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II. 2. 4) Conséquences sur les choix du vulgarisateur

II. 3. Obstacles et perspectives de la vulgarisation scientifique

Le débat visant à établir si la vulgarisation scientifique est une activité possible ou illusoire a toujours existé. Le principal argument avancé contre la vulgarisation est que le langage et le style scientifiques ont été créés avec des intentions particulières et qu’ils jouent un rôle bien établi. L’activité scientifique requiert une grande précision et le discours scientifique est pensé pour répondre à ce besoin. Le jargon employé se compose de termes très abstraits et pouvant être très spécialisés et très précis dans leur contexte. De plus, certains termes techniques peuvent être polysémiques et il est nécessaire de définir le domaine dans lequel ils sont employés (par exemple, un diaphragme peut être soit un orifice, soit une membrane ; quant au verbe « isoler », il peut signifier selon le contexte

« repérer », « calorifuger » ou « mettre hors circuit »)36. Toute la difficulté de la vulgarisation consiste à reformuler ce langage, à rendre ces notions grâce à d’autres termes et d’autres moyens linguistiques accessibles pour le grand public. Selon certains, c’est précisément cette phase de reformulation qui serait problématique. En effet, les différents procédés utilisés pour « simplifier » le langage scientifique vont nécessairement donner lieu à des écarts de sens plus ou moins grands et plus ou moins importants37 et peuvent conduire à des erreurs au niveau de la compréhension. Cet aspect ne doit pas être sous-estimé, surtout par le traducteur. En effet, celui-ci doit reformuler un message d’une langue B à une langue A en sachant que ce message est déjà une reformulation en langue B. On assiste donc à une sorte de double reformulation. Or, plus on reformule, plus le risque de commettre des erreurs est grand. Nous reviendrons plus en détail sur cet aspect du rôle du traducteur. En ce qui concerne les modifications de sens, la question est la suivante : ces écarts de sens, si infimes soient-ils, nuisent-ils à la compréhension du lecteur et jusqu’à quel point une modification sémantique peut-elle être tolérée ?

36 Exemples tirés de Claude Bédard, La traduction technique : principes et pratiques, Linguatech, 1986, p. 10

37LOFFLER-LAURIAN Anne-Marie, « Vulgarisation scientifique : formulation, reformulation, traduction », in: Langue française, n°64, 1984, pp. 109-125.

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Si un tel questionnement s’avère légitime, les objections de certains scientifiques mettent en lumière un autre problème d’ordre sociologique. Selon Pradal,

il existe, sur le plan du langage et de l’expérience, un fossé profond entre l’homme de science dans sa spécialité et le grand public, et cette séparation est pleine de dangers pour notre civilisation et la science elle-même.38

En effet, le monde scientifique semble inaccessible à la plupart des personnes qui n’ont pas été formées dans ce domaine. Le grand public a parfois du mal à comprendre l’engouement des spécialistes pour telle ou telle matière (l’image du savant fou est un bon exemple de l’incompréhension du public pour le travail du scientifique). Il y a donc souvent une réaction de rejet, d’autant que, pour un grand nombre de personnes, le souvenir de leur apprentissage des sciences n’est pas des plus agréables. Quant à ceux qui consacrent leur vie à des projets de recherche, ils en viennent quelque fois à perdre le sens des réalités extérieures et éprouvent des difficultés à communiquer avec des non-initiés. Si ces phénomènes ne sont en aucun cas généralisés, ils dénotent un réel écart dans la manière d’appréhender et donc de penser le monde. Le scientifique désireux de transmettre son savoir au profane devra acquérir une vue d’ensemble et changer sa façon d’appréhender les choses pour se mettre à la place de son lecteur, afin de lui donner envie de comprendre pourquoi les activités scientifiques existent et pourquoi elles prennent la forme qu’on leur connaît. On constate là toute la complexité du processus et la difficulté de satisfaire les deux parties. Toutefois, on entrevoit aussi la capacité de la vulgarisation à réduire le fossé entre spécialistes et profanes, voire à les réunir sur un terrain d’entente.

II. 3. 2) Perspectives

En vérité, l’impact de la vulgarisation scientifique et son utilité dépendent de la perspective sous laquelle on observe celle-ci et du rôle que l’on veut bien lui donner.

Penser qu’un texte de vulgarisation doit être aussi précis et rigoureux que les textes scientifiques sur lesquels il se fonde est certainement illusoire. Comme nous l’avons expliqué précédemment, le lecteur ne deviendra pas spécialiste en lisant des ouvrages de

38 JACOBI Daniel, SCHIELE Bernard, Vulgariser la science, le procès de l’ignorance, collection Milieux, éd. Champ Vallon, Seyssel, 1988, p. 15

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vulgarisation et cela n’a d’ailleurs jamais été la vocation de ce type d’ouvrage. C’est ce que Daniel Jacobi explique concernant le rôle de la vulgarisation :

La vulgarisation scientifique est capable d’enrichir les représentations communes que nous avons de la nature et des phénomènes, de les orienter même dans la direction de la science, mais elle ne saurait les remplacer par celles des savants.39

La vulgarisation n’a pas pour but de remplacer le langage scientifique à proprement parler, mais de fournir une certaine quantité d’informations sur un sujet déterminé et bien délimité dans une langue et un style compréhensibles pour le grand public. Plutôt que d’opposer science et vulgarisation scientifique, il est possible de les considérer dans une relation de complémentarité. Comme l’explique Yves Jeanneret, la vulgarisation n’est pas « le sous-produit plus ou moins impur de la science »40, elle n’essaie pas de se placer à son niveau.

Elle cherche simplement à exprimer la science de manière différente pour un public différent. Dans le processus de reformulation, il y aura inévitablement des déformations et des modifications de sens, mais elles ne doivent pas être considérées comme inacceptables et rendant l’ouvrage indigne d’être lu. Toute forme de transmission d’informations possède des limites et des faiblesses. A ce sujet, Anne-Marie Loffler-Laurian écrit :

Chaque discours s’adapte non seulement aux contraintes mais aussi aux usages et aux modes de pensée de chaque groupe linguistique. La reformulation, en ce sens, est une nécessité. S’il peut y avoir perte ou déformation d’information dans ce processus, c’est un « mal nécessaire ».41

Lorsque l’on vulgarise, il faut immanquablement procéder à des choix afin que le message soit transmis de la meilleure manière possible. Anne-Marie Loffler-Laurian sous-entend ici que le vecteur de transmission est secondaire, du moment qu’il permet une communication optimale entre l’émetteur et le destinataire. Il ne faut pas non plus oublier que la science fait partie de la culture et qu’elle tient aujourd’hui une place non négligeable au sein de la société. Les citoyens ont donc un droit de regard sur cette activité. Comme l’écrit Patricia Vendramin,

39JACOBI Daniel, Textes et images de la vulgarisation scientifique, Peter Lang, Berne, 1987, p.9

40 JEANNERET Yves, Ecrire la science : formes et enjeux de la vulgarisation, PUF, Paris, 1994. p. 214

41 LOFFLER-LAURIAN Anne-Marie, « Vulgarisation scientifique : formulation, reformulation, traduction », in: Langue française, n°64, 1984, pp. 109-125, p.124

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la culture scientifique est investie d’un rôle comparable à celui de la culture politique, elle permet de devenir un citoyen actif et efficace par rapport aux questions scientifiques et techniques.42

On constate ici qu’il est même essentiel que les acteurs de la société disposent d’un minimum de connaissances scientifiques afin d’être plus à même de gérer certaines situations auxquelles ils peuvent devoir faire face (s’il s’agit par exemple de s’exprimer lors d’un vote sur une question à caractère technique). Qu’on le veuille ou non, la science est devenue un « fait de société »43 qui nous concerne tous et elle représente un patrimoine commun. Par conséquent, il importe de ne pas dénigrer ou abandonner l’activité de vulgarisation scientifique, mais de bien l’encadrer et de mieux expliquer ses tenants et aboutissants aux différents acteurs, qu’ils soient producteurs ou destinataires de vulgarisation.

II. 3. 3) Propositions pour optimiser l’activité de vulgarisation

Les propositions qui vont être abordées ici ne visent pas à clore le débat relatif à la pertinence de la vulgarisation, mais ont pour objectif de faciliter la diffusion des connaissances et leur assimilation en ciblant mieux les contraintes et les enjeux rencontrés par les différents acteurs de la vulgarisation. Nous reprenons ici les considérations faites entre autres par Thouin et Dufay, qui nous ont semblé pertinentes.

En relatant notamment le point de vue des érudits et des épistémologues, Bruno Dufay44 a mis en évidence le fait que bon nombre de ces derniers ne voient pas l’activité de vulgarisation d’un très bon œil. Certains spécialistes estiment que la vulgarisation ne peut pas fonctionner car elle associe plusieurs domaines scientifiques fonctionnant sur des principes et des méthodes incompatibles et le jargon et les concepts utilisés ne peuvent être retransmis à l’aide d’éléments de la vie courante.

Quant à Thouin45, il constate qu’il existe parfois chez les spécialistes un manque d’intérêt à se lancer dans la rédaction d’un ouvrage de vulgarisation. Or, comme nous l’avons vu, même s’il est vrai que le domaine des sciences est vaste et que les différents

42 VENDRAMIN Patricia, VALENDUC Gérard, L’écho des savants : la communication scientifique et le grand public, Fondation Travail-Université, EVO, Bruxelles, 1996, p.5

43 Ibid., p.5

44 DUFAY Bruno, Apprendre à expliquer, l’art de vulgariser, Eyrolles, Paris, 2005, pp. 166-181.

45 Informations tirées de THOUIN Marcel, La vulgarisation scientifique, œuvre ouverte, in : Québec français, n° 123, Les Publications Québec français, 2001, p. 52-54, consulté le 13 juin 2011,

<http://id.erudit.org/iderudit/55900ac>

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domaines ne sauraient être étiquetés tous de la même manière, il existe néanmoins une visée commune à toutes les sciences et c’est cette visée qui permet la création de liens interdisciplinaires. En outre, la vulgarisation scientifique n’a pas seulement une utilité pour les lecteurs, mais elle profite aussi aux spécialistes dans la mesure où le fait de vulgariser le résultat de leurs recherches leur permet d’expliquer la pertinence de celles-ci et leur raison d’être à un public large et leur donnera donc un certain statut.

Du point de vue du public, Thouin explique que la vulgarisation doit permettre au lecteur de se sentir concerné par ce qu’il lit. Il doit pouvoir être capable de réutiliser les connaissances acquises. C’est pourquoi il faut faire appel à des notions qui sont familières pour le public, mais aussi exploiter les préoccupations locales afin de le toucher plus directement et l’impliquer plus dans la lecture, permettre une lecture active. A cette fin, on peut replacer les informations dans leur contexte historique et tenter de mettre en œuvre des moyens permettant au lecteur de faire lui-même des observations et des déductions.

Enfin, il ne faut pas chercher à présenter les informations sous forme de vérité totalement objective et figée puisque, comme nous l’avons déjà précisé, la notion de « vrai » est subjective et peut donc être remise en question. On préférera donc adopter un point de vue plus réservé, critique parfois, sans négliger l’importance des données économiques, sociales, politiques et éthiques. En avertissant le lecteur qu’il doit porter un regard critique sur les informations qu’il reçoit, il pourra faire une lecture plus avisée et être plus sélectif par rapport aux faits qui lui sont présentés.

Par ce tour d’horizon, nous avons souhaité replacer la vulgarisation scientifique dans son contexte et passer en revue les grands principes la concernant. Cela va maintenant nous permettre de nous focaliser sur le rôle et la tâche du vulgarisateur lui-même pour pouvoir mieux situer le rôle du traducteur de vulgarisation scientifique et des stratégies qu’il devra mettre en place, aussi bien au niveau de la langue source que de la langue cible.

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III. La traduction des ouvrages de vulgarisation scientifique III.1. Le rôle du vulgarisateur

III.1. 1) Le vulgarisateur : un médiateur

Comme nous l’avons déjà évoqué, une large part du problème de la transmission des informations scientifiques réside dans le caractère plus ou moins « traduisible » de la science et dans l’existence d’une frontière avec le « monde » des spécialistes, une sorte de

« mur d’incompréhension » auquel se heurtent les non-initiés. Le caractère dialogique de la vulgarisation est donc non négligeable et les deux voix doivent être entendues. Si l’on s’en réfère à Sandrine Reboul-Thouré46, le vulgarisateur peut être considéré comme un médiateur qui permet la rencontre entre les deux parties, avec d’un côté, toute une palette d’intervenants (des spécialistes, mais aussi des hommes politiques ou des industriels pour les questions de société, comme le nucléaire aujourd’hui) et, de l’autre, l’individu lambda se sentant concerné par tel ou tel phénomène scientifique. En effet, on a tendance à oublier que la vulgarisation scientifique n’est pas utile qu’au profane, mais qu’il y a bien une communication bidirectionnelle. Le lecteur profite certes des informations qui lui sont transmises, mais l’assimilation de ces informations lui permet de mieux comprendre les enjeux de la science et donc l’utilité de certains travaux scientifiques. En outre, pour Jacobi et Schiele47, la réception des ouvrages de vulgarisation par le grand public doit permettre aux scientifiques de comprendre les réactions du public et de mieux s’adapter à lui. Il existe donc une relation d’échange direct entre spécialiste et profane. Les deux parties peuvent bénéficier de l’effort de vulgarisation.

C’est dans ce contexte qu’il nous faut placer le vulgarisateur. Il est un intermédiaire faisant la navette entre scientifiques et profanes, un intervenant dont l’objectif est de créer des liens entre les deux parties. En ce sens, Jacobi et Schiele le qualifient de « troisième

46 REBOUL-TOURÉ Sandrine, « Ecrire la vulgarisation scientifique aujourd’hui », colloque Sciences, Médias et Société, 15-17 juin 2004, Lyon, ENS-LSH, consulté le 20 juin 2011, <http://sciences-medias.ens-lsh.fr/article.php3 ?id_article=65>

47 JACOBI Daniel, SCHIELE Bernard, Vulgariser la science, le procès de l’ignorance, collection Milieux, éd. Champ Vallon, Seyssel, 1988, p. 15

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homme »48, à savoir une personne jouant un rôle de médiateur. Schématiquement, Dufay propose de représenter ainsi la relation entre les trois acteurs49 :

VULGARISATEUR

SCIENCE --- PUBLIC

Avec cette configuration, on notera que le vulgarisateur peut soit faire lui-même partie de la communauté scientifique, auquel cas science et vulgarisation se confondent en une seule et même personne, soit ne pas être un professionnel à proprement parler, mais posséder assez de connaissances pour garantir une transmission efficace des informations.

Cette théorie connaît toutefois des limites dans la mesure où le travail du vulgarisateur ne consiste pas seulement à reprendre des idées et des concepts développés en des termes scientifiques pour les transformer en langage commun, mais qu’il doit « repenser le contenu dans le contexte intellectuel et social [du lecteur]. »50 Le vulgarisateur part certes d’informations connues, mais il doit les retranscrire sous un jour nouveau. En cela, Dufay51 estime que la vulgarisation peut s’apparenter à une activité de création et n’est pas uniquement une affaire de médiation. C’est l’aspect contextuel et non linguistique qui va conditionner le travail de rédaction de la vulgarisation scientifique. Encore une fois, le vulgarisateur est placé dans un environnement qui présente en tout temps une facette socioculturelle. En ce sens, le discours de vulgarisation ne doit pas être considéré comme une simplification du discours scientifique, mais plutôt comme une reformulation du savoir dans un mode d’expression compréhensible pour le grand public et, donc, une

« recontextualisation des problèmes scientifiques ».52

48 Ibid, p.13 et suiv.

49 Schéma tiré de DUFAY Bruno, Apprendre à expliquer, l’art de vulgariser, Eyrolles, Paris, 2005, p.39

50 DUFAY Bruno, Apprendre à expliquer, l’art de vulgariser, Eyrolles, Paris, 2005, p.38

51 Ibid. p. 38

52 « Qu’est-ce que la culture scientifique et technique (CST) ? », in : Latitude Sciences, consulté le 20 juin 2011, < http://www.latitudesciences.ird.fr/mots.htm>

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III.1. 2) La vulgarisation : une recontextualisation

Pour Yves Jeanneret53, si la vulgarisation scientifique se base effectivement sur des travaux et des données scientifiques, elle n’est pas une version distendue ou un écho du discours scientifique : il s’agit bien d’un moyen discursif à part entière. On retrouve ici la notion de culture puisque les discours scientifiques sont pensés et écrits dans une perspective culturelle propre aux différents pays et aux différentes langues. Par conséquent, le vulgarisateur doit tenir compte de ces différents aspects (intertextualité, liens entre l’information scientifique et d’autres domaines, comme la politique ou l’économie…). En outre, la recontextualisation implique des modalités précises dans la relation vulgarisateur/public. Le vulgarisateur doit se demander si le sujet a une légitimité et une crédibilité pour le public visé et doit considérer son attachement au sujet ainsi que son intérêt et son envie de transmettre les connaissances relatives à ce sujet. Par la suite, il lui faut considérer l’émotion du public pour ledit sujet, ainsi que son ouverture d’esprit et ses éventuelles réticences. Dufay54 estime que le vulgarisateur doit prendre conscience de sa position vis-à-vis du sujet. Ce n’est qu’une fois cette étape de réflexion passée qu’il est à même de choisir les bonnes stratégies pour reformuler le message scientifique. Il existe donc bien une étape de reformulation linguistique, mais celle-ci s’inscrit dans un cadre bien plus large, qui ne doit pas être sous-estimé. Il constitue probablement le palier le plus important dans le travail de vulgarisation et conditionne tout le travail de rédaction.

III.2. Parallèle avec l’activité de traduction

Comme nous l’avons dit précédemment, nous n’avons trouvé que très peu de documents traitant de ce qu’implique la traduction du discours de vulgarisation scientifique. Les observations que nous avons faites plus haut concernant le rôle du vulgarisateur nous ont donc servi de point de départ pour tenter d’établir les relations pouvant exister entre le traducteur et le vulgarisateur et pour essayer de comprendre ce à quoi le traducteur doit faire particulièrement attention lorsqu’il traduit la vulgarisation scientifique.

53JEANNERET Yves, Ecrire la science : formes et enjeux de la vulgarisation, PUF, Paris, 1994, p.40

54DUFAY Bruno, Apprendre à expliquer, l’art de vulgariser, Eyrolles, Paris, 2005, p. 206

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Si l’on se penche de plus près sur l’aspect linguistique de la vulgarisation scientifique, on remarque que le processus de reformulation dont nous venons de parler et qui constitue l’un des éléments centraux du travail de vulgarisation peut et a parfois été considéré comme une activité de traduction. Schématiquement, le vulgarisateur partirait d’une langue complexe pour la traduire en langage commun, mais toujours dans la même langue. La différence tiendrait donc à ce que le traducteur agit au niveau interlinguistique alors que le vulgarisateur travaille généralement sur un plan intralinguistique. Cependant, il faut aussi ajouter que la traduction est toujours postérieure à la vulgarisation (elle peut tout au plus être concomitante si le vulgarisateur part directement d’informations scientifiques en langue B pour les vulgariser en langue A, auquel cas le travail de vulgarisation et celui de traduction se fondent et sont probablement effectués de manière simultanée). Il y a donc deux étapes de traduction dans la mesure où l’on traduit d’une langue à une autre un contenu qui est déjà une traduction dans une même langue, mais à des niveaux conceptuels et linguistiques différents et le traducteur devient un « second rédacteur » selon Claude Bédard55 puisque, plus que des mots, c’est un acte de communication qu’il doit rendre.

Si l’on se penche de plus près sur l’aspect linguistique de la vulgarisation scientifique, on remarque que le processus de reformulation dont nous venons de parler et qui constitue l’un des éléments centraux du travail de vulgarisation peut et a parfois été considéré comme une activité de traduction. Schématiquement, le vulgarisateur partirait d’une langue complexe pour la traduire en langage commun, mais toujours dans la même langue. La différence tiendrait donc à ce que le traducteur agit au niveau interlinguistique alors que le vulgarisateur travaille généralement sur un plan intralinguistique. Cependant, il faut aussi ajouter que la traduction est toujours postérieure à la vulgarisation (elle peut tout au plus être concomitante si le vulgarisateur part directement d’informations scientifiques en langue B pour les vulgariser en langue A, auquel cas le travail de vulgarisation et celui de traduction se fondent et sont probablement effectués de manière simultanée). Il y a donc deux étapes de traduction dans la mesure où l’on traduit d’une langue à une autre un contenu qui est déjà une traduction dans une même langue, mais à des niveaux conceptuels et linguistiques différents et le traducteur devient un « second rédacteur » selon Claude Bédard55 puisque, plus que des mots, c’est un acte de communication qu’il doit rendre.