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Chapitre 3 : Méthodologie

3.2 Des caractéristiques descriptives et interprétatives pour comprendre la réalité expérientielle

3.2.1 Observation de l’environnement matériel et naturel

L’inventaire et les relevés du mobilier s’intègrent à l’observation de l’environnement matériel et révèlent des caractéristiques principalement descriptives de l’espace d’apprentissage. En ce sens, Bisson et Gagnon (2005, p.47) soulignent que « trop souvent, les études omettent de présenter les caractéristiques des objets qu’ils étudient ». Par ailleurs, la matérialité est importante dans le processus de constituer des souvenirs, les souvenirs et émotions sont souvent reliés à des objets spécifiques. Les souvenirs d’enfance auraient un impact sur les liens que les adultes vont bâtir avec leur environnement (Tani, 2017).

Dans le cadre de ce mémoire, puisque le lieu occupe une place importante dans l’attachement au lieu (Scannell et Gifford, 2010), dresser le portrait de l’espace (matériel, spatial et visuel) s’impose pour être en mesure de proposer une analyse plus fine des relations affectives et le sens du lieu. Il a été déterminé précédemment que l’environnement matériel de l’école se décline en différentes échelles. Ce mémoire s’intéresse particulièrement à celles de la classe (et son aménagement) et les zones dédiées (incluant le coin lecture) (voir figure 34). Néanmoins, les échelles de l’école et du mobilier sont considérées dans les analyses.

3.2.1.1. L’inventaire

L’activité d’inventaire dresse un portrait des objets qui composent l’environnement matériel des salles de classe ainsi que leur aménagement. La comparaison entre les objets des différentes classes ainsi que les sous-espaces qui y sont aménagés (coin lecture, zones dédiées) sera possible dans un deuxième temps. Les inventaires exhaustifs se sont déroulés dans cinq écoles d’autant de commissions scolaires. Ce sont ainsi les données matérielles et spatiales (inventaires, schématisation et prise de photo) de 66 classes visitées qui ont été recueillies. Ces données établissent la proportion de l’étendue de la présence et de la composition des coins-lecture. Lors de

cette activité de collecte de données, les classes régulières de la 1ère à la 6e année faisaient l’objet d’inventaires, de relevés de l’aménagement de la classe et de la prise de photo systématique.

Il a été établi que les objets à recenser devaient être mobiles : chaises, bureaux, bibliothèques, tableaux, etc. Les meubles encastrés ou intégrés aux bâtiments sont considérés comme de l’immobilier et n’ont donc pas été considérés. Pour l’ensemble des objets, cinq grands types d’usage ont été définis: le siège, la surface de travail, le rangement, le matériel de communication et les cloisons. Chaque type d’objet est ensuite décomposé en parties afin de bien saisir ses caractéristiques (figure 35). Pour chaque type d’objet, il existe des modèles différents.

Figure 35 : Les cinq types d'usage de mobilier dans une classe primaire. Schola, Université Laval, 2019 © Afin de systématiser la recension des objets dans les nombreuses classes, cinq modèles de fiches

d’inventaire ont été développés, soit une fiche par type d’usage. Pour simplifier la description de la

fiche d’inventaire, la fiche surface de travail sera la seule décrite (voir figure 36). Les cinq fiches telles qu’utilisées lors des collectes de données du printemps et de l’automne 201813 sont disponibles en annexe (voir annexes 9 à 13). Lors d’une visite, une seule fiche était remplie pour chaque objet

13 À l’automne 2019, les fiches ont été actualisées. Les données de la fiche de 2018 sont scindées en deux fiches : fiche objet (qui contient les données descriptives d’un objet, comme un catalogue – matériaux, caractéristiques) et fiche contexte (qui contient les données en contexte – quantité, dimensions et état).

DOSSIER

PATIN ASSISE STRUCTURE

Siège Surface de travail Rangement

Cloison PLATEAU PALIER PATIN AUGET CAISSON STRUCTURE SUPPO RT PENTURE FOND RANGEMENT FR REBORD CAISSON ROULETTE TABLETTE CHASSIS POIGNÉE PORTE PROJECTEUR COMMUNICATION | DÉSUÉTUDE AUGET CHASSIS SURFACE COMMENTAIRES Matériel de communication

similaire, du même modèle. Ainsi, s’il y avait 11 modèles de chaises différentes dans une classe, 11 fiches sont complétées. Enfin, d’autres données permettent d’identifier, de situer et de dénombrer ces objets dans une classe : l’identification, les données en contexte (dimensions, quantités et couleurs), caractéristiques et, finalement, le degré d’usure.

Figure 36 : La fiche d'inventaire des surfaces de travail. Schola, Université Laval, 2019 ©

1. Identification : la première étape consiste à situer l’objet dans l’école en identifiant le nom de

l’enseignante titulaire, le nom de l’école, le numéro de local et le numéro de la photo sur laquelle on peut voir l’objet. Dans la deuxième partie de l’identification, on retrouve les différentes parties de l’objet auxquelles nous faisons référence comme l’analyse syntaxique d’un objet14.

2. Données en contexte – Marque, dimension et couleurs : La deuxième étape demande

d’indiquer la quantité d’objets en fonction de la dimension de la surface de travail (le plateau). Ainsi, si on dénombre 18 bureaux de 19 3/4" x 22 1/8", on indique 18 dans la case adéquate, 20" x 22". On

14 L’équipe du Volet Mobilier de Schola.ca a décortiqué les différentes parties des types d’usage dans la classe pour être en mesure d’en catégoriser les formes. De la même façon qu’un mot est constitué de différentes parties qui lui donnent son sens, un objet est aussi composé de différentes parties qui permettent de se comparer entre elles : la syntaxe.

1. IDENTIFICATION

2. DONNÉES EN CONTEXTE

Marq ue, d im ensio n et c o uleurs

3. DONNES FIXES

Caractérist iq ues

indiquera ensuite la marque, si elle est visible, la couleur du plateau et la finition du rebord. Finalement, à la gauche de la section, on retrouve une figure qui définit les différentes composantes de l’objet. Pour les différents types, les termes ont été validés dans le dictionnaire visuel (Corbeil, 2012).

3. Données en contexte et fixes - Couleurs et Caractéristiques : La troisième étape vise d’abord,

dans la section de gauche, à compléter les couleurs des autres composantes du produit, dans le cas présent, la structure et le support. Ensuite, dans la section de droite, on indique les caractéristiques intrinsèques de l’objet telles que l’empilabilité, la possibilité d’être déplacé par un enfant, etc., mais aussi certaines particularités comme les adaptations qui ont été apportées à l’objet en le modifiant par l’ajout ou la suppression de parties ainsi que les données dimensionnelles.

4. L’usure : La dernière section cherche à identifier les degrés d’usure sur les composantes de

l’objet. Suite à une première série de visites préliminaires, certains endroits plus propices à l’usure ont été identifiés sur les objets. L’ensemble des fiches a été systématisé pour évaluer l’usure de façon similaire d’un objet à l’autre. À la toute fin, le chercheur inscrit la quantité finale de modèles et le numéro de la fiche.

3.2.1.3 Le relevé de l’aménagement de la classe – Observations non-participantes

Le relevé en plan consiste à cartographier l’emplacement de chaque objet dans la classe. Simple à première vue, cette opération servira à définir les différentes fonctions et occupations de la classe. Ces données seront ensuite utilisées pour délimiter les différentes zones de la classe, en définir les fonctions et y identifier plusieurs caractéristiques de l’aménagement.

Toujours à des fins de systématisation de la collecte, une fiche d’observation non-participante (annexe 15) a été développée sur des bases similaires à celles de la fiche d’inventaire. D’abord, la section « identification » se trouve en haut de la fiche pour s’assurer qu’elle soit analysée pour la

bonne classe. Une grande section pour le plan et la schématisation de la classe y est ensuite intégrée (voir figure 37).

Figure 37 : Section centrale de la fiche d'observation non-participante, le plan et la schématisation de la classe, Schola, Université Laval, 2019 ©

Dans le bas de la page, des informations sur l’occupation de la classe sont consignées : l’endroit où les sacs d’école sont entreposés pendant les cours ainsi que les zones dans la classe (listés avant le début du terrain) (voir figure 38).

Figure 38 : Observations non-participantes systématisées. Schola, Université Laval, 2019 ©

Il est ensuite possible de tracer les empreintes spatiales des objets (à partir des données d’inventaire) sur le plan (fourni par les commissions scolaires) puis, le plan est utilisé pour définir la zone d’action et identifier les différentes zones (voir figure 39).

Figure 39 : Les objets intégrés au plan CAD permettent de déterminer les zones et l'impact de la disposition des bureaux.

3.2.1.4 Relevé photographique

La dernière activité de collecte en lien avec l’observation de l’environnement matériel et naturel est le relevé photographique systématisé. Celui-ci permet de bonifier l’inventaire visuel afin de documenter et cartographier le type d’objet. Il permet aussi de documenter les marqueurs d'appropriation par les élèves et les enseignantes dans la classe présentes sous différentes formes : la personnalisation, l'identification, l'adaptation fonctionnelle, la disposition spécifique à certains usages.

Certaines situations observées appuient d’ailleurs les données la caractérisation interprétative de

l’observation de l’environnement matériel : « On peut les observer par différents indicateurs qui sont

compris en tant qu’empreintes de l’activité humaine sur un lieu ou comme phénomène d’appropriation spatiale. Elle relève alors des signes d’un certain contact humain avec l’objet et l’espace » (Bisson et Gagnon, 2005, p.47) tel que les marqueurs de territoires, les marqueurs identitaires et les différentes adaptations dans la classe.

Zeisel (2006, p. 100) présente ces observations comme des « traces physiques à observer » et les sépare en quatre catégories : les traces d’usage des produits (érosions, traces et absence de traces), les adaptations pour l’usage (accessoires, séparations et connections), manifestation de soi (personnalisation, identification et appartenance à un groupe) et messages publics (officiel, non- officiel et illégitimes). Dans le cadre de cette activité de recherche, les observations proposées par Zeisel (2006) sont colligées dans la section « situations particulières ».

La prise de photographies se déroule selon cet ordre systématique (voir annexe 19) :

• Panoramique de l’espace (vue du centre, de l’espace de prestation, du bureau de l’enseignante et du corridor)

• Différentes zones aménagées dans la classe • Des murs (4)

• Des espaces de travail des élèves et de l’enseignante (vue de dessus, de ¾ et de face) • Du mobilier (assises, surfaces de travail, matériel de communication, rangement, cloison et

autre)

• Des situations particulières (restes, usure-bris, séparation-connexion, détournement d’usage, personnalisation, identification, adaptation, matériel pédagogique et gestion de classe)

3.2.2 Observation des modes relationnels à l’environnement : Observations