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4.2 Les objets des sphères réelle et monétaire

4.2.1 Les objets de la sphère réelle

Les objets de la sphère réelle représentent les objets et les processus physiques impliqués dans la production des marchandises.

La sphère réelle comprend cinq classes d’objets :

– L’objet LabourForce représente la force de travail d’un ménage ; – L’objet Factory représente une usine ;

Entreprises Ménages Plan réel Marc handises Force de travail Entreprises Ménages Banque Plan monétaire Crédits Retraits Rem boursemen ts Dép ôts Consommation Salaires

– L’objet ProductionProcess représente un processus de production ; – L’objet Goods représente un stock de marchandises.

La force de travail

Un objet de type LabourPower représente la force de travail d’un ménage. Cette force de travail peut prendre deux états : available (disponible) et exhausted (épuisée). Dans la version actuelle du modèle, les forces de travail des différents ménages ne sont pas autrement distinguées.

En début de période, toutes les forces de travail sont disponibles. Lorsqu’à l’appel de son employeur, un ménage travaille, la méthode expend() (dépenser) de sa force de travail est appelée. Si la force de travail du ménage est disponible au moment de l’appel à expend(), la force de travail peut être dépensée : l’état de la force de travail passe à exhausted. En revanche, si au moment de l’appel à expend() la force de travail est déjà épuisée, alors une erreur est générée qui vient interrompre l’exécution de la simulation4. Au cours d’une période, une force de travail ne peut donc être

dépensée qu’une seule fois, un ménage ne peut travailler qu’une seule fois.

L’usine

Un objet de type Factory représente une usine, c’est-à-dire la partie de l’en- treprise chargée de la mise en oeuvre de la production. Un objet de type Factory est essentiellement composé d’une collection de machines. Dans la version actuelle du modèle, le nombre de machines dont est dotée chaque usine est un paramètre exogène5.

Lors de la phase de production, l’entreprise transmet à l’usine la liste des tra- vailleurs — des ménages — employés par l’entreprise. Comme le nombre de tra- vailleurs peut être inférieur au nombre de machines — soit parce que le niveau de production décidé par l’entreprise est inférieur au plein emploi des capacités de pro- duction, soit parce tous les postes offerts sur le marché du travail n’ont pas été

4. En pratique, cela n’arrive jamais, car l’entreprise ne sollicite chacun de ses employés qu’une seule fois par période. Mais si l’entreprise tentait de le faire, par exemple suite à une erreur de programmation, l’existence de ce contrôle l’en empêcherait. On est donc certain que chaque mé- nage ne travaille jamais plus d’une fois par période. On voit par cet exemple comment la notion d’encapsulation propre à la programmation orientée objet, permet de modéliser les contraintes réelles du modèle indépendamment de l’implantation des agents. Comme dans le monde réel, ces contraintes sont extérieures aux agents.

5. Dans la version actuelle du modèle, les stocks de capital productif sont donnés (voir la section consacrée aux caractéristiques générales du modèle, page 84). C’est une hypothèse forte, uniquement justifiée par le principe d’abstraction décroissante, et destinée à être levée dès que possible.

pourvus — l’usine doit répartir la main d’oeuvre disponible sur les machines exis- tantes.

On admet que la direction de l’usine a pour premier objectif d’achever les travaux en cours avant d’en commencer d’autres. Pour cela, elle range les machines par ordre de priorité. Les machines dont le processus de production est le plus avancé sont prioritaires. Parmi les machines dont le processus de production est au même niveau d’avancement, les machines sont rangées par productivité décroissante6.

Machines et processus de production

Un objet de type Machine représente une machine, c’est-à-dire une unité de ca- pital productif. Chaque machine k est définie par deux paramètres :

– dpk durée d’un cycle de production ; – prk productivité périodique moyenne.

Dans la version actuelle du modèle, la durée d’un cycle de production et la produc- tivité périodique moyenne de chaque machine sont des paramètres exogènes.

Chaque machine comporte aussi un objet de type ProductionProcess, représen- tant le processus de production associé à la machine. Un objet de type ProductionProcess encapsule un nombre entier pk,t, qui représente l’avancement du processus de pro-

duction.

Chaque fois qu’un ménage travaille — c’est-à-dire chaque fois qu’il est appelé à dépenser sa force de travail sur la machine qui lui a été désignée — l’avancement du processus de production associé à la machine k est incrémenté7 :

pk,t =

(

pk,t−1+ 1 si la machine k est actionnée,

pk,t−1 sinon.

(4.1)

Comme pour les forces de travail qui ne peuvent être dépensées qu’une fois par période, un processus de production ne peut être avancé qu’une fois par période. Par conséquent, le cycle complet d’un processus de production s’étalera sur un nombre de périodes au moins égal à dpk. Ce détail de l’implémentation de l’objet ProductionProcess est une caractéristique très importante du modèle qui relie les sphères réelle et monétaire puisque c’est parce que la production prend du temps que

6. Si la productivité des machines composant une usine est à peu près homogène, alors les rendements seront approximativement constants. En revanche, plus la productivité des machines composant l’usine sera hétérogène, plus les rendements seront décroissants.

7. Dans la version actuelle du modèle, les processus de production ne consomment donc ni matières premières, ni biens intermédiaires, ni énergie.

les entreprises ont besoin du crédit bancaire pour financer le processus de produc- tion8.

Lorsque le processus de production est achevé, un objet de type Goods repré- sentant la marchandise nouvellement produite est créé. A la date t, le volume de la production de la machine k est :

qk,t = ( prkdpk si pk,t =d p k, 0 sinon. (4.2)

Lorsque le processus de production associé à une machine est achevé, il est annulé. Un nouveau processus sera créé dès qu’un ménage dépensera à nouveau sa force de travail sur cette machine9.

Les marchandises

Un objet de type Goods représente un stock de marchandises. Il associe deux grandeurs, un volume de marchandise et sa valeur. Aucune autre propriété ne vient distinguer deux stocks de marchandises. En particulier, il n’est fait aucune distinc- tion d’utilité ou de qualité entre les marchandises : tous les objets de type Goods représentent différents volumes d’un même bien destiné à la consommation des mé- nages.

L’encapsulation du volume et de la valeur dans l’objet Good permet de définir rigoureusement les conditions de création et de transfert de ces grandeurs. Nous venons de voir comment était déterminé le volume des marchandises nouvellement produites par une machine donnée : la dépense réitérée de forces de travail sur la machine en est la condition nécessaire et suffisante. La valeur des marchandises nou- vellement produites, elle, est égale à la somme des salaires versés pour l’avancement et l’achèvement du processus de production correspondant.

« Dans le cas présent, dans le cadre de notre économie verticalement intégrée, le coût de production des stocks est égal aux salaires versés aux ménages dans la période. » (Lavoie 2003, p. 151–152)

Un objet de type Goods dispose de méthodes lui permettant de recevoir un volume de marchandise transféré depuis un autre objet de même type Goods. Ces méthodes définissent les « lois » qui règnent sur l’univers des marchandises :

– les volumes de marchandises sont conservés par les transferts ;

8. Voir Keynes (1923 [1971]), cité page 60 et Zezza (2011), cité page 74.

9. La fonction de production sous-jacente à cette implémentation de l’objet Machine est donc une fonction à facteurs complémentaires.

– les stocks de marchandises sont évalués à leur coût de production ou à leur coût de remplacement10.