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Méthodologie et phases des travaux de recherche :

Première partie: Approche méthodologique

1.7. Méthodologie et phases des travaux de recherche :

Le pouvoir algérien se situe dans une typologie de système en transition et la ville algérienne n’est que le reflet de cet état d’appréhension général. Ce contexte de transition « est particulier en ce sens que si le choix du modèle libéral est affirmé dans les discours, la réalité révèle que certains réflexes politiques relèvent encore de modes anciens de l’exercice du pouvoir, et que des formes de monopole s’instaurent de fait ».72 D’ailleurs, le Programme d’Action Territoriale, PAT 18 axé sur le renouvellement urbain et la politique de la ville,73 affirme que la transition urbaine rapide, mal maitrisée et encore inachevée engendre de nombreux dysfonctionnements auxquels la gestion urbaine actuelle ne fait que partiellement face.

Malgré le progrès notable enregistré durant le deuxième plan quadriennal (1974-1977) dans différents secteurs, l’échec politique marquait un passif lourd. Alors, « l’Etat entama la critique de ses choix politiques et de sa stratégie de développement en 1979, sur la base des résultats du recensement de 1977. Les revers sociaux, économiques et spatiaux furent durs à accepter. La planification de l’économie et de l’espace, remise en question de fond en comble, dut subir un coup d’arrêt de deux ans, le temps de la critique et de la révision du modèle de développement et de ses démarches. Elle ne reprendra qu’en 1980-1984 et 1985-1989 ».74

71Tomas, F., (1996), « Projet de ville et projets urbains sont-ils incompatibles ? », in ‘Villes en projet(s)’, sous la

direction de Charrié, J-P., Centre d’études des espaces urbains (CESURB), éd. Maison des sciences de l’homme (MSH) d’Aquitaine, Talence, p. 49.

72

Semmoud, B., (2005), «Grande ville et enjeux de la métropolisation en Algérie », in Actes du Séminaire International SIVIT 2005: 'Villes et territoires : Mutations et enjeux actuels', organisé par le Labo. PUViT : 12, 13 et 14 novembre 2005, UFAS, Sétif, p. 24.

73

SNAT, 2010.

74

Belkhatir, A., (1999), « Villes et territoires en Algérie », in Méditerranée, tome 91, 1/2/1999 : Littoralisation et disparités spatiales, Machrek Maghreb, pp. 73-74. http://www.persee.fr/doc/medit_0025-

Dans le but de mettre en œuvre des stratégies urbaines viables, il serait judicieux de s'appuyer sur la démarche dynamique du projet urbain. Car celui-ci correspond à une nouvelle manière de penser l’urbanisme, non pas comme lieu de convergence d’un pseudo consensus suivant une approche statique mais comme un processus évolutif qui conduit à des remises en question permanentes. Il invite à l’ouverture des disciplines qui doivent désormais intégrer une logique de projet : projet politique, projet économique, projet social et projet culturel doivent tous s’exprimer dans un projet urbain qui se veut avant tout un projet collectif. Ainsi son mot d’ordre pourrait être de s’intéresser à la ville réelle et à ses dysfonctionnements plutôt que de rêver à la ville idéale.

Le projet urbain (PU) présente un certain degré de complexité à toutes les échelles auxquelles il s’applique. Cette complexité se révèle concrètement au moment où il faut définir un projet précis à l’échelle du morceau de ville. Effectivement, la difficulté du long terme des grands projets tient principalement à définir des objectifs malgré les incertitudes, les fluctuations et les aléas économiques.

Il s’agit donc de la cristallisation d’une stratégie plus générale dans un projet à traduire dans un programme déterminé. Cette étape du processus correspond au passage des énoncés que l’on peut qualifier de « théoriques » (ambition, objectifs généraux, axes…) à leur réalisation dans la pratique, avec toutes les contradictions, les conflits et les ajustements que ce type d’actions implique.

Prendre en compte l’avis de tous, assurer une évolution du projet au fur et à mesure de la concertation, informer la population sont certes des causes louables mais leur mise en application n’est pas aussi aisée que l’on pourrait le penser. En effet, de nombreuses questions se posent quant à l’organisation de la concertation, l’importance que l’on doit lui accorder, sa place au sein de la procédure, etc. La concertation peut être engagée très en amont de la décision, dès les études préalables. Il est d’ailleurs souhaitable qu’elle soit entreprise le plus tôt possible.

L’existence d’intérêts contradictoires ne doit pas empêcher l’expression d’avis motivés. Au contraire, si la concertation et le dialogue ont raison d’être, c’est justement parce qu’il n’existe pas de solution technique idéale en urbanisme et qu’une nécessité s’impose : construire un consensus.

L’idée de « projet urbain », en mettant en valeur l’importance d’obtenir une synergie entre les acteurs, si l’on souhaite le voir aboutir, renvoie à cette articulation nécessaire entre le décideur et les personnes concernées par l’opération. Les grandes décisions concernant des opérations urbaines sont le reflet des rapports sociaux du moment et reposent, même si ce n’est pas de façon explicite, sur certains choix de société.

Il faut reconnaître enfin que la concertation peut constituer un outil d’aide à la décision et pourra même enrichir le projet au fur et à mesure de son élaboration.

L’espace public est au cœur du projet urbain car il est reconnu comme l’élément coordinateur et structurant du tissu urbain. A travers des séquences d’espaces différents, il permet le contrôle et la cohérence de l’ensemble et favorise l’articulation du tissu. A travers l’espace public il s’agit d’assurer la continuité qualitative immédiate ainsi que la permanence dans la longue durée de son tracé. L’espace public doit être pensé en termes de continuité et de hiérarchie, d’économie et d’efficacité, et bien évidemment de qualité concernent l’aménagement et les usages.

Le but du projet urbain doit être de produire de l’espace public à travers une série de règles visant à ordonner les compositions urbaines et à mettre en évidence la qualité architecturale. La ville est garante de la notion de continuité car grâce à sa longue durée, elle peut aussi mettre en cohérence les différents fragments et les ruptures des architectures qui s’inscrivent dans une durée plus courte. Le projet urbain doit donc produire du temps, créer un « contexte » constitué de tracés, de découpages et de tout ce qui constitue l’aspect « matériel » d’une ville.

Le traitement des espaces publics est d’autant plus crucial que leur durée de vie est plus importante que la plupart des autres réalisations. Ainsi, quand on décide de réaménager une place, on se situe dans le long terme car l’espace public évolue moins vite que le reste. Pour cette raison, l’espace public joue un rôle primordial dans la structuration de l’espace urbain. En plus de répondre aux exigences formulées lors de l’élaboration du projet urbain, il se doit d’être flexible afin de l’adapter aux évolutions futures du site.

Le projet urbain ne se limite pas à édifier des bâtiments. Son but est de créer les conditions favorables à la création puis à la gestion du tissu urbain. Outre une définition paysagère des espaces publics, il est essentiel de définir les typologies des édifices à construire afin d’assurer une meilleure maîtrise de l’espace. Pour Bernard Huet :

La véritable fonction du projet urbain, c’est de produire du temps, de la continuité, de la régularité, d’établir la forme des espaces publics et de fournir un contexte à l’architecture,… la ville a besoin de règles. Sans règles, aucune transgression n’est possible.75

Le projet urbain met ainsi en évidence ce qui fait l'identité des lieux, l'espace et les pratiques sociales, les représentations qu'ont les habitants et leur univers quotidien. De cette manière, le projet a cette ambition de s'inscrire dans l'histoire de la ville, ne pas en nier les traces, et au contraire de signifier dans la forme préconisée ce souci d'avoir tenu compte du contexte et de l'existant, éventuellement de laisser ouvert le dispositif à d'ultérieures transformations. Il vise à rendre sa démarche lisible, à exprimer les tensions, à laisser sans solution définitive les problèmes encore mal posés. En d'autres termes, la démarche du projet urbain laisse entier le caractère problématique de chaque projet et incite à définir le processus créatif adapté à chaque cas ; chaque cas présente une situation de projet particulière.

75

Edelmann, F. (1993), Débat : entretien avec Bernard Huet. « Le hasard et la nécessité sont la loi du projet urbain », in Le monde du 23 nov. 1993, p. 2.

Dans sa réflexion autour du projet urbain, Marcel Roncayolo affirme à son tour que :

On sait que la notion de projet urbain s’inscrit en grande partie dans l’inflexion intellectuelle de l’architecture autour de la typo-morphologie – et donc de la révision entreprise par les architectes italiens voici une génération. La découverte à la fois des logiques des formes urbaines, de la relation entre les échelles et de l’importance des trames acquises n’est plus à rappeler. Dès lors, qu’il s’agisse de requalifier d’anciens tissus, d’utiliser la gamme des « praxis » existant dans la ville, de penser à rebours le lien du modernisme en termes de continuité et non de rupture, l’analyse des formes urbaines devient essentielle, condition dans une certaine mesure de la conception. En même temps les formes ne peuvent être situées uniquement à leur échelle mais rattachées, au moins intellectuellement, par enchaînement, à d’autres formes acquises ou projetées : mises en perspective, ouvertes aussi. De ce point de vue, le projet urbain ne peut être jugé exclusivement sur les expériences entreprises et réalisées : ce qui reste plus important, c’est qu’il introduit (nécessairement, faut-il l’espérer) une réflexion sur le temps et la maîtrise du temps.76

En outre, le projet urbain est un processus plutôt qu'une addition d'opérations, c'est une façon de faire la ville plutôt qu'un projet de la ville. Il prétend cependant s'inscrire dans la durée. Projet sur un site et dans une aire culturelle donnée, il rencontre les traces et les tracés historiques de la forme urbaine. L'espace du projet urbain est alors déterminé par l'histoire de sa formation ; celle-ci établit des liens de complicité entre ville et citoyen.

Lors de la Journée sur la ville, Aziz Belkhathir conclut dans sa communication que « la matrice de paramètres du développement durable humains, combinée avec le référentiel : ‘diagnostic – acteurs – enjeux stratégique – enjeux opérationnels – objectifs – actions’ constituera un véritable référentiel qui permettra véritablement de dérouler les problématiques et d’envisager les chemins possibles de co-construction des solutions de développement urbain séquencé entre production et gestion urbaines. Des exemples novateurs sont implémentés et éprouvés dans la conduite des projets urbains humains d’aménagement et de gestion des villes et des métropoles ».77