• Aucun résultat trouvé

L’aromathérapie est redevenue à la mode depuis quelques années pour de multiples raisons.

Premièrement, on peut parler des scandales sanitaires autour des médicaments, comme le Médiator

®

,

les perturbateurs endocriniens et les polémiques sur les vaccins … Ce contexte d’insécurité et de

méfiance face aux thérapeutiques allopathiques a contribué à l’engouement croissant de la population

pour des médecines dites « naturelles ». On peut également mentionner le déremboursement

progressif de certains médicaments, une plus forte médiatisation et tout un tas d’autres d’évènements

qui mettent en avant l’aromathérapie, la phytothérapie…

Cette tendance de santé naturelle a un impact direct sur le volume de ventes des HE. Par

exemple, le marché de l'aromathérapie aux États-Unis s’élève à près de 32 millions de dollars en

2012, soit une augmentation de 17,7% par rapport à 2011.(34)

Malheureusement, le fait est qu’à chaque mode est associé son lot de problème. En effet, la

demande croissante en HE a boosté l’offre sur le marché. Aujourd’hui, on peut aussi bien trouver des

HE en pharmacie, en magasin biologique que chez Gifi et sur des sites internet. Du coup, certaines

personnes mal intentionnées jouent sur la provenance et la qualité des HE…ce qui remet en cause

directement leurs propriétés et leur sécurité d’emploi. Il est donc indispensable de faire très attention

à la qualité de l’HE que l’on achète, car de nos jours il n’est pas rare de retrouver des huiles falsifiées

avec de la térébenthine ou même du white spirit.

De plus, une mauvaise dénomination représente un risque majeur de confusion et donc de

toxicité des HE, ce qui explique l’importance de la nomenclature. Le problème est que les

imprécisions sont très fréquentes dans les documents de banalisation de l’aromathérapie ainsi que sur

le marché où l’offre est de plus en plus importante.

Face à ce constat, en mai 2008 l’ANSM qui était encore l’AFSSAPS a publié des

recommandations relatives aux critères de qualité des HE. Dans ce document, il est mentionné que

« Pour garantir leur qualité, les HE devront notamment être obtenues à partir de matières premières

précisément identifiées, contrôlées selon des procédés définis, présenter des caractères

physico-chimiques précis, être conservées de façon satisfaisante ».

1.1 Dénomination botanique

Les HE à usage pharmaceutique doivent être conformes aux normes des monographies de la

Pharmacopée européenne quand elles existent, de la Pharmacopée française ou d’un autre pays

européen. Selon la monographie de la Pharmacopée européenne, la matière première végétale peut

être fraîche, flétrie, sèche, entière, contusée ou pulvérisée, à l’exception des fruits du genre Citrus qui

sont toujours traités à l’état frais.

Pour identifier précisément la matière première végétale d’une HE, il faut commencer par

définir sa dénomination botanique selon les règles linnéennes. Le nom international de la plante qui

correspond à sa dénomination scientifique est exprimé en Latin. Il comprend le nom de genre, suivi

du nom de l’espèce (ainsi que de l’initiale ou de l’abréviation du botaniste qui, le premier, a décrit la

plante), éventuellement, il est complété par le nom de la sous-espèce, de la variété et de l’hybride. La

famille botanique est généralement précisée.

Il n’est pas rare de voir un autre nom évoquant la nature chimique du principe actif majeur.

Exemple : Thym à linalol (Thymus vulgaris linalol) et Thym à thymol (Thymus vulgaris thymol) (3)

Pour identifier de façon précise une plante, il faut donc connaître :

Famille : Classement systématique qui regroupe les espèces ayant des caractères

morphologiques communs.

Genre : Unité de classification groupant un certain nombre d’espèces ayant des caractères

communs, subordonnée à la famille.

Espèce : Ensemble d’individus interféconds étroitement apparentés par caractères.

Sous-espèce : Subdivision de l’espèce, s’en distinguant par quelques caractères et

possédant souvent une autre distribution géographique.

Variété : Subdivision d’une espèce ou sous-espèce, différente souvent par un seul

caractère ; pousse généralement à proximité de l’espèce type.

Hybride : Plante provenant d’une espèce dont la graine a été fécondée par une autre

espèce presque toujours du même genre.

Il existe de nombreuses confusions, dues à l’existence de synonymes et de manque de

précision sur la plante à HE que l’on utilise. Il est donc nécessaire de se référer à la norme ISO

4720:2009, qui fournit une liste des noms botaniques de plantes utilisées pour la production des HE,

avec les noms communs des HE en anglais et en français.

Nom courant Famille Genre Espèce Sous-espèce Hybride

Eucalyptus radié Myrtaceae Eucalyptus radiata ssp radiata

Eucalyptus

globuleux

Myrtaceae Eucalyptus globulus

Lavande vraie

ou officinale

Lamiaceae Lavandula vera

(ou officinalis

ou angustifolia)

fragans

Lavandin super

ou hybride

Lamiaceae Lavandula Burnatii ou

hybrida

clone abrialis super

Tableau 5: Exemple de dénomination scientifique

1.2 Organe producteur d’huiles essentielles

Les HE peuvent être produites par différentes parties de la plante. Cela peut concerner autant les

organes végétatifs que reproducteurs. On retrouve ainsi :

- parties aériennes : lemon-grass

- fleurs : camomille, rose, lavande, orange

- bouton floral : giroflier

- feuille : citronnelle, eucalyptus, laurier noble, menthe

- écorce : cannelier

- bois : santal, bois de rose, camphrier

- racine : vétiver

- bulbe : ail

- rhizome : gingembre, curcuma

- fruit : badiane, anis

- zeste du fruit : orange douce, citron

- graine : muscade.

La composition qualitative et quantitative en HE est variable en fonction des organes de la plante

utilisée, ce qui confère des propriétés pharmacologiques différentes. Il est donc indispensable de

préciser la partie de la plante dont l’HE est issue.

Certaines plantes sont distillées en « plante entière » comme la Menthe poivre (mentha piperata)

et le Romarin (rosmarinus officinalis).

D’autres plantes au contraire, produisent différentes HE suivant l’organe distillé, c’est le cas de

l’oranger amer : Citrus aurantium L., Rutaceae. (12)

Nom vernaculaire Nom latin Organe reproducteur Propriétés

thérapeutiques

Oranger amer Citrus aurantium var. amara Feuilles : HE de Petit

grain de Bigarade

Calmante du SN,

antidépressive,

antispasmodique,

antibactérienne

Oranger amer Citrus aurantium var. amara Fleurs : HE de Neroli

Bigarade

Anxiolytique et

neurotonique

Oranger amer Citrus aurantium var. amara Écorce des zestes frais :

HE d’orange amer

Calmante,

digestive, stimule

l’appétit

Tableau 6: Les différentes HE d'orange amer en fonction de l'organe exploité

II. LE CHEMOTYPAGE : UNE CLASSIFICATION