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Chapitre 2 – Facteurs psychosociaux et troubles cognitifs

2.2 Personnalité et troubles cognitifs

2.2.3 Les troubles de la personnalité : l’exemple de la personnalité dépendante

2.2.2.2 Mesure de la dépendance affective

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modèle interpersonal circumplex : la dépendance à l’amour, la dépendance à la soumission et la dépendance exploitable (258).

Une méta-analyse réalisée par Bornstein et Cecero en 2000 a montré que même si les corrélations entre les scores de dépendance et les scores des différentes dimensions du modèle à cinq facteurs étaient considérées comme faibles à modérées, les scores élevés de dépendance étaient associés à des niveaux élevés de névrosisme et d’agréabilité alors qu’ils étaient associés à de faibles niveaux d’extraversion, d’ouverture aux expériences et de consciencieusité (259). Cela a été confirmé par deux autres méta-analyses. Le trouble de la personnalité dépendante a été associé d’une part à des niveaux élevés d’anxiété, de dépression, de vulnérabilité et de self-consciencieusité, facettes du névrosisme, d’autre part à des faibles niveaux de compétence et d’autodiscipline, facettes de la consciencieusité (260,261) et enfin à de faibles scores d’assertivité (260). Aucune de ces deux méta-analyses n’a confirmé la relation entre le trouble de la personnalité dépendante et la dimension agréabilité montrée par Bornstein et Cecero (259). Cela serait expliqué par l’incapacité du NEO PI-R à détecter correctement les scores extrêmes de cette dimension en focalisant sur les comportements adaptés (262). L’inversion des items constituant l’échelle évaluant l’agréabilité a été fortement corrélée aux traits et au trouble de la personnalité dépendante (263).

Dans une étude menée par Mulder et al. auprès de 256 patients psychiatriques (dont 126 étaient atteints de dépression sévère et 130 de boulimie nerveuse), la personnalité dépendante, mesurée par le Structured Clinical Interview for DSM-III-R Axis II Disorders (SCID-II) était positivement corrélée à la dimension « évitement du danger » et négativement à la dimension « auto-détermination » du modèle de Cloninger (264). En revanche, la personnalité dépendante n’a pas été corrélée à la dépendance à la récompense. Ces résultats ont été confirmés par les résultats de Bricaud et al. (265).

2.2.2.2 Mesure de la dépendance affective

Selon que l’on adopte une approche dimensionnelle ou catégorielle, les outils pour mesurer la dépendance affective sont différents. Dans la perspective dimensionnelle, les outils sont des questionnaires alors que dans la perspective catégorielle, les check-lists ou inventaires reprennent les éléments nécessaires au diagnostic du trouble de la personnalité dépendante du DSM-IV ou de la CIM-10. Les observations comportementales ou l’interrogatoire de l’entourage sont aussi des moyens de mesurer le degré de dépendance (253).

2.2.2.2.1 Les questionnaires

Il est possible de distinguer les mesures objectives (des questions sont posées directement au sujet pour évaluer sa dépendance à l’Autre) des mesures projectives (utilisation de matériel non structuré tel que les tâches d’encre pour inciter les sujets à faire des commentaires) (253). Comme exemple de mesures objectives par questionnaire, nous pouvons citer le Minnesota Multiphasic Personality Inventory (MMPI) - Dependency Scale, l’échelle d’oralité de Lazare et Klerman, l’échelle d’expériences dépressives, ou encore l’inventaire de dépendance interpersonnelle d’Hirshfeld. Plus récemment, une mesure des traits de la personnalité dépendante suivant le modèle à cinq facteurs a été créé, le Five-Factor Dependency Inventory (FFDI) (266). Le FFDI compte 12 échelles mesurant chacune une facette : séparation/sécurité, pessimisme, honte, impuissance, besoin intime, non assertivité, ingénuité, altruisme, asservissement, modestie, inaptitude et négligence.

Les mesures projectives permettent de limiter le risque de faux négatifs, un sujet se sachant dépendant aura plus de difficultés à cacher sa personnalité au travers de ce type de mesures (253). Deux tests sont principalement utilisés. Il s’agit de l’échelle de dépendance orale du Rorschach (Masling, 1967) qui n’existe qu’en langue anglaise. Ce test s’appuie sur le test de Rorschach qui consiste en une série de planches de tâches symétriques proposées à la libre interprétation du sujet évalué (figure 7). L’échelle de dépendance utilise une grille de lecture lexicale et les réponses sont évaluées selon leur contenu de dépendance orale et catégorisées en oralité et dépendance. Kagan et Mussen (1956) ont créé une échelle de dépendance à partir du Thematic Apperception Test (TAT) de Murray (figure 8).

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Figure 7. Exemple de planche du test de Rorschach

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2.2.2.2.2 Les listes de critères

Les listes de critères permettent de catégoriser les sujets en dépendants pathologiques ou non. À ce jour, il n’existe qu’un seul questionnaire mesurant spécifiquement la personnalité dépendante. Il s’agit du Dependent Personality Questionnaire élaboré par Tyrer et al. publié en 2004 (253). Ce questionnaire compte huit items présentés dans le tableau 22.

Tableau 22. Le questionnaire de la personnalité dépendante* de Tyler et al., 2004

Je suis une personne indépendante.

Je préfère me débrouiller seul(e) avec les problèmes. J’ai tendance à céder aux autres personnes.

Je n’aime pas ce que je suis.

Je suis douée pour prendre des décisions. Je suis une personne de confiance.

Je compte beaucoup sur ma famille et mes amis.

Quand les choses vont mal dans ma vie cela me prend du temps pour revenir à la normale *Traduit en français par G. Loas (267)

Cependant, la majorité des listes de critères destinées à diagnostiquer l’ensemble des troubles de la personnalité selon le DSM ou la CIM permettent également de diagnostiquer le trouble de la personnalité dépendante. Nous pouvons citer le Structured Clinical Interview for DSM-III-R Personality Disorders (SCID-II) (268), et le Structured Interview for DSM-IV Personality (SIDP-IV) (269). L’International Personality Disorders Examination (IPDE) permet le diagnostic selon le DSM-IV et la CIM-10. Le Millon Clinical Multiaxial Inventory-III est un auto-questionnaire contenant 175 items auxquels le sujet doit répondre par « vrai » ou « faux » (270). Il compte une échelle pour le trouble de la personnalité dépendante comprenant 16 items. Le Wisconsin Personality Disorders Inventory est également un inventaire des troubles de la personnalité tels que définis par le DSM-IV-TR. Dans sa totalité, il compte 214 items et l’échelle mesurant le trouble de la personnalité dépendante compte 19 items (271). Il existe aussi le Personality Diagnostic Questionnaire (PDQ-4) permettant le diagnostic des troubles de la personnalité selon le DSM-IV-TR (253).

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