part du secteur privé a engendré rapidement des externalités négatives pour l’environnement et les populations (pollution, bétonisation, destruction d’espaces naturels). L’Etat décide donc de son encadrement à partir des années 1975 par les Conservatoires de la Montagne puis du Littoral (1975) puis les Loi Montagne (1985) et Loi du Littorale (1986).

26 Les années 80 sont marquées par la décentralisation. Depuis, l’Etat ne gère plus que l’encadrement du secteur par la mise en place du Code du Tourisme. Atout France, son organisme national définit les procédures d’agréments et de classement, les règles, les orientations des coopérations vers l’étranger et assure également la promotion des destinations à l’international. Il réalise des opérations ponctuelles de communication comme pour les destinations « Grands Sites de France », ou pour les Parcs Nationaux.

Ce sont en revanche, les collectivités territoriales qui assurent le reste des activités dont l’Etat les a chargées. De plus, elles font de plus en plus appel à des sociétés externes ayant un meilleur regard et des compétences complémentaires pour le développement de leur territoire. Ce choix est motivé par l’hétérogénéité du secteur sur les territoires et la multiplicité des types d’acteurs. L’Etat ne pouvait assurer une gestion convenable à cette échelle.

2.2.2. La mise en place d’organismes de structuration du tourisme par l’Etat sur les territoires

Syndicat d’initiatives et offices de tourisme

Le développement du tourisme a fait émerger un nouveau besoin pour les touristes néophytes : la nécessité de disposer d’informations sur leur lieu de villégiature. Afin de répondre à cette demande, des organisations sont créées, d’abord par les habitants eux- mêmes puis par l’Etat.

La Compagnie des Guides est fondée en 1860, puis le Club Alpin en 1874. Le premier syndicat d’initiative est créé en 1889 à Grenoble. Ces organisations associatives sont fondées sur une initiative spontanée d’acteurs locaux, au moment où la population française s’intéresse de plus en plus à la mise en valeur de son patrimoine et de son identité nationale commune, époque de construction politique nationale entre Second Empire et IIIème République et guerre contre la Prusse. L’Etat promeut ses atouts, son histoire, sa géographie par l’école, rendue obligatoire et gratuite pour tous. C’est également l’époque du Romantisme, qui porte un nouvel intérêt pour les paysages mis en peinture, qui provoque le changement de perception vis-à-vis d’eux. Ils deviennent des éléments d’art à préserver. Les syndicats d’initiatives sont des associations loi 1901 fondées par des citoyens (commerçants, hôteliers, restaurateurs…) désirant mettre en valeur les atouts de leur espace de vie et les promouvoir auprès des visiteurs. Leur organisation ne résulte pas de l’initiative d’une collectivité ou de l’Etat. Ils relèvent uniquement du droit privé et ne sont encadrés par la loi qu’à partir de 1910 par la création de l’office national de tourisme. Ces

27 établissements deviennent rapidement un acteur fondamental pour la mise en valeur du territoire et la réception des touristes à cette époque. Cette activité rentre dans les mœurs et reste pratiquée par une infime partie de la population bourgeoise qui a besoin d’être guidée. Les syndicats d’initiatives divulguent leurs informations au travers des guides touristiques et permettent son développement. Cela façonne peu à peu l’identité française, car ces ouvrages deviennent des médiateurs culturels, guidant le visiteur dans la découverte de l’activité touristique. Ils transmettent ainsi des conseils sur le tourisme au travers d’informations pratiques et descriptives. Ils guident aussi dans la lecture du paysage ce qui permet l’apprentissage des différents terroirs régionaux. Ils véhiculent les stéréotypes identitaires et permettent la construction de l’activité touristique sur les territoires d’accueil. Les syndicats d’initiatives sont les premiers lieux d’accueil et de transmission de l’information pour les touristes. Ils réalisent le lien entre les pouvoirs publics, les associations locales et les professionnels du tourisme dont les touristes ont besoin. (Manfredini 2017, 358p.)

L’office de tourisme nait plus tard, par la loi du 10 juillet 1964. C’est un organisme créé

par l’Etat sous la forme d’un établissement public à caractère industriel et commercial créé à l’initiative du conseil municipal et par arrêté du Préfet dans le but d’accueillir, de renseigner, de développer et de coordonner les loisirs et les installations touristiques. A cette époque, la société de loisirs est en plein développement, les Trente Glorieuses sont une période d’augmentation des salaires et du temps libre, ce qui permet à la classe moyenne de s’offrir des vacances. La politique de décentralisation est alors imminente et l’Etat prend conscience de l’intérêt de développer des organismes d’encadrement et de promotion des territoires d’accueil, en parallèle des politiques d’aménagements de grande ampleur.

Contrairement au syndicat d’initiative, les offices de tourisme ne sont donc pas créés sur l’initiative d’un groupe local mais par celle de l’Etat. Ils sont d’ailleurs financés par des subventions et taxes locales. D’abord concurrents, ils deviennent progressivement des structures complémentaires. Certains se regroupent en OTSI (Office de tourisme Syndicat d’Initiative) ou finissent par absorber les syndicats d’initiatives. (Manfredini 2017, 358p.) Aujourd’hui, l’Etat délègue la promotion touristique aux collectivités. L’office de tourisme est devenu la structure prépondérante pour la promotion du tourisme local et le premier lieu d’accueil des visiteurs.

28 Naissance des organismes de promotion encadrant

En parallèle du développement des offices de tourisme, apparaissent successivement les CRT (Comités Régionaux du Tourisme) puis les CDT (Comité Départementaux du Tourisme).

Le premier échelon à naitre est le CRT, créé en 1943. Ils apparaissent avant la création des offices de tourisme dans une période où les syndicats d’initiatives prolifèrent sur le territoire national. Leur but principal est donc de coordonner leurs interventions et de réguler le secteur par leur regroupement ou leur suppression. Ils organisent également l’allocation de leurs subventions. Le CRT prend également pour rôle la coordination régionale des actions et des politiques touristiques régionales. Ce sont les débuts de la décentralisation. « Peu à peu les CRT remettent en état les réseaux de SI et les restructurent pour redynamiser l’action touristique » (Manfredini, 2017 p. 249).

« Ils participent également en l’accueil et aux visites proposées aux organismes internationaux […], tentent d’améliorer la capacité hôtelière des régions françaises. Ils participent enfin à l’élaboration, au financement et à la diffusion de la publicité touristique des régions. ». Ils permettent ainsi le financement de plaquettes et d’affiches, de films de propagandes dans les cinémas, de concours, mais aussi de guides, sur la base de renseignements fournis par les syndicats d’initiatives locaux. Enfin, les CDT voient le jour en 1950. Ils réalisent quasiment les mêmes missions que les CRT mais avec plus de proximité avec leur territoire, dans un but de fédération et d’organisation du territoire.

2.2.3. Nouveautés et regroupements concernant le secteur touristique

Le secteur du tourisme a été très impacté par la mise en place de la dernière réforme territoriale, dite Loi NOTRe. Elle a été perçue pour beaucoup comme un élément fédérateur de la part des acteurs du territoire car elle permet de mettre en lien les stratégies de communication et de promotion en son sein. Le regroupement de plusieurs communes représente en effet la concentration des stratégies de communication et de promotion portant sur les mêmes objectifs d'attractivité territoriale. L’impact est ainsi renforcé face à une concurrence toujours plus importante.

Celle-ci s’est organisée sous la forme progressive de deux lois importantes impactant le tourisme:

29 - La loi MAPTAM (Modernisation de l'Action Publique Territoriale et d'Affirmation des Métropoles), n° 2014-58 du 27 janvier 2014, a tout d’abord traité les métropoles à statut particulier, les métropoles de droit commun et les communautés urbaines. - La Loi NOTRe (Nouvelle Organisation du Territoire de la République) n° 2015-

991 du 7 août 2015, a ensuite qualifié les communautés d'agglomération, et les communautés de communes.

Il a été précédemment précisé, ces lois s’inscrivent au sein de l'acte III de la décentralisation. La Loi NOTRe conclu trente ans de transition pour la transmission des pouvoirs vers les régions et les intercommunalités (regroupements de communes).

2.3. Les collectivités territoriales dédiées au tourisme et leurs