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Trois types d’agents peuplent le modèle :

– la banque, qui crée et gère les moyens de paiement, distribue des dividendes ; – les entreprises, qui empruntent, emploient, produisent, vendent, remboursent,

distribuent des dividendes ;

– les ménages, qui travaillent, consomment, épargnent.

Les agents se distinguent des objets réels et monétaires ainsi que des institutions comme les marchés, parce qu’ils disposent d’une capacité d’action et d’une auto- nomie de décision. Les agents poursuivent des buts, et prennent des décisions pour les atteindre. Les décisions se traduisent par des actions, manipulations (création, échange et destruction) d’objets réels et monétaires.

4.4.1

Un schéma général de comportement

A partir de la notion de rationalité procédurale25, complétée par celle d’agent réactif26 on peut développer un schéma général de comportement simple et réaliste,

pleinement compatible avec l’analyse postkeynésienne du comportement des agents économiques.

« . . . we need only assume, in contrast to neoclassical theory, a very lim- ited amount of rationality on the part of economic agents. Agents act on the basis of their budget constraints. Otherwise, the essential rationality principle is that of adjustment. Agents react to what they perceive as disequilibria, or to the disequilibria that they take note of, by making successive corrections. There is no need to assume optimization, perfect information, rational expectations, or generalized price-clearing mecha- nisms. » (Lavoie et Godley 2001, p. 307-308)

Dans de tels modèles de comportement, conformément à l’analyse de Simon, les stocks (réels ou monétaires) jouent un double rôle : ils permettent d’amortir les chocs et ils expriment les déséquilibres que l’agent doit s’efforcer de corriger.

« It is inventories on the one hand, and money stocks on the other, which provide the essential flexible elements — the ‘buffers’ — which enable the

25. Voir la section consacrée à la notion de rationalité procédurale, chapitre 2, page 36. 26. Voir Ferber (2006), cité page 50.

whole system to function in a world of uncertainty (. . . ) This ‘buffering’ does not merely enable the system to function, it also generates a kind of auto pilot whereby unexpected (and unwanted) stocks of money and inventories result in a corrective mechanism which comes into play during subsequent periods. » (Lavoie et Godley 2001, p. 292)

A partir de ces principes généraux, nous définissons un ensemble de règles que nous suivrons pour modéliser formellement le comportement des agents :

– L’état de chaque agent est défini par un certain nombre de variables (les va- riables d’état) que l’agent compare à des valeurs normales. L’agent ajuste son comportement pour tenter de réduire l’écart (le déséquilibre) entre les valeurs constatées et les valeurs normales.

– Chaque agent maintient des stocks (réels ou monétaires) dans lesquels il peut puiser pour faire face instantanément à une variation imprévisible de son envi- ronnement.

– Souvent l’agent peut agir directement sur le niveau de ses stocks, en augmentant ou en réduisant sa consommation de la ressource correspondante pour ramener le stock à son niveau normal.

– Parfois l’agent ne peut agir qu’indirectement, en agissant sur des variables qui sont susceptibles de permettre de rétablir l’équilibre (les variables de contrôle), mais sans savoir quelle ampleur donner à cet ajustement. L’ampleur de l’ajus- tement est alors déterminée aléatoirement dans un intervalle donné.

– Plus le déséquilibre est grand, plus il est probable que l’agent prendra une décision d’ajustement.

– Plus l’ampleur de l’ajustement envisagé est importante, moins il est probable que la décision d’ajustement soit effectivement mise en oeuvre par l’agent. Nous construisons ainsi des agents réactifs, qui utilisent des procédures de recherche orientée et tâtonnante27 pour rejoindre l’équilibre. Cependant, ce tâtonnement n’a rien du tâtonnement walrasien. Ce n’est que par l’action et l’observation du résul- tat de ses actes que l’agent accède à une information sur son environnement. Par conséquent, même s’ils recherchent l’équilibre, les agents agissent toujours hors de l’équilibre :

« In contrast to neo-classical economics, the adjustment processes towards the steady state will be based on simple reaction functions to disequilib- ria. There will be no need to assume that firms maximize profit or that agents optimize some utility function, nor will be any need to assume that agents have perfect information or know perfectly how the macroe-

conomic system behaves. In other words, there is no need nor no room for the rational expectations hypothesis. Still agents in our model are rational: they display a kind of procedural rationality, sometimes mis- leadingly called weak rationality or bounded rationality, or more appro- priately named reasonable rationality. They set themselves norms and targets, and act in line with these and the expectations that they may hold about the future. These norms, held by agents, produce a kind of autopilot. Mistakes, or mistaken expectations, bring about piled-up (or depleted) stocks — real inventories, money balances, or wealth — that signal a required change in behavior. » (Godley et Lavoie 2007, p 16)

4.4.2

La banque

La banque est représentée par un objet de type Bank. C’est une banque unique, représentative de l’ensemble du système bancaire. Cet objet est essentiellement com- posé d’une liste de comptes courants (objets de type Account) eux-mêmes composés, nous l’avons vu, d’un dépôt monétaire et d’une liste de crédits. La banque regroupe donc l’ensemble des crédits et des dépôts présents dans le modèle, objets que les agents non bancaires ne peuvent manipuler directement, mais seulement en passant des ordres de paiement à la banque (les chèques).

Variables et paramètres

En tant que banque unique représentative de l’ensemble du système bancaire, la banque est — dans la version courante du modèle — plus une institution chargée de la gestion de la sphère monétaire qu’un agent à proprement parler. Son com- portement est extrêmement simplifié et son autonomie très limitée : elle se réduit à la détermination du niveau des dividendes dans l’objectif de maintenir les capitaux propres à un niveau normal.

L’état de la banque est défini par deux variables (table 4.1, page 104) représentant l’une la somme des dépôts monétaires des agents non bancaires (MB,t), l’autre la

somme des dettes des agents non bancaires envers la banque (LB,t).

Le comportement de la banque est régi par un ensemble de paramètres exogènes (table 4.2, page 104). Ces paramètres définissent un ensemble de valeurs « normales » qui guident le comportement de la banque. La banque agit en modifiant la valeur de certaines variables dont elle a le contrôle direct (table 4.3, page 104).

LB,t l’encours des crédits accordés aux agents non bancaires.

MB,t la somme des dépôts monétaires des agents non bancaires.

KB,t le capital de la banque.

Table 4.1 – Variables d’état de la banque

rB le taux d’intérêt normal.

rB0 le taux d’intérêt majoré. dB le terme normal des crédits.

ˆ

dB le terme maximal des crédits.

κ∗B le ratio normal de fonds propres. µK

B la propension à distribuer l’excés de capital.

Table 4.2 – Valeurs normales (exogènes) de la banque

KB,t∗ l’objectif de capitaux propres.

DB,t le dividende versé au propriétaire de la banque.

Capital de la banque

Dans le tableau des variables d’état de la banque (table 4.1), on remarque une troisième variable (KB,t) représentant le capital de la banque. Cette variable n’est

pas à proprement parler une variable d’état, dans la mesure où elle est complètement déterminée par les deux autres. Elle est donnée par l’égalité comptable de l’actif et du passif de la banque. LB,t |{z} Actif = MB,t+ KB,t | {z } Passif (4.3) D’où : KB,t = LB,t− MB,t (4.4)

Le capital de la banque est l’excès de la dette du secteur non bancaire sur les dépôts du secteur non-bancaire. Il constitue la richesse nette de la banque.

Lavoie souligne que dans le monde réel le capital de la banque peut avoir deux origines :

« It includes the funds initially put up by the owners of the bank when starting business (how that initial fund came about is rather mysterious however), plus the retained earnings of the bank. » (Lavoie 2000, p. 8)

Dans la version actuelle du modèle, avec une banque unique représentant l’ensemble du système bancaire, tout le capital de la banque est formé des profits que la banque n’a pas redistribués à son propriétaire. Pour autant, ce capital n’est pas de la monnaie. Parce qu’on a défini la monnaie comme la somme des dépôts des agents non bancaires28, la banque elle-même ne peut détenir de monnaie. Dans ce modèle, la monnaie est une dette de la banque vis-à-vis d’un autre agent, et la banque ne peut détenir de dette sur elle-même. Le capital de la banque n’est donc pas de la monnaie, il est au contraire la part des profits de la banque dont le propriétaire ne peut se servir comme moyen de paiement :

« The own capital of the bank constitutes a liability to itself. It represents the funds which the firm owes to its owners. In general, the own funds play a role similar to deposits that would be in the hands of the owners. The own funds, just like the deposits or the credits, are an accounting entry, but in contrast to deposits, they cannot be drawn down by the owners. » (Lavoie 2000, p. 8)

Pour être disponibles sous forme monétaire, les profits de la banque doivent préala- blement être distribués sous forme de dividendes.

Paiement des dividendes

Le paiement des dividendes au ménage propriétaire de la banque constitue la première étape de la période. Cette étape se situe entre l’instant (t + 07) et l’instant (t +17) du diagramme de séquence de la figure 4.1, page 85.

Etape 1 : Observation La banque calcule son objectif de capitaux propres pour