• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE IV : MISE AU POINT ET APPLICATION D’UN INDICE D’EROSION

IV. 1. 1 Matériel et méthode

Les mesures topographiques

Des mesures topographiques (levés continus au DGPS avec deux GPS Trimble© XRS et/ou profils réalisés au théodolite) ont été effectuées avec une fréquence mensuelle durant les « hivers » 2006-2007 et 2007-2008 (d’octobre à mars inclus). La localisation générale des secteurs visités est présentée ci-dessous (Figure 62). Les caractéristiques et les dates des enregistrements sont détaillées site par site en Annexe 24. L’extraction des données obtenues à partir de ces levés topographiques ont servi à construire des Modèles Numériques de Terrain (MNT), afin de décrire la morphodynamique de ces littoraux.

Les MNT ont une dimension relativement réduite (80 m de linéaire côtier) car la procédure qui en est à l’origine répond à un grand nombre de contraintes. D’une part, les mesures DGPS sont fortement dépendantes du système de positionnement par satellites. Au moins cinq satellites bien positionnés sont requis pour effectuer des levés dans des conditions optimales, c’est-à-dire avec un angle supérieur à 15° par rapport à l'horizon. En général, la durée d’un enregistrement continu (nécessaire pour un post-traitement sur la phase) ne peut excéder deux heures, car il faut aussi tenir compte des facteurs environnants, la marégraphie (obligatoirement à mer basse) et les conditions météorologiques au moment des relevés (pas de pluie, un vent faible). D’autre part, cette procédure est conditionnée par la nature du milieu. Différents types d’obstacles (ganivelles, falaise dunaire…) ont parfois contrarié notre progression sur le terrain et rendu l’exercice assez délicat, voire pénible.

La largeur du MNT est déterminée, en parcourant le linéaire côtier, par l’intersection

de deux axes dans le sens latitudinal (x1 et x2, Figure 63A). Sa longueur est fixée selon deux

critères (Figure 63B). Côté mer, une altitude de base (Z0,), exprimée en mètre NGF, a été

fixée arbitrairement pour faciliter le traitement et l’interprétation des données. Elle est de + 1,5 m NGF, soit, dans la région, l’équivalent d’une haute mer de morte-eau (HMME). De l’autre côté, les mesures se terminent le long d’un axe longitudinal (y) situé en arrière du sommet du cordon littoral. La position de cet axe varie selon les sites. L’emplacement et les dimensions de chaque MNT sont exprimés en mètre, dans le système de géopositionnement projeté Lambert II étendu.

Les données recueillies au DGPS, des positions en x, y et z, sont ensuite post-traitées et corrigées (logiciel PathFinder©). La construction des MNT procède d’une interpolation de ces positions sous le logiciel Surfer© (de type linéaire et selon une méthode de triangulation). Il s’agit ensuite de calculer un volume pour en déterminer la variation mensuelle. Comme l’illustre schématiquement la Figure 63, l’information est aussi interprétée qualitativement. Le cas échéant, il est aussi fait mention des éventuelles interventions humaines effectuées sur la zone, car celles-ci peuvent influencer significativement les résultats que nous avons obtenus (à Marennes-Plage surtout). Il convient de noter que cette procédure génère des approximations. Pour s’assurer que les données que nous utilisons sont aussi fiables que possible, un filtrage a automatiquement été opéré lors de l’exportation des données vers le logiciel d’interpolation. La marge d’erreur que nous nous sommes fixée est de 20 cm sur chacun des trois axes. Enfin, compte tenu des volumes engagés, par souci de lisibilité, nous

Figure 63 : Protocole adopté pour les mesures topographiques

Sur le site de La Belle-Henriette, pour les raisons historiques décrites dans le chapitre précédent, nous avons choisi de suivre le secteur où, en 1971, la flèche littorale à l’origine de la formation de la lagune a été raccordée artificiellement par un batardeau. Il se situe dans la partie sud-est du complexe lagunaire (Figure 64), au niveau de la passe des Chenolettes (localisation en Annexe 16). Le cordon littoral y culmine à près de 8 m NGF. On note également la présence d’une avant-dune végétalisée sur sa partie externe, une formation que l’on ne retrouve pas en amont-dérive (au nord-ouest du site). De l’autre côté, le revers du cordon et l’arrière cordon sont presque totalement couverts par la végétation (dune grise). Le substrat sableux y est donc stable.

Figure 64 : Secteur mesuré sur le site de La Belle-Henriette

En ce qui concerne la dune de Saint-Trojan, le suivi a eu lieu au niveau de la passe de Vert-Bois, au nord du complexe dunaire, et plus précisément au pied des blockhaus qui surplombent la plage (Figure 65). Ce choix s’est imposé de lui-même. Sur ce littoral, il s’agit d’un des secteurs les plus sensibles à l’érosion marine. C’est là où eurent eu lieu les premières destructions d’infrastructures côtières implantées sur la dune, le « drame de Vert-Bois ». Ce site est enfin celui pour lequel nous disposons de données antérieures à cette campagne de mesures (cf. IV. 2, suivi du Chantier-Pilote de la DDE de Charente-Maritime, début de l’année 2003).

A Marennes-Plage, les visites ont eu lieu au centre de l’aménagement, dans la section la moins large du cordon littoral (Figure 66). Il s’agit de la partie la plus vulnérable de l’édifice. La présence d’obstacles aux extrémités nord et sud du bassin, tels que d’anciens bassins ostréicoles ou bien l’érection de ganivelles d’une hauteur proche d’1,5 m, sont d’autres raisons pratiques qui nous ont orienté vers ce choix.

Figure 66 : Secteur mesuré sur le site de Marennes-Plage

L’enregistrement des conditions météo-marines

Trois principaux paramètres météo-marins ont fait l’objet d’enregistrements sur une

période équivalente à celle des relevés topographiques : la vitesse (m.s-1) et la direction

(degrés) du vent moyen à la côte, la hauteur (m) des vagues au large immédiat de la zone d’étude et la marégraphie locale (hauteur d’eau en m), c’est-à-dire à proximité de chaque site atelier.

Aucun réseau d’observation in situ n’étant apte à répondre à nos attentes et aux contraintes qui sont les nôtres (le manque de disponibilité en particulier), l’emploi de sources telles que des analyses en temps différé de modèles numériques a été privilégié pour effectuer le suivi de ces paramètres (Figure 67). Ce type de données présente l’avantage d’être totalement gratuit, ce qui n’est pas toujours le cas des produits mis à disposition par les organismes institutionnels. Elles sont accessibles à toute heure de la journée et réactualisées quatre fois par jour (00h, 6h, 12h et 18h UTC) en ce qui concerne le vent et les vagues, via le site Web http://www.windguru.cz. Cela rend donc possible une acquisition à distance et en temps quasi réel.

Nos principales sources sont : les analyses en temps différé du modèle GFS5

(résolution : 0,5° ; source : NOAA6) pour le vent ; les analyses en temps différé du modèle

NWW37 (résolution : 1,5° ; source : FMNOC8) pour les vagues ; les tables de marées

calculées par le SHOM. Ces dernières nous renseignent sur le niveau théorique de la mer à marée haute. Trois points de mesure ont été retenus pour ce paramètre : Saint-Martin (île de Ré), la Pointe de Gatseau (île d’Oléron) et la Cayenne (Rivière de la Seudre).

Figure 67 : Le réseau d’observation

5 Global Forecast System

6 National Oceanic and Atmospheric Administration

7 NOAA WaveWatch III

8