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Chapitre 2 Contenu et méthodologie de la recherche

2.2. La méthodologie de recherche retenue

Ce mémoire entend documenter ou apporter des éléments de réponse à cette question de recherche, par une étude de cas, soit celle de l’histoire de la négociation collective entre la Ville de Montréal et ses pompiers.

Jouissant d’un « préjugé favorable de la part de la communauté scientifique »310, l’étude

de cas s’éloigne de la recherche quantitative dans la mesure où cette dernière vise à généraliser311certains concepts. L’étude de cas présente une pertinence appréciable pour la

recherche :

« Ses grandes forces sont bien sûr de fournir une analyse en profondeur des phénomènes dans leur contexte, d’offrir la possibilité de développer des paramètres historiques, d’assurer une forte validité interne, c’est-à- dire que les phénomènes relevés sont des représentations authentiques de la réalité étudiée. Bref, c’est une méthode adaptable tant au contexte qu’aux caractéristiques du chercheur »312.

Le chercheur voulant privilégier l’étude de cas comme méthode de recherche doit tout d’abord qualifier le type de cette dernière, c’est-à-dire exploratoire ou encore empirique brut :

« Le premier type porte sur des sujets dont la pertinence ne semble pas faire problème, mais qui, pour diverses raisons, ont été peu ou pas explorés jusqu’ici. Le second se situe en amont du premier en ce qu’il porte sur des thèmes dont le potentiel de recherche n’est pas pour l’heure suffisamment étayé pour justifier de s’y attaquer de plain-pied… »313.

310 Yves-C. GAGNON, L’étude de cas comme méthode de recherche, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2005, p. XII

311 Id., p. 3 : L’auteur évoque d’ailleurs les lacunes importantes de l’étude de cas « quant à la généralisation des résultats qu’elle permet d’obtenir ».

312 Id., p. 3 313 Id., p. 16

La médiatisation de nombreux longs et difficiles conflits de travail impliquant des pompiers québécois, ces dernières années 314, de même que la création de quatre comités

d’études entre 1980 et 1995315, témoignent de certaines difficultés liées à leur processus de

négociation collective. Le sujet de l’étude ne souffre donc pas d’un manque de pertinence. Malgré cela, aucun travail de recherche ou rapport connu n’a spécifiquement mis en évidence l’état de la négociation collective chez les pompiers municipaux du Québec. En effet, les différentes études publiées traitent toutes indistinctement de la situation des pompiers et des policiers316 ou sinon, ne s’attardent principalement qu’à la situation des

policiers du Québec317. Considérant l’absence de données spécifiques à la négociation

collective chez les pompiers du Québec, cette recherche sera de type exploratoire et visera « à comprendre un phénomène encore largement méconnu »318.

Le chercheur doit également faire un choix entre l’étude d’un cas unique ou de cas multiples selon les objectifs visés. À cet effet, considérant que « l’étude d’un cas unique est surtout conseillée pour vérifier une théorie319 » et que l’étude de cas multiples peut «

amener le chercheur à faire des descriptions moins détaillées et à privilégier la collecte de données de surface plutôt que de données relatives aux dynamiques sociales de fond320 », il

paraît plus approprié de traiter en profondeur d’un cas unique. L’objet de ce travail portera donc sur le cas particulier des pompiers de la Ville de Montréal, soit le plus important regroupement de pompiers québécois travaillant pour un employeur unique321. De cette

314 À titre indicatif, lire : en lien avec les pompiers de Gatineau : Le syndicat réclame la tête d’André Bonneau –

Le maire réaffirme son soutien au chef des pompiers, Le Droit, 27 août 2009, p.2 ; en lien avec les pompiers de

Québec : Les pompiers n’appréhendent pas les révélations annoncées, Le Soleil, 19 avril 2012, Actualités p.25 ; en lien avec les pompiers de Montréal : Les pompiers et la Ville enterrent la hache de guerre, La Presse, 9 mars 2012, p. A6

315 Supra, p. 50-65

316 Ainsi, les quatre rapports produits par les différents comités d’experts précédemment résumés dans la section 1.4.4. de ce travail, traitaient tous de la question de l’arbitrage chez les policiers et les pompiers municipaux.

317 À titre d’exemple, citons l’annexe IV du rapport Boivin qui, bien qu’intitulée Rémunération des policiers et

pompiers, divise son analyse en deux grandes parties, soit celle traitant des salaires des policiers et l’autre de

la rémunération des autres employés municipaux. Citons également le rapport Lemieux qui inclut, à son annexe V, une importante étude de Domenico Baldino sur la question salariale des policiers du Québec. 318 D. VEILLEUX et G. TRUDEAU, préc., note 164, p. 114

319 Y-C. GAGNON, préc., note 310, p. 43 320 Id., p. 44

321 Le Québec regroupe environ 23 240 pompiers, dont seulement 5407 assument cet emploi à temps plein. De ces derniers, près de la moitié (2430 pompiers pour l’année 2013) travaillent au sein du Service de sécurité incendie de Montréal. À ce sujet, consulter : http://www.securitepublique.gouv.qc.ca/securite- incendie/securite-incendie-quebec.html et http://ville.montreal.qc.ca/sim/coup-doeil-sur-le-sim

façon, cette recherche qualitative, qui privilégiera un raisonnement inductif, analysera minutieusement une situation précise et tentera ainsi d’évoluer « vers une structure conceptuelle ou des énoncés généraux pour expliquer le phénomène en cause »322.

Considérant les nombreuses modifications apportées, au fil des années, au cadre légal concernant la négociation collective chez les policiers et pompiers, les nombreux comités d’étude s’étant penchés sur la question ainsi que la table de discussion récemment mise en place par les ministères du Travail et de la Sécurité publique, l’hypothèse de base de cette étude consiste à croire que le régime légal de négociation collective spécifiquement applicable aux pompiers selon le Code du travail, ne peut être qualifié d’alternative efficace à l’interdiction totale de grève qui leur est imposée. L’étude de cas qui suit contribuera à la discussion quant à l’exactitude de cette hypothèse.