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CHAPITRE IV : MISE AU POINT ET APPLICATION D’UN INDICE D’EROSION

IV 1. 5 Synthèse

IV. 4. 5 Février 2009

Le mois de février 2009 est caractérisé par la succession de deux périodes en tous points différentes. La première quinzaine du mois est très agitée, avec un vent moyen souvent

supérieur à 10 m.s-1 et des hauteurs de vague dépassant fréquemment 2 m. La seconde partie

du mois est particulièrement calme, avec un vent moyen toujours inférieur à 10 m.s-1 et des

hauteurs de vague ne dépassant que très rarement 1 m.

Cette analyse rétrospective est intégralement consacrée à la tempête du 10 février, baptisée Quinten. Ses principales caractéristiques (trajectoire, vitesse du vent en France et hauteur des vagues dans le Golfe de Gascogne) sont présentées en Annexe 28. Il s’agit tout d’abord de l’aléa météorologique le plus intense que nous ayons pu observer au cours du doctorat. Les rafales maximales sont mesurées durant la nuit du 9 au 10 février. Elles atteignent 137 km/h à la Pointe de Chassiron et 119 km/h au port de La Rochelle (source : Météo-France). La simulation des champs de vagues (modèle NWW3) affiche dans le même temps des valeurs supérieures à 5 m à proximité des côtes charentaises. Enfin, le cycle de marée au cours duquel cette tempête est survenue était particulièrement favorable à la manifestation de niveaux d’eau extrêmes, avec des coefficients de marée supérieurs à 100.

Fortement médiatisée en raison du passage récent de la tempête Klaus, l’information relative à la dangerosité de cet événement n’a cependant pas été transmise au grand public avant le 8 février (bulletins et vigilances de Météo-France). Nos propres expérimentations permettaient en revanche d’être plus précis et, surtout, d’anticiper plus en amont les risques induits par le potentiel érosif de cette tempête. Ainsi, dès le 4 février, nous étions en mesure d’affirmer que Quinten disposait de caractéristiques suffisamment alarmantes pour que le futur coup de vent soit pris très au sérieux. A partir de cette date les valeurs indiquées par notre indice d’érosion étaient sans équivoque. Quel que soit le site concerné, des dépassements de seuil proches ou supérieurs à ceux réanalysés après la tempête du 10 mars 2008 (qui avait elle-même provoqué de nombreux dégâts) ont été calculés et confirmés à chaque actualisation du modèle. Ainsi, les 4, 5, 6 et 7 février, avant que le dispositif national de mise en alerte n’entre réellement en vigueur, nous avons télédiffusé plusieurs BMS (Bulletin Météo Spéciaux) à destination des services communaux concernés par cette étude. Nous verrons plus tard que ces bulletins de vigilance ont été très précieux pour la municipalité de Marennes, qui a alors pu effectuer des travaux préventifs sur son cordon littoral et éviter tout risque de submersion.

Le bulletin envoyé le 04 février à la commune de Dolus-d’Oléron (plage de Vert-Bois) est présenté ci-après à titre indicatif (Figure 100). Ces bulletins d’alerte reposent sur une description générale du phénomène (la tempête) et des risques encourus dans les zones exposées aux aléas qu’ils concernent (recul du trait de côte et risque de débordement côtier). Ces risques sont illustrés à l’aide de graphiques représentant des valeurs de Run-up simulées à partir des Equations 1 et 2 (cf. I. 2. 2).

Le Tableaux 18 donne le détail des prédictions et des réanalyses correspondant à la tempête du 10 février 2009. Les Figures 102, 103 et 104 permettent de vérifier que l’indice d’érosion construit à partir des événements qui l’ont précédé n’a aucune difficulté à identifier les aléas littoraux (érosion/submersion) engendrés par la tempête Quinten.

Prévision Date aV' H Mc k φ Réanalyse

3.7 2.0 14.0 -8.0 11.7 4.2 2.9 14.0 -8.0 13.1 La Belle- Henriette 09/01/2009 10/01/2009 11/01/2009 4.3 1.9 14.0 -8.0 12.2 11.9 1.8 6.4 13.9 -8.0 14.1 2.1 9.4 13.9 -8.0 17.4 Vert-Bois 09/12/2008 10/12/2008 11/12/2008 2.1 6.2 13.9 -8.0 14.2 15.1 9.2 14.0 -8.0 15.2 10.6 14.0 -8.0 16.6 Marennes-Plage 09/12/2008 10/12/2008 11/12/2008 10.8 14.0 -8.0 16.8 15.5

Tableau 18 : Impact de la tempête du 10 février 2009, prédiction et réanalyse

Enfin, nous tenions à revenir sur des éléments qui seront discutés plus avant dans la partie consacrée aux incertitudes et aux développements nécessaires à ce travail de modélisation. Que ce soit par le biais d’un indice ou d’un modèle analytique (Run-up), de nombreux progrès sont à réaliser dans le domaine de la prédiction à court terme des aléas littoraux. L’exemple qui suit (Figure 101), montre combien les phénomènes et les processus qu’ils induisent sont extrêmement variables d’un point à l’autre du littoral, que les proportions du recul observé peuvent être radicalement différentes sur des périmètres pourtant particulièrement réduits.

Figure 101 : Variété et variabilité des processus érosifs (Quinten)

Photos :

09/02/2009 (à gauche) 12/02/2009 (à droite)

A La Belle-Henriette, les photographies qui nous permettent d’évaluer l’impact de la tempête du 10 février 2009 ont été prises les 9, 12 et 26 février. Elles confirment pleinement le dépassement de seuil simulé plusieurs jours à l’avance et reconstitué a posteriori sur le graphique qui suit. En effet, le cordon littoral a été taillé en falaise. L’amplitude du recul du front de dune est légèrement supérieure à celle observée en mars 2008. Par la suite, une phase de reconstitution des stocks sédimentaire a débuté.

A Vert-Bois, les photographies qui nous permettent d’évaluer l’impact de la tempête du 10 février 2009 ont été prises les 9, 12 et 26 février. Elles confirment pleinement le dépassement de seuil simulé plusieurs jours à l’avance et reconstitué a posteriori sur le graphique qui suit. L’amplitude du recul du front de dune est spectaculaire. Elle atteint environ 8 m au droit des blockhaus, qui ont certainement joué un rôle important de ce point de vue (perturbation local de l’hydrodynamisme et concentration du jet de rive).

A Marennes-Plage, les photographies qui nous permettent d’évaluer l’impact de la tempête du 10 février 2009 ont été prises les 9, 12 et 26 février. En raison des nombreux travaux de consolidation puis de reprofilage du cordon littoral qui ont été effectués dans le même temps, ces clichés ne sont certes pas très explicites. Ils montrent toutefois que ces interventions préventives (anticipées sur la base des BMS transmis plusieurs jours avant la tempête) ont été relativement efficaces compte tenu de la magnitude de cet aléa.

IV. 5 DEVELOPPEMENTS ET PERSPECTIVES DE L’OUTIL

Bien que des résultats très encourageants aient déjà été obtenus, notre méthode présente un certain nombre de limites qu’il est impératif d’évaluer avec rigueur. Grâce à cela, nous pensons qu’il est possible d’améliorer l’outil et envisageons qu’il puisse être employé de manière opérationnelle. Ces limites sont tout d’abord inhérentes à l’imprécision du modèle en lui-même, à sa dimension inévitablement réductrice et au fait qu’il soit alimenté par des données déjà simulées (modèles GFS et NWW3, marées calculées). En-dehors de cela, comme tout modèle basé sur des valeurs seuils, il subsiste un doute sur ses capacités à produire des résultats satisfaisants pour les conditions aux limites (lorsque les valeurs obtenues sont très proches du seuil de rupture). Ces imperfections d’ordre conceptuel peuvent aussi être exacerbées par un élément très difficile à appréhender : la résilience des plages. L’effet de cette variable est assez simple à définir. Si le site a été impacté récemment, il devient logiquement plus sensible à l’érosion ; autrement dit, son seuil de résilience/rupture est amoindri. En revanche, du fait de sa nature volatile, il n’est pas certain que ce facteur soit réellement quantifiable. Il est sans doute préférable de réfléchir à d’autres manières de l’estimer. L’indice que nous proposons présente néanmoins un double intérêt. Emanant d’un travail de modélisation plus simple à mettre en oeuvre, il permet aux experts d’affiner leurs simulations numériques (modèles de Run-up par exemple), en leur permettant notamment de mieux cibler quels sont les moments opportuns pour effectuer des mesures sur le terrain. Sur la base de ces premiers résultats, nous avons également construit une échelle de risques dans l’optique de développer un système de veille climatique appliqué plus spécialement aux aléas littoraux (érosion/submersion).