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1.2 Épidémiologie mondiale des troubles cognitifs

1.2.4 Facteurs de risque

1.2.4.2 Les facteurs modifiables

1.2.4.2.3 Les facteurs liés au mode de vie

Facteurs psychosociaux et nutritionnels des troubles cognitifs en Afrique Centrale 38

Cette IDE participe entre autre à la dégradation de la ! amyloïde (109). Un défaut de cette enzyme (109) ou une hypersécrétion d’insuline (107) peuvent dépasser les capacités de dégradation de l’IDE engendrant ainsi l’accumulation de la ! amyloïde, favorisant ainsi la formation d’agrégats de cette protéine, responsable de la formation de plaques neuritiques observées dans la MA.

D’autres mécanismes induits par une dysrégulation du métabolisme du glucose sont soupçonnés. Les produits finaux de la glycosylation avancée (AGEs pour Advanced Glycosylation End products) sont des produits issus de la réaction du glucose avec certaines protéines, dont l’accumulation serait responsable des complications liées au diabète. Or, les AGEs ont été identifiés dans les plaques séniles et les neurofibrilles, principaux signes neuropathologiques de la MA. Par ailleurs, il semble que la glycosylation de la ! amyloïde faciliterait l’agrégation de cette protéine in vitro et la glycosylation de la protéine Tau

hyperphosphorylée faciliterait la formation des paires des filaments hélicoïdaux. De plus, les récepteurs aux AGEs seraient des récepteurs cellulaires pour le peptide A! perturbant le fonctionnement des cellules neuronales (110).

De manière indirecte, la relation entre l’adiposité et la démence pourrait aussi s’expliquer par les maladies cérébrovasculaires et les accidents vasculaires cérébraux (107). Ces pathologies sont plus fréquentes chez les personnes en surpoids et obèses et seraient, par ailleurs, facteurs de risque de démence. Elles engendreraient des lésions cérébrales, lésions qui s’ajouteraient à celles éventuellement déjà présentes dues à la neurotoxicité de la ! amyloïde précipitant ainsi les manifestations cliniques de la MA. La question restant à élucider est de savoir si l’adiposité affecte le risque de démence ou si ce sont les changements neuropathologiques observés dans la démence et notamment la MA qui affectent l’adiposité.

1.2.4.2.3 Les facteurs liés au mode de vie

La consommation de tabac

Le tabagisme est connu pour favoriser un certain nombre de pathologies et notamment le cancer du poumon et les maladies cardiovasculaires. Plusieurs études épidémiologiques se sont intéressées à la relation entre le tabagisme et le déclin cognitif ou la démence incluant la MA ; cependant, l’association n’est pas claire. Une première méta-analyse publiée en 2002 montrait des résultats divergents selon que les auteurs de cette méta-analyse considéraient les études cas-témoins ou les études longitudinales (111). Des études ultérieures, longitudinales, ont

confirmé l’association entre le tabagisme et la démence, la MA ou le déclin cognitif mais pas avec la démence vasculaire (112–114). Il apparaît que l’augmentation du risque de démence ou

de MA concernerait seulement les porteurs de l’allèle !4 de l’APOE (113) et dépendrait du

nombre de cigarettes fumées (114). Les résultats de deux autres méta-analyses conduites en 2007 et 2008 ont confirmé que les fumeurs avaient des risques de démence et de déclin cognitif plus élevés que les non-fumeurs (115,116). En revanche, ils n’ont pas montré de différence entre les ex-fumeurs et les fumeurs actuels. Le mécanisme par lequel agit le tabac sur la fonction cognitive n’est pas encore élucidé. Cependant, certains auteurs suggèrent que les fréquences élevées de maladies cardiovasculaires et de maladies cérébrovasculaires chez les fumeurs augmenteraient le risque de MA plus tard, à la vieillesse.

L’activité physique

Les modèles animaux (117), les études d’interventions chez l’homme (118) et les études épidémiologiques longitudinales (5,13) suggèrent que l’activité physique aurait un effet protecteur sur le déclin cognitif, les déficits cognitifs, la démence de type Alzheimer ou la démence vasculaire. La pratique d’une activité physique d’intensité élevée réduirait le risque de déclin cognitif de 38% par rapport à la sédentarité, mais l’effet protecteur de l’activité physique commencerait à partir du moment où l’on débute une activité même d’intensité faible ou modérée (2). L’activité physique réduirait par ailleurs le risque de démence de 28% et celui de MA de 45% (119). Cependant, la dose optimale d’activité physique pour réduire le risque de démence reste à définir précisément. Par ailleurs, l’activité physique semble prolonger la survie des personnes atteintes de la MA entre 5,5 ans et 8 ans (120).

Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer comment l’activité physique pouvait être bénéfique pour la cognition. (13,117) D’abord, l’activité physique pourrait améliorer la circulation sanguine dans le cerveau et diminuer ainsi le risque de maladies cérébrovasculaires. Deuxièmement, l’activité physique pourrait stimuler la plasticité cérébrale, la sécrétion de facteurs trophiques, la synthèse de neurotransmetteurs et la neurogenèse, en créant une réserve cérébrale contre les dommages du cerveau. Troisièmement, l’activité physique pourrait diminuer la sécrétion d’hormones du stress, toxiques pour le cerveau, telles que le cortisol. Enfin, plus que l’exercice lui-même, les effets bénéfiques de l’activité physique sur la cognition pourraient résulter, en tout ou partie, d’une stimulation mentale ou sociale liée à un mode de vie actif.

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La consommation d’alcool

Une revue plus complète est présentée au chapitre 3 de ce document. En résumé, une consommation faible à modérée d’alcool protègerait contre la démence (121) alors qu’une consommation excessive serait délétère (122).

Le régime alimentaire

Une revue plus complète est également présentée au chapitre 3 de ce document. En bref, un certain nombre de facteurs nutritionnels pourraient être « protecteurs » vis-à-vis de la démence.

Il s’agit notamment des nutriments antioxydants (vitamines E, C, !-carotène et flavonoïdes),

des acides gras monoinsaturés retrouvés principalement dans les huiles végétales, et les acides gras polyinsaturés n-3 retrouvés principalement dans le poisson (123). En revanche, une consommation élevée d’acides gras saturés et d’acides gras polyinsaturés n-6 (11) serait un facteur de risque de démence. Le régime méditerranéen a par ailleurs été associé à une diminution de ce risque (124,125).

Le réseau social, le soutien social et le statut marital

L’Homme est un être social qui a besoin des interactions avec autrui pour se développer et évoluer. L’environnement social d’un individu est constitué par la famille, par l’école puis, plus tard, par son travail mais aussi ses amis. L’environnement social est culturel, intellectuel, institutionnel, familial, amical. Le terme de réseau social capture cette idée d’interaction entre les individus. La mesure du réseau social peut être mesuré par le nombre, la fréquence et le degré des interactions avec les autres (126). Les études longitudinales suggèrent qu’un réseau social limité et le désengagement social chez le sujet âgé sont associés à une augmentation du risque de démence, en particulier de la MA (13,126–128). Cependant, certaines études suggèrent que le désengagement social serait non pas la cause mais la conséquence de la pathologie démentielle et pourrait être considéré comme un symptôme précoce de la démence (128). Par ailleurs, le statut marital a été associé au risque de démence et de MA, avec un effet

délétère du célibat (129) et du veuvage chez les porteurs de l’allèle !4 de l’APOE (130).

Certaines études récentes suggèrent que, plus que l’isolement social, ce serait le sentiment de solitude qui serait facteur de risque de démence (131,132). Ces relations pourraient être expliquées par la théorie de la réserve cognitive. En effet, les sujets ayant un réseau social élargi et/ou impliqués dans des activités sociales auraient une réserve cognitive plus importante que ceux ayant un faible réseau.