• Aucun résultat trouvé

La carte au service du territoire et de sa destination

territorial au service du tourisme

2.1. La carte au service du territoire et de sa destination

2.1.1. La carte repositionne la destination

La carte joue le rôle premier de situation. Le touriste, au cours de son voyage cherche ainsi à en apprendre d’avantage sur le territoire qu’il visite et elle devient alors le support de cette présentation. Elle permet de situer les éléments sur le territoire et de savoir où se trouve le territoire par rapport aux autres.

En effet, La destination est un espace imaginaire dans lequel le touriste se projette et elle n’a pas de vraies frontières :

« La destination touristique est un territoire reconnu par les clients et qui met en œuvre une stratégie, afin de coordonner l’action des acteurs locaux pour répondre aux attentes des marchés. ». (Atout France. 2018. p. 34)

Elle est souvent plus étendue que le territoire administratif.

« Le territoire de projet est celui à l’échelle duquel est déterminé et mis en œuvre une politique de développement touristique, alors que la destination touristique correspond au territoire promu à l’extérieur dans le cadre d’une politique de communication. Ces territoires peuvent, dans certains cas, être identiques et dans d’autres, différents. » 73

Destinations et territoires administratifs sont pourtant bien souvent assimilés. En

France, nous explique Jean Pinard, directeur du CRT Occitanie, l’imaginaire du territoire est associé à son administration, dans sa dimension politique. Sa construction est artificielle et ne repose ni sur ses qualités paysagères ni sur son identité. Au contraire, le touriste, tout comme les espaces de production spécifiques, ne se cantonne pas à un espace aux frontières closes. Mobile, il se déplace et cherche à varier ses activités en fonction de ce qui

73 Christophe Marchal, Arnaud Duchesne. Territoire de projet et destination touristique, des notions à clarifier. Intercommunalité et tourisme. Cahier Espace n°91. Novembre 2006.

75 lui est proposé. Il n’hésite donc pas à dépasser les frontières. Les collectivités en charge des destinations touristiques intègrent cette perspective quand elles utilisent des noms différents renvoyant à des images et à des univers associés. Cela permet de la mettre en relief. A titre d’exemple, un visiteur expliquera qu’il part « sur la Côte de Granit Rose » ou « randonner au Pays Basque » et non pas dans les Côtes d’Armor ou à Ainhoa dans les Pyrénées Atlantiques !

Il est cependant important de préciser que :

« La compétitivité touristique repose ainsi sur la capacité des collectivités à investir, mais aussi sur celle de leurs structures opérationnelles [...]. Le tourisme est, par nature, le faire ensemble. »74

Véronique Brizon met ici en avant la volonté des élus à impulser ou non une dynamique de développement touristique sur leur territoire. Ainsi, certains territoires administratifs comprennent et prennent en compte cette différenciation et des regroupements voient le jour. C’est l’exemple des départements des Deux-Sèvres et de la Vienne qui ont allié leur politique de promotion sous la marque territoriale « Poitou », créant ainsi une nouvelle destination touristique. Ce n’est en revanche pas un territoire de projet puisque les schémas de développement touristiques correspondent à ceux des départements des Deux Sèvres et de la Vienne.

Jean Pinard explique que c’est finalement « donner du sens à la destination » […] il faut faire confiance aux acteurs du tourisme pour (re)dessiner la carte des destinations touristiques françaises ».75 Ces regroupements doivent être réfléchis et regroupés sur des bassins de vie

ou des espaces de solidarité économiques où la culture ancienne est commune.

C’est dans ce contexte que la carte prend tout son sens : elle fixe aux yeux de ses utilisateurs l’emplacement de la destination, dont le nom et les frontières ne sont pas celles qui correspondent forcément à l’administratif.

74 Véronique Brizon. Réforme Territoriale, un cadre législatif qui pousse à innover!, Réforme territoriale et tourisme. Cahier Espace n°332, Octobre 2016

75 Jean Pinard. Organisation territoriale du tourisme : sachons penser à côté !, Réforme territoriale et tourisme. Cahier Espace n°332, Octobre 2016

76

2.1.2. La carte face aux territoires de projets locaux

La carte permet ensuite de recréer un imaginaire autour de territoires parfois nouveaux et dont les frontières évoluent au fur et à mesure de l’évolution des réformes et des besoins locaux.

Elle permet ainsi de fixer les délimitations entre les différents découpages administratifs. Présenté en première partie, la réforme de la loi NOTRe, en 2015, a entrainée un bouleversement des espaces administratifs et le tourisme, par le transfert des compétences vers les EPCI et la création des nouvelles régions, a subit des transformations.

Ce changement a modifié totalement la carte du découpage des destinations françaises, brouillant la visibilité de ces espaces aux yeux des visiteurs. Il a fallu pendant ces cinq dernières années redéfinir les politiques locales d’accueil et de promotion et changer l’identité des territoires. Il s’agissait alors de penser un projet de territoire spécifique au tourisme. Parfois, ces études ont été réalisées de manière globale, incluant à la fois le développement du tourisme et d’autres domaines d’intervention. C’est le cas notamment lors de la création de schéma de cohérence territoriale. Ces politiques ne doivent cependant pas exclure la promotion marketing dans une perspective d’aménagement et de développement durable des territoires. La cohérence de l’ensemble de ces actions est nécessaire, et ce d’autant plus que d’anciennes coopérations entre communes avaient déjà été mises en place.

C’est le cas des Pays d’Accueil Touristique. Ces regroupements avaient été pensés en 1977 dans le cadre des contrats de pays sous la DATAR et avaient pour but la valorisation des zones rurales et le dynamisme des arrières pays. En 1973, il existait 93 pays d’accueil touristiques, qui sont regroupés sous la FNPAT (Fédération Nationale des pays d’accueil touristiques) en 1988. Ils sont devenus en 2003, les Pays Touristiques pour ne pas être confondus avec les offices de tourisme. Ils n’ont ainsi pas pour but l’accueil et le renseignement des visiteurs mais le regroupement des forces locales pour la mise en œuvre de projets globaux entre communes. Leur travail principal consiste ainsi en la « structuration de l’offre, sa mise en marché, la professionnalisation des acteurs et l’évaluation des politiques envisagées. »76.

Dans la même perspective, les contrats de station sont mis en place sur les littoraux et en montagne dans les années 1980.

76 Christophe Marchal, Arnaud Duchesne. Territoire de projet et destination touristique, des notions à clarifier. Intercommunalité et tourisme. Cahier Espace n°91. Novembre 2006.

77 Après la réforme territoriale de 2015, et le transfert des compétences, de nombreux pays ont disparus car ils ont été absorbés par le regroupement des communes. Leur existence n’avait plus de nécessité et les missions ont été transférées à l’office de tourisme, qui gère le développement touristique local. Malgré tout, certains pays ont été maintenus et poursuivent leurs actions de développement local touristique. C’est le cas lorsqu’ils regroupent plusieurs intercommunalités.

Dans ce contexte, la carte peut permettre de comprendre ces nouvelles frontières. Elle reflète l’ensemble de ces acteurs et démontre de leur bonne coordination. Véronique Brizon mets en avant cette coordination comme un atout pour les territoires touristiques :

« Le tourisme exprime aussi la capacité d’un territoire à accueillir et à retenir sur place un visiteur venu le découvrir. Le tourisme s’organise au plus près du terrain, prenant en compte des réalisations territoriales diverses. C’est un capital collectif, fruit de l'implication de l'Etat et des collectivités territoriales associées à des opérateurs privés et publics, de tailles diverses.»77