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Chapitre 6 : Discussion générale

6.1 Avancements et contributions

6.1.2 Mesure de la proprioception à la cheville lors de la marche

L’étude 3 a été réalisée dans le but de développer un outil d’évaluation de la proprioception pendant la marche chez des individus ayant une LMi afin de mettre en évidence les effets d’un entrainement basé sur une tâche de précision sur la fonction sensorimotrice. D’après cette étude, nous avons montré qu’il est désormais possible de mesurer un seuil de proprioception à la cheville lors d’une tâche fonctionnelle comme la marche chez des individus avec une LMi. Les résultats obtenus indiquent que les individus avec une LMi ont un seuil de proprioception à la marche plus élevé que les participants en santé, ajoutant ainsi à ce qui a été montré dans de précédentes études lors de tâches au repos ou passives (Waters et al., 1994; Domingo et al., 2011; Chisholm et al., 2016; Chang et al., 2017). En effet, la lésion va provoquer une diminution du contrôle descendant et ascendant, et ainsi mener à des déficiences importantes, telle qu’une diminution de la sensibilité et de la proprioception (Nathan et al., 1986; Barthelemy et al., 2010; Ozdemir & Perez, 2018). L’étude 3 a aussi permis de mettre en avant l’effet de facteurs indépendants de la lésion mais qui caractérisent les individus ayant une LMi tels que l’effet de l’âge, du sexe, de la douleur ou de la vitesse de marche, chez un groupe de participants sains (van Hedel & Group, 2009; Singh et al., 2014; van Gorp et al., 2015; Toda et al., 2018). Les résultats rapportent seulement un effet de la vitesse avec une meilleure proprioception (seuil proprioceptif plus bas) lorsque les participants marchaient à une vitesse de marche plus lente. Considérant que la vitesse de marche est diminuée à la suite d’une LMi et que les résultats montrent déjà un seuil proprioceptif plus élevé pour cette population, il est raisonnable de croire que l’écart entre le seuil des participants sains et ceux avec une LMi serait encore plus grand lorsqu’on prend en compte la vitesse de marche.

Nous allons à présent discuter l’utilisation du terme proprioception afin de caractériser l’aspect sensoriel. En effet, la proprioception peut se définir comme étant un ensemble de sens impliquant le sens de la position et du mouvement, de la tension ou de la force, ou de l’effort et

de l’équilibre (Proske & Gandevia, 2012). Dans de nombreuses études, ce terme est utilisé afin de caractériser divers aspects sensoriels. Dans une revue publiée récemment (Annexe E), nous avons effectué une distinction des tests mesurant la proprioception basée sur leurs mesures principales. Ainsi, nous avons distingué 2 principales catégories de tests, soit une mesurant davantage la somatosensation, et l’autre le contrôle moteur global (Bertrand-Charette et al., 2020). Concernant la mesure de la somatosensation, elle implique souvent la reproduction ou la détection d’un mouvement (sens de la position, seuil de perception du mouvement) en utilisant les informations provenant des organes tendineux de Golgi, des fuseaux musculaires, des articulations et des récepteurs cutanés. Concernant le contrôle moteur, il implique une mesure lors d’une tâche fonctionnelle (Hop tests, Star Excursion Balance Test, etc.) et requiert donc l’intégration des informations sensorielles mentionnées ci-dessus avec l’intégration motrice, autrement dit, l’intégration sensorimotrice. En d’autres termes, ils nous renseignent sur les informations sensorielles, mais requièrent un contrôle moteur important. Étant donné que, dans notre test, nous nous servons de la marche pour générer un mouvement et non comme étant une variable principale (contrôle moteur toujours semblable dans la tâche), et basé sur les distinctions effectuées dans la revue citée précédemment, le test effectué dans l’étude 3 mesure davantage la somatosensation lors d’une tâche fonctionnelle, et donc, se définirait davantage comme une mesure à l’interface de l’intégration sensorimotrice.

Enfin, l’enjeu principal de cette étude était d’effectuer une mesure de proprioception lors d’une tâche fonctionnelle, telle que la marche. Comme mentionné dans l’introduction, les informations sensorielles participent activement au contrôle de la marche (Rossignol et al., 2006). De plus, de nombreuses études montrent qu’elles ont aussi un rôle important dans le retour de la fonction sensorimotrice afin de permettre une amélioration de la marche à la suite d’une LM (Edgerton

et al., 2008; Rossignol & Frigon, 2011; Takeoka et al., 2014). En effet, l’entrainement avec support

de poids sur tapis roulant afin de moduler le retour sensoriel est très utilisé à la suite d’une LM (Barbeau & Rossignol, 1987; Roy et al., 2012; Dietz & Fouad, 2014; Knikou & Mummidisetty, 2014). En revanche, malgré leur rôle clef dans la récupération locomotrice, la caractérisation et l’évolution de l’aspect sensoriel à la suite d’une LM restent peu étudiées (Domingo et al., 2011). De plus, les tests effectués afin de mesurer cet aspect à la suite d’une LMi sont réalisés au repos ou lors de tâches passives (Domingo et al., 2011; Vasquez et al., 2013; Hillier et al., 2015; Chisholm

lors de la marche. Il a d’ailleurs été montré que les données sensorielles mesurées ne corrélaient pas avec la performance obtenue lors de tâches motrices (Deshpande et al., 2003; Lin, 2005; Oleson et al., 2005). Cela peut s’expliquer par le fait que lors d’un mouvement comme la marche, l’aspect moteur, sensoriel ainsi que l’intégration sensorimotrice sont importants, comment mentionné dans le paragraphe précédent. Les tests réalisés au repos ne permettent donc pas de caractériser l’intégration sensorimotrice (Bertrand-Charette et al., 2020), ce qui ne permet pas de maximiser le retour de la fonction sensorimotrice dans le but d’optimiser le retour de la marche. Le test mis au point dans l’étude 3 a permis de caractériser cette intégration sensorimotrice lors de la marche chez des participants sains et des individus avec une LMi.

6.1.3 Amélioration de la capacité locomotrice et diminution de DN à la