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Les mutations politiques en Europe dans la deuxième moitié du XIX e siècle

Réalisées au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les deux fondations religieuses du cardinal Lavigerie pour l’Afrique vont être marquées par le dynamisme remarquable, mais aussi par les limites qui caractérisent cette époque en Europe.

A. Les idées d’hégémonie et d’expansion

Au cours de cette période, le Royaume-Uni et la France, et l’Allemagne un peu plus tard, sont engagés dans un jeu de rivalités qui révèle fortement leurs ambitions de domination politique et leurs besoins de débouchés commerciaux. En même temps, les sociétés européennes sont de plus en plus influencées par les idées nouvelles de démocratie et de droit des nationalités.

La Belgique s’est constituée en État indépendant en 1830, alors que l’Italie et l’Allemagne réalisent leur unité nationale dans les années 1860.

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C’est aussi à cette époque que le socialisme scientifique de Marx s’élabore comme une véritable doctrine d’action politique révolutionnaire avec la parution du Capital en 1867.

La course des puissances européennes pour l’établissement de leur pouvoir en Afrique s’inscrit dans ce contexte de mutations politiques qui caractérise la seconde moitié du XIXe siècle. Jusqu’au début de ce siècle, les seuls liens existant entre pays européens continent africain consistaient, pour l’essentiel, dans le commerce des esclaves. Ce commerce se réglait sur les côtes et les Européens n’avaient aucune connaissance des régions intérieures de cet immense continent. Seul le Portugal faisait exception avec ses deux territoires du Mozambique et de l’Angola annexés depuis le début du XVIe siècle.

1. Motivations géographiques, scientifiques, missionnaires et commerciales de l’exploration de l’Afrique A partir des années 1850, animés des préoccupations géographiques, scientifiques, missionnaires parfois, commerciales enfin, un certain nombre d’explorateurs de l’hémisphère nord commencent à parcourir le continent africain, principalement les grandes régions jusqu’alors inconnues de l’Afrique intérieure. Les puissances politiques vont suivre et, à la fin du XIXe siècle, des zones considérables du continent africain se trouvent sous la domination de quelques pays européens qui se sont attribué à eux- mêmes un véritable droit de tutelle, de conquête et de sujétion.

La France, l’Angleterre, l’Allemagne, puis la Belgique sont les plus engagées dans cette course. Même si ce mouvement de conquêtes coloniales ne s’effectue pas au détriment de la seule Afrique, le continent africain constitue cependant une proie particulièrement convoitée.

Sur ce point, les années 1880-1890 représentent une période décisive, marquée par l’engouement des Européens à s’approprier de vastes zones de pouvoir.

2. Le nationalisme à la base de la poussée impérialiste

Plusieurs facteurs expliquent la montée de cette expansion, facteurs à la fois économiques, politiques et idéologiques, sans qu’il soit toujours possible de déterminer exactement lequel des trois a joué un rôle prédominant, comme l’explique Pierre Milza : « Si les questions économiques jouent effectivement un rôle considérable dans la poussée colonisatrice, elles sont loin d’être le seul facteur, ni même, semble-t-il, dans la période qui s’achève en 1890, l’élément principal. C’est un peu plus tard, à partir de l’extrême fin du XIXe siècle, que les rivalités commerciales entre grandes puissances et la recherche de débouchés pour les produits de leurs industries mettront l’accent sur l’intérêt économique des territoires d’outre-mer. Jusqu’à cette date les questions de prestige et d’intérêt stratégique, les considérations politiques et psychologiques, l’action personnelle et spontanée de certains hommes jouent dans le fait colonial un rôle au moins égal aux mobiles économiques » (Milza, 1994 : 37-38).

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Le même auteur détaille un peu plus loin les mobiles qui poussent les gouvernements, certains explorateurs, et parfois des officiers en quête de gloire, à s’engager de plus en plus dans cette course vers de nouvelles possessions territoriales : « Dans tous les pays colonisateurs, l’expansion a été soutenue par de puissants courants d’opinion. Le nationalisme domine, on le sait, les courants de pensée du XIXe siècle, et la poussée impérialiste en est une des manifestations les plus spectaculaires. Les peuples y ont vu un moyen d’affirmer leur force et leur génie, de justifier leur orgueil national et de donner libre cours à leur volonté de puissance » (Ibid.,: 40-41 Cité par Ceillier, 2008 : 11). Parmi ces différents explorateurs, deux vont jouer un rôle déterminant dans l’histoire coloniale et religieuse du Congo : David Livingstone et Henri-Morton Stanley.

B. Le rôle déterminant de Livingstone et Stanley dans l’histoire coloniale et religieuse du Congo

Les expéditions des explorateurs à travers le continent africain, à cette époque, sont souvent la première manifestation de cet attrait vers l’Afrique. Nous retenons deux personnages parmi la flopée qui ont joué de près ou de loin un rôle déterminant dans la colonisation, et en même temps dans l’évangélisation, de l’Afrique australe, orientale et centrale. Il s’agit de David Livingstone et de Henry Morton Stanley, tous deux des sujets britanniques.

1. David Livingstone (1813-1873)

La figure la plus célèbre, et la plus attachante aussi, reste sans aucun doute David Livingstone. Missionnaire écossais, il part en Afrique du Sud en 1841 pour le compte de la Société Missionnaire protestante, la London Missionary Society. Homme de foi, animé d’un profond respect pour les populations qu’il découvre et passionné pour ce continent inconnu, il part vers le nord et explore pendant plus de vingt ans de vastes régions de la Zambie actuelle, du sud de l’actuelle RDC, des Grands Lacs et de l’Angola.

Pour Hochschild, « Toutes ces réactions instinctives à l’égard de l’Afrique - zèle antiesclavagiste, quête de ressources brutes, évangélisation chrétienne et simple curiosité - sont personnifiées par un seul homme : David Livingstone. Médecin, prospecteur, misssionnaire, explorateur et même consul britannique, il sillonna l’Afrique durant trente ans à partir du début des années 1840. Il partit en quête des sources du Nil, dénonça l’esclavage, découvrit les chutes Victoria, chercha des minéraux et prêcha l’Évangile. Au titre de premier homme à avoir traversé le continent d’est en ouest, il devint un héros national en Angleterre. » (1998 : 41-42)23. En 1866, Livingstone se lança dans une nouvelle longue expédition, à la recherche de trafiquants d’esclaves, de chrétiens potentiels, des sources du Nil et de tout autre objet de découverte éventuel.

23 Cet auteur réfute ainsi la thèse répandue par ceux qu’il appelle « les apôtres de la civilisation européenne » en révélant que la première traversée de l’Afrique centrale consignée, ignorée de Stanley et de la plupart des autres explorateurs blancs, avait été effectuée par deux trafiquants d’esclaves mulâtres un demi-siècle auparavant, Pedro Baptista et Anastasio José. Ils furent également, ajoute-t-il, les premiers à faire le voyage aller-retour.

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Les années s’écoulant sans qu’il revienne, on commença à s’interroger sur son sort, et en 1871, James Gordon Bennett, le directeur du New York Herald, envoya Stanley en Afrique à sa recherche. Celui-ci le trouva : « Le 10 novembre 1871, un jeune Blanc arrive à Ujiji, un village africain sur les bords du lac Tanganyika. Tandis que la population lui fait fête, un autre Blanc, au visage émacié et à la barbe fournie, sort d'une case et se dirige lentement vers lui. L'intrus ôte son chapeau et lui lance cette apostrophe aussi laconique qu'immortelle: « Dr. Livingstone, I presume? ». Le missionnaire David Livingstone (58 ans) n'avait pas rencontré d'Européen depuis cinq ans et passait pour disparu... quand il fut ainsi retrouvé par le journaliste Henry Morton Stanley, de son vrai nom John Rowlands (30 ans) »24.

Stanley lui-même relate cette rencontre : « l’homme sage et expérimenté et le jeune héros intrépide se lièrent vite d’amitié durant leurs mois d’exploration commune. Ils longèrent en bateau l’extrêmité nord du lac Tanganyika, dans l’espoir de découvrir le lieu d’où s’écoulait le Nil, mais eurent la déception de ne trouver que celui où affluait un autre fleuve : le Congo. L’aîné des deux hommes légua sa sagesse à son cadet avant qu’ils ne se disent tristement adieu et ne se séparent à jamais » (Stanley, H.M.,1878 : 54). De façon fort opportune pour Stanley, nous dit Hochschild, Livingstone resta en Afrique et y mourut peu après, avant d’avoir eu le temps de rentrer chez lui où il aurait fait un récit tout à fait différent de l’aventure.

Stanley sut avec ruse saupoudrer son récit de chefs pittoresques, de sultans exotiques et de serviteurs fidèles, le tout introduit par des généralisations hâtives qui permettaient à ses lecteurs de se sentir à l’aise dans un monde inconnu… (1998 :44). Par ses qualités d’homme spirituel et par son approche humaniste de l’Afrique, Livingstone constitue, d’une certaine manière, une exception parmi tous les explorateurs de cette époque. Il meurt épuisé et de maladie dans les marécages du lac Bangouélo, au nord de la Zambie, en 1873. Ses récits de voyage et la valeur de ses observations sur les peuples qu’il a visités, ainsi que ses qualités humaines reconnues de tous, lui ont valu un grand prestige. Sa dépouille repose aujourd’hui dans l’église de Westminster Abbey, à Londres. D’autres ont effectivement parcouru le continent noir, notamment Cameron et Stanley.

2. Henry Morton Stanley (1841-1904)

Comme Livingstone, Henry Morton Stanley reste lui aussi un des plus célèbres explorateurs de l’Afrique orientale et centrale, même si Adam Hochschild ne le décrit pas en des termes élogieux :

« Contrairement au pacifique et paternaliste Livingstone, qui voyageait sans large escorte de suiveurs lourdement armés, Stanley était un tyran cruel et brutal. Il estimait, dans ses écrits des voyages, que les Noirs étaient une immense source de problèmes et manquaient trop de gratitude pour lui plaire. C’est à la baguette qu’il menait ses hommes à travers collines et marais. Lorsque la boue et l’humidité minaient l’énergie physique de ceux enclins à la paresse, un coup de fouet sur l’échine leur donnait du nerf, parfois même en surplus. Quoiqu’il n’eût déserté de l’armée américaine qu’une demi-douzaine d’années plus tôt, Staney notait avec satisfaction comment ‘les incorrigibles déserteurs […] étaient correctement flagellés et

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enchaînés’. Il se peut que, note ironiquement Hochschild, les habitants des villages traversés par l’expédition de Stanley aient pris celle-ci pour une caravane d’esclaves parmi tant d’autres. » (1998 :44-45)

Le voyage de Stanley au départ de la côte orientale du continent, officiellement à la recherche de Livingstone, est décrit par Hochschild comme unique dans l’histoire de l’exploration :

« Au printemps de 1871, accompagné d’un chien appelé Omar, de porteurs, de gardes armés, d’un interprète, de cuisiniers, d’un guide chargé du drapeau américain et de deux marins britanniques – au total cent quatre-vingt-dix hommes, soit la plus importante expédition d’exploration de l’Afrique à ce jour -, Stanely partit de la côte orientale et s’enfonça à l’intérieur des terres pour retrouver Livingstone, que les Européens n’avaient alors pas revu depuis cinq ans. ‘Où qu’il soit, déclara-t-il aux lecteurs new-yorkais de son journal, soyez sûrs que je n’abandonnerai pas les recherches. S’il est vivant, vous entendrez ce qu’il a à dire ; s’il est mort, je trouverai ses os et je vous les rapporterai’. Stanley dut écumer le pays pendant plus de huit mois avant de rejoindre l’explorateur et de pouvoir prononcer la célèbre question : ‘Docteur Livingstone, je suppose ?’»

(Ibid. : 45).

Gallois, se faisant passer pour un citoyen de naissance américaine, Stanley était à lui seul l’Anglais et l’Américain de son expédition anglo-américaine. Cette dénomination, toutefois, attestait le fait que ce voyage, beaucoup plus onéreux et ambitieux que la recherche de Livingstone, était financé conjointement par le puissant groupe de presse anglo-américain New York Herald de James Gordon Bennett pour lequel il travaillait et celui du Daily Telegraph de Londres de Edward Levy-Lawson.

Parcourant par la suite le centre du continent au cours de plusieurs grandes expéditions et durant près de vingt années, il sera, entre autres exploits, le premier à découvrir dans toute son ampleur le cours du fleuve Congo, jusqu’à son embouchure qu’il atteindra en 1877. En effet, en 1874, accompagné de son imposante caravane habituelle de gardes et de porteurs, il s’était enfoncé de la côte Est vers l’intérieur, en direction de l’espace vierge le plus immense sur la carte, le cœur équatorial du continent, où aucun Européen n’avait encore mis les pieds (Ibid. : 57). Il effectua la traversée de tout le continent africain, d’Est en Ouest et, contrairement à Verney Lovett Cameron, seul Européen à avoir accompli cet exploit25

avant lui, Stanley était parvenu à l’embourchure du Congo.

25 Verney Lovett Cameron (Radipole, 1er juillet 1844 - 24 mars 1894) est un explorateur anglais, le premier Européen à avoir réussi à traverser l'Afrique équatoriale, en 1875. Entré dans la Royal Navy en 1857, il participe en 1868 à la campagne d'Abyssinie et lutte contre l'esclavagisme. La Royal Geographical Society lui confie en 1873 la mission de rejoindre David Livingstone et de lui porter assistance. À peine parti, il rencontre la caravane de Livingstone transportant sa dépouille. Il décide alors de continuer son expédition, arrive à Ujuji près du lac Tanganyika et y retrouve les affaires de Livingstone. Il explore la région, découvre Nyangwe, suit le cours du fleuve Congo et atteint l'océan Atlantique le 28 novembre 1875, devenant ainsi le premier européen à avoir traversé l'Afrique d'Est en Ouest. Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Verney_Lovett_Cameron [Consulté le 15 avril 2012]

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Du lac Tanganyika, où il avait retrouvé Livingstone quelques années plus tôt, avec son groupe réduit de porteurs zanzibarites (mais qui augmentait et diminuait au fur et à mesure du voyage pas des recrus et des désertions ou des morts) et ses soldats, il fit route vers l’ouest durant plusieurs semaines, jusqu’à un grand fleuve appelé localement Lualaba, l’un des principaux affluents du fleuve Congo. Il avait dû suivre le cours même du fleuve en remontant cet affluent, qui coule du sud-est vers le nord pendant plusieurs centaines de kilomètres26 avant de se mettre à tracer un large arc vers l’ouest dans le sens contraire des aiguilles d’une montre pour finir par couler en direction du sud-ouest vers ses cataractes redoutables et vers l’Atlantique (Cf. Ibid.).

Stanley était devenu de la sorte le premier homme à en tracer la carte du fleuve Congo et à résoudre le mystère de sa source. En effet, depuis leur départ de l’île de Zanzibar, à queslques encablures de la côte orientale, ils avaient suivi un parcours en zigzag de plus de onze mille kilomètres et avaient voyagé pendant plus de deux ans et demi (Hochschild, A., 1998 :62)

Durant ses voyages, il envoie des correspondances de presse aux journaux anglais et américains, dont certaines seront lues avec grand intérêt par Lavigerie. On peut mentionner notamment un article publié dans le Daily Telegram du 15 novembre 1875, où il évoque les dispositions favorables qu’il croit déceler en Ouganda vis-à-vis du christianisme et lance une sorte d’appel à la mission, réflexions qui impressionneront l’archevêque d’Alger, même s’il les accueille avec prudence (Ceillier, 2008 :12). Stanley en même temps, beaucoup plus que Livingstone, symbolise l’ambition scientifique et politique des puissances européennes de l’époque : « Les découvertes géographiques de Stanley-synthèse de l’œuvre de ses prédécesseurs-parce qu’elles ouvrent à l’Europe le cœur de l’Afrique, ont rendu possible le « scramble for Africa », la « course au clocher » qui aboutira, en quelques années, au partage du continent entre les principales puissances européennes. Par son énergie parfois burtale, son esprit réaliste, la puissance des moyens qu’il met en œuvre, ses liens étroits avec le monde de la presse, de la politique et de l’économie, Stanley, tout comme Cecil Rhodes, symbolise l’épisode de l’impérialisme colonial triomphant de la fin du XIXè siècle et du début du XXè siècle »27.

26 Jusque-là aucun explorateur Européen n’était jamais allé en aval de ce point de départ, et personne ne sait où menait le Lualaba. Comme il coule vers le nord, droit en direction de l’Egypte, Livingstone avait pensé qu’il s’agissait en fait du Nil, dont on cherchait la source depuis longtemps. Stanley, cependant, trouve le Lualaba beaucoup trop large pour constituer le début du Nil. Un temps, il pense qu’il s’agit peut-être du Niger, dont l’embouchure, comme celle du Nil, se situe loin au nord. Au cours de sa descente du fleuve, il acquiert peu à peu la conviction qu’il s’agit du Congo. Mais il n’en est pas totalement persuadé, car l’estuaire où le Congo se vide dans l’Atlantique, éloigné de plus de la moitié du continent, est situé au sud du point où ses repères célestes lui montrent qu’il se tient, sur la rive du Lualaba coulant vers le nord. Sur les cartes européennes, tout ce qui se situe entre les deux est vierge. (Cf. Hochschild, A., 1998: 64).

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Hochschild indique que, comme bien des occidentaux après lui, Stanley trouva que l’Afrique était pratiquement vide : « Pays non peuplé, la décrivait-il. Quelle colonie pourrait être installée dans cette vallée ! Voyez, elle est assez vaste pour abriter une large population. Imaginez un clocher s’élevant là où se dresse la couronne de feuillage sombre de ce tamarinier, et le spectacle charmant d’une ou deux dizaines de jolies cottages à la place de ces buissons d’épines et de ces gommiers !» (1998 :76. Cf. Bierman, J., 1990:109). Et encore : « La race anglo-saxonne a déjà donné […] beaucoup de pères fondateurs, et lorsque l’Amérique sera remplie de leurs descendants, qui dit que l’Afrique […] ne deviendra pas leur prochain lieu de repos ?»(Ibid.: 45. Cf. Stanley, H.-M., 1872:112-113).

On le voit, l’intention de Stanley de susciter l’intérêt des empires occidentaux à venir prendre possession de ces vastes et vides terres africaines fertiles et verdoyantes ne souffre d’aucune ambiguité. Toute sa presse pour décrire le continent ne consistera qu’à attirer l’Europe abordant avec confiance l’ère industrielle, à laquelle le chemin de fer et le bateau à vapeur capable de naviguer sur l’océan inspiraient un fort sentiment de puissance (Hochschild, A., 1998 :39).

Léopold scrutait tous les jours le Times de Londres pour y découvrir des nouvelles sur son sort. Il avait désormais la certitude que ce vaste territoire du centre de l’Afrique, que par miracle aucune puissance européenne ne revendiquait encore, pouvait devenir la colonie dont il se languissait. Le projet dont il rêvait depuis si longtemps allait finalement être réalisé et Stanley en serait la vedette. (Ibid. :77)

Elikia Mbokolo, à la suite de Hochschild, affirme :« Sans Henry Morton Stanley, le fameux journaliste américain d’origine anglaise, mieux, d’origine galloise, rendu célèbre par le périple (1869-1871) qui l’a conduit à retrouver l’explorateur et missionnaire David Livingston, les rêves d’empire colonial du roi des Belges seraient restés lettre morte. C’est après son grand voyage d’exploration de l’Afrique centrale d’est vers l’ouest, mené entre 1874 et 1878, que Stanley fut approché par les émissaires de Léopold II et convaincu, moyennant de généreuses espèces sonnantes et trébuchantes, de se mettre au service du roi.» (Ferro, 2003:433; Hochschild, 1998:43-45)

3. Léopold II, roi des Belges, achète le service de l’explorateur Stanley

Adam Hochschild raconte comment le roi des Belges, Léopold, s’est intéressé à l’oeuvre de l’explorateur Stanley : « Lorsque, au printemps de 1872, les télégraphes transmirent l’information selon laquelle Stanley avait retrouvé Livingstone, la nouvelle fut accueillie avec un vif intérêt par un homme grand et auguste de trente-sept ans, à la barbe en éventail, qui résidait dans le château de Laeken, bâtisse pleine de coins et de recoins située sur une petite colline des environs de Bruxelles. Sept ans plus tôt, à la mort de son père, Léopold avait hérité du titre attribué aux monarques de