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Aperçu sur les deux millénaires d’histoire de l’Eglise catholique en Afrique

Selon Dominique Arnauld, l’Afrique a marqué les débuts de l’Histoire du christianisme dans le bassin méditerranéen (2001 : 5). Et pourtant, entre le VIIè et le XIXè siècle, c’est à peine si une allusion est faite à la Nubie et au Royaume du Kongo! Or, dès qu’on se plonge dans l’histoire de ce continent, le christianisme est quasiment présent à tous les siècles, quelque part en Afrique13. Par moment il est

glorieux, durant de longues périodes il est silencieux et caché, mais il n’y a pas de raison de l’ignorer. Pendant de longs siècles le christianisme en Afrique a été voulu et dirigé par d’autres que par les Africains, mais, si les acteurs n’ont pas été à la hauteur de la tâche et des aspirations des peuples africains, l’Afrique, depuis le premier siècle, a fait partie de l’Histoire du Christianisme. Parent pauvre des nations, continent pressuré, l’Afrique n’en est pas moins dans la salle du festin. Sur ce continent, se côtoient de vieilles églises qui remontent au début de l’ère chrétienne et des églises qui en sont à fêter leur centenaire et même leur jubilé d’or et d’argent (Arnauld, 2001 : 5).

A. Les grandes phases des deux mille ans d’évangélisation de l’Afrique

Trois grandes phases peuvent être distinguées de ces deux mille années d’évangélisation : les cinq premiers siècles ; le XVe siècle et les expéditions des navigateurs portugais et espagnols ; enfin, le milieu du XIXe siècle et l’idée européenne de la mission civilisatrice universelle. Disons juste un mot sur les deux premières phases en attendant de m’apésentir sur la troisième dans laquelle l’objet de mon étude trouve son ancrage.

12 J. Baur parle de deux époques différentes de l’évangélisation de l’Afrique subsaharienne. La première qualifiée de la première évangélisation, commence en 1482 (pour ce qui est du Congo) pour être interrompue après. La seconde reprend à partir du 18ème siècle, vers 1792 et aboutit à la fondation des Eglises diocésaines dont il est question dans cette étude (Cf. Baur, J., 2001 : 53, 101).

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1. Le premier millénaire chrétien en Afrique et ses réalités: essor, déclin et survie

Au cours de cette période, l’Église s’est implantée dans tout le nord de l’Afrique, de la Mer Rouge à l’Atlantique. Entre la fin des Actes des Apôtres et le milieu du IIe siècle, les données historiques sur

l’expansion du christianisme en Afrique septentrionale sont à peu près inexistantes. Mais il est certain que la première « mission » chrétienne a bénéficié d’un contexte historique et géographique privilégié : l’extension de l’Empire romain à tout le bassin méditerranéen. Un réseau serré de relations humaines, facilité par la sécurité des routes et par l’activité des ports, permettait aux hommes et aux idées de circuler facilement et rapidement.

Les nombreuses communautés juives de la Diaspora servirent de relais à l’évangélisation (De Benoist J.R., 1991 : 4). Ces facilités ne doivent cependant pas faire illusion : il y a un véritable « miracle chrétien » que Pierre de Bérulle (fondateur de l’Oratoire en France au 17è siècle), décrit ainsi : « Face à un monde puissant, organisé, triomphant, une poignée de pauvres hommes sans instruction ni pouvoir ; l’empire éternel établi par de pauvres pêcheurs muets comme des poissons, d’entre lesquels ils sont tirés, sans cabale et sans prudence, sans armée et sans violence » (Ibid.).

Ce fut une période agitée où les conflits doctrinaux ont succédé aux persécutions pour menacer sans cesse l’unité et la survie de l’Église. Ce contexte difficile a vu de grands évêques et des théologiens africains éminents marquer de leur empreinte l’Église universelle : Cyprien de Carthage (200-258), Athanase d’Alexandrie (295-373), Cyrille d’Alexandrie (380-444), Augustin d’Hippone (354-430), pour ne citer que ceux-là. Les conditions culturelles et politiques de la création des communautés chrétiennes locales ont pesé lourd sur leur survie. L’expansion arabo-musulmane du VIIe siècle a balayé les

chrétientés du Maghreb, nées dans un contexte colonial et insuffisamment enracinées dans les cultures locales. Par contre, les communautés coptes d’Egypte et monophysite d’Ethiopie ont résisté jusqu’à nos

jours parce que leur foi, même déviante, est un élément de leur conscience nationale (Ibid. :1).

2. Quatre siècles d’évangélisation en ordre dispersé (1450-1850)

Au XVe siècle, l’Europe occidentale découvre le monde (De Benoist, 1991:21). Le siècle s’achèvera sur l’expédition la plus connue, celle qui va permettre à Christophe Colomb d’aborder aux côtes de l’Amérique. Mais, pendant cent ans, les navigateurs portugais, vénitiens, génois vont descendre toujours plus vers le sud, le long de la côte occidentale de l’Afrique, et, une fois franchie la pointe méridionale extrême du continent, faire escale sur la côte orientale avant de rejoindre l’Inde. Cette découverte, si elle avait des motifs intéressés, était inséparable de l’extension du christianisme. Les missionnaires accompagnèrent toujours les découvreurs et les commerçants.

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Mais cette évangélisation souffrit de multiples rivalités : entre les nations chrétiennes, entre le Saint- Siège et les Églises locales, et même entre les Ordres religieux. La création, en 1622, d’un organisme central chargé de la Propagation de la Foi ne suffira pas à unifier l’effort missionnaire.

Des quatre siècles d’évangélisation de l’Afrique en ordre dispersé (1450-1850) par l’Europe occidentale, quatre siècles d’efforts surhumains, mais sans liens entre eux, il ne restera pratiquement aucune trace au début du XIXe siècle.

B. Cadre historique, politique et ecclésiastique de l’évangélisation de l’Afrique par l’Europe occidentale C’est dans les péripéties de l’histoire, des alliances et des rivalités entre les nations, dans les ambitions et les besoins économiques et enfin dans les progrès techniques de la navigation qu’il faut chercher les conditions et les causes de la deuxième vague de l’évangélisation de l’Afrique qui va cette fois atteindre les côtes du continent au sud du Sahara.Trop dépendants des pouvoirs civils et des intérêts économiques (De Benoist J.R. :22), partageant aussi les préjugés de leurs contemporains et de leurs concitoyens, les missionnaires furent rarement maîtres des moyens qui leur auraient permis d’atteindre leurs objectifs religieux. Les longs délais de navigation ne permettaient pas de combler rapidement les vides creusés par une mortalité élevée, conséquence d’un climat difficile pour les Européens qui ne disposaient pas de médicaments appropriés, ni d’une alimentation et d’un logement adaptés.

Toutes ces raisons ont été des obstacles à une évangélisation systématique et au succès d’œuvres de longue haleine comme la formation d’un clergé valable et la promotion d’une élite chrétienne. Trop souvent aussi la conversion au christianisme était inséparable de l’adoption des mœurs occidentales. Les résultats obtenus ont été sans rapport avec les efforts déployés. Et les Églises nées sur les côtes africaines au cours des XVe et XVIe siècles n’étaient pas assez enracinées pour survivre à la rupture des liens avec l’Europe provoquée par les révolutions du XVIIIe et du XIXe siècle.

1. Les expéditions des navigateurs portugais et espagnols

Il fallut donc attendre le XVe siècle et les expéditions des navigateurs portugais et espagnols pour que le message du Christ soit annoncé au sud du Sahara. Pourquoi le Portugal et l’Espagne se sont-ils tournés vers le large ? Le Portugal avait achevé le premier sa reconquista, la reconquête de son territoire sur les Arabes. Dès 1147, Lisbonne, sa capitale, était libérée. L’armée portugaise se joignit aux Espagnols pour les aider à parfaire leur victoire sur leurs adversaires à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212. Seul demeurait le petit royaume de Grenade. Il disparut en 1492, après que les deux royaumes de Castille et d’Aragon eurent réalisé leur union en 1479.

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C’est au cours du long règne de Jean Ier (1385-1433) que le Portugal se dota de la flotte qui lui

permettrait d’avoir pendant longtemps la suprématie sur les mers. La concurrence castillane sur le continent poussa les Portugais à regarder vers le large. La demande en produits maritimes et exotiques augmentait en Europe. Et le vieux rêve de l’or poussait aussi les navigateurs à chercher les pays où il existait en abondance. Avec un peu de retard, les Espagnols suivirent les traces de leurs voisins (Ibid.). Vers l’est, la route était barrée par les royaumes musulmans, c’est-à-dire tout le maghreb actuel, le Moyen et le Proche Orient.

Il fallait donc trouver un nouvel itinéraire vers les pays des épices et de la soie qu’étaient l’Inde et la Chine, en contournant le continent africain. En même temps, les pays chrétiens d’Europe occidentale espéraient pouvoir rejoindre le Prêtre Jean qui luttait contre l’Islam. La croyance en l’existence de ce personnage mythique est sans doute née de ce que l’on savait de l’empereur d’Ethiopie. L’espoir de pouvoir, avec son aide, prendre à revers la puissance islamique, a conduit aussi les navigateurs lusitaniens et ibériques (Ibid.).

2. Les étapes de la découverte des côtes africaines

C’est d’abord vers le large que se dirigea le tout premier explorateur, Gonzalo Velho, qui découvrit Madère en 1418, puis les Açores en 1431. Mais ses successeurs suivirent la côte : Gil Eanes atteignit le cap Bojador en 1433, et Antonio Gonçalvès, le cap Blanc en 1441. L’année suivante, Nuno Tristam arriva sur l’île d’Arguin, il y prit 200 Noirs qu’il vendit au Portugal : c’était le début de la traite négrière qui va durer quatre siècles (De Benoist, 1991 :23). En 1445, un fort fut construit sur l’île d’Arguin, premier établissement permanent des Européens sur cette côte. En 1444, Dinis Dias doublait le cap Vert et prenait pied sur l’île connue plus tard sous le nom que lui donnèrent les Hollandais : Gorée (Ibid.). C’est un Vénitien, Ca da Mosto qui découvrit un archipel inhabité, situé à 400 km au large de la pointe extrême occidentale de l’Afrique et qui, pour cette raison, a été baptisé Iles du Cap Vert. La Gambie fut découverte en 1462. Au cours de cette année, le pape Pie II confiait au Franciscain Afonso de Bolano la mission de Guinée : à l’époque, ce nom désignait toute la côte occidentale de l’Afrique, du Cap Vert au Gabon (Ibid. : 25).

En 1488, des Portugais débarquèrent à l’embouchure du Sénégal et prirent le parti du roi détrôné du nom de Behemoï. Ils l’emmenèrent au Portugal où il fut baptisé, avant de revenir l’année suivante avec vingt- cinq bateaux pleins de soldats et de prêtres, surtout les dominicains. Il y avait espoir de pouvoir fonder un royaume chrétien dans cette région. Dans les années suivantes, des prêtres suivirent les Portugais qui s’installaient sur la côte du Sénégal, ainsi qu’à Cacheu et à Freetown.

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Mais c’est avec la création du diocèse de Funchal en 1516 et surtout en 1533, avec la séparation du diocèse de Santiago, dont le siège était aux îles du Cap Vert, que commença vraiment l’évangélisation de la région. Le nouveau diocèse, outre l’archipel du Cap Vert, englobait le continent de l’embouchure du Sénégal au cap des Palmes. C’est ce qu’on appelait la Haute Guinée. Les premiers évêques étaient de tous les Grands Ordres de l’époque: Franciscains, Prêtres diocésains, religieux de l’Ordre de Saint- Augustin (OSA), Carmes, Dominicains, Jésuites (qui y firent 40 années d’apostolat, de 1604 à 1642), tous Portugais.

A partir du milieu du XVIIe siècle, les Capucins français et espagnols arrivent en Afrique, avec l’avènement de la Congrégation pour la Propagation de la Foi fondée en 1622. Pendant le XVIe siècle,

des prêtres, surtout franciscains, travaillèrent dans la région de Cacheu et de Freetown au service des quelques centaines de chrétiens appartenant au personnel des commerçants portugais. L’évangélisation de l’Afrique occidentale au XVIIe siècle sera dominée surtout par les Capucins espagnols venus des

provinces de Castille, Navarre et Aragon sous la direction d’Antonio de Trujillo. En 1684, les missionnaires rédigèrent un rapport condamnant formellement la traite négrière et demandèrent des sanctions de l’Église et du roi du Portugal.

En fait, la traite négrière se révéla beaucoup plus rémunératrice. Le trafic se développait et les îles du Cap Vert en étaient devenues la plaque tournante. En 1594, l’évêque Pedro Brandâo se plaignit au roi du Portugal du fait que les esclaves étaient transportés dans des conditions inhumaines, que les Portugais de la région étaient chrétiens seulement de nom et ne s’intéressaient qu’à la traite négrière… (De Benoist, 1991 : 25-26). En 1470, les Portugais abordèrent pour la première fois dans une île de la Basse Guinée, qu’ils baptisèrent donc Sao Tomé. Ils la peuplèrent de colons et d’esclaves.

La christianisation fut assurée dès le début par les Franciscains (OFM), puis, à partir de 1494, par des prêtres africains formés à Lisbonne. Enfin, à partir du début du XVIe siècle et jusqu’en 1594, par l’Ordre de Saint Augustin (OSA). Le diocèse de Sao Tomé fut créé en 1534 : il englobait les îles de la région et toute la côte, depuis le cap des Palmes jusqu’au cap des Aiguilles. Le diocèse de Sao Salvador en fut détaché en 1596. En 1471, les Portugais arrivèrent dans une région où l’or abondait (la future Gold Coast, aujourd’hui Ghana) ; pour cette raison, ils baptisèrent El mina l’escale où ils construisirent un fort en 1482. L’évangélisation de la côte de l’actuel Ghana dura jusqu’au début du 18e siècle. La côte

du Bénin fut atteinte probablement par Ruy de Sigueira en 1472, sûrement par Joâo Afonso de Aveiro en 1486.

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Diogo Câo découvrit l’embouchure du Zaïre en 1482, et, quatre ans plus tard, la baie où est aujourd’hui construit le port de Walvis Bay. Il revient à Bartolomeo Dias de vaincre les appréhensions de son équipage et de franchir, en 1488, l’extrême pointe méridionale du continent, baptisée cap des Tempêtes. En 1498, Vasco de Gama, avant d’atteindre l’Inde à Calcutta et à Goa, faisait escale sur la côte du Mozambique.

3. Les Portugais et les Espagnols se divisent le monde

Pour les autorités de la chrétienté, la découverte de nouvelles régions était inséparable de leur évangélisation. En 1442, le pape Eugène IV donna à l’Ordre du Christ juridiction sur toute la côte ouest de l’Afrique. Cet Ordre avait été fondé en 1319 pour remplacer au Portugal celui des Templiers, et l’infant Henri en était le grand maître. En 1455, le pape Nicolas V alla beaucoup plus loin : il accorda au roi du Portugal le patronage, le padroado, sur toutes les terres à découvrir ; il aurait toute latitude pour y nommer les évêques et y envoyer les missionnaires de son choix. Ce patronage fut confirmé l’année suivante par Callixte III. Mais les caravelles espagnoles étaient parties à leur tour à la découverte du monde. En 1481, par la bulle Aeterni Regis, le pape Sixte IV confiait aux Espagnols les territoires africains au nord du 20e parallèle de latitude nord, le patronage des Portugais étant maintenu pour toutes les terres se trouvant au sud.

En 1492, Christophe Colomb naviguant vers l’Inde en passant par l’ouest aborda des terres que l’on baptisa Indes occidentales. Pour éviter des conflits entre les deux grandes puissances maritimes, le pape Alexandre VI, par la bulle Inter caetera du 4 mai 1493, attribua à l’Espagne « les terres fermes et îles

découvertes et à découvrir vers l’Inde à l’ouest du 45e méridien » ; au Portugal revenait tout ce qui était

à l’est de ce méridien. Les deux pays modifièrent d’un commun accord cette répartition.

Par le traité de Tordesillas, conclu en 1494, la ligne de séparation fut reportée à 100 lieues à l’ouest de la dernière île des Açores. Grâce à ce texte, ce qui allait devenir le Brésil tombait dans le domaine portugais, qui englobait également toute l’Afrique au sud du 20e parallèle. L’accord fut confirmé par le

pape Jules II en 1508 (Ibid. :23). Mais l’œuvre était tellement juteuse que d’autres puissances européennes vont très rapidement entrer dans la danse et même supplanter les deux précédents. Ce fut le cas de la France, l’Angleterre et les Pays-Bas.

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4. Arrivée des Français, Anglais et Hollandais sur les côtes africaines

La rivalité entre l’Espagne et le Portugal sur les mers avait sa source dans la lutte que les deux pays se livraient dans la péninsule où ils cohabitaient. En 1580, ce conflit tourna à l’avantage des Espagnols, dont le roi joignit à sa couronne celle du Portugal. Cette tutelle fut mal acceptée et l’opposition se répercuta dans les missions. En 1640, le Portugal reconquit son indépendance, mais cette lutte laissa des séquelles dans les territoires africains. Les Anglais et les Français, à leur tour, avaient pris le départ pour se constituer un domaine colonial. Leurs bateaux prenaient une part active à la traite négrière.

Ils furent de plus en plus nombreux sur les côtes africaines où Français et Anglais fondèrent de nombreux comptoirs. La famille des Habsbourg fut un moment toute puissante en Europe. Et en la personne de Charles-Quint, elle réunit sous une même couronne des territoires allant de la péninsule ibérique aux Flandres en passant par l’Europe centrale. Les régions méridionales des Pays-Bas, rassemblées en Provinces-Unies, luttèrent de 1555 à 1668 pour secouer la tutelle des Habsbourg. Elles se dotèrent d’une flotte puissante qui alla, à son tour, commercer le long du continent africain. Tout le XVIIe siècle est dominé par la traite négrière pratiquée essentiellement par les Pays-Bas.

C. Organisation ecclésiastique

Le pape s’était réservé le droit de créer les circonscriptions ecclésiastiques dans le domaine confié au

padroado des Portugais et à la tutelle des Espagnols. Ceux-ci avaient découvert en 1401 l’archipel des

Canaries qui devint diocèse dès 1406. En 1444, Ceuta, conquis par les Portugais en 1415, devint un diocèse dont le titulaire avait le titre de « Primat d’Afrique ». En 1499, Alexandre VI érigea plus au sud le diocèse de Safi qui englobait le Sénégal.

Léon X modifia cette organisation en créant à Madère en 1516 le diocèse de Funchal, qui avait juridiction sur la côte africaine de Safi au cap Bojador. Cette juridiction passa donc de l’Ordre du Christ à l’évêque de Funchal qui résidait en fait à Lisbonne. En 1518, on lui donna un auxiliaire pour Sao Tomé et le Congo. En 1597, San Salvador, au Kongo, fut érigé en diocèse, détaché de Sao Tomé. En 1612 enfin, le Mozambique devint vicariat apostolique, détaché de l’archidiocèse de Goa. A partir de 1622, la Congrégation pour la propagation de la Foi essaya, souvent sans succès, de reprendre le contrôle de tous les territoires missionnaires. Le Portugal conserva son padroado sur ses territoires coloniaux, Cap-Vert, Guinée Bissao, Sao Tomé et Principe, Angola, Mozambique, jusqu’à leur indépendance en 1975 (1973/4 pour la Guinée Bissao).

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1. L’évangélisation et la traite négrière : deux actions conjointes des Jésuites et des Dominicains

La dispersion des initiatives missionnaires, le drame de la traite négrière dans lequel certains missionnaires furent même impliqués14 ont été des obstacles à une action concertée, poursuivie avec constance et prenant en compte les réalités locales. Le climat et le manque de voies de pénétration vers l’intérieur - encore inconnu des Européens - n’ont pas permis aux fondateurs d’Église de dépasser les côtes de l’Atlantique et de l’océan Indien. Même si certaines communautés chrétiennes ont existé pendant près de trois siècles, elles n’ont été que des enclaves sans rayonnement effectif sur les pays environnants.

Les révolutions qui ont marqué l’histoire de l’Europe à partir de la fin du XVIIIe siècle ont mis fin à une

évangélisation menée par des hommes souvent héroïques, mais sans plan d’ensemble, malgré la création, en 1622, de la Congrégation romaine pour la Propagation de la Foi. L’isolement des Églises locales et leur manque d’enracinement dans les civilisations africaines ont eu pour conséquence leur disparition momentanée. Revenant avec force et conviction sur ses accusations, Silas Cerqueira montre que les grandes découvertes - qui allaient en général contribuer à faire éclater la « Weltanschauung =