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113 Breton (P.). ‘‘L’argumentation dans la communication’’, Usages et réceptions des médias, Journée d’études

du 26 mai 1998, Ecole normale Saint-Cloud.

114 Bourdieu (P.). Raisons pratiques sur la théorie de l’action, Le Seuil, 1994, p. 175-212.

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Pour le politologue, la résurgence de l'analyse institutionnelle relève de l'ironie du sort. Car après avoir été supplantée par le behaviourisme triomphant des années 1950 - 1970,115 elle revient sous une nature protéiforme et s'impose progressivement comme catégorie pertinente de l'analyse comparée des processus de mutations politiques. La méthode néo-institutionnelle se singularise par l'utilisation des institutions comme variables explicatives autonomes. Elle ne s'identifie pas au formalisme juridique ou à l'exégèse juridique qui est "porté à ignorer non seulement les luttes qui donnent naissance

aux institutions et dont les constitutions ne sont qu'une formulation apaisée, mais aussi les luttes pour la définition des usages légitimes des institutions qui prennent forme à la faveur de l'usage effectif de celles-ci"116. L'école positiviste du droit avait pour objectif principal de bien lire le texte en dégageant le sens et la portée des mots et des concepts. Approche indispensable mais insuffisante puisque seul le point de vue de l'auteur l'intéresse. Elle est de surcroit unidimensionnelle et se démarque de l'esprit critique.

Le néo-institutionnalisme se trouve aujourd'hui renouvelé, de même que son champ d'investigation qui désormais couvre l'étude traditionnelle de l'Etat, les institutions formelles ou sociales, la démocratisation, les luttes pour le contrôle du pouvoir politique. L'institution reçoit ainsi une définition flexible incluant à la fois les structures formelles, les normes sociales, les symboles, les idées ; et un accent particulier est mis sur ‘‘l'autonomie des institutions et sur leur

capacité à structurer leur environnement.’’117

Dans le cadre de notre analyse, il sera question de révéler l'extraordinaire capacité des institutions de l'Etat à créer les conditions de leur propre

115 Voir l’important ouvrage classique de Almond (G.). et Verba (S.). The civic culture : political attitudes and

democracy in five nations, New Jersey, Princeton University Press, 1963.

116 Lacroix (B.) et Lagroye (J.). Le Président de la République : usages et genèse d’une institution (sous la Dir.

De…), Introduction, PFNSP, 1992, p. 41.

117 Gazigo (M.). ‘‘Le néo-institutionnalisme dans l’analyse comparée du processus de démocratisation’’,

Politique et Sociétés, op. cit, p.1. Pour une utilisation combinée des institutionnalismes historique, sociologique et rationnel, voir :Taltou(E), Constituion et politique au Cameroun, Thèse de doctorat, Université de Yaoundé II, 2005, PP.25-29.

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reproduction. C'est le sens que donnent Schmitter et T. Karl au néo-institutionnalisme, lorsqu'ils observent que les arrangements institutionnels en place avant la transition sont porteurs de normes, de mœurs et d'habitudes qui continuent d'influencer la manière dont le processus évolue118 : c’est la dimension historique de l’institutionnalisme ; il s’agit d’une lutte historique entre acteurs politiques pour le contrôle des ressources juridiques.

Il est à noter propos à ce que la période monolithique a légué sur chacun de ces points, un héritage institutionnel qui déteint considérablement sur la consolidation des acquis de la mutation. Il en est ainsi des principes constitutionnels de l'unité et de l'indivisibilité de l'Etat qui "plombent" tout processus de décentralisation de la forme de l'Etat.119 L'on s'apercevra que le néo-patrimonialisme concourt dans une mesure significative à cette adaptation conservatrice. Notre perception du néo-institutionnalisme a peut-être le tort de s'inscrire dans la mouvance de la "path dependance"120, mais nous l’envisageons dans la perspective de Michel Dobry qui implique des choix stratégiques, des séquences historiques et des bifurcations.121

Ainsi le néo-institutionnalisme historique révélera l'idée constitutionnelle de l'unité de l'Etat comme un puissant facteur de conservation politique.

L’institutionnalisme historique sera doublé du néo-instituionnalisme rationnel pour faciliter la compréhension de la logique du choix des acteurs politiques en conjoncture de démocratisation. Le néo-institutionnalisme rationnel restitue à l’acteur son autonomie en le plaçant au centre d’une foisonnante palette de choix devant laquelle opèrent sa liberté et sa rationnalité.

118 Karl (T.L.) et Schmitter (P.). ‘‘Les modes de transition en Amérique Latine, en Europe du Sud et de l’Est’’,

Revue internationale des sciences sociales, n°128, 1991, p. 289-291.

119 Le même phénomène est observé par De Taras Kuzio, dans le cas de la transition ukrainienne ; reprenant ainsi

une hypothèse émise par Dankwart Rustow (De Taras Kuzio ‘‘The national factor in ukraine’s quadruple transition’’, contemporary politics, vol.6, n°2, 2000, p.143-164 et ‘‘Transition in post-communist states : triple or quadruple ?’’, Politics, vol. 21, n°3, 2001, p.169. Voir également Dankwart A. Rustow, ‘‘Transitions to democraty : toward a dynamic model’’, Comparative politics, vol.2, n°2, 1970, 350.

120 La ‘‘Path dependance’’ ou dépendance du « sentier » relève d’une conception linéaire de l’évolution des

sociétés politiques dépendant des institutions antérieures ( voir P. Pierson ‘‘increasing returns to path dependance and the study of politics’’, American political science review, vol.94, n°2, 2000, p.251-267).

121 Dobry (M.)-« Les voies incertaines de la transitologie , choix stratégiques, séquences politiques », RFSP,

vol.50, n°4-5, 2000, p. 585-614.

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La constitution, les élections, les instances de représentation et de négociation politiques constituent des "biens" investis d’une forte charge symbolique, que les acteurs conscients des règles de jeu et des enjeux, instrumentalisent pour acquérir une position de dominants sociaux.

Cette rationnalité est cependant limitée par les "contraintes de l’action collective", et si l’on n’en prend garde, l’on retombera dans le travers du holisme méthodologique.

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