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3.2 Choisir des scientifiques

3.2.2 Un monde à l’épreuve de la géopolitique européenne de l’entre-deux-

cement de l’Institut. Mais l’année 1933 est également marquée par l’arrivée au pouvoir de Hitler, dont on a pu voir les conséquences sur les trajectoires d’Emil Gumbel, de Wal- ter Elsasser et Felix Pollaczek. Ce constat suggère que la rupture de 1933 est plus globale et en partie exogène à l’institut.

Le pays le plus touché par cette rupture est l’Allemagne. En effet, 10 invitations y sont envoyées entre les années universitaires 1929 et 1932, puis une seule en 1938. Ces onze invitations visent des savants distincts répartis dans les grands centres universitaires allemands.

Berlin Göttingen Leipzig Heidelberg Münich Stuttgart

4 2 2 1 1 1

Table 3.4 – Répartition par ville des invitations allemandes

La seule invitation allemande après 1933 ne se conclut pas par une conférence. De plus il ne s’agit pas d’une invitation à proprement parler, mais plutôt d’une candidature spontanée d’Erhard Tornier. Accepter (voire encourager) une telle demande, venant de ce scientifique, soulève des questions. En effet Tornier cherche à profiter du régime nazi674. Il rejoint le parti en 1932. Suite à l’arrivée d’Hitler au pouvoir, il dénonce A. A. Fraenkel, mathématicien juif orthodoxe et sioniste, en espérant récupérer son poste de professeur. Malgré ses efforts, il est confronté à des rivalités qui semblent contrarier ses plans. Il 673. AN/20010498/130, Finances, Maurain, Charles, Note sur le budget de l’Institut Henri Poincaré pour 1933. Non daté mais probablement de 1933.

3.2. Choisir des scientifiques

finit par être nommé à Berlin en 1934. Sans même avoir à entrer dans une discussion sur ses convictions politiques, Tornier entretient des liens explicites avec le régime nazi qu’il cherche à utiliser à son avantage et ne peut donc pas être considéré comme politiquement neutre. Les dirigeants de cet institut ont-ils pu ignorer ce lien entre Tornier et le régime nazi ? Nous n’avons pas trouvé de documents mentionnant le contexte politique dans lequel se trouve Tornier. Au contraire, les échanges épistolaires qui nous sont parvenus se cantonnent à des discussions sur le seul plan scientifique et sur l’activité de l’IHP.

L’invitation de Tornier montre tout d’abord que cet institut est visible depuis l’Alle- magne après 1933. Néanmoins l’absence d’invitations envoyées en Allemagne à l’initiative des dirigeants de l’IHP à partir de cette date suggère que le comité de direction n’identifie plus de scientifiques suscitant leur intérêt en Allemagne. Le contraste est particulière- ment flagrant comparé à la période entre 1928-1932 pendant laquelle des invitations sont envoyées dans les grands centres scientifiques allemands. La dimension politique des in- vitations se révèle par le désintérêt pour les scientifiques allemands restés en Allemagne sous le régime nazi et l’intérêt pour les scientifiques ayant fui ce régime.

En effet, certains scientifiques ne sont invités qu’une fois qu’ils ont quitté l’Allemagne, après 1933675. Ainsi Fritz London676, Rudolf Peierls677, Felix Pollaczek et Walter Elsasser migrent à Paris et à cette occasion sont invités à l’IHP. Avec ces quatre invités, nous pou- vons ajouter 5 invitations potentiellement amputées à l’Allemagne. Nous estimons donc que sans l’arrivée d’Hitler ou du moins sans l’hémorragie scientifique qu’elle a suscitée, l’Allemagne aurait contribué pour au moins 9 invitations après 1933 et se serait donc maintenue à un rythme plutôt constant.

Fuir l’Allemagne : Royaume-uni, États-Unis et Turquie.

Ce faisant, l’exode des savants juifs d’Allemagne participe à une redistribution globale des invitations. Comme nous l’avons vu certains se réfugient en France, d’autres partent au Royaume-Uni mais d’autres encore se réfugient aux États-Unis ou en Turquie. En regardant plus finement, il apparaît que ces invitations contribuent en partie à gonfler la représentation de certains pays dans les invitations et les conférences.

Les dirigeants de l’IHP invitent onze personnes en poste au Royaume-Uni. Sept d’entre 675. Bien sûr cela n’exclut pas d’autres motivations, en particulier des motivations scientifiques. 676. À Oxford lors de son invitation en 1933, voir annexe p. 439.

elles sont invitées une seule fois et trois le sont à deux reprises. Au total, le Royaume- Uni est la destination de 13 invitations entre 1928 et 1939. Les invitations sont envoyées dans les 3 villes universitaires historiques (Oxford, Cambridge, Édimbourg) ainsi que deux centres datant du xixe(Londres et Manchester) :

Cambridge Édimbourg Oxford Londres Manchester

4 4 3 1 1

Table 3.5 – Répartition par ville des invitations britanniques

Le nombre d’invitations se maintient à un niveau relativement constant (environ une invitation par an en moyenne). L’inflexion de 1933 n’est pas clairement visible en terme de nombre d’invitations. Seule la présence de trois invités ayant quitté l’Allemagne en 1933 marque un changement678.

1928 1929 1930 1931 1932 1933 1934 1935 1936 1937 1938

1 1 1 1 1 2 (2) 0 1 1 (1) 2 2

Table 3.6 – Nombre d’invitations envoyées au Royaume-Uni chaque année universitaire. Le nombre entre parenthèses indique le nombre de réfugiés allemands.

Outre la présence de réfugiés allemands, on peut noter l’invitation pendant l’année universitaire 1935 à Jerzy Neyman (1894-1981), dont la carrière présente une dimension internationale liée aux difficultés qu’il éprouve à maintenir une activité scientifique en Pologne679.

Sur les 13 invitations envoyées au Royaume-Uni, trois ne donnent pas lieu à une conférence : Edward Milne, invité à deux reprises (1931 et 1937) par Léon Brillouin680, et Edmund Whittaker, invité en 1938681.

Les invitations envoyées au Royaume-Uni montrent l’intérêt des dirigeants pour les centres universitaires historiques outre-manche et pour les réfugiés allemands. Récipro- quement les réponses positives aux invitations montrent que l’IHP est identifié comme un centre scientifique important, les rares refus étant plutôt liés à des problèmes d’ordre personnel.

Les dirigeants de l’IHP envoient 10 invitations à 9 scientifiques installés aux États- Unis. Ces invitations donnent lieu à 9 conférences. Le seul à bénéficier de deux invitations 678. Voir les éléments biographiques en annexe : Rudolf Peierls, p. 445 ; Fritz London p. 439 ; Max Born, p. 423.

679. Voir annexe p. 443 680. Voir annexe p. 443. 681. Voir annexe p. 455.

3.2. Choisir des scientifiques

est G. Birkhoff ce qui est à mettre en regard de son implication dans la création de l’Institut682

Les invitations sont destinées à des scientifiques en poste dans les centres historiques (Harvard, Princeton) ou plus récents (Stanford, M.I.T, Washington, CalTech, University of Michigan).

Cambridge Princeton Ann Arbor Chicago Pasadena Stanford Washington

3 2 1 1 1 1 1

Table 3.7 – Répartition par ville des invitations étasuniennes

Les liens entre États-Unis et Europe sur le plan académique dans les années 30 tels que les invitations les dépeignent sont de deux sortes. D’abord un intérêt des scientifiques étasuniens pour ce qui se fait en Europe avec le financement de séjours de scientifiques étasuniens en Europe. C’est le cas d’Arthur Compton683 qui est le seul invité étasunien à refuser l’invitation, ne s’estimant pas capable de faire sa conférence en français684. Ensuite l’intérêt des scientifiques européens pour les États-Unis semble s’intensifier au cours des années 30 suscitant des migrations de l’Europe vers les États-Unis, comme dans le cas de Samuel Goudsmit685.

Sur les six invitations d’après 1933, deux sont destinées à des réfugiés. Félix Bloch est invité une deuxième fois en 1937, il est alors en poste à l’université de Stanford686. Le second refugié est George Gamow qui réussit à fuire l’URSS en profitant d’une autorisation pour se rendre au Conseil Solvay de 1933687.

Les invitations étasuniennes sont très peu régulières avec quelques années, comme 1931, présentant un grand nombre d’invitations, mais suivie de 4 années sans aucune invitation. Entre 1936 et 1938, les invitations se font à un rythme de deux invitations annuelles. Cette irrégularité souligne la difficulté de faire traverser l’Atlantique. L’IHP ne pouvant assurer le financement d’un tel voyage, il se trouve réduit à profiter des occa- sions qui se présentent688. La barrière de la langue ne constitue un obstacle avéré que

682. Voir en particulier la lettre de Maurain du 22 avril 1931, voir annexe p. 419. 683. Voir en annexe, p. 426.

684. Léon Brillouin lui propose pourtant de lire une traduction en français de sa conférence. Voir en annexe, p. 426.

685. Voir en annexe, p. 434. 686. Voir en annexe, p. 420. 687. Voir en annexe, p. 433.

688. « Nous ne pouvons pas, explique Borel à Birkhoff, inviter un Professeur américain sans un heureux concours de circonstances, parce que nous manquons de crédits suffisants pour payer un déplacement depuis l’Amérique jusqu’à nous, et ceci constitue une grande lacune. » Lettre d’Émile Borel à Georges

dans le cas de Compton. En dehors de la lettre de 1937 de Borel à Birkhoff, mentionnée précédemment689, nous ignorons dans quelle mesure le comité de direction mène une en- quête prospective. Là encore les scientifiques invités semblent réagir favorablement aux invitations ; ce qui peut-être interprété comme la reconnaissance de l’IHP comme un lieu scientifique légitime.

1928 1929 1930 1931 1932 1933 1934 1935 1936 1937 1938

0 0 1 3 0 0 0 2 0 3 (2) 1

Table 3.8 – Nombre d’invitations envoyées aux États-Unis chaque année universitaire. Le nombre entre parenthèses indique le nombre de réfugiés.

Nous ne connaissons qu’une seule invitation envoyée en Turquie adressée à Hans Rei- chenbach. En 1933, Hans Reichenbach fuit Berlin où il tient un poste à l’université depuis 1926. Il obtient un poste en philosophie à l’université d’Istanbul en Turquie. Comme dans le cas de Tornier, il s’agit plutôt d’une candidature spontanée. Il passe par Louis Rougier, professeur de philosophie à l’université de Besançon depuis 1924, pour proposer de faire une conférence sur la théorie des collectifs élaborée par Richard von Mises et présentée à l’IHP en 1931690.

La perception de l’IHP comme un centre scientifique important par certains scienti- fiques allemands semble ainsi suivre les lignes de certains réseaux. En l’occurrence, Richard von Mises s’est également réfugié en Turquie. La proximité des sujets des conférences de von Mises et Reichenbach laisse penser qu’ils ont pu discuter de l’opportunité d’une confé- rence à l’IHP et de la poursuite de recherches sur la théorie de Mises691. De plus von Mises a été un des professeurs de Tornier qui propose également de faire une conférence sur la théorie des collectifs. L’intérêt manifesté par ces trois savants allemands suggère qu’ils ont identifié l’institut parisien comme un lieu pour exposer leurs recherches sur cette théorie. L’invitation envoyée en Turquie se distingue de celles envoyées à des réfugiés au Birkhoff, 19 novembre 1937, Dossiers d’invitation, Bibliothèque de l’IHP.

689. Lettre d’Émile Borel à Georges Birkhoff, 19 novembre 1937, Dossiers d’invitation, Bibliothèque de l’IHP.

690. Notons que R. Siegmund-Schultze semble considérer que R. von Mises vient faire deux conférences à l’IHP, comptant ainsi deux invitations envoyées en Turquie : celle de Hans Reichenbach et de Richard von Mises. Selon lui, Richard von Mises est donc invité une seconde fois. Il est certes vrai que von Mises publie deux textes dans les Annales de l’IHP (nous y reviendrons plus loin). Cependant il n’existe aucune trace d’une seconde conférence de Mises dans les archives et les documents que nous avons consultés. Nous avons donc pris le partie de n’en compter qu’une seule, en 1931. Nous revenons sur l’invitation de von Mises et de Reichenbach au chapitre 4, p. 232-232.

691. Nous revenons plus en détail sur les relations entre von Mises et Reichenbach dans le chapitre 4, p. 232-232.

3.2. Choisir des scientifiques

Royaume-Uni, aux États-Unis ou en France dans la mesure où elle ne s’inscrit pas dans une pratique plus générale. En effet, 9 invitations sont envoyées régulièrement et dès l’ouver- ture de l’IHP au Royaume-Uni et en France. L’intérêt pour les scientifiques aux États-Unis n’est explicité que tardivement certes, mais leurs invitations sont perçues comme un enjeu par les dirigeants qui se trouvent confrontés à plusieurs difficultés expliquant le caractère erratique du nombre de ces invitations : la distance à parcourir, la difficulté à identifier des candidats, la difficulté de trouver des candidats parlant français.

La présence contrastée de l’Italie.

Les invitations envoyées en Italie sont, à l’instar de la France et de l’Allemagne, mar- quées par une diminution à partir de 1933. En effet, 9 invitations y sont envoyées entre les années universitaires 1928 et 1932, et 4 entre 1933 et 1938. Les 13 invitations envoyées en Italie se distinguent de celles de la France et de l’Allemagne par le nombre d’invités visés : 6 personnes. Parmi ces invités, 4 le sont une seule fois : Guido Castelnuovo (1931), Francesco Cantelli (1932), Bruno de Finetti (1934), Francesco Tricomi (1937)692. Enrico Fermi693, est invité à deux reprises. Le reste des invitations est destiné à Vito Volterra694; il est invité à 7 reprises à faire des conférences. Ces 13 invitations donnent toutes lieu à une conférence.

Le cas de Vito Volterra est remarquable à deux titres. Tout d’abord, il est le scientifique le plus invité à l’IHP. Le dossier montre que ces invitations répétées sont à l’initiative de Borel avec qui le mathématicien italien a noué une véritable relation d’amitié695. L’insistance de ce ce dernier n’est pas sans gêner Volterra qui en 1934 évoque son incapacité à présenter un sujet nouveau, ajoutant qu’il est également « très vieux ». En effet, ce scientifique italien fait également partie des doyens des conférenciers de l’IHP. La première fois qu’il est invité, en 1929, il a 69 ans. Il sera invité presque chaque année jusqu’en 1938, à l’âge de 78 ans.

L’Italie scientifique que dessinent les invitations de l’IHP est particulièrement centra- lisée. Rome apparaît à 11 reprises. Le nombre d’invitations romaines est en particulier gonflé par les invitations répétées de Volterra. Elles s’adressent tout de même à 4 des 6 invités (Volterra, Fermi, Castelnuovo et Cantelli), les deux autres étant envoyées à Turin

692. Voir chapitre 4, p. 222-232. 693. Voir en annexe p. 429. 694. Voir p. 452.

(Tricomi696) et à Padoue (De Finetti697).

À partir de l’année universitaire 1933, trois personnes sont invitées : Voltera en 1933 et 1935, de Finetti698 en 1934 et Tricomi en 1938. Les échanges se concentrent sur les conférences et ne débordent jamais. Comme dans le cas de l’Allemagne, le comportement perceptible à travers les invitations, en particulier vis-à-vis de Volterra, laisse penser que celles-ci sont orientées par des positions politiques. À l’instar de la situation allemande, la situation politique italienne n’est jamais mentionnée, sans doute par diplomatie ou par crainte de la censure, dans les correspondances que nous avons consultées699.

Porter l’intérêt jusqu’à l’est.

Si l’intérêt pour les invitations envoyées en Allemagne et en Italie connaissent une forte diminution après 1933, à l’inverse les invitations envoyées en Europe de l’est signale un intérêt persistant malgré les difficultés de les concrétiser par des conférences.

Entre 1928 et 1940, les dirigeants de l’IHP envoient des invitations à 7 scientifiques en place en URSS (Russie et Ukraine). Le jeu des invitations multiples fait monter le nombre à 10 invitations, soit un total équivalent à celui de l’Allemagne. Néanmoins, contrairement à la situation allemande, les invitations sont envoyées sur l’ensemble de la période à un rythme médian d’une invitation par an. Par ailleurs les centres scientifiques désignés par les invitations se concentrent sur les centres universitaires historiques de la Russie et de l’Ukraine.

1928 1929 1930 1931 1932 1933 1934 1935 1936 1937 1938

2 1 0 0 1 3 0 3 0 0 0

Table 3.9 – Nombre d’invitations envoyées en URSS (Russie et Ukraine) par année universitaire.

St Pétersbourg (Leningrad) Moscou Kharkov Kiev

4 2 2 2

Table 3.10 – Répartition par ville des invitations russes et ukrainiennes.

Ces invitations échouent pour la plupart à donner lieu à une conférence ; 4 des 11 invitations sont suivies d’une intervention à l’IHP. Les conditions politiques constituent un

696. Voir en annexe p. 452. 697. Voir en annexe, p. 427. 698. Voir en annexe, p. 427.

699. Notons que cette attitude a été également relevée concernant l’absence de Borel au Congrès de Bologne de 1928. Voir en particulier [Capristo, 2016, 297-300].

3.2. Choisir des scientifiques

problème majeur pour passer la frontière occidentale de l’URSS. Ainsi trois des invités se trouvent dans l’impossibilité de faire leurs conférences. Le cas le plus spectaculaire est celui de Serge Bernstein700. Il fut l’un des premiers invités à l’IHP pour l’année universitaire 1928 et l’est à nouveau en 1929, 1934, 1935 et 1938 mais aucune de ces invitations ne donne lieu à une conférence. Jakov Frenkel701 est invité en 1933, invitation qu’il accepte mais qui est reportée chaque année jusqu’en 1939. Notons qu’en l’absence d’un refus, contrairement à Bernstein qui finit toujours par renoncer à l’invitation, nous n’avons compté qu’une seule invitation pour Frenkel.

Face aux difficultés de faire venir des scientifiques soviétiques, les dirigeants engagent plusieurs stratégies. Ils s’adressent à la « Société des relations scientifiques entre la Rus- sie et la France » et à l’Académie des sciences de Leningrad, au ministère des Affaires étrangères et au commissaire du Peuple aux Affaires Étrangères d’URSS. Ces démarches permettent de concrétiser l’invitation faite à Andreï N. Kolmogorov702 en 1933. Les di- rigeants se montrent attentifs à la présence de scientifiques soviétiques à Paris et prêt à saisir l’opportunité comme le montre l’invitation faites à Nikolaï Kryloff703.

En outre, la difficulté d’obtenir un visa à l’est, et donc l’impossibilité de traverser certaines frontières, s’illustre également dans le cas de l’invitation envoyée à Stefan Ma- zurkiewicz en Pologne en 1938, seul scientifique en poste en Pologne à être invité704.

Le contexte politique international parasite la géographie des invitations et des confé- renciers dans le sens où ce contexte tend à diminuer le nombre d’invitations ou de confé- rences : absence d’invitations envoyées en Allemagne après 1933, sous-représentation des conférenciers en provenance d’URSS, diminution notable du nombre de scientifiques ita- liens invités. Ainsi un deuxième élément d’explication de la différenciation géographique perceptible dans les invitations et les conférences se trouve du côté de l’histoire politique européenne.

700. Voir en annexe, p. 417. 701. Voir en annexe, p. 430.

702. Voir en annexe, p. 438. Une lettre de Fréchet à Hostinský du 7 mai 1934 semble confirmer que Kolmogorov fait une conférence de 6 séances en mai 1934, Archives Université Masaryk, Brno. Cependant la conférence de Kolmogorov n’est pas mentionnée ni dans [Maurain et Pacaud, 1940], ni dans les Annales de l’Université de Paris de 1935.

703. Voir en annexe, p. 438. 704. Voir en annexe, p. 442.