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DANS LES MONTAGNES»

Dans le document SEPTANTE-CINQUIEME ANNEE FRIBOURG Prix: 2 fr. (Page 179-190)

Nous devons à l'obligeance de M. Louis Bronarski, litté-rateur et musicien distingué, bien connu dans les milieux artistiques de notre "ville, la publication d'une nouvelle de l'écrivain polonais Boleslas Prus, intitulée : Dans les mon-tagnes. Nous faisons précéder celle-ci de quelques notes sur l'auteur et ses publications, communiquées par M. Bronarslti.

Boleslas Prus —• de son véritable nom Alexandre Glo-wacki — a vécu de 1847 à 1912. A côté de Sienkiewicz, l'auteur de Quo vadis ? c'est te meilleur écrivain polonais de la fin du XIX^ et du début du XX^ siècle. Doué d'an don d'observation exceptionnel, d'une grande générosité et déli-catesse du sentiment et d'un sens de l'humour peu commun — on pourrait l'appeler le Dickens polonais — ardent patriote, profond penseur et psychologue pénétrant, fin ironiste qui flagella impitoyablement les vices, travers et abus de la so-ciété de son temps, il a laissé des œuvres qui comptent parmi les plus remarquables dans le patrimoine littéraire de la Pologne. Plein de compassion pour la misère humaine, il portait un vif intérêt aux problèmes sociaux. Ses chroniques hebdomadaires, publiées dans des périodiques polonais, étaient devenues célèbres. Parmi ses grands romans dont presque tous ont été Iraduils dans les langues étrangères, aussi en français, citons : Le Pharaon, roman historique, faisant preuve de connaissances archéologiques très vastes et précises ; l'auteur y représente un jeune souverain qui lutte pour l'amé-lioration du sort de ses sujets et succombe dans le conflit avec les puissants adversaires de ses réformes ; toutefois ses efforts ne restent pas inutiles el portent leurs fruits ; la foi de l'auteur dans te progrès de l'humanité et le triomphe final des idéals élevés ont trouvé dans cette œuvre une très belle expression;

La Poupée, roman de mœurs, tableau très fouillé et très vivant

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de Varsovie contemporaine d l'auteur; L'Avant-poste, his-toire d'un brave paysan qui lulle avec acharnement pour garder son lopin de terre et ne pas le laisser passer dans les mains des ennemis de la nation ; Les Femmes émancipées où, aux types de femmes « progressistes », l'auteur oppose l'idéal de ta femme en la personne d'une jeune fille pleine de douceur et cherchant à se dévouer pour les autres ; les derniers cha-pitres de ce roman contiennent un véritable traité d'apologé-tique et de polémique contre les idées rationalistes de son temps.

Parmi les nombreuses nouvelles de Prus, dont certaines sont des modèles du genre et plusieurs sont aussi connues d l'étranger, M. Bronarstti en a choisi une qu'il a traduite en français et qui intéressera particulièrement nos lecteurs, puis-que l'histoire qui y est racontée se passe en Suisse.

(Réd.)

— Cher monsieur — ainsi me parlait un de mes amis, grand original — cher monsieur, les homéopathes ont un excellent principe : « Les semblables se guérissent par les semblables ». Pourtant les allopathes eux-mêmes traitent la vérole par la vérole, et Pasteur veut guérir la rage par la rage. Mais à quoi bon multiplier les exemples ?... Je vais vous raconter un fait dont j'étais témoin, où un homme fut guéri des craintes imaginaires par un très réel danger dans lequel il se trouva un jour.

Après cet exorde, mon ami alluma un cigare et poursuivit ainsi:

— J'ai vu les Alpes pour la première fois de ma vie, il y a vingt ans, à Thusis. Quelques jours après mon arrivée dans cette localité, j'ai fait, en compagni'e de plusieurs per-sonnes, une petite ascension. A cette occasion j'ai été si bouleversé, j'ai éprouvé une peur si affreuse que, dégoûté, j'ai immédiatement quitté Thusis et pendant plusieurs années après je ne pouvais voir les montagnes.

Nous étions six à faire'cette excursion: deux Polonais, un Allemand, un Anglais et deux demoiselles françaises, tous habitant le même hôtel. Nous n'avions pas pris de guide avec nous, car l'Anglais connaissait bien les environs

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et la montagne que nous pensions escalader nous semblait si facile et si accessible, comme cette chaise là au milieu de la chambre. J'ai vu, il est vrai, à travers les jumelles quel-ques rides intéressantes sur le versant, mais je n'y attachais aucune importance. Je m'étonnais même que, pour faire une si petite promenade, nous sortions de l'hôtel déjà à neuf heures du matin; mais ne voulant pas avouer qu'en lait d'excursions en montagnes je ne m'y connaissais pas du tout, je ne fis aucune observation et pendant notre expé-dition je faisais mine d'un touriste qui a traversé les Hima-laya de long en large. Ceci m'attira le respect général et une sympathie marquée de la part de l'Allemand. Je la lui rendais volontiers, car c'était un homme excessivement ai-mable. Mais il avait, hélas ! un défaut: il souffrait du ver-tige.

Nous étions très gais en route. Tous, l'Anglais aussi, s'a-musaient comme des enfants. Moi, seul, je restais sérieux;

et l'Allemand, à chaque déclivité du sol, regardait en ar-rière et citait des passages de Virgile. Il assurait que c'était le meilleur moyen de détourner l'attention de ce que nous ne voulions pas voir.

— Comment, même ici la tête vous tourne ? —

demandai-— Oui, demandai-— répondit-il avec nervosité demandai-— mais... ne parlons pas de cela ; autrement je ne pourrai faire un pas de plus.

Je me tus, tandis que mon Allemand se mit à réciter Vir-gile avec une ardeur croissante et se retournait de plus en plus souvent. Une fois il prit convulsivement ma main entre les siennes et murmura à mon oreille :

— Votre calme m'est une source de courage. Si vous n'é-tiez pas là, je ne pourrais poursuivre la marche ou bien... je me tordrais le cou...

Une froide sueur recouvrit mon front, car l'état de mon âme était le contraste absolu de ce qUe mon pauvre compa-gnon s'imaginait. D'abord, ce qui m'inquiétait grandement, c'était le fait que, malgré que nous marchions depuis déjà deux heures, la montagne, but de notre ascension, n'était guère plus proche; il me paraissait qu'elle était toujours encore éloignée à peu près d'un ou deux kilomètres. Mais mon incertitude devint bien plus grande encore, lorsque la

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montagne, vers laquelle nous nous approchâmes quand même, disparut tout à coup. A sa place j'aperçus d'énormes masses de terre et de rochers qui commençaient quelque part en bas, très profondément, et finissaient — peut-être sous les étoiles.

La paroi que nous escaladions avait la forme d'énormes escaliers dont les marches étaient hautes de plusieurs cen-taines de pas. Lorsque je me trouvais au pied d'une telle marche, je croyais que c'était déjà le sommet, mais après un quart d'heure de marche je m'apercevais que nous nous trouvions sur une nouvelle marche ou bien sur une petite terrasse, au-dessus de laquelle se dressait une nouvelle marche. Et ainsi de suite, sans fin, sans fin.

Entre temps, le chemin devenait de plus en plus sauvage.

Les forêts, l'herbe, les bruyères, même l'humus, tout cela disparut. Nous marchions sur des pierres de plus en plus grandes et qui glissaient de plus en plus facilement sous nos pieds. D'énormes sommets nous entouraient en nombre toujours croissant; ils portaient des panaches de nuages;

d'étroites vallées respiraient une brume bleuâtre.

Parfois les plis de notre montagne s'aplanissaient ; ses grandes marches disparaissaient et à leur place je voyais une paroi abrupte fuyant à mes pieds vers les forêts cou-leur de saphir qui dormaient à mille mètres au-dessous de nous. A un moment donné, comme j'avais oublié que je me trouvais sur la pente, je crus rester debout sur une plaine qui tout à coup cédait sous mes pieds, en s'élevant d'un côté vers le ciel, de l'autre en descendant quelque part vers le centre de la terre. Je sentis le vertige et pour ne pas rouler dans l'abîme, je saisis par les épaules l'Allemand quir marchait devant moi. Celui-ci pressa le pas et nous nous trouvâmes dans un endroit moins raide.

— Je vous remercie... — balbutia-t-il, en me serrant for-tement la main, — je me sens mieux maintenant... Vous m'avez sauvé la vie...

Je restai effaré et interloqué.

Après un quart d'heure d'un chemin moins accidenté la paroi que nous gravissions prit fin. Je vis que nous étions de tous les côtés entourés de cimes rocheuses ou couvertes

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de neige et qu'entre ces cimes et nous-mêmes il n'y avait rien, ou plutôt il n'y avait que l'air. Je ne sais.pourquoi, en ce moment je ressentis une espèce de calme fierté et une admiration sans objet bien précis.

— Nous voilà au sommet — dit l'Anglais, en saluant les dames, et il alluma un cigare.

— Quelle vue magnifique ! — s'écrièrent les deux demoi-selles. Puis elles sortirent de leurs sacoches des miroirs et se mirent à arranger leurs cheveux un peu ébouriffés.

— Il est déjà deux heures ! — me dit mon compagnon en polonais. Au diable le dîner, et peut-être notre souper aussi...

Pendant ce temps l'Allemand s'était assis et, le visage tourné vers le sol, se mit à réciter Virgile.

— Voyez-vous Thusis ? — lui demandais-je. On dirait quelques grains de pois.

— Je ne vois rien et ne veux rien voir — répondit-il.

Surtout, je ne sais pas si je descendrai d'ici !...

L'Anglais aperçut la pâleur de son visage, secoua la tête et lui tendit une gourde avec du cognac. Le malheureux en but une gorgée, se reposa un peu et devint plus calme.

Nous restions ainsi à peu près un quart d'heure, lorsque__

soudainement un vent assez froid se leva. Juste à ce moment je regardais du côté de Thusis et j'aperçus un phénomène curieux. Dans la profonde vallée qui s'étendait à nos pieds, Aa brume bleu foncé devint plus claire, passa au bleuâtre, au bleu-clair, enfin devint toute blanche. Puis elle se mit à remplir toutes 4es vallées, au point que nous aurions pu nous croire entourés d'une mer de lait de laquelle émer-geaient les sommets des montagnes. Mais bientôt ceux-ci commencèrent à s'y enfoncer aussi. Je voyais distincte-ment un mouvedistincte-ment entre les montagnes et le brouillard.

Mais je fus épouvanté, lorsque j'aperçus que le sommet où nous étions montés commençait à rouler en bas... J'aurais juré que nous tombions sur ipi nuage étendu à nos pieds et que nous nous en approchions avec une vitesse verti-gineuse.

— Qu'est-ce que cela veut dire ? •— demanda une des demoiselles à l'Anglais.

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— Le brouillard monte -— répondit-il, un peu soucieux.

Il nous faut descendre — ajouta-t-il.

Mais les nuages ont des ailes rapides. Nous n'avions pas eu le temps de nous lever que déjà nous étions entourés de toute part de la brume et, bien que ce fût le jour, il faisait si sombre qu'on ne voyait rien au-delà de quelques mètres.

Nous ressentîmes l'humidité sur nos visages et nos mains, puis il commença à pleuvoir, et puis une pluie mêlée de neige tomba pendant quelque temps, enfin une neige si épaisse comme chez nous au cours d'une tempête.

Malgré tout nous marchions, en nous tenant par la main, car le chemin ne présentait pas de danger et l'Anglais le connaissait parfaitement. Parfois des pierres glissantes se détachaient au-dessous de nos pieds et alors nous glis-sions quelques mètres, en riant à gorge déployée. L'Alle-mand riait le plus fort ; il était d'excellente humeur depuis le moment oià le brouillard lui cacha la pente et les préci-pices en-dessous.

Après une de ces glissades nous descendîmes non pas deux ou trois mètres en bas, mais bien une trentaine de mètres. Les dames se mirent à crier « ah ! ah ! » — lorsque notre rapide descente se ràllentit et nous sentîmes sous nos pieds le roc ferme.

L'Allemand, très alerte, se leva le prernier et, brandissant son alpenstock, voulut aller plus loin. Mais l'Anglais l'ar-rêta.

— Permettez — dit-il —- il faut que je me rende compte où nous nous trouvons à présent.

Il avança de quelques pas, en tâtonnant, et s'estompa

dans la brume. ^~~^

— Ho ! ho !...

Il revint, mais nous aperçûmes sur ses traits des signes d'inquiétude.

— Une boussole peut-elle vous être utile ? — lui demanda mon compatriote.

— Mais évidemment, donnez-la-moi !^^— répondit l'An-glais, en prenant avec empressement une petite boussole que mon compatriote portait attachée à sa montre.

Il l'observait, la tournait et retournait, secouait la tête, enfin clacjua d;; la langue.

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— Nous devons attendre jusqu'à ce que la brume ne disparaisse — dit-il avec un sourire aux demoiselles.

Et il ajouta, à voix basse, en se tournant vers nous au-tres:

•— Nous nous sommes égarés ; nous sommes d'un tout autre côté de la montagne...

— Et à quelle altitude nous trouvons-nous ? — demanda l'Allemand.

— Peut-être à moitié de la hauteur de notre montagne ; du reste... est-ce que je peux le savoir ?

— Et il y a peut-être des précipices par là ?... demanda de nouveau l'Allemand.

— Je ne saurais garantir le contraire :— répartit l'An-glais. En tout cas les rebords de ce rocher sont très abrupts.

Les dames prirent un air sombre.

— Dommage que nous n'ayions pas pris avec nous une machine à café — fit l'une d'elles.

Il était déjà après quatre heures, lorsqu'un violent coup de vent venant de côté éclaircit pour un moinent l'horizon.

J'ai eu un frisson. J'aperçus que nous étions assis sur une corniche ayant une dizaine de mètres en large. Der-rière, nous avions la paroi escarpée de la montagne, recou-verte de pierres glissantes, sur lesquelles il était en ce mo-ment impossible de grimper ; devant nous, quelques mille mètres en-dessous, la vallée...

Il ne pouvait absolument pas être question de descendre de notre corniche vers la vallée, car à cet endroit la paroi rocheuse tombait presque verticalement.

— Quand donc allons-nous bouger d'ici, messieurs ? — demanda une des Françaises.

—- Lorsque la brume aura passé — répondit l'Anglais.

— Et si elle ne passe pas avant la nuit ?

— Alors nous passerons la nuit ici!

— Vous plaisantez ?...

— Pas du tout, — répondit l'Anglais gravement. Nous sommes tombés dans un piège et il nous faut garder main-tenant toute notre patience.

— Alors donnez, messieurs, des signaux -— remarqua l'autre. La région n'est pourtant pas déserte... peut-être nous entendra-t-on...

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—- C'est ce que nous pensons faire...

Mon compatriote avait sur lui un revolver et tira quel-ques coups du côté de la vallée. Mais la détonation était si faible que je doutais que quelqu'un ait pu l'entendre.

En attendant, le brouillard devenait de plus en plus dense. Les dames, enveloppées de leurs shawls, restaient accroupies dans un morne silence, et l'Allemand marchait de droite à gauche et de gauche à droite, en proie à une gran-de agitation. Tout à coup, il me prit par la main et me tira à part. Ses traits avaient une expression sauvage.

— Monsieur, — me dit-il, et sa voix était toute changée

—>• je sais que nous nous trouvons au bord d'un précipice, et bien que je ne le voie pas, rien qu'à y penser je sens un vertige si affreux que... je ne puis le supporter plus long-temps...

— Eh bien, que pensez-vous faire ? — demandai-je stupéfait.

— Je vais m'y précipiter ! Je préfère me tuer que souf-frir si horriblement... C'est vous seul que j'avertis; les au-tres ne doivent rien savoir...

— Mais êtes-vous fou ?

— Oui, je sens bien que je suis devenu fou...

A ce moment l'Anglais s'approcha de nous et avant que je n'aie pu me rendre compte de ce qui se passait, il s'em-para de l'obsédé. Il voulait lui lier les mains et me dit à voix basse :

— Jetez-lui un mouchoir sur la tête !...

Mais le malheureux réussit à se dégager, il nous repoussa tous les deux avec une force surhumaine et courut le long de la corniche, à gauche.

Un moment après, nous entendîmes un bruit sourd et le cliquetis étouffé de pierres roulantes.

— Qu'y a-t-il là-bas ? — s'écria une des demoiselles, ayant entendu le bruit.

— Rien — répondit l'Anglais sèchement. Notre compa-gnon essaie de remonter la pente...

Et il ajouta à voix basse, de mon côté:

— Pas un mot de ce qui vient d'arriver ; autrement tous les autres suivront le premier. Dans de pareils moments la folie est contagieuse. La situation est pénible...

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Il but une large gorgée de cognac, m'en donna à boire aussi, puis... d'une agréable voix de ténor, il chanta un air d'opérette. Les Françaises, sombres jusqu'ici, rassérénè-rent leurs figures et se mirassérénè-rent à chanter avec l'Anglais.

Même mon compatriote a oublié son dîner et mêla sa fausse voix de basse aux autres, en se trompant sans cesse dans la mélodie.

Moi seul, je me taisais épouvanté. Ce chant au bord du précipice, après un événement si terrible me fit connaître le courage magnifique de l'Anglais, mais aussi le sérieux de notre situation.

— Chantez donc ! — me lança une des demoiselles. C'est le meilleur remède contre l'ennui et le froid !

— Cela peut aussi attirer l'attention des montagnards — ajouta l'autre.

Et tous trois entonnèrent un nouvel air, encore plus gai. Cette fois ifion corripatriote, sans se gêner, hurlait en polonais:

— Le diable t'emporte, mon cher Anglais, avec ta mon-tagne ! Si je n'avais pas peur des Suisses, je ferais de toi des biftecks pour le dîner !

L'Anglais tournait très aimablement son pâle visage de son côté et battait la mesure.

Tout à coup...nous entendîmes une voix venant d'en bas.

L'Anglais bondit et courut du côté où l'Allemand avait disparu.

— Ho ! ho ! — criait quelqu'un des profondeurs.

— Ho ! ho ! — lui répondîmes-nous tous ensemble.

— Je vis encore ! — criait la voix. —: Descendez, mesde-moiselles et messieurs, par là !... Le chemin est excellent !...

Ebahis, nous reconnûmes la voix de notre Allemand.

— Vous pouvez sauter, messieurs, de cette corniche ; il n'y a que deux mètres au plus... Mais les dames, il faut les descendre — criait toujours l'Allemand.

— A la bonne heure ! — s'écria mon compatriote —j'au-rai au moins le souper ce soir !.;.

E t il sauta dans la brume. Nous entendîmes de nouveau le cliquetis des pierres et la voix de mon compatriote se lamentant:

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— Tonnerre ! « Excellent chemin », a-t-il dit ! En effet !...

Je me suis certainement foulé le pied !...

Puis nous entendîmes une conversation en bas. De toute évidence il a rejoint l'Allemand. Nous descendîmes l'un après l'autre. Les dames protestaient d'abord énergique-ment, ne voulant pour rien au monde poser leurs pieds sur les épaules de l'Anglais. Mais, enfin, elles durent se ré-signer : car le rocher formait ici une espèce de terrasse élevée, d'où il fallait ou bien sauter ou bien descendre à l'aide d'une personne se trouvant déjà en bas.

Ayant quitté la malheureuse corniche, nous nous trou-vâmes sur une pente assez raide, mais, de haut en bas, re-couverte de pierres. Aussi ne marchions-nous pas, mais nous roulions avec grande rapidité et grand fracas, nous

Ayant quitté la malheureuse corniche, nous nous trou-vâmes sur une pente assez raide, mais, de haut en bas, re-couverte de pierres. Aussi ne marchions-nous pas, mais nous roulions avec grande rapidité et grand fracas, nous

Dans le document SEPTANTE-CINQUIEME ANNEE FRIBOURG Prix: 2 fr. (Page 179-190)