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Chapitre 6 : Discussion

6.4 L’échange d’information

La possibilité d’avoir une discussion ouverte et transparente avec les professionnels est un critère important tant pour les patients que les familles. McCabe a également obtenu les mêmes résultats lors d’entrevues avec des patients. Les participants souhaitent être capables d’avoir une communication ouverte et honnête avec les infirmières. Dans une autre étude d’Attree (2001), les patients désiraient être informés des changements et avoir une communication ouverte avec les professionnels. Une communication ouverte et directe avec les médecins et l’obtention d’explications fournies par les infirmières possédant des connaissances permet aux familles de combler leurs besoins d’information (Maxwell, Stuenkel et Saylor, 2007).

Sitzia et Wood (1997) expliquent que le droit des patients d’être informé est l’élément de motivation le plus important afin de favoriser le transfert d’information des professionnels vers les patients et leur famille. En 2000, Hupcey se questionna sur les besoins des patients; il a pu observer l’importance pour les patients d’être mis au courant et de comprendre leur situation. Il a remarqué que les patients qui ne comprennent pas leur situation, sont plus propices à refuser les traitements et à lutter contre les professionnels. Dans notre étude, une situation similaire n’a pas été évoquée par les patients mais plutôt par les familles. Une famille a commencé à lutter contre les professionnels parce qu’elle ne comprenait pas la situation physiopathologique du patient.

Lors des entrevues, deux familles ont dit qu’elles voyaient les changements dans l’état de santé du patient avant les professionnels. Comment pourrait-on améliorer la communication pour pouvoir prévenir des effets secondaires? Bref, comment pourrait-on les intégrer à l’équipe pour que cette information soit partagée avec les professionnels de la santé ?

La personne favorisant la communication entre les professionnels et les familles est l’infirmière support à la famille. Pour certaines familles, la maladie d’un de leurs proches demande un support plus intensif de la part du personnel (Henneman et Cardin, 2002). Ce sont dans ces moments que l’infirmière support à la famille intervient, les appuyant, leur fournissant les explications dont ils ont besoin en les aidant à formuler leurs valeurs, leurs besoins et leurs désirs. De plus, elle permet au patient et à sa famille de faciliter l’expression

de leurs valeurs aux professionnels afin d’en dégager des valeurs communes et une communication avec les différents acteurs.

Les résultats de la recherche démontrent que l’échange de connaissances entre médecins- infirmières est plus grand qu’entre résidents-infirmières. Ces résultats se différencient de ceux de l’étude menée par D’Amour (1997) qui concluait que les professionnels étaient peu ouverts au partage de zones communes et de responsabilités (p. 208). Ces différences sont peut-être secondaires ou, du moins en partie, liées au fait que les deux premières étapes de la prise de conscience sont plus développées chez les participants de l’étude. Le partage des connaissances implique également certaines zones grises dans la pratique clinique. Hunter, Brace, Buckley (1993) expliquent l’importance de conserver des zones grises lors de la définition des rôles. Les soins interdisciplinaires demandent de la confiance, de la tolérance et le désir de partager certaines responsabilités (Nolan, 1995).

Médecins et infirmières d’expérience ont généralement atteint des niveaux plus élevés de connaissances et de confiance mutuelle que les résidents et les infirmières juniors. Ceci implique que les professionnels possédant plus d’expérience sont davantage prêts à échanger de l’information. Ce partage d’information permet la diffusion des connaissances et l’optimisation des traitements du patient. La collaboration est un processus complexe qui requiert l’intention du partage des connaissances et la responsabilité des soins du patient (Lindeke et Sieckert, 2005). En effet, la collaboration interdisciplinaire est significative dans la promotion de l’utilisation de la recherche à l’urgence, spécialement pour les médecins (Hansen et al. 1999).

6.4.1 Différence entre la communication des médecins versus des infirmières

Quelques d’études ont analysé la différence entre la communication qu’offrent les médecins et les infirmières. Attree (2001) rapporte que les patients et leur famille ont l’impression de répéter plusieurs fois leur histoire, surtout aux médecins. Dans notre étude, patients et familles ont fait la même constatation. La connaissance de l’histoire médicale des patients par les médecins est pourtant un des critères de la qualité des soins (Flocke, Miller et Crabtree 2002). Ces chercheurs ont conclu à une forte corrélation entre un style de communication centrée sur le patient et une plus grande satisfaction de ceux-ci. Les médecins utilisant cette approche passeraient plus de temps avec leurs patients.

Patients et familles apprécient les professionnels disponibles et accessibles, leur offrant du temps (Attree, 2001). Dans une autre étude, cette fois menée par McCabe (2004), les participants ont mentionné l’importance du temps qu’accordaient les infirmières aux patients. Les infirmières semblent être davantage capables de répondre à cette demande que les médecins. Patients et familles parlent plus du manque de temps des médecins. Ces résultats coïncident avec ceux obtenus avec notre recherche.

Les familles s’attendent à ce que les infirmières les renseignements sur l’état général du patient et son bien-être tels les signes vitaux, son confort et son sommeil. Les infirmières devraient évaluer davantage les besoins des patients et être attentives à l’information fournie par les autres professionnels afin d’être en mesure de clarifier l’information et répondre aux questions (Henneman et Cardin, 2002).

Lors de notre étude, selon certains patients et familles, les infirmières concentrent la transmission de l’information en répondant aux questions. Malgré tout, patients et familles sont généralement très satisfaits de la communication qu’ils ont avec les infirmières. Parallèlement, les infirmières qui laisseraient la possibilité aux familles de poser leurs questions et y répondre leur redonnerait de l’assurance (Maxwell, Stuenkel et Saylor, 2007). Peut-être qu’offrir de poser des questions aux patients et à leur famille leur donnerait un sentiment de pouvoir et augmenterait le degré de satisfaction.