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La population totale, les naissances vivantes et les décès nous permettent de calculer pour chaque période inter-censitaire le Solde Migratoire de la Période

(SMiP).51 Observons le SMiP des femmes de Sète. -2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000 2500 18 01- 05 18 21- 25 18 41- 45 18 61- 65 18 81- 85 19 01- 05 19 21- 25 19 41- 45 19 61- 65 19 81- 85 SMiPf SMiPf-recon

Graphique 4. Solde Migratoire féminin par Période inter-censitaire, Sète. SMiP brut et SMiP reconstitué (voir texte).

Le SMiP brut est caractérisé par de très fortes fluctuations. C’est le cas pour toutes les sous-populations départementales. Il est très difficile de faire la part entre les flux réels et les effets des populations totales mal estimées. Ainsi, la forte immigration constatée en 1841-1845 est suivie par une émigration relativement importante en 1846-1850. Le recensement de 1846, ne serait-il pas légèrement sur- évalué ?

C’est une première raison pour ne pas employer les SMiP bruts. Une deuxième a été discutée aux chapitres I.1 et I.2 les fortes fluctuations du SMiP risquent de concentrer la migration dans certaines cohortes, “oubliant” d’autres cohortes. Or, nous savons qu’en réalité toutes les cohortes participent à la migration. C’est pour cela que Van de Walle a remplacé les SMiP par une seule tendance linéaire. Nous ne le suivons pas, car nous perdrions toute conjoncture migratoire. Mais nous étalons la migration sur les cohortes en remplaçant les SMiP bruts par leurs moyennes mobiles sur trois périodes (appelées SMiP reconstituées dans le graphique 4).52

Avant de répartir le SMiP sur les groupes d’âge, nous avons choisi une pyramide de départ pour l’année 1801. Si la population était fermée, nous aurions pu

51

Si PTt est la population totale en t, NVt et Dt respectivement les naissances vivantes et les décès

entre t et t+5, nous appliquons : SMiPt = PTt+1 - PTt - NVt + Dt

52 Nombre de sous-populations connaissent une importante immigration apparente en 1801-1806, que dénie la suite de la courbe. Elle résulte d’un sous-enregistrement de la population en 1801, probablement par le non-intégration des enfants en bas âge. Dans ce cas, nous avons augmenté la population totale en 1801, afin de s’aligner sur le flux migratoire constaté après 1806.

considérer la population en 1801 comme une population quasi-stable (car engagée dans la transition démographique) et l’assimilation de sa distribution par âge au réseau de populations stables issu du même niveau d’espérance de vie serait justifiée. En réalité, les sous-populations départementales ne sont pas, et n’ont jamais été, fermées, même si les flux migratoires au début du XIXe siècle ne semblent pas très importants. Le passé migratoire des sous-populations nous est inconnu. Nous sommes obligé de le considérer inexistant. Le choix de la population stable se fait alors comme dans la méthode de Van de Walle dans les populations soumises au réseau de tables-types Hérault-XIX et au taux de croissance r, une seule pyramide satisfait à la fois le niveau de l’espérance de vie, le taux de natalité et la population totale observés en 1801-1805. L’importance du passé migratoire de la population donne la mesure du biais que notre choix induit à la pyramide de 1801. Il se résorbera durant les premières décennies du XIXe siècle.

Le Solde migratoire reconstitué doit être réparti sur les âges. Pour cela, nous tentons à la fois d’intégrer une certaine souplesse dans le choix d’un profil et une rigueur dans son application. La règle est celle-ci chaque sous-population se voit accordée un seul profil de flux principal et un seul profil de reflux en période de crise ou de retournement de tendance. La restriction au profil unique est nécessaire - comme nous l’avons argumenté au chapitre 1.2 - pour éviter que la reconstitution reproduise tous les recensements publiés, les fiables comme les plus fantaisistes. Si le profil de flux principal est unique, il peut être tout à fait personnel à la sous- population. Nous le choisissons parmi deux familles de profils ceux avec retour (à l’âge de 25 ou de 60 ans), et ceux sans retour. Dans les deux cas, les profils s’articulent autour d’un maximum à 20 ans. La hauteur du maximum se situe généralement entre 15 et 25 % du SMiP, entraînant une plus ou moins grande pente avant et après 20 ans, et une plus ou moins longue continuation sur les âges après 30 ans.

Le choix se fait de façon empirique. Le profil retenu est celui qui permet de rapprocher la reconstitution le plus possible aux recensements jugés fiables. C’est également la procédure pour le profil de reflux, dont l’utilisation n’est envisagé qu’en période de retournement de flux, et ne dépasse jamais deux périodes consécutives.

Voyons la commune de Sète. Le profil de flux principal est sans retour, assez concentré autour de l’âge de 20 ans. Les périodes de profil de reflux sont 1821- 1830, 1886-1895, 1901-1910 et 1931-1940. Deux fois, il s’agit d’un retour de personnes ayant émigré auparavant ; les deux autres fois, c’est le départ de personnes ayant immigré durant la période précédente. Si le flux perdure, comme en 1830 ou en 1940, il se transforme en flux principal, dont le profil se concentre autour de l’âge de 20 ans.

Le choix du profil et la détermination des flux et des reflux sont le résultat empirique de la comparaison entre la reconstitution et les recensements publiés, à

méthode de reconstitution. En effet, d’autres choix auraient pu faire rapprocher la reconstitution du recensement de 1891, mais au détriment des autres recensements publiés. Or, c’est notre jugement, sur la base de l’analyse des écarts observés et d’autres éléments discutés ci-dessus (cohérence des totaux, distribution par âge et par état matrimonial, etc), qui décide que tel ou tel recensement publié est invraisemblable et ne doit pas exercer de l’influence sur la reconstitution. C’est ici, surtout, que toute automatisation de la reconstitution ferait fausse route, car les recensements invraisemblables sont nombreux.

RECONSTITUTION DES STRUCTURES PAR AGE ET PAR SEXE