• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2 Origines de la question linguistique et histoire de l'Office québécois de la langue

2.5 L'histoire de l'Office québécois de la langue française

2.5.1 La création de l’Office de la langue française

2.5.1.2 Mandat, organisation et actions de l’Office, de 1971 à 1974

Nous avons vu précédemment que l’Office consacre ses premières années d’existence à corriger la situation du français et à fournir des termes français dans différentes sphères d’activité. Après l’adoption de la Loi pour promouvoir la langue française au Québec en novembre 1969 et surtout après l’arrivée au pouvoir du Parti libéral en avril 1970, l’Office réoriente son action vers le français, langue de travail. Cette nouvelle orientation découle de la volonté du gouvernement de faire du français la langue d’usage dans tous les milieux de travail et de son intention d’intervenir sur le statut du français. L’Office voit son mandat élargi et intervient dorénavant auprès des entreprises pour élaborer des programmes visant à franciser leurs activités et leurs employés. L’Office peut également entendre toute plainte liée à la langue de travail et conseiller le gouvernement sur les mesures à adopter pour corriger de façon favorable la situation.

C’est en fonction de ce nouveau mandat que l’Office remet, le 14 juin 1970, au ministre des Affaires culturelles, un document intitulé Le français : langue de travail. Ce document contient des renseignements sur ses réalisations, sur l’état de ses travaux en cours et son programme d’action qu’il entend mettre de l’avant pour que le français devienne la langue du travail partout au Québec. Le programme prévoit des cours de français à l’intention des cadres et des employés anglophones, la production de lexiques et de glossaires selon les besoins linguistiques et terminologiques des entreprises et l’implantation du français au moyen

34En 1969, les bureaux du Service régional de la langue française deviennent les Bureaux régionaux de diffusion

79

de programmes de francisation élaborés par l’Office à la demande des entreprises. Le programme prévoit aussi le recrutement de personnel spécialisé.

Au cours de l’exercice 1971-1972, l’Office passe sous l’autorité du ministère de l’Éducation. L’Office dispose alors d’un budget et d’effectifs accrus : le budget est de 1 368 800 $ en 1971-1972 et passe à 1 567 400 $ en 1972-1973. De même, les effectifs sont de 88 personnes en 1971-1972 et augmentent à 125 personnes en 1972-1973 (Québec. Ministère de l’Éducation 1974 : 102). L’ajout de ces ressources financières et humaines permet à l’Office de créer quatre services : le Service de linguistique, le Service des relations avec le monde du travail, le Service d’information-diffusion35 et le Secrétariat Québec et Montréal. Il permet enfin d’embaucher un directeur linguistique.

Entre 1971 et 1974, l’Office, sous la direction de Gaston Cholette, entreprend ses premières expériences-pilotes en matière de francisation, qui consistent à former des équipes provisoires d’intervention chargées de créer des terminologies françaises, de franciser les outils de travail comme les manuels de formation et les documents techniques, à traduire des textes de nature administrative et technique et à assurer la formation linguistique du personnel. Pour se rapprocher des entreprises, l’Office déménage son siège social à Montréal et intègre, à son service d’information-diffusion, les Bureaux régionaux de diffusion du français.

Parallèlement à ses activités de correction et d’enrichissement du français et de francisation, l’Office poursuit ses travaux de recherche linguistique et terminologique, lesquels visent à satisfaire les besoins terminologiques et scientifiques des entreprises. À ce titre, l’Office continue de produire des lexiques entamés avant 1970 et en prépare d’autres dans les secteurs du vêtement, des assurances générales, de la banque et de la monnaie, de l’automobile, de l’électronique, des industries du textile et de l’audiovisuel, auxquels s’ajoutent des minis-lexiques sur la manutention, la soudure, la plomberie, l’outillage mécanique et l’électricité. De plus, l’Office reçoit et corrige divers ouvrages, dont un guide du journaliste rédigé par la Presse canadienne et un dictionnaire sur les métiers. Il mène également des enquêtes sur la situation du français dans des entreprises au Québec et à

80

Montréal et, en collaboration avec l’Institut national des sports, dans le domaine des techniques sportives.

De plus, dans le but de faire connaître la nature de ses travaux et ses services, l’Office participe à divers congrès, salons et expositions et établit des liaisons avec les médias. Entre autres, il participe à des émissions de télévision, dont Le français aujourd’hui, et publie, sous le titre Vous m’en direz tant et Demi-douzaine de mots à corriger, des chroniques régulières dans des quotidiens québécois et des journaux francophones de l’Alberta, du Manitoba, du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario. De même, l’Office fait connaître ses activités de francisation en milieu de travail dans des journaux anglophones tels The Globe and Mail, The

Financial Post et The Gazette. L’Office assure également la coordination des projets de

coopération France-Québec en matière linguistique.

Au cours de cette période, l’Office donne son appui à l’Université de Montréal pour créer la Banque de terminologie de l’Université de Montréal (BTUM) afin de centraliser les termes techniques et scientifiques en français et en anglais et les mettre à la disposition des entreprises. De plus, pour faciliter les recherches des traducteurs et des terminologues, l’Office procède à l’inventaire des travaux de terminologie existant au Québec et au Canada. Cet inventaire comprend, entre autres, les projets en cours dans un domaine donné de même que les livres, les périodiques et les documents contenant un vocabulaire, un lexique ou un index de termes. C’est aussi au cours de cette période que l’Office crée, en 1973, sa propre banque de terminologie, la Banque de terminologie du Québec (BTQ). La même année, l’Office publie le Guide de travail en terminologie. L’Office maintient également son service de consultations téléphoniques de même que ses relations avec la francophonie et ses ententes de coopération avec la France.

Même si, plus de dix ans après sa naissance, l’Office réussit à mettre en place un ensemble de moyens d’action concrets et à se donner une structure administrative à la suite de l’élargissement de son mandat, il demeure un organisme à vocation consultative et relève toujours du ministère des Affaires culturelles. Après l’adoption de la Loi sur la langue officielle en 1974, l’Office devient la Régie de la langue française et, pour la première fois, a le statut d’organisme autonome.

81