• Aucun résultat trouvé

A III : LE DESSIN D’ENFANT ET LA CULTURE

1. METHODOLOGIE DE RECHERCHE

!

Notre méthode émerge de cet entre-deux créatif à l’œuvre dans la rencontre entre la clinique et la recherche. Autrement dit, nous nous situons à la fois dans la « recherche clinique » et à la fois dans la « recherche en psychothérapie ».

La littérature internationale (Wallerstein, 1986; Migone, 1989a, 1989b, 1989c, 2001; McCul- lough, 2004; Grasso et Pennella, 2009; Tulli et Stramaccioni, 2009) relate que la « recherche clinique » se base sur les observations subjectives et les hypothèses faites par le clinicien/ chercheur à l’intérieur de la situation clinique. Il peut partager ses recherches avec ses col- lègues ou en groupe d’étude, faire des prévisions, en tester leur validité clinique grâce aux possibles confirmations de la part d’autres cliniciens/chercheurs. Il peut aussi écrire des arti- cles sous forme d’études de cas unique (Miles et Huberman, 1991) ou en les regroupant selon une thématique commune (Mergenthaler et Stinson, 1992). Ces observations et hypothèses pourront être soumises à vérification expérimentale par des études menées avec des méthodologies différentes de celles utilisées pour la recherche clinique, notamment celle qui appartiennent au domaine de la « recherche en psychothérapie » (Migone, 2001*; 18).

!

1.1 LA RECHERCHE EN PSYCHOTHERAPIE

!

La recherche est une dimension essentielle de l’activité scientifique qui assume une place très importante dans l’exercice de la psychologie clinique contemporaine. Les changements en psychothérapie se déploient selon un processus dont le caractère multidimensionnel et com- plexe exigent une mise en question continuelle au travers le recours à la recherche. La mise en place des études expérimentales en psychothérapie a besoin de temps et d’évolutions mé- thodologiques. Le processus psychothérapeutique constitue un secteur d'enquête scientifique complexe dans lequel le dialogue continu entre recherche et clinique est fondamental. Déjà Freud mettait en évidence la nécessité d’un tel complémentarisme en soulignant à quel 10

point la clinique pouvait fournir des idées et des occasions de réflexion précieuses à la re- cherche expérimentale et celle-ci, à son tour, permettre de découvrir des phénomènes et des relations non prévues par l'enquête clinique.

Notre projet de recherche s’œuvre grâce au dialogue entre ‘’penser’’ et ‘’faire’’. Nous suivons l’idée, répandue dans la littérature, que la méthode qualitative facilite l’établissement de ponts entre la pratique clinique, ses finesses, ses ‘’révélations’’ thérapeutiques, et la pratique

Freud décrit la nécessité d’une légitimation de la cure psychanalytique quant à sa validité et son efficacité, pour la pre

10 -

mière fois en 1927 dans ‘’Postface’’. Ses interrogations à propos des méthodes empiriques pour analyser l’objet psychanaly- tique sont explicitées notamment dans la réponse épistolaire de Freud à Rosenzweig (cité in Luborsky, 2000, p.149 ; ou

de recherche, avec son exigence de rigueur quantifiée dans l’étude du processus (McLeod, 1996).

Notre recherche a pour intérêt d’associer des nouvelles méthodes d’analyse qualitative dans une approche dialogique, cyclique et unificatrice avec la pratique de la clinique psychothéra- peutique. L’analyse qualitative approfondie est appropriée et essentielle à l’avancement des connaissances sur le processus de changement et les variables qui y sont associées dans la pratique psychothérapeutique (Tulli et Stramaccioni, 2009).

Depuis les années 1950, la recherche en psychothérapie est un champ en plein essor. Cepen- dant, ce n’est que récemment qu’une certaine ‘’sensibilité’’ expérimentale s’est répandue parmi les psychothérapeutes/chercheurs. De ce fait, plusieurs équipes internationales (par exemple, Mergenthaler et Stinson, 1992; Farsimadan, 2003-2007; Rizzi, 2009; Elliott, 2010; Margola, 2012; Garland et Brookman-Frazee, 2013) ont développé des recherches spécifiques selon deux axes épistémologiques clairement séparés : les out-come research, qui ont pour objectif d’évaluer les résultats et l’efficacité des diverses psychothérapies, d’une part ; et d’autre part, les process research qui s’intéressent à la compréhension des processus, c’est-à-dire des méca- nismes thérapeutiques et des éléments de l’évolution, dans une psychothérapie . Cet intérêt 11

croissant pour la recherche sur les micro et macro processus de la psychothérapie a amené au développement de méthodologies utilisant l'enregistrement, la transcription verbatim des séances et l'élaboration informatisée des données. Ces ajustements méthodologiques permet- tent l’étude en profondeur (selon plusieurs approches et par différents chercheurs) des effets et des mécanismes à l’œuvre dans des traitements thérapeutiques.

Depuis peu, les recherches s’intéressant aux processus thérapeutiques se sont davantage ba- sées sur l’utilisation de données primaires, à savoir le matériel obtenu par l'observation de la pratique dans la situation thérapeutique (Luborsky et Spence, 1971). En psychothérapie, des phénomènes et des processus caractérisés par une composante significative de variabilité si- tuationnelle se produisent, du fait des interactions thérapeute(s)–patient(s), ce qui rend l'ana- lyse du matériel extra-clinique (rating scales, échelle santé-maladie, études épidémiologiques, etc.) insuffisante si elle n’est pas accompagnée de l’utilisation du matériel clinique, fondamen- tal pour la recherche (Donabedian, 2005). Le matériel clinique primaire des psychothérapies provient de l’enregistrement des dialogues thérapeutiques et de leur transcription intégrale selon les règles de protection des données personnelles et codages standardisées (Mergen- thaler et Stinson, 1992) rendant le texte anonyme et utilisable dans un but de recherche.

Plusieurs groupes de recherche ont crée des associations (la plus connue est la Society for Psychotherapy Research -SPR-,

11

avec des sections dans plusieurs pays du monde) pour formaliser leurs méthodes et ouvrir leurs collaborations à l’interna- tional. D’ailleurs, nombreuses revues scientifiques ont vu le jour pour rendre compte notamment de l’intérêt clinique et de la validité scientifique des recherches centrées sur le processus. Par exemple, la revue Psychothérapy Research ; la revue

Notre propos rejoint celui de plusieurs psychothérapeutes/chercheurs dans ce domaine qui attribuent une importance croissante à la recherche qualitative fondée sur des méthodes per- tinentes selon l’objet d’étude dans le but de révéler, comprendre et découvrir, et non d’altérer ou réduire (Atwood et Stolorow, 1984). Le choix d’une méthode de recherche qui vise à com- prendre les processus sous-jacents à la psychothérapie implique une démarche réflexive, dans la mesure où il s’agit d’un critère de rigueur indispensable à toute approche qualitative.

!