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Modèle de structuration de la collaboration professionnelle en santé

Chapitre 2 : Revue de littérature

2.5 Modèle de structuration de la collaboration professionnelle en santé

La collaboration interdisciplinaire est un mécanisme complexe englobant plusieurs déterminants qui s’influencent mutuellement (D’Amour, 1997). Plusieurs auteurs ont démontré des liens étroits entre la collaboration et le leadership, la communication, la gestion de conflits, la qualité des relations interpersonnelles, etc. (Shortell et al. 1991, Hansen et al. 1999 et Lindeke et Sieckert, 2005). Freidberg (1993) propose l’analyse de la compréhension de l’organisation selon quatre continuums, qui ne sont pas des étapes mais plutôt différentes catégories qui subdivisent la collaboration. Selon D’Amour (1997) :

« La collaboration interprofessionnelles est ainsi conçue comme la structuration d’une action collective à travers le partage de l’information et la prise de décision dans les processus cliniques. Elle résulte d’un processus d’interaction entre les

acteurs, des acteurs avec la structure organisationnelle et de ces deux éléments avec des structures englobantes. Cette définition met l’accent sur un processus, sur les acteurs, sur la formalisation des relations ainsi que sur les influences externes à l’aire de travail » (p. 104)

D’Amour (1997) suggère l’adaptation de cette analyse pour étudier les mécanismes de collaboration interprofessionnelle dans les soins de santé de première ligne au Québec. Lors de l’élaboration de ce modèle, les rapports humains ont été étudiés afin de comprendre le groupe, en s’appuyant sur la prémisse que la collaboration est un processus de structuration de l’action collective. Les quatre continuums sont le degré de formalisation et de codification de la régulation, le degré de finalisation de la régulation, le degré de prise de conscience et d’intériorisation de la régulation et enfin le degré de délégation explicite de la régulation.

Figure 1. Modèle de structuration de la collaboration interprofessionnelle (C.I.) (D’Amour, 1997, p. 108)

La finalisation de la collaboration et la prise de conscience et l’intériorisation de la collaboration interprofessionnelle réfère aux processus de l’interaction humaine (D’Amour et Oandasan, 1997). La délégation de la régulation et la formalisation de la collaboration interprofessionnelle sont liées aux facteurs organisationnels de l’environnement.

La formalisation et la codification de la régulation sont caractérisées par les règles de conduite adoptées par l’organisation afin de régir les processus de l’action. La formalisation trouve son pouvoir lorsque les employés s’approprient ces règles et les utilisent comme ressources (Friedberg, 1993). Cette dimension comprend deux éléments importants; la coordination de

Formalisation de la C.I. Coordination de l’intervention Clinique Modalités d’interaction Finalisation de la régulation de la C.I.

Intégration des résultats de la CI

Transactions des acteurs autour des buts

Délégation de la régulation de la C.I. Caractère endogène et exogène Effets d’intégration et de différenciation Prise de conscience et intériorisation de la C.I. Processus d’interconnaissance Établissement d’une relation de confiance Partage des territoires

l’intervention clinique et les modalités d’interaction. La coordination de l’intervention clinique permet de désigner les responsabilités du professionnel responsable mais également de coordonner l’activité des autres professionnels impliqués auprès du patient (D’Amour, 1997). La coordination peut être évaluée selon différents indicateurs : les plans et horaires de travail, les politiques et procédures, le traitement des protocoles, l’implication du directeur de l’unité et les interactions directes entre professionnels qui tous facilitent les activités de travail (Hansen et al. 1999). De plus, la coordination entre les unités est un facteur à prendre en considération est définie par le lien entre les soins intensifs et les autres unités de l’hôpital (Shortell et al. 1991). Le second élément représenté par les modalités d’interaction, fixe les paramètres des interactions entre les professionnels intervenant auprès d’un même patient et inclut des données telles la nature des règles et leur souplesse, le degré de consensus autour de celles-ci et leurs influences sur les rapports de pouvoir entre les professionnels (D’Amour, 1997).

La deuxième dimension est la prise de conscience de la finalisation dans la collaboration interprofessionnelle. Elle représente la finalité et les objectifs communs des différents partenaires, comme celui du maintien du système de santé (Freidberg, 1993). La finalisation se traduit par deux éléments distincts. Le premier traite de l’intégration des résultats de la collaboration et des transactions des acteurs, c'est-à-dire la manière selon laquelle les acteurs intègrent les résultats pour construire leurs collaborations. Le second élément traite de la façon dont ces acteurs composent avec leurs propres buts et ceux de l’organisation (D’Amour, 1997).

Le degré d’intériorisation et de prise de conscience est le troisième continuum qui débute par l’interconnaissance des différents acteurs jusqu’à l’établissement d’une relation de confiance et le partage des responsabilités professionnelles (D’Amour, 1997). Le degré d’interconnaissance est le niveau de rapprochement entre les professionnels. Suite à cette connaissance de l’autre, une confiance mutuelle peut alors s’instaurer entre les professionnels. Un partage des connaissances optimal arrive alors et permet un meilleur suivi des patients. Bref, plus le degré d’interconnaissance de l’autre croît au sein des professionnels, plus le niveau de confiance est élevé, et plus le fonctionnement de l’organisation est souple (Friedberg, 1993).

Enfin, la délégation des responsabilités correspond à la régulation de la collaboration entre les différents professionnels (D’Amour, 1997). On peut retrouver cette délégation à un niveau endogène, faisant référence aux moyens internes utilisés pour gérer la collaboration. On y trouve les notions d’agents intégrateurs, agents qui permettent d’arbitrer les participants lors de conflits (Friedberg, 1993). Le caractère exogène de la délégation réfère aux influences externes, aux structures englobantes, telles les corporations professionnelles, les institutions d’enseignement ou encore les instances politiques (D’Amour, 1997).