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Chapitre 6 : Discussion générale

6.3 Limites générales de la thèse

Quelques limites concernant les différentes études de cette thèse sont à considérer. Toutefois, étant donné que les limites de chaque étude sont mentionnées dans les articles respectifs, nous nous intéresserons ici aux limites générales de la thèse. Elles proviennent principalement de la réalité clinique et au contexte associé concernant les individus ayant une LMi. En effet, une des limites de cette thèse vient principalement du nombre de participants ayant une LMi recrutés pour les différentes études. En effet, devant l’hétérogénéité de cette population au niveau des douleurs ressenties et des troubles locomoteurs, il faudrait un nombre plus élevé de participants pour avoir un effet de groupe ainsi qu’une puissance statistique plus élevée. La limite est d’autant plus importante en ce qui concerne l’effet de l’entrainement sur la DN, étant donné qu’elle n’était présente chez seulement 4 participants. Les critères d’exclusion en lien avec la TMS ou la capacité

locomotrice sur tapis roulant étaient les principaux facteurs limitant le recrutement. En effet, concernant la capacité locomotrice, il était demandé de marcher minimalement sur une distance de dix mètres avec ou sans accessoires de marche, ce qui limitait le recrutement aux individus avec un ASIA C ou D (Scivoletto et al., 2014). Concernant la TMS, il a été rapporté que 46.7% des individus avec une LM traumatique souffraient d’un traumatisme crânien qui fait partie des critères d’exclusion (Hagen et al., 2010).

Outre les effets de groupes et la puissance statistique, le nombre limité de participants n’a pas permis la réalisation de corrélations entre les mesures de changements d’excitabilité corticospinale lors de la marche de précision et l’amélioration des capacités locomotrices mesurées. En effet, il aurait été intéressant de voir si les individus avec la plus grande augmentation d’excitabilité corticospinale pendant la marche de précision sont aussi ceux qui montrent la plus grande amélioration de la capacité locomotrice ou la plus grande diminution de DN post-entrainement. Cela aurait permis de vérifier de manière plus précise les effets d’un entrainement sollicitant davantage le contrôle volontaire, et de voir si ce genre d’entrainement est bénéfique pour tout le monde.

Toujours en lien avec le contexte clinique, un autre point important concerne la limite raisonnable que nous nous sommes imposés concernant le nombre de sessions et évaluations proposées aux participants. En effet, considérant que les sujets avec une LMi participaient déjà à 1 session d’évaluation de l’excitabilité corticospinale, 4 sessions d’évaluations (pré et post entrainements) et 16 sessions d’entrainement, il nous paraissait exagéré en termes de temps d’imposer d’autres mesures neurophysiologiques en ajoutant d’autres sessions. Cela a un impact notamment sur l’excitabilité corticospinale, car une seule mesure a été effectué lors d’une seule évaluation réalisée avant le début de l’entrainement. Il aurait été intéressant d’effectuer soit plusieurs mesures d’excitabilité à chaque changement de niveau de difficulté lors des entrainements, ou une mesure en plus à la fin de l’entrainement. Cela aurait permis de vérifier que les différents niveaux de difficulté utilisés lors de l’entrainement étaient suffisants pour maintenir un niveau d’excitabilité corticospinale plus élevé que la marche simple. En d’autres termes, que l’entrainement utilisé permette bel et bien de solliciter le contrôle volontaire durant plusieurs semaines, dans le but de favoriser la plasticité adaptative. De plus, le fait de devoir réaliser toutes les mesures dans un nombre limité de sessions d’évaluation a aussi limité d’obtenir une mesure de DN plus précise. En effet, dans le cadre de nos études, afin de mesurer le niveau

de DN, un questionnaire a été utilisé. Bien qu’il s’agisse d’un questionnaire validé et couramment utilisé auprès des individus ayant une LM, celui-ci reste très subjectif et peu précis. Bien que la douleur ne représente pas une variable majeure de cette thèse, des mesures neurophysiologiques de DN auraient permis de davantage caractériser le lien entre la motricité et la douleur. Toutefois, ces mesures auraient nécessité une session d’évaluation supplémentaire. De plus, le questionnaire utilisé ici reflète tout de même le niveau de douleur directement ressenti par le participant, et ainsi représente sans doute un outil d’évaluation des plus importants.

Finalement, une dernière limite importante à cette thèse concerne l’absence d’un groupe contrôle pour comparer les effets de notre entrainement. En effet, nous ne comparons pas les effets de l’entrainement de précision versus un entrainement plus conventionnel comme marcher sur tapis roulant avec ou sans support de poids, ce qui aurait permis de mieux caractériser les améliorations induites par notre entrainement. Nous ne pouvons donc pas conclure sur un meilleur effet de l’entrainement de précision, mais nous pouvons tout de même montrer les effets bénéfiques sur les capacités locomotrices et sur la DN. De plus, nous n’avons pas non plus comparé les effets avec un groupe ne recevant aucun entrainement dans le but de mesurer la contribution de la récupération spontanée à la fonction locomotrice. En revanche, considérant que certains individus en phase chronique lors des sessions d’entrainements, pour qui la récupération spontanée devient plus limitée, ont montré des améliorations au niveau locomoteur, il est donc fort probable que l’entrainement de précision ait un impact positif en plus de la récupération spontanée.