• Aucun résultat trouvé

4.2 Technique de mesure du champ des vitesses

4.2.3 Mises à l’échelle des capteurs PIV

Le calcul du déplacement des particules qui suivent l’écoulement permet de re- monter aux composantes de vitesse et est donc une étape essentielle des techniques de me- sure par vélocimétrie laser. Une façon d’obtenir ces déplacements consiste à calculer, dans un premier moment, les déplacements dans un repère lié au capteur d’enregistrement (repère image) et ensuite de construire une fonction de transfert qui relie ce repère à celui de l’objet. Cette fonction traduit donc la relation entre les déplacements enr egistrés dans les capteurs et les déplacements réels des particules dans l’écoulement. La modélisation d’un capteur PIV consiste donc à retrouver les transformations qui constituent cette fonction de transfert.

Figure 4.5 – Schéma illustratif d’un montage pour réalisation de mesures Stéréo-PIV avec prismes.

4.2.3.1 Transformations géométriques et de perspective

Dans de nombreuses configurations de mesure PIV, le capteur de la caméra peut être incliné ou déplacé par rapport à la section que l’on souhaite mesurer. Pour cette raison, des transformations géométriques (translation, rotation, entre autres) constituent la pre- mière étape des modèles de caméra, tout comme les transformations liées à la perspective. Ces transformations se traduisent par l’expression des pixels 𝑥′ de l’image finale en fonc- tion des pixels 𝑥 de l’image originale par moyen d’une matrice de transfert. Pour des me- sures dans un plan parallèle au plan du capteur et sans distorsions, nous avons :

(𝑥′𝑦′) = [𝑎𝑎11 𝑎12 21 𝑎22] ( 𝑥 𝑦) + ( 𝑡𝑥 𝑡𝑦) (4.3)

où les paramètres 𝑎11, 𝑎12, 𝑎21 et 𝑎22 expriment la rotation, le cisaillement, la dilatation et l’étirement tandis que 𝑡𝑥 et 𝑡𝑦 expriment la translation. Cette transformation est connue sous

le nom de Transformation Affine et ne s’applique pas à des géométries contenant des dis- torsions et doit être modifiée pour prendre en compte la perspective, présente quand les plans de mesure et du capteur ne sont pas parallèles. Dans ces configurations, le modèle Sténopé (ou Pinhole) est plus adapté et est en générale le modèle choisi.

4.2.3.2 Le Modèle Sténopé et la prise en compte des distorsions

Souvent employé pour modéliser les capteurs, le modèle Sténopé prend en compte d’une part les caractéristiques intrinsèques au capteur CCD et à l’objectif et, d’autre part, la configuration du système de mesure, surtout l’orientation et position du capteur par rap- port au plan objet défini par la nappe laser (pour une description détaillée de ce modèle, le lecteur peut se reporter à Riethmuller et al. (194) et Horaud et Monga (198)).

Dans un premier temps, le modèle Sténopé considère qu’il n’existe pas de distor- sion. Initialement, les points du volume sont projetés dans un plan au moyen de trois trans- formations linéaires qui relient les coordonnées d’un point dans le repère objet (en milli- mètres) aux coordonnées de son image idéale, en pixels. La première transformation linéaire s’agit d’une transformation optique ; elle a pour but de projeter un point visualisé (plan image) 𝐵 = 𝑥𝑐, 𝑦𝑐, 𝑧𝑐 sur le repère lié à la caméra 𝐵′ = 𝑥′𝑐, 𝑦′𝑐, 𝑧′𝑐. Cette transformation doit prendre en compte la distance focale 𝑓 qui caractérise la position de l’image formée par rapport au plan objet. Cette transformation peut s’écrire :

( 𝑥′𝑐 𝑦′𝑐 𝑧′𝑐 1 ) = 𝑧𝑓𝑐 [ 1 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 0 0 1 𝑓⁄ 0] . ( 𝑥𝑐 𝑦𝑐 𝑧𝑐 1 ) = 𝑃. ( 𝑥𝑐 𝑦𝑐 𝑧𝑐 1 ) (4.4)

Ensuite, la deuxième transformation exprime l’effet de l’échantillonnage introduit par la matrice de pixels du capteur CCD. Si 𝑢0, 𝑣0 et 𝑤0 sont les coordonnées en pixels du point 𝐵′ dans le repère de l’image, l’on peut calculer les coordonnées 𝑢 et 𝑣 à elles associées comme suit :

{

𝑢 = 𝑘𝑢𝑥′𝑐+ 𝑢0

𝑣 = 𝑘𝑣𝑦′𝑐+ 𝑣0

𝑤 = 𝑤0𝑥′𝑐+ 𝑢0

(4.5)

où 𝑘𝑢 et 𝑘𝑣sont les facteurs d’échelle (pixel/mm) vertical et horizontal, respectivement. La composante hors-plan est toujours nulle, et l’on peut écrire sous forme matricielle :

(𝑢𝑣 1) = [ 𝑘𝑢 0 0 𝑢0 0 𝑘𝑣 0 𝑣0 0 0 0 1] . ( 𝑥′𝑐 𝑦′𝑐 𝑧′𝑐 1 ) = 𝐾. ( 𝑥′𝑐 𝑦′𝑐 𝑧′𝑐 1 ) (4.6)

Finalement, la troisième transformation est simplement un chan gement de repère. Elle fait donc le passage du repère de la caméra (point 𝐵′ = 𝑥′𝑐, 𝑦′𝑐, 𝑧′𝑐) vers celui de l’objet (𝐵𝑜 = 𝑥𝑜, 𝑦𝑜, 𝑧𝑜) au moyen d’une rotation 𝑅 et d’une translation 𝑡. La transformation s’écrit : ( 𝑥′𝑐 𝑦′𝑐 𝑧′𝑐 1 ) = [ 𝑟11 𝑟12 𝑟13 𝑡𝑥 𝑟21 𝑟22 𝑟23 𝑡𝑦 𝑟31 𝑟32 𝑟33 𝑡𝑧 0 0 0 1] . ( 𝑥𝑜 𝑦𝑜 𝑧𝑜 1 ) = [𝑅 𝑡0 1] . ( 𝑥𝑜 𝑦𝑜 𝑧𝑜 1 ) = 𝐴. ( 𝑥𝑜 𝑦𝑜 𝑧𝑜 1 ) (4.7)

La combinaison de ces trois transformations constitue le modèle Sténopé sans dis- torsions. Il permet de représenter directement un point de l’image (𝑢, 𝑣) en fonction de ses coordonnées du repère objet (𝑥𝑜, 𝑦𝑜, 𝑧𝑜) à partir du produit des trois matrices présentées :

(𝑢𝑣 1) = 𝐾. 𝑃. 𝐴. ( 𝑥𝑜 𝑦𝑜 𝑧𝑜 1 ) (4.8)

Toutefois, les mesures en PIV comprennent souvent un certain niveau de distor- sion. Or, la lumière diffusée par les particules éclairées peut retrouver sur son chemin des interfaces de matériaux à de différents indices optiques et cela introduit de la ré fraction. Les images formées seront encore plus distordues si les interfaces ne sont pas parallèles au plan de l’image ou encore si elles ne sont pas planes. Ceci est généralement le cas quand

a) b) c) d) e)

Figure 4.6 - a) Image pas déformée (mire de calibration) ; b) distorsion radiale en forme de barillet ; c) distorsion radiale en forme de coussinet ; d) distorsion de décentrage ; e) distorsion prismatique.

l’on effectue des mesures sur des liquides, cas dans lequel le chemin optique trouve néces- sairement un passage par un dioptre optique du type air -paroi-liquide.

Les distorsions constituent seulement l’un des plusieurs types d’aberrations op- tiques pouvant détériorer ou déformer les images de particules. En général, les aberrations se divisent en deux groupes : les aberrations chromatiques et les aberrations géométriques. Ces dernières peuvent détériorer les images (aberration sphérique, de coma et l’astigma- tisme) ou alternativement les déformer (courbure de champ et distorsions). Les distorsions sont classifiées en trois groupes : la distorsion radiale, la distorsion de décentrage et la distorsion prismatique (voir Figure 4.6). Les images déformées introduisent une erreur im- portante lors du calcul des champs de vitesses puisque le déplacement de particules mesuré en pixels ne correspond pas de manière linéaire au déplacement réel des particules dans le fluide. Ne pouvant pas éviter ces aberrations lors de l’acquisition des images, elles doivent être prises en compte dans le modèle de la caméra.

Pour corriger l’effet des distorsions dans le calcul des champs de vitesse, une transformation non linéaire doit être ajoutée au modèle linéaire initial du capteur, qui de- vient en conséquence plus sophistiqué et difficile à déterminer. Un terme correctif non li- néaire sous forme de vecteur distorsion ∆ = (𝛿𝑢, 𝛿𝑣) est ajouté à la fonction de transfert pour le calcul du point image en fonction des coordonnées du point dans le repère objet. Des relations permettent de modéliser chaque type de distorsion (radiale, de décentrage et prismatique) en fonction des coordonnées connues des points non distordus 𝐵𝐿= (𝑢𝐿, 𝑣𝐿). En effet, les différents modèles existants varient par rapport à l’ordre du développement du vecteur distorsion en fonction de la variable 𝜌𝐿, qui est fonction de la distance (ou erreur) entre les points de l’image formée et leur position réelle :

𝜌𝐿= √𝑢̃𝐿2+ 𝑣̃𝐿2 ; {𝑢̃𝑣̃𝐿= 𝑢𝐿− 𝑢𝑜

𝐿= 𝑣𝐿− 𝑢𝑜 (4.9)

Les modèles de distorsion radiale proposés dans la littérature peuvent être de pre- mier ordre (Horaud et Monga (198)), deuxième ou de troisième ordre. En fonction de l’ordre, un nombre de paramètres doit être déterminés ; par exemple, l’approximation d’ordre trois implique l’estimation de 19 inconnues. L’approche généralement employée pour résoudre ces systèmes d’équations comprend l’utilisation des techniques d’optimisa- tion non linéaires.

Le développement de la fonction de transfert non linéaire qui modélise le capteur en présence de distorsion implique donc la connaissance des points d’image non distor- dus 𝐵𝐿= (𝑢𝐿, 𝑣𝐿). En pratique, cela revient à placer une image avec un motif très bien défini dans le système à mesurer (aligné avec le plan image) et ensuite à obtenir une image défor- mée de ce motif connu, de façon à pouvoir déterminer la variable 𝜌𝐿. Typiquement, une

mire telle que représentée par la Figure 4.7 est utilisée. Ces mires sont généralement cons- tituées par des carrés avec des dimensions constantes ou par des rangés de points circulaires à diamètre et espacement précisément définis.

4.2.3.3 Le rôle de la calibration en stéréoscopie

Il est possible d’estimer les trois composantes de vitesse des particules présentes dans un plan d’écoulement éclairé grâce à l’acquisition simultanée de doublets d’images de ce plan par deux caméras avec point de vue différents. Les deux capteurs doivent être cali- brés pour relier caque repère des images bidimensionnelles aux repère physique réel. La calibration est ainsi essentielle pour la reconstruction du champ de vitesse 3D, et prend place à deux moments différents : d’abord, elle intervient dans la construction des champs bidimensionnels tel que décrit précédemment. Ensuite, elle est nécessaire pour faire le pas- sage des deux champs 2D au champ 3D. En effet, la calibration en stéréoscopie peut être décrite comme étant l’outil qui permet de déterminer un ensemble de relations de passage, à savoir, le passage du plan image au plan objet de chaque caméra et le passage entre le déplacement réel et ses deux projections bidimensionnelles.

Une technique amplement utilisée pour la calibration volumique consiste à placer une mire tridimensionnelle en coïncidence avec une nappe laser. Cette mire doit être cons- tituée d’au moins deux plans, décalés l’un de l’autre en profondeur d’une distance bien définie. Ces plans contiennent, à leur tour, des points généralement circulaires à dimensions et séparation connues. Les caméras sont ensuite placées dans la position où elles réaliseront les acquisitions d’images lors de la mesure ; leur mise à point peut donc s’effectuer en se servant des points de la mire et au moyen du réglage de la distance focal et de l’angle de l’arrangement de Scheimpflug. Les caméras obtiennent finalement chacune une image dé- formée de la mire. L’image de chaque caméra est d’abord comparée avec les dimensions connues de la mire pour définition d’un modèle de caméra de chaque côté de la mesure.

Une dernière étape de calibration consiste à superposer les deux images pour com- position du champ des vitesses tridimensionnel. Le désalignement entre la mire et la nappe laser peut introduire des erreurs importantes dans les mesures en stéréoscopie, puisque la

Figure 4.7 – Exemple de mire 3D commerciale (LaVision, gauche) ; illustration de la procédure de calibration (droite).

mise en correspondance des images obtenues en même temps par chaque caméra contiendra un biais systématique. En d’autres mots, les deux caméras verront la même particule à des positions différentes. Cette erreur doit être corrigée avant la composition du champ des vitesses tridimensionnel.

Cela peut être fait à partir de la comparaison de quelques paires d’images obtenues simultanément par les deux caméras ; on réalise la corrélation entre les deux images repro- jetées dans l’espace objet initial et, à partir de la carte de corrélations résultante, le champ de disparités entre les deux images peut être calculé. Le calcul est répété sur un nombre de paires d’images pour permettre l’obtention d’un champ de disparités convergé. Finalement, cette information est utilisée pour alimenter le modèle de manière à ce qu’il prenne en compte le désalignement. La Figure 4.7 illustre un exemple de mire 3D et un schéma repré- sentant la procédure de calibration communément utilisée en stéréoscopie.