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Mutation de la demande des citoyens :

Première partie: Approche méthodologique

1.4. Mutation de la demande des citoyens :

Créer de l'intelligence collective, émerge comme le meilleur moyen de régler les problèmes de démocratie et gouvernance urbaines. La disposition des citoyens à participer à la concertation et la consultation, en tant que partie prenante concernée par les projets urbains à l’échelle de leur quartier ou leur ville, interpelle les pouvoirs publics à ne ménager aucun effort afin de réunir les conditions nécessaires pour l’aboutissement de cette implication

36Idem. 37

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Jean-Yves Chapuis, consultant en stratégie urbaine et enseignant à l'Ecole nationale supérieure d'architecture Val-de-Seine. Auteur de « Profession urbaniste » aux Editions de l'Aube.

citoyenne. Il faut les laisser faire davantage et moins intervenir. John Habraken,38 un farouche défenseur de la ‘participation’, est allé encore plus loin dans son raisonnement à travers son ouvrage « une alternative face au logement de masse ».39

Le point de départ de la théorie d’Habraken vient de l’hypothèse (peut être quelque peu optimiste) que, si les citoyens, soucieux de l’environnement qui les entourent, chercheront à l’entrevoir voire l’améliorer, alors l’environnement bâti doit encourager les habitants à être responsable de leur propre territoire. Un environnement distinguant clairement les espaces et parties dont l’occupant doit avoir la responsabilité, rendre ainsi propice le besoin pour l’habitant d’en être responsable. Il semble alors évident qu’un bâtiment doit être conçu de manière à ce que chaque partie s’adresse clairement à l’ensemble des individus la concernant. Or, la répartition du processus constructif doit refléter les différentes strates de prise de décisions et la définition des responsabilités entre chaque ensemble d’individus.40

Habraken définit alors cette division du processus par plusieurs descriptions des connexions entre les éléments du bâti, créant à leur tour des édifices autorisant leur modification ou désassemblage et ainsi transformant la construction en acte de fabrication en opposition avec la reproduction standardisée industrielle.

Pour Habraken,41 « nous ne devrions pas prédire ce qui va se passer, mais essayer de prévoir l’imprévu ».42

Afin de pouvoir s’adapter à l’imprévu, il suggère donc l’introduction de différents niveaux de prise de décisions dans le processus constructif concernant le tissu urbain, le support et l’« infill »43 ; les deux derniers faisant référence au squelette du bâtiment et à son aménagement. Cette séparation entre support et aménagement qui définit la colonne vertébrale de l’Open Building par sa distinction de différents niveaux de contrôle, de responsabilité et enfin de technique, dans l’intention de restaurer une relation naturelle entre l’habitant et son environnement tel qu’on le constate depuis des millénaires avant notre époque.

De plus cette « recherche autour de la théorie de l’Open Building »44 devient la clé pour une réduction du gaspillage en sollicitant une coordination entre dimensionnement et

38Architecte néerlandais, diplômé de TU Delft en 1955, il s’intéresse comme s’intitule son livre à : une alternative

face au logement de masse. Il est intéressant de noter son intérêt tout particulier pour le logement, un intérêt qui, au préalable, ne faisait pas partie des principales préoccupations du monde de l’architecture, et qui sera le point central de la réflexion d’Habraken, réflexion autour de laquelle il élabore la théorie de l’Open Building (à ne pas confondre avec Open Form) intégrant les notions de Support and Infill.

39Habraken, N. J., (1972), “Supports, an Alternative to Mass Housing”, London Architectural Press, (1961 en

Néerlandais, Amsterdam).

40Cuperus Ype, (1996), “Housing for the Millions. The Challenge Ahead”, in Conference papers, Hong Kong. Ype

Cuperus à la tête de l’OBOM Group.

41

Comme il fut le cas chez Cedric Price et le Non Plan.

42Habraken, N. J., op. cit.

43En anglais le terme « Infill » sous-entend un acte de remplissage, de prise de possession d’un espace. 44

Au fil du temps et des intérêts pour cette théorie, un laboratoire dont il est maintenant le directeur, la SAR (Stiching Architecten Research) établie en 1965, explore les perspectives énoncées dans son livre, tandis qu’un

positionnement plutôt que la découpe improvisée sur place, utilisant ainsi l’information plutôt que l’énergie, permettant aussi la réutilisation des éléments constructifs et leur durée de vie. 1.4.1. Compatibilité avec les fortes contraintes budgétaires :

La baisse de moyens impose une autre manière de construire les villes. Il n’est plus nécessaire de faire des projets pour vingt ans, mais plutôt d'anticiper et de préparer les évolutions à venir. Ce n’est plus l'ère de la politique quantitative, mais qualitative.

L’anticipation des besoins, face à un environnement technologique assez mouvant, impose également à la ville de réfléchir à ces évolutions, de manière beaucoup plus importante. Des sociologues travaillent sur certains points, comme Gilles Lipovetsky qui a démontré comment le travail et la vie personnelle se sont mélangés,45 par exemple. La solitude est un autre thème qui incite à réfléchir à des équipements publics capables de favoriser des rencontres. La retraite est encore un autre de ces thèmes à prendre en considération de manière plus importante. Ces éléments doivent valider ou ne pas valider un projet, à le repenser, l'affiner, l'améliorer.

1.4.2. L'urbanisme nécessite une vision plus globale :

C’est en ces termes qu’en France, par exemple, le Supplément Entreprises et Collectivités s’est exprimé dans sa rubrique ‘initiatives locales’ : La stratégie urbaine avant le projet urbain, il faut réintroduire de la mixité sociale, mais partout. Le problème dans le 16e arrondissement parisien n’est pas évoqué alors qu'il est encore plus frappant qu'ailleurs. Sachant que la ville ne peut pas tout régler non plus.46

En effet, l’urbaniste se trouve aujourd'hui face à un dilemme, la ville doit d'abord être éthique, jolie, agréable et pas simplement pratique comme le suggère la vision de la ville connectée actuelle. Aussi, il doit considérer le risque du sacrifice générationnel à travers l'urbanisation comme ce fut le cas dans les années 1970-80 en France :

Je n'ai pas de vision sacrificielle, nous sommes responsables des générations futures. Les citoyens que nous interrogeons ne nous parlent pas de logements sociaux, ils n'en veulent pas. Il faut simplement que les politiques puissent nous dire que le bonheur doit être partagé par tous.47

autre, le groupe OBOM de TU Delft, étudie depuis les années 1980 les questions relatives à la mise en œuvre de telles idées en pratique. Avec la SAR, il développera le concept du Tartan Grid, une maille d’une trame de 10 et 20 cm comme base de conception pour différents niveaux de décision et précision, modèle largement exporté à l’internationale.

45

Lipovetsky, G. et Jean Serroy, J., (2006), « Le bonheur paradoxal. Essai sur la société d’hyperconsommation », éd. Gallimard, Paris.

46

Supplement Entreprises et Collectivites // Initiatives Locales : « La stratégie urbaine avant le projet urbain ! »

47

Propos recueillis par Guillaume Bregeras, gbregeras@lesechos.fr En savoir plus sur :

https://www.lesechos.fr/18/03/2015/LesEchos/21900-373-ECH_--la-strategie-urbaine-avant-le-projet-urbain---- .htm#AZbLZ8SmTA3TBVMp.99