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Nouveaux produits financiers et stratégies

A l’évidence, les années 1980 ont été des années de changement considérable sur les marchés financiers (35). Parmi ces changements on remarquera notamment : la « sécuritisation » du crédit, les nouveaux produits financiers, la globalisation et une plus grande polyvalence des activités bancaires.

Paragraphe I

La « sécuritisation ».

Les années 1980 ont été en général une période difficile pour les banques commerciales, empêtrées dans le problème de la dette de pays en développement et de l'Europe de l'Est et dans les difficultés auxquelles se sont heurtés divers secteurs des économies nationales (énergie, agriculture, immobilier, industries de base, etc.). Aussi les responsables bancaires ont-ils cherché à améliorer le rendement de leurs institutions en soulignant les activités à faible risque.

(34) – La preuve de cette tendance est le développement des « bilatéral credit caps » et des « net debit sender caps » sur le système C.H.I.P.S pour limiter l’exposition des membres à la faillite d’une autre banque. Ces limites ont maintenant été adoptées par le Federal Reserve System pour les découverts dans une même journée sur le Fedwire.

Pour éviter les risques causés par les mauvais payeurs, les banques commerciales ont cherché à développer des activités rémunérées à la commission (également dénommées activités hors bilan) telles que le lancement d'émission de titres pour des entreprises ou des entités d'Etat, des activités de courtage ou de négoce (en titres, en métaux précieux, ou en devises), ingénierie financière et services de conseil. Les revenus provenant de ces activités complètent les marges d'intérêt traditionnelles des banques commerciales. Ces dernières, non contentes de lancer des valeurs commercialisables pour des tiers, ont essayé de transformer certaines de leurs propres créances en produits financiers offerts à la vente, y compris la transformation des crédits hypothécaires en papier-valeurs.

A

Avantages.

La « sécuritisation » (un américanisme, signifiant la substitution d'instruments négociables aux crédits bancaires) présente l'avantage de concilier le désir de liquidité du créancier avec le désir de l'emprunteur d'obtenir un financement assuré à moyen ou à long terme. Cette tendance provient du vœu des trésoriers de sociétés de scruter le marché plutôt que de compter sur des relations de crédit stable avec leurs banquiers commerciaux - d'où le développement des opérations d'émission. Ainsi, la « capacité de prêt » des banquiers se transforme-t-elle en « capacité de placement » au service des émetteurs et des investisseurs.

Pour les banques commerciales, la « sécuritisation » offre l'avantage de transformer le crédit bancaire en instruments négociables et de déplacer ainsi le risque qu'encourt la banque dans la rétention d'avoirs sous forme de crédits bancaires aux investisseurs dans ces instruments. Dans leur fonction de créancières, les banques commerciales endossent le risque d'insolvabilité des emprunteurs incapables de s'acquitter à temps de leurs charges financières et les risques du marché découlant de l'instabilité des cours de change et des taux d'intérêts.

Un autre « coût » inhérent au prêt bancaire, c'est qu'il doit, dans la plupart des pays, être lié au maintien d'une couverture de fonds propres suffisante. La législation bancaire d'un certain nombre de pays n'exige pas de couverture pour la fonction de distribution de valeurs et titres. Cependant, les fonctions de négoce de titres, de mandat ou de garanties sont généralement soumises à des exigences d'adéquation de capital – quoique ces exigences soient souvent moins sévères que celles qui s'appliquent aux prêts bancaires.

Les transactions sur titres et autres activités hors bilan rémunérées à la commission – par opposition aux activités de bilan – ne sont pas soumises à la mesure des « avoirs minimums » imposée par les banques centrales dans le cadre de leurs interventions de politique monétaire. Cette mesure se traduit par le blocage obligatoire auprès de la banque centrale, et sans rémunération, d'une partie des avoirs liquides de la banque commerciale (somme fréquemment calculée sur la base d'un pourcentage de certaines catégories de dépôts et/ou de prêts).

Les grandes entreprises ont souvent intérêt à émettre leurs propres titres plutôt que de contracter des emprunts auprès des banques. Les sociétés de haut de gamme peuvent obtenir de meilleures conditions sur les marchés financiers que ne le pourraient des banques de moindre signature et bénéficier ainsi de produits financiers faits sur mesure pour répondre à leurs besoins particuliers. Les trésoriers de ces grandes sociétés préfèrent un financement moins cher sur un marché même instable plutôt qu'une relation plus solide mais plus coûteuse avec une banque commerciale, où, une fois les prêts contractés, ils restent engagés jusqu'à échéance.

La « sécuritisation » peut également présenter des avantages pour les investisseurs dans la mesure où elle leur offre un vaste éventail d'instruments financiers et une vaste diversité de placements et dans la mesure où elle leur facilite la diversification de leur portefeuille d'investissement.

B

Inconvénients.

Le processus de « sécuritisation » comporte cependant des risques, tant pour les emprunteurs que pour les banquiers et les investisseurs. Côté emprunteurs qui ont recours à la place financière, l'un de ces risques est celui de l'absence d'un accès assuré et stable de financement avec la possibilité d'échéances reconductibles – comme en offrent normalement les banques commerciales.

L'emprunteur risque également de perdre le bénéfice du rôle de conseiller vigilant, de fiduciaire et de spécialiste de restructuration que peut jouer la banque. En effet, s'il arrive fréquemment que les emprunteurs négocient tel ou tel problème avec leur banquier, ils ne peuvent le faire avec des investisseurs.

Du point de vue des banques commerciales, le processus de « sécuritisation » pourrait les laisser avec des débiteurs de moindre qualité, puisque seuls des prêts accordés aux emprunteurs de premier rang peuvent être facilement offerts au public sous une forme « sécuritisée ».

Il reste bien sûr concevable que les banques ont la possibilité d'acheter des valeurs afin d'équilibrer la composition et la qualité de leur portefeuille, ce qui leur permet de jouir d'un certain degré de souplesse, dans la mesure où elles peuvent plus facilement vendre des titres que des prêts bancaires. Dans cette situation les banques deviennent des investisseurs institutionnels. Un autre risque que comporte la « sécuritisation » pour les banques, c'est qu'en préférant les transactions sur titres plutôt que l'octroi des crédits, elles accroissent leur dépendance à l'égard de produits dont le cycle de vie est court par définition. Ce faisant, les banquiers voient s'échapper la relation stable de crédit qui les lie normalement à leurs clients débiteurs.

Quant aux investisseurs, ils risquent de ne pas disposer d'informations suffisamment fiables concernant la qualité ou les risques que présentent de nombreux instruments financiers émis sur le marché. Le banquier, lui, peut en principe obtenir des informations plus fiables grâce à sa relation directe avec le client. Les banques – en vu de leur dimension et de leur puissance économique - sont également mieux placées pour suivre l'emprunteur et défendre leur intérêt, contrairement à l'investisseur moyen moins bien organisé. Par ailleurs, les investisseurs sont soumis aux incertitudes chroniques découlant de l'instabilité des marchés.

Paragraphe II