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Etat des grands ensembles à Sétif :

Première partie: Approche méthodologique

2.7. Etat des grands ensembles à Sétif :

Les grands ensembles, phénomène universel émanant du mouvement d’architecture moderne, représentent un mode de production de logements en masse après la deuxième guerre mondiale, guidé essentiellement par des urgences de crise de logement. « Ils sont ainsi résonnés de manière quasi homonyme dans l’inconscient collectif, avec un halo cafardeux de dislocation sociale, de ghettos, de ségrégation spatiale, de relégation urbaine et d’isolement, d’accès difficile et de temps de transports urbains excessifs ».108

Vue la nécessité de vastes espaces essentiels à leurs fonctionnement, les grands ensembles sont généralement implantés en périphérie de la ville. Le problème d’identité se pose parfois avec acquitté suite à l’architecture répétée d’une qualité pauvre, les espaces libres à l’origine destinés aux jeux, stationnement et autres sont vite abandonnés pour devenir des espaces voués à la débauche et la délinquance juvénile mettant ainsi la vie des habitants en danger et créant des foyers de tension.

La ZHUN (Zone d’Habitat Urbain Nouvelle) à l’Est de la ville de Sétif est un conglomérat de cités numériques sans identité particulière. Ces grands ensembles datant des années 1980 renvoient l’image d’une grande cité dortoir. Les terrains vides prévus initialement comme espaces publics sont envahis par les ordures et transformés en parkings sauvages. Certaines densifications n’ont fait que compliquer la situation déjà précaire, tel est le cas des 1014 logements malgré leur situation aujourd’hui favorable par rapport aux boulevards qui les bordent et le tram qui arrive avec la facilitation de leur liaison avec le reste de la ville.

Dans un contexte de développement durable des villes, les grands ensembles relèvent de l’intérêt particulier du projet urbain qui vise à remédier à la dégradation du cadre de vie qu’ils offrent et en particulier les questions centrales des ambiances urbaines et architecturales. La démarche du projet urbain est vitale à la construction d’une nouvelle configuration urbaine des grands ensembles, d’autant plus qu’elle essaye d’établir des relations entre les différentes zones urbaines séparées et que les quartiers périphériques prennent une place importante, ce qui est le cas des ZHUN de Sétif. Dans cette stratégie, une action de renouvellement urbain est nécessaire à plusieurs égards afin de revaloriser durablement la vie urbaine et ses conditions. Il s’agit aussi d’une bonne utilisation de l’espace de réintégration des grands ensembles de l’est de la ville de Sétif dont l’image a besoin d’être améliorée.

En ciblant les liens entre l’environnement, l’utilisateur et le déroulement des fonctions, l’analyse urbaine de la ZHUN, à travers la définition de chaque élément qui compose l’espace urbain, permettra d’indiquer les lignes directrices à suivre dans le processus d’intervention. A cet effet et dans le cadre d’opérations planifiées, une stratégie compatible à ces morceaux de ville peut mettre en œuvre la requalification des espaces abandonnés et confirmer une

108Hanappe, C., (2015), « Le grand ensemble peut faire du grand et de l’ensemble », Ecole nationale supérieure

d’architecture, Paris-Belleville.

nouvelle centralité. Des options peuvent être prises pour favoriser un développement urbain durable au sein de ces cités visant à améliorer la qualité du cadre de vie des habitants. Il est temps d’amorcer une intervention au sein de la cité des 1014 logements afin de régler le problème de disfonctionnement et de déséquilibre dont elle souffre et veiller à sa réintégration en vue de rehausser son image par rapport à la ville.

Le renouvellement urbain des grands ensembles est indiqué pour l’amélioration de la qualité sociale et spatiale de ces entités urbaines et apte à fournir le confort urbain aux usagers et habitants de la cité. Le réaménagement urbain des espaces abandonnés permet de requalifier les pieds d’immeubles et intégrer des équipements d’accompagnement de qualité qui aident à améliorer le cadre de vie des résidents et marquer une nouvelle centralité. Concernant la stratégie de développement urbain durable des villes, les grands ensembles font l’objet d’un intérêt particulier du projet urbain qui vise à remédier à la dégradation des espaces urbains et offrir de meilleures ambiances urbaines et architecturales.

Il s’agit là d’une zone qui peut faire l'objet d’études pour mieux organiser ses espaces et améliorer son niveau de fonctionnement, son attractivité ne sera qu’élevée à travers une nouvelle planification stratégique. De véritables identités résidentielles vont apparaître en les désenclavant à travers une nouvelle urbanité où la participation des habitants fera loi. La mixité urbaine, sociale et fonctionnelle confortera le fonctionnement de la ZHUN et un meilleur équilibre sera instauré entre les logements, les équipements et les espaces publics. Le réaménagement des principaux axes structurants et l’élaboration d’un plan de recomposition urbaine permettra d’englober toute l'unité et évitera les opérations ponctuelles tout en corrigeant les lourdes erreurs et coupures urbaines au sein des grands ensembles ; dues aux grands espaces vides. Ces immenses cités prospéreront au vue des nouvelles perspectives si l’on atténue leur actuel déséquilibre fonctionnel, spatial et social.

Entre autres conclusions de la Commission n°1 des « Tissus urbains » en 1987, le statut des espaces publics et collectifs et l’usage auquel ils sont destinés, doivent être préalablement et clairement définis ou, à défaut, il faut s’interroger sur l’opportunité de les concevoir. Leur traitement est indissociable du bâti qui les délimite. La conception bâti-espace public comme un ensemble intégré, doit être prise en charge par la maîtrise d’ouvrage et se traduire par l’approbation spontanée des habitants.109

Dans les quartiers à dominance d’habitat collectif, selon la même Commission, les problèmes posés sont en grande partie et très souvent explicables par l’existence de vastes espaces extérieurs, sans statut, peu ou mal gérés, et finalement apparaissent comme des espaces résiduels. Quant aux lotissements, les espaces publics, souvent réduits aux voies de dessertes, sont le plus souvent correctement aménagés et entretenus. Ils gagneraient beaucoup à être

109Voir les exposés de Bihel et Naït Saada sur ‘les questions de conception et de composition urbaine’, de

Younes sur ‘les problèmes des formes hétérogènes d’extension des agglomérations’ et de Naïtja sur ‘les

questions d’adaptation des plans de développement urbains aux objectifs locaux’. Commission n°1 : « Production des nouveaux quartiers, Conclusions et recommandations », in Colloque international : ‘Les tissus urbains’, organisé par le MUC du 1 au 3 décembre 1987 à Oran, éd. ENAG, Alger, 1989, pp. 16-17.

cependant diversifiés, et les cahiers des charges devraient imposer une véritable relation avec les constructions (introduction d’espaces de transition entre espaces publics et espaces privés, choix d’un petit nombre de règles adaptées au contexte, et se donner les moyens de les faire respecter).

Enfin, il est remarqué pour ‘les espaces collectifs et vie collective’, dans ces conclusions, que malgré les problèmes de gestion qu’ils peuvent poser, la réalisation de ‘locaux collectifs résidentiels’ semblent répondre à un besoin et à faciliter l’émergence d’un tissu social. Il est vivement souhaitable de trouver un moyen d’associer les usagers à la conception et à la gestion des quartiers.