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Les nouveaux services de mobilité automobile : définitions et statistiques descriptives

Première partie : Vers un nouveau rapport à l’automobile plus économique et écologique ?

Chapitre 2 Les nouveaux services de mobilité automobile : quels potentiels ?

1. Les nouveaux services de mobilité automobile : définitions et statistiques descriptives

Dans le cadre de notre étude, nous ne nous intéresserons qu’aux nouveaux services de mobilité automobiles, c'est-à-dire au covoiturage et à l’autopartage, ainsi qu’à la location courte durée (LCD).

1.1. Le covoiturage

Le covoiturage se définit comme le partage d’un trajet en voiture. Plus précisément, il s’agit de « s’organiser avec des personnes hors foyer pour faire un trajet à plusieurs, dans le

véhicule de l’une d’entre elles, éventuellement en partageant les frais » (questionnaire OMA,

voir en annexe B). Il peut s’agir d’une initiative personnelle ou d’une organisation externe. Deux personnes ou plus se mettent d’accord pour partager un trajet à un horaire, un lieu de départ et un lieu d’arrivée définis. Le trajet peut être partagé en totalité ou partiellement et faire l’objet ou non d’un dédommagement du conducteur.

De nombreuses organisations développent des sites Internet dédiés, des points de rencontre ou des logiciels d’appariement qui peuvent être à destination du grand public ou insérés dans le cadre d’un plan de déplacement d’entreprise par exemple. Le principal opérateur français est BlaBlaCar11, un site Internet permettant d’organiser des trajets en covoiturage. Né en

2006, il revendiquait trois millions de membres en avril 2013 et est présent dans plusieurs pays européens. Par ailleurs, le covoiturage peut concerner différents types de trajets : domicile-travail, réguliers pour d’autres motifs (loisirs notamment), ou longues distances pour les week-ends et les vacances.

Entre 2010 et 2013, la part des Français pratiquant le covoiturage est passée de 7% en 2010 à 14% en octobre 2013 (OMA, BIPE). Plus précisément, le covoiturage domicile-travail concernait 3% de la population en 2010 puis 7% en octobre 2013, le covoiturage régulier pour d’autres motifs 3% en 2010 puis 7% en octobre 2013, et le covoiturage pour les week- ends et les vacances 3% en 2010 puis 6% en octobre 2013. Par ailleurs, les intérêts pour tous ces motifs de covoiturage ont progressé entre 2010 et 2013, tandis que la part des personnes ne les connaissant pas a été très largement réduite (en octobre 2013, seuls 3% des personnes interrogées ne connaissaient pas les différents motifs de covoiturage).

11 Covoiturage.fr

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En outre, les résultats de l’OMA montrent que le covoiturage peut être organisé de différentes façons : il est majoritairement organisé avec des voisins ou des connaissances (70% en moyenne), via un site Internet pour 15% des répondants et grâce à un service proposé par l’entreprise pour moins de 5%.

Le covoiturage présente plusieurs avantages pour ses usagers : il s’agit d’un moyen de transport moins couteux en premier lieu, mais également plus convivial, qui rend service à des personnes qui n’ont pas de voiture et plus respectueux de l’environnement.

En revanche, le covoiturage présente également des inconvénients : il oblige à voyager à plusieurs, à s’organiser, à planifier les déplacements, et le partage des frais peut être contraignant.

Un nouveau système de covoiturage est donc à l’étude sur plusieurs sites pilotes en France : le covoiturage dynamique. Il s’agit d’un service nécessitant une inscription préalable, permettant d’organiser le covoiturage en temps réel via un opérateur de téléphonie mobile, automatisant l’échange d’argent et proposant un mode de déplacement alternatif (transport en commun par exemple) en cas d’impossibilité de satisfaire la demande (Certu, 2009).

1.2.

L’autopartage

L’autopartage se définit comme une flotte de véhicules mise à disposition du grand public pour une très courte durée (inférieure à une journée, contrairement aux contrats de location de courte durée). On distingue l’autopartage public « qui consiste à pouvoir disposer d’une

voiture en libre-service, le temps d’un besoin, 24h/24 et 7 jours sur 7 », de l’autopartage privé « qui consiste à partager l’usage d’un véhicule avec un tiers (voisins, collègues, proches, membres d’un réseau social) moyennant une contrepartie financière » (questionnaire OMA).

Si le covoiturage consiste à partager un trajet automobile à plusieurs personnes avec le véhicule de l’une d’entre elle, l’autopartage consiste à mutualiser l’usage automobile en réalisant des trajets individuels avec une voiture n’appartenant à personne en particulier.

Entre 2010 et 2013, l’usage de l’autopartage a guère évolué et concerne une très faible minorité de Français. Plus précisément, l’autopartage public concerne 0,5% des Français tandis que l’autopartage privé est pratiqué par 1% d’entre eux.

Ce type de service présente également plusieurs avantages. Il permet de disposer d’un véhicule près de chez soi, disponible en permanence, pour réaliser des trajets de courte durée. En outre, aux yeux de ses utilisateurs, l’autopartage permet de se dispenser des contraintes liées à la possession d’une voiture (achat, maintenance), de choisir le type de

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véhicule en fonction de ses besoins, et de payer uniquement en fonction de l’usage (temps et kilomètres).

Cependant, l’usage de ce mode de transport est principalement freiné par la préférence pour la possession automobile. Il présente également des inconvénients : la contrainte d’aller chercher et de rendre le véhicule, le coût élevé, ou encore l’incertitude sur la disponibilité du véhicule

Les opérateurs d’autopartage sont assez diversifiés : compagnies de transport, entreprises dédiées, loueurs de voitures traditionnels, constructeurs automobiles…

Selon le réseau France-Autopartage (figure 22) regroupant plusieurs opérateurs d’autopartage en France s’étant fédérés autour d’une marque unique, Citiz, en septembre 2013, une trentaine de villes disposent d’un service d’autopartage proposant un millier de véhicules en location à environ 25 000 abonnés. Le réseau estime par ailleurs à 20 à 30 000 le nombre d’autopartageurs dans la sphère privée.

Figure 22 – Opérateurs d’autopartage public membres du réseau France-Autopartage

Source : franceautopartage.com

En outre, l’autopartage permet de réduire le nombre de véhicules en circulation et d’optimiser leur utilisation. Le ratio de remplacement varie selon les études (Louvet et Godillon, 2013) mais se situe globalement entre 4 et 8 :

- 5 véhicules particuliers selon 6T-Bureau de recherche, - 7 à 8 selon le réseau France Auto-partage,

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- 4 à 6 selon European Car Sharing (regroupement des principaux opérateurs européens d’autopartage),

- 3,5 selon Mobility Car Sharing,

- 6 selon Carplus (Grande-Bretagne) qui a évalué l’impact du service sur les habitudes de mobilité.

L’autopartage est donc un mode de transport durable dans la mesure où il entend diminuer le taux de possession de voitures particulières. Ainsi, 30% des ménages membres d’un service d’autopartage ont vendu leur voiture ou n’en ont pas achetée (Cervero et Golub, 2005), ce qui permet de réduire le nombre de voitures en circulation.

1.3. La location courte durée

La location courte durée (LCD) est apparue en France au début du 20ème siècle et s’est

développée durant les années 50 afin de répondre à la demande de touristes étrangers visitant la France. Puis les hommes d’affaire ont commencé à recourir à la LCD à la suite d’un voyage initial en train ou en avion afin de disposer d’un véhicule à leur arrivée. La location courte durée s’est ensuite démocratisée et est devenue un service utilisé à titre privé pour les week-ends et les vacances.

Des données sur le marché de la LCD sont disponibles depuis 200012. La figure 23 montre

que la part des locations pour motifs personnels est sur une tendance croissante : elle est passée de moins de la moitié des contrats de location de courte durée en 2000 aux deux tiers d’entre eux en 2011.

De plus, si la part de Français ayant réalisé au moins une location courte durée durant l’année était stable autour de 6-7% des contrats de 2000 à 2010, elle a atteint 12% en 2011 comme le montre la figure 24. De plus en plus de ménages semblent donc faire appel à la LCD et ce service se démocratise de plus en plus.

12 CNPA, 2000 à 2011

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Figure 23 – Part des locations pour motifs personnels de 2000 à 2011 en France

Source : D’après CNPA - TNS Sofrès, GMV Conseil (2000 à 2011)

Figure 24 – Part des Français ayant recours à la LCD de 2000 à 2011 en France

Source : D’après CNPA - TNS Sofrès, GMV Conseil (2000 à 2011)

A l’image de l’autopartage, la location permet de soulager certaines contraintes comme les coûts, le stationnement sur le lieu de résidence, les frais d’entretien, d’assurance, etc. Mais elle peut également être source d’angoisse (rendre la voiture en état). D’autres freins

47% 49% 50% 50% 50% 56% 54% 58% 59% 61% 67% 67% 40% 45% 50% 55% 60% 65% 70% 75% 80% 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 0% 2% 4% 6% 8% 10% 12% 14% 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

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relèvent de sa disponibilité immédiate (manque de spontanéité) ou encore de coûts perçus plus importants (Rocci, 2007).

Dans la suite de la thèse, nous ferons référence à ces trois modes d’usages automobiles (covoiturage, autopartage, LCD) à travers l’expression ‘‘voiture partagée’’.

2. Les nouveaux services de mobilité automobile : profils